Se liquéfiant littéralement sous le soleil de plomb, Jessie se demandait ce qui avait bien pu la conduire dans ce trou perdu. Du sable, du sable, du sable. A perte de vue, et sans la moindre plage décente à l’horizon. Que devenait donc le monde ? Elle ne se rappelait pas avoir été dans une situation aussi inconfortable depuis les débandades mémorables de Johto et de Kanto. Elle et James avaient été propulsés à des endroits bien peu accueillants et le désespoir de ces situations ne lui avait été supportable uniquement parce qu’elle pouvait passer ses nerfs sur son acolyte et le blâmer de les avoir conduit à ces situations. L’arrivée à Miranoir avait radicalement changé la dynamique des opération de la team rocket. Le manque d’effectif et la nouvelle configuration de la région à investir avaient poussé les huiles de l’organisation à répartir différemment leurs sbires. Ce n’était que des rumeurs, mais le mot courait que d’autres organisations avaient débarqués sur Miranoir, si la team rocket voulait s’enraciner dans les activités de la région et exercer son influence sur la majorité de l’île – à défaut d’en avoir le monopole – il fallait couvrir beaucoup de terrain, et vite. Jessie se retrouvait donc, pour l’heure, amputée de son acolyte. Comme si perdre Miaouss n’avait pas suffi … Maintenant qu’elle y penser, Jessie avait du mal à se rappeler un temps où elle effectuait des missions seule. Jamais, en fait. Jamais n’avait-elle était seule. Ne pas subir la maladresse innée de James était nouveau et, certes, un avantage, mais cela aidait d’avoir quelqu’un sur qui râler.

L’objectif de Jessie était perdu dans les dunes, par-delà la ville, au temple du désert. Le mystère entourant les lieux avaient suscité la curiosité des scientifiques, l’ambition des aventuriers, l’admiration des touristes et l’avidité de la team rocket. Personne ne savait encore la raison de l’existence de cette construction, ni son origine, ou sa fonction. Tout cela était peut-être une fantastique énigme pour la communauté scientifique, mais les malfrats ne s’en souciaient guère. Ce qui comptait pour eux, c’était de connaitre le potentiel du site. Recelait-il un pouvoir caché ? Ses salles souterraines abritaient-elles un incroyable pokémon inconnue ? Les recherches portant sur les lieux pourraient-elles bénéficier à l’organisation en quelques manières que ce soit ? La team rocket s’était déjà affiliée à des projets scientifiques par le passé – et Jessie ne serait pas prête d’oublier la tournure de cette histoire. S’ils voulaient avoir l’ascendant, il fallait qu’ils s’infiltrent partout où du profit pouvait être tiré. L’obédience des équipes scientifiques pouvait être achetée, les résultats de leurs recherches détournées et il suffisait d’une dose de persuasion pouvoir faire basculer le contrôle des opérations dans les mains de Giovanni.

Tout cela était bien beau, encore aurait-il fallu que Jessie puisse s’y rendre, à ce caillou perdu dans le sable. Pour l’heure elle était perdue dans les rues labyrinthes de Sablaishokola. Elle fulminait. L’heure avançait, la sueur coulait, la fatigue arrivait, la température tempérait, le soleil soleillait, le vent ventait, le ciel ciellait. Impossible de demander des directions pour se sortir de ce dédale, les rues étaient désertes. c’est pas possible ça ! ils sont partis où tous ?! Elle pesta. réfléchis, réfléchis… Elle aurait bien voulu malmener les quelques cacturnes qui somnolaient à l’ombre des maisons, sur le bord des rues, mais ces satanées choses semblaient avoir les neurones grillées, il serait impossible de leur demander le chemin. C’est finalement le pur hasard qui la délivra de ce circuit infernal. Au détour d’un croisement elle déboucha dans l’avenue principale du patelin, tout aussi vide que le reste de la ville. Au bout de celle-ci se trouvait une place où se trouvait un bosquet dégarni, aux branches rachitiques et cassantes. Derrière s’élevait un bâtiment circulaire, couronné d’un bulbe vert et d’une petite flèche de cuivre. L’enseigne encrassée par le sable indiquait Office de Tourisme.

Jessie s’engagea dans l’avenue, couvrant son visage comme elle pouvait. Un vent aride commençait à se lever et des bourrasques de sables l’assaillirent. Elle couvrit sa bouche de sa main, étouffant ses insultes adressées au sable, au vent, et surement à l’univers entier. Ses cheveux s’agitèrent frénétiquement sous le souffle chaud. Les conditions atmosphériques commençaient à empirer. Elle pressa le pas et s’engouffra dans le bâtiment. Elle toussa et épousseta ses épaules. dans quel état tu te retrouves ma fille Ses yeux s’accoutumèrent à la différence de luminosité. Elle se glaça sur place et ses yeux s’illuminèrent d’une lueur de rage. Elle ne venait pas de risquer sa vie en traversant cette tempête pour se retrouver face à un guichet fermé. Une seule solution s’imposait face à cette outrageuse situation. Il lui fallait marteler le rideau de fer de toutes ses forces, elle ne poireauterait pas là indéfiniment. Alors qu’elle s’était décidée sur l’action à prendre, on l’interpella. Une voix masculine, derrière elle, surement quelqu’un qu’elle n’avait pas remarqué en se précipitant dans le bâtiment. Elle se tourna pour faire face à l’inconnu. Brun, le teint mat, le visage avenant, la cigarette à la bouche. Elle aurait aimé le parcourir du regard d’avantage mais la fureur à l’encontre des services publiques et de la météo qui l’habitait présentement prirent le pas sur ses appréciations esthétiques. Jessie sembla néanmoins déceler un étrange air de familiarité chez ce charmant inconnu. Impression qui semblait être réciproque. Il semblait l’avoir reconnu mais elle restait dans le flou concernant son identité. Impossible de mettre un nom sur ce beau visage. Etait-ce un amant oublié, ou une victime qu’elle avait menacé ? Cela importait peu de toute manière, sa remarqua brossa le poil de Jessie dans le mauvais sens. Son regard s’acéra, ses joues s’empourprèrent et en son sein explosa délicatement une onde de colère. « Je vous demande pardon ?! Vous êtes qui vous, d’abord ? et ils sont où les gens qui s’occupent de ce foutu guichet ?! »