Après pas mal de marche, disons plutôt d'escalade dangereuse, je venais enfin de mettre pieds sur un sol moins friable. Pas sûr pour autant, mais déjà plus en adéquation avec les sabots d'Atlas que je libérais de sa prison au fond de mon sac. Évidemment, cela ne lui plaisait jamais vraiment de se trouver dans sa pokéball mais je préférais toujours cela à une entorse ou une fracture d'un membre. « Bonjour mon grand », dis-je alors pour le saluer en ce milieu d'après-midi. Ce à quoi il répondit par un simple bruits de sabots, c'est qu'il avait envie de se dégourdir les jambes mon équidé. Cela dit, il se rendit bien vite compte que l'endroit n'était pas adapté à ses sprints infernaux. Il faudra que je songe à éviter les récifs émeraude la prochaine fois.
La chaîne boréale. J'y avais déjà vaguement mis les pieds, c'était une sorte de passage obligé entre deux villes. Carnet désormais à la main droite et crayon dans la gauche j'étais prête à capter la moindre nouvelle information. Les lieux n'étaient pas réputés pour leur clarté, mais je comptais un petit peu sur leur obscurité pour surprendre les pokémons dans leur état naturel. Je feuilletais mon carnet, tout en avançant prudemment aux côtés d'Atlas. « Alors alors... chaîne boréale.. hum … on ne s'est pas beaucoup arrêté dans les coins dis voir. C'est le moment de changer ça. Apparemment, à notre dernier passage nous avons rencontré un Mysdibule fuyant. Hum vu le dessin je ne serais pas contre un nouveau tête-à-tête. Ou le voir avec ses congénères. Oh oui... » Je posais la main sur la croupe d'Atlas sentant une légère tension dans sa démarche. Son ouïe avait-elle capté l'arrivée d'une nouvelle bête. « Je suis curieuse de savoir ce qui vient vers nous. Pas toi ? ».

Pour ma jolie baie:

Sortant d’entre les arbres, une adorable boule verte surmontée d’une plume rouge se présenta devant nous. J’écarquillais les yeux devant la découverte. C’était la première fois que je voyais ce minoiseau, je n’avais pas encore eu l’occasion de l’observer. Fière et heureuse de cette vision je m’empressais de croquer sa silhouette sur le papier pendant que Atlas prenait son mal en patience. Je sentais bien que si le Natu se rapprochait trop près de nous il finirait par le charger. La collectionneuse qui sommeillait en moi n’était pas vraiment contre un affrontement. Mais si je devais me résoudre à tenter de le capturer je ne pourrais pas apprécier pleinement ce que j’avais sous les yeux. « Ce sera pour la prochaine fois je pense. Reste calme Atlas, on va le laisse tranquille. Regarde moi comme il est mignon. J’ai tellement envie de craquer que c’est un supplice. Mais quel regard ! » dis-je alors que j’attaquais ses yeux sur mon carnet. Comme le pokémon commençait à ne plus être à une distance appréciable, je tentais de marcher dans son sillon sans vouloir l’effrayer pour autant.  

Pour ma jolie baie:

La boule verdâtre disparut dans les buissons quand mon attention se focalisa sur une pierre taillée trop étrangement pour n’être qu’un minéral sans vie. De plus, tout comme le Natu qui venait de nous laisser, cette dernière possédait des attributs rougeâtres, sur le corps cette fois-ci. « Oh ! Ce pokémon me dit quelque chose. Je crois que… », je commençais à tourner les pages de mon carnet de manière frénétique en retournant vers le début. Mais il ne me restait aucune note des vestiges de mes voyages passés hors de Miranoir. « Hm, il faudrait que je réorganise tout ça. » Ou peut-être était-ce une signe, j’avais passé trop de temps sur cette île, il était temps d’en changer? Retourner sur Unys par exemple, car oui, j’étais persuadée d’avoir déjà croisé ce bout de roche là-bas. Comme pour le Natu, j’encourageais Atlas à ne pas attaquer ou provoquer le pokémon. Il était paisible et ne semblait pas chercher querelle aux visiteurs des lieux. De mon côté, sûre d’avoir déjà dessiné les courbes de l’animal, je ne faisais que noter sa présence ici. Evidemment, il faudrait que je me replonge dans mes carnets noircis pour retrouver son nom ou alors un centre pokémon pourra me renseigner plus tard.   

Pour ma jolie baie:

J’avais presque fini par m’accroupir pour voir un peu mieux les pseudos-tatouages parcourant le corps pierreux du pokémon. C’est à ce moment là que je fus surprise par un mouvement. Tellement absorbée par mon observation première, je n’avais guère fait attention aux autres possibles occupants des fourrés. Je me relevais alors immédiatement pour éviter un nez à nez avec un autre type de petit monstre rocheux. Il ne m’était pas inconnu non plus. Je plissais les yeux un instant tout en ramenant mon carnet contre ma poitrine pour le détailler un peu plus. Disons qu’il avait une silhouette… particulière. Comme à ma première rencontre, je ne savais que trop penser de la créature. Aussi une étrange idée me traversa l’esprit : pourquoi ne pas tenter une capture pour l’avoir toujours au plus proche de moi ? « Hum. » Je regardais Atlas. Le pokémon. Le pokémon. Atlas. Pour sûr mon brave ponyta avait bien envie de s’en prendre à lui. Il n’y avait décidément pas de Mimigal entre ces arbres pour contenter ses besoins de piétinement. J’étais dubitative. Le nodulithe était à n’en point douter un pokémon roche et mon adoré Atlas était aussi ardent que la braise. Je n’étais pas réellement emballée par la rencontre. L’équidé de son côté commençait à sentir mon hésitation et me faisait part de son agacement. Il frappait les sabots au sol de plus en plus fort. Il allait bien finir par nous énerver un pokémon dans les coins à force. « Bon on va te trouver de quoi remplacer les Mimigal. Viens. ». Je me résignais à me dire que le prochain pokémon que nous croiserons devrait servir de jouet pour mon Atlas. Enfin ou l’inverse.   

Pour ma jolie baie:

A force de s’énerver Atlas finit par provoquer la fuite du nodulithe. Je regardais mon pokémon de travers. Il n’était pas rare qu’il fasse disparaître mes sujets d’observations. Atlas n’était pas méchant, juste un peu trop bouillonnant de l’extérieur. « Et bah on continu dans ce cas. » dis-je alors, résignée de ne plus avoir de créature sous les yeux. C’était sans compter sur les amis de celui que mon ponyta avait fait fuir, car un nouveau nodulithe fit irruption sur notre chemin. « Pourquoi il nous regarde comme ça celui-là ? Enfin, si c’est bien la tête. » ajoutais-je m’amusant moi-même du pokémon. Des coups de sabots retentirent à nouveau. Je soupirais. Je regardais aux alentours et trouvais ce je cherchais. Un endroit où me poser pour dessiner. Je ne pouvais pas y échapper cette fois-ci. Atlas hennissait sans même que j’eusses le temps de lui dire d’engager le combat. Il avait décidé que ce nodulithe allait être son défouloir. J’espérais seulement qu’il serait à la hauteur, sinon je devrais l’emmener de force dans un centre pokémon. C’était la punition que je lui infligeais automatiquement lorsqu’il se lançait dans un combat que je ne lui avais pas demandé. Au départ, j’avais pensé que cela aurait calmé ses ardeurs. L’effet escompté ne fut pas celui attendu, au contraire. C’était à croire qu’il voulait me prouver qu’il pouvait défaire n’importe quel adversaire. Qu’il ne me laisserait jamais seule face au danger. Cela dit, de là à penser que ce pauvre nodulithe représentait un danger pour ma personne…
Assise, je m’adressais à Atlas. « Bon bah, vas-y, charge-le, si cela te fais plaisir. » Je dégainais mon crayon dans un nouveau soupir, tout en choisissant une page blanche dans mon carnet. « Et tu sais ce qui t’attends si c’est lui qui te piétine. » le prévenais-je, blasée. Comme toujours.  

Pour ma jolie baie ou la baie sans visage (a):

L’accord factice d’attaquer aussitôt donné, Atlas chargea le pokémon roche. Ce qui ne sembla pas tellement lui faire l’effet d’une violente charge. « Et bah mon grand à force de gronder tu en oublies l’essentiel. », dis-je pour stimuler le ponyta. Le nodulithe de son côté, non content de parfaitement absorber les attaques, renforça son armure. Je soupirais et commençais à tracer un trait sur mon carnet. « Bon ça risque d’être long. » Un nouveau trait puis je décidais de ne pas laisser le libre arbitre à Atlas. Le connaissant il aurait chargé, encore une fois. Ce pokémon aurait été un être humain il aurait été un adepte du fonce dans le tas et on discute ensuite. Un peu trop téméraire sur les bords. Un peu comme moi en fait, car j’avais beau réfléchir à milles et unes solutions je finissais toujours par choisir la première : on y va ! Soit. Il était là question d’Atlas, je pouvais l’aider à faire un meilleur choix. Aussi lui lançais-je tranquillement : « Utilise Mimi-queue avant de recommencer. Cela t’évitera d’avoir l’impression de cogner sans cesse contre un arbre… Quoique cela devrait t’assommer et te permettre de passer une bonne nuit… » 

Pour ma jolie baie:

Le laisse attaquer ce nodulithe était une très mauvaise idée. Cela allait mettre bien trop de temps. D’ailleurs, je commençais à sentir mon ventre réclamer sa nourriture et mes muscles me quémander du repos. Ne pouvant satisfaire totalement mon organisme, je posais mon carnet sur mes genoux pour sortir quelques poffins achetés la veille de mon sac. « Tu sais… joli nodulithe… si tu te laisses facilement attraper toi aussi tu pourras en avoir. » dis-je en chantonnant, plus pour moi que pour les pokémons en train de livrer un combat. L’attaque d’Atlas réussit mais le pokémon roche venait de réitérer la sienne et bien entendu c’était un succès. « Humf » laisse-je s’échapper en manquant presque de m’étouffer avec quelques miettes. C’est donc à travers une légère toux naissante que j’ordonnais à Atlas. « Ok charge-le. Ce sera presque plus efficace que de jouer au roi-soleil chacun de son côté. »  Je m’empressais ensuite de plonger ma main libre dans mon sac à la recherche d’une bouteille d’eau.  

Pour ma jolie baie:

La réponse du pokémon roche fut relativement rapide. Pas de défense cette fois-ci mais une belle attaque qui sonna une demi-seconde Atlas. Il devint alors encore plus furieux. Je le sentais brûler de l’intérieur, la chaleur qui irradiait de son corps ne laissait guère le doute sur ses intentions. Il voulait calciner le pauvre petit nodulithe qui finalement ne faisait qui riposter face à un ponyta un peu trop véhément. « Calme-toi mon grand. Contente de continuer ainsi et d’encaisser. » Je ne donnais pas bien cher de sa peau. Les éléments, quels qu’ils soient, ne jouaient pas en sa faveur. Je voyais déjà le charmant pokémon roche m’échapper. Il ne rejoindrait pas ma collection naissante. Ce serait pour un autre jour. Je soupirais encore. La fatigue finirait par m’emporter à la fin du combat. Mouais mais Atlas ne serait pas là pour me porter puisqu’il allait sans doute finir KO. Ce ne serait pas la première fois que sa combattivité lui jouerait un mauvais tour après tout.  

Pour ma jolie baie:

Le combat commençait à tourner à en rond. Des ronds dont j’appris repris le dessin en peaufinant la silhouette du nodulithe sur ma feuille désormais grisée. L’un attaquait, l’autre ripostait. Ils semblaient aussi têtu l’un que l’autre. Pour sûr, qu’ils ne se seraient jamais entendu si je les avais eu tous les deux à mes côtés. Atlas ne fléchissait que devant un seul être et c’était moi. La seule personne qu’il voulait bien écouter même si cela allait à l’encontre de ses envies. Cela dit, bien souvent, je faisais en sorte de le contenter, tant que je savais sa santé assurée derrière bien entendu. Dans le cas présent, je voulais simplement lui donner une leçon. Il n’était pas toujours bon de foncer sans réfléchir. Comme j’avais trop tendance à le faire. Il fallait bien qu’il se brûle les ailes lui aussi de temps en temps. « Charge à nouveau. Apparemment, frapper un rocher ne semble pas te fatiguer. »  

Pour ma jolie baie: