Le crépuscule s’installait à peine lorsque nous nous promenions dans les grandes prairies de la route six. Atlas était seul sur le devant comme à son habitude mais sans jamais manquer de jeter un regard vers l’arrière, là où je me trouvais. Une fois n’était pas coutume, je n’étais pas seule. Je venais de faire la récente acquisition d’un Germignon. Une jolie femelle prénommée Vitae. Globalement, elle se portait bien. Elle n’était pas forcément désagréable de caractère. Peut-être un peu maniérée sur les bords et quelque peu solitaire. Cependant, elle semblait ne pas rechigner à me suivre, à m’écouter et à m’obéir. Même si, pour le moment, à part la sortir de sa pokéball pour se balader, elle n’avait rien fait d’autre à mes côtés si ce n’est attiser la jalousie de Atlas. Malgré mon désir permanent de capturer toujours plus de pokémons, je ne pouvais que me rendre compte de la terrible évidence : à part le brave ponyta qui me suivait depuis plusieurs mois, j’avais été une piètre dresseuse jusqu’à maintenant. D’ailleurs, je n’aimais pas tellement ce terme pour me qualifier. Disons que j’avais plus pour vocation de les collectionner pour mieux les observer tout en tentant de créer une relation positive avec ces derniers. Utopique en effet.

Pour ma jolie baie:

Voyant Atlas revenir vers moi, je compris bien entendu qu’il avait trouvé un être vivant à proximité. Chose que mes yeux me confirmèrent. A environ dix mètres de là se trouvait une jeune femme penchée sur quelques herbes qui semblaient se démarquer des autres. Je n’étais pas la plus douée pour reconnaître les plantes, mais à force de vadrouiller j’avais fini par apprendre certaines choses. « On se présente avec courtoisie. Ok ? », demandais-je à mon équipe. Vitae répondit de sa petite voix avec enthousiasme quand Atlas frappa le sol. Ouais, rien de nouveau sous le soleil. Nous approchions de la demoiselle, j’ouvrais la bouche mais elle me devança en me faisant face : « Oui. Bonsoir. Je m’appelle Gisèle. Je sens que vous avez une question à me poser. Mais ma réponse n’est pas gratuite. Combattez contre moi et nous verrons si vous gagnez. » Surprise puis bouche bée je répondis assez tardivement. « Heu… Oui. » Ne pas contrarier une personne allumée, parce qu’elle était forcément allumée cette Gisèle.
Un sourire satisfait se dessina sur son visage. Elle appela un pokémon. Rozboutou. Hum, d’accord. Cela faisait longtemps que je n’avais pas fait de combat contre une personne. Je n’étais même plus très sûre des règles. Vitae commença à s’agiter à ma droite. Cependant, je ne comptais pas l’envoyer au combat. « Atlas c’est pour toi. » Il ne se fit pas prier pour entrer dans l’arène invisible pendant que je reculais avec le Germignon. « Vas-y Atlas illumine cette nuit, utlise Flammèche. » Pendant que je voyais le feu intérieur du ponyta prendre forme, je glissais à la dénommée Gisèle. « Sinon je m’appelle Hazel. Enchantée… Peut-être. »

Pour ma jolie baie:

L’attaque d’Atlas fit mouche. Rien de bien original face à un pokémon de type plante. Je n’étais peut-être pas dresseuse ou pas très à l’aise avec les combats, mais je savais tout de même comment pouvait fonctionner les types de pokémons entre eux. Il suffisait d’être un tantinet observatrice. Le feu brûle plante, elle est donc vulnérable à cet élément naturel. Je félicitais Atlas d’un petit applaudissement, qui fut accompagné d’un encouragement non prévu de la part de Vitae. La femelle Germignon avait les yeux rivés sur son nouveau compagnon. Espérer qu’ils puissent bien s’entendre n’était qu’un point positif pour mes affaires.
Alors que les flammes disparaissaient de notre champ de vision commun. Je tentais de continuer à m’entretenir avec la jeune femme. « Dites, je me demandais, avez-vous déjà souvent croisé des pokémons chromatiques tel que le vôtre et mon ponyta ? » Je n’avais pu passer devant l’évidence. Si au départ j’avais simplement voulu l’aborder par politesse pure, je souhaitais désormais en savoir plus sur ses éventuels contacts avec les pokémons disons… différents. Atlas me faisait me poser beaucoup de questions et je commençais à vouloir en savoir plus. Cependant, ma question ne trouva pas de réponse. Enfin pas celle attendue. « Rozie, Tourniquet ! » « Mais… Ok. » soupirais-je presque dépitée. Je ne laissais alors planer le doute sur la suite. « Bon… Atlas utilise flammèche à nouveau alors. »

Pour ma jolie baie:

Encore une nouvelle attaque faisant son petit effet de la part d’Atlas. Cela dit, il n’y avait pas gloire à vaincre dans ce type de duel, mais au moins cela avait le don de faire du bien à mon trop fier ponyta qui n’avait pas bien vécu son dernier combat. Soit. Je m’apprêtais à lui ordonner à donner le coup de grâce, lorsqu’un « Mignooon », plus insistant que les précédents attira mon attention sur mon pokémon plante. « Oh, tu veux te joindre au combat ? » Je regardais un instant le rozbouton. Je n’aurais pas fait ce genre de choix de mon propre chef mais si Vitae voulait s’amuser un peu, pourquoi pas. Le pokémon de la dénommé Gisèle n’avait plus beaucoup d’énergie en réserve, à moins d’un gros coup de chance, il n’aurait pas le temps de mettre à mal mon germignon. « Très bien alors vas-y. Vitae attaque charge ! Tu es gentil Atlas tu la laisses seule. ». Je regardais rapidement l’aromathérapeute. « J’espère qu’après vous serez plus disposé à parler. » Elle semblait grincer des dents. De mon côté, je commençais très sérieusement à me demander si elle n’allait pas fuir à toutes jambes une fois le combat terminé.

Pour ma jolie baie:

Comme il fallait s’y attendre l’intervention de Vitae mit fin au combat. La jolie Rozie de mon adversaire de fortune chancela puis disparue rapidement dans une pokéball. Quoiqu’un peu peinée j’étais néanmoins satisfaite d’avoir mis fin à cette mascarade qui n’aurait jamais du voir le jour. Quelle idée de provoquer en duel le premier venu avec une question à la bouche. Surtout que ma question initiale n’était qu’une demande d’aide. Une bête et simplissime question où je lui demandais si elle avait besoin d’une aide quelconque avec la nuit qui commençait à tomber. Nuit qui était définitivement tombée durant le combat par ailleurs. Soit. Je me laissais envahir par une légère allégresse tout en félicitant mes compagnons. « Vous avez fait du bon boulot. Même si on s’en serait volontiers passé. », finissais-je alors en regardant l’aromathérapeute. « Mais… mais ? » Qui avait disparu comme je l’avais prédit. « C’est une blague. » J’étais dépitée. Si je la retrouvai un jour, ce serait à mon tour de la provoquer en duel avant même qu’elle n’ait eu le temps de m’apercevoir.
Ma petite équipe et moi-même reprenions notre chemin. Une chambre nous attendait à l’auberge de Sakai.  

Pour ma jolie baie: