Il faut des premiers pas souvent difficile pour apprendre des erreurs, des échecs, et évoluer. Bien que je ne le voulais pas, nos premiers combats avec Batwing ne s’étaient pas réellement soldés par une véritable victoire. N’était-il pas assez fort, assez résistant ? Ou n’étais-je pas assez attentive et assez réactive comme ‘dresseuse’ ? Sans doute est-ce un mélange de ces deux aspects qui n’est autre que la réponse à ces interrogations. Toutefois, je n’en voudrai pas à mon compagnon, je ne pourrais pas lui en vouloir de toute façon. Je savais qu’il avait fait de son mieux et que j’étais la première à encore devoir apprendre beaucoup de choses. Tout cela n’était qu’une question de temps et de pratique. Mais d’une manière ou d’une autre, je finirais bien par y arriver. NOUS finirons par y arriver !

Notre nouvelle halte se fit aux alentours de ce qui ressemblait à un ancien campement. Une scène parfaite pour se poser, pour se reposer. La nuit tombait progressivement et, si le noir, tout comme la nuit ne m’effrayait pas plus que ça, elle tombait à point nommé afin que nous puissions prendre encore un peu de repos. Je dois reconnaître que je ne savais pas trop encore quelle serait notre véritable destination. C’est dingue comme marcher à l’aveugle vous semble beaucoup plus long et pénible que lorsque vous connaissez votre point d’arrivée. Ajoutez à ça le fait que nous ne nous étions jamais réellement poser et reposer depuis notre fuite et, oui, l’épuisement nous gagnait petit à petit à juste titre.

« Ce sont de drôles de journées, hein Bat’ ? »

Assise sur un semblant de vielle couche, je demeurais les bras croisés autour des genoux. Mes jambes étaient rabattues contre ma poitrine et, mon pokémon, lui, se complaisait à demeurer assis à mes côtés, frottant sa tête sur ma cuisse, comme pour me dire que ce n’était pas grave, que tout irait bien.

« Je sais, ne t’en fait pas. On ne baissera pas les bras aussi vite, fais-moi confiance ! »

Souris-je alors en bougeant une main qui vint se perdre sur le sommet de sa tignasse que j’ébouriffai affectueusement.

« Mais ce n’est quand même pas un début glorieux pour devenir Ranger… »

Ironisais-je en haussant les sourcils, les yeux fixés sur le petit feu de fortune que nous avions lancés ensemble. Sur l’instant, je ne pouvais m’empêcher de penser à Roxanne, ma défunte meilleure amie. Quand je voyais son équipe, quand je repensais à son allure ou que je me souvenais de sa prestance, une partie de moi-même se disait que ce ne serait pas demain la veille que je deviendrais une ranger digne de celle qu’elle était. Le plus ironique, c’est qu’en fin de compte, je ne savais pas encore réellement quoi faire, ni comment faire pour devenir ranger. Sans doute que j’aurai ces réponses une fois que je gagnerai un endroit plus peuplé et plus ‘civilisé’…

Ces derniers jours, il lui arrivait de « s’enfuir » pour aller se réfugier dans un endroit où il peut être seul et se poser. Un endroit où il peut être à l’abri et protégé. Ces dernières semaines ont été éprouvantes émotionnellement pour lui. Mon devoir était de tout mettre en œuvre pour que ses doutes puissent s’en aller et laisser cette noirceur diabolique de l’autre côté du miroir. Mes pas traversaient le chemin dans une allure rapide. Rapide car sa disparition commençait à faire lourd et dieu sait à quel point je détestais ça. Ce fut avec son habituel branche accroché entre ses lèvres que Silas se montra enfin. Mon cœur se soulagea et se détendit enfin.


Je n’eus guère le temps de prononcer autre chose que ce dernier me tendit une grosse pomme bien rouge. Mon visage se fendit dans un sourire et je m’accroupissais pour être à la hauteur de mon fidèle Arcko.


Mes mots se voient congratulés d’une caresse sur le sommet de la tête de Silas tout en lui offrant un sourire. Ce dernier hocha positivement de la tête, finissant par opiner du chef et prendre la tête de notre marche vers une destination encore inconnue. Inconnue car nous désirions faire notre périple sur Miranoir à « l’aveuglette ». Certes, même si mon temps était essentiellement consacré à mon devoir de Ranger, il nous arrivait d’avoir des « folies » et de nous évader, nous changer les idées en marchant, marchant, marchant… Et ce n’est que lorsqu’on découvrait un endroit quelque peu « reposant » et « viable » que notre élan se stoppe et que nos corps se détendent.

Aujourd’hui, il semblerait que notre marche nous ait guidés vers un campement abandonné. Abandonné par une quelconque raison que j’ignorais, mais en tout cas, j’avais pris le soin de demander à Silas de rester bien à mes côtés et de ne pas aller ailleurs. Je préférais me montrer prudente lorsque ma connaissance du lieu n’était pas au top niveau. C’est alors que notre avancé nous conduit vers un coin où des voix semblaient interpeler mon compagnon. Des voix que je réussis à entendre juste quelques instants plus tard. Une voix féminine et un son provenant d’un Pokémon… Un Solochi ? Plausible. Mais je n’en étais pas certaine. Nous nous avancions encore un petit peu jusqu’à trouver un truc pour nous dissimuler quelques moments. Ainsi, c’était une dresseuse – je suppose – qui discutait, partageait ses émotions, ses pensées avec son Pokémon. J’eus un sourire en découvrant cette image, car je ne pouvais qu’aimer, qu’apprécier une telle vision d’amitié, d’amour entre un humain et son animal. Une vision qui ne me faisait que penser à la relation que je partage actuellement avec mon Silas. Baissant les yeux vers lui, je lui souriais avant de me sortir de notre pénombre et nous dévoiler à la « lumière du jour ».


A présent, seulement quelques mètres, un ou deux, devaient nous séparer. Ma main se tendit vers elle.


Poliment et respectueusement, Silas se pencha légèrement en avant pour la saluer, elle et son pokémon. Oui, j’ai décidé de nous présenter à eux car je ne décelais pas une présence mauvaise, que du contraire et cela facilitera une conversation qui plus est !