Le recyclé. C’est comme ça que mes deux frères m’appelaient. Joshua et Andrew, mes deux grands frères. L’un était destiné à devenir médecin pour pokemon, il était brillant et avait une grande carrière qui l’attendait. Le second était un athlète, un chevaucheur de pokemon qui promettait selon papa, maman et certains recruteurs, il pouvait gagner en chevauchant n’importe quel pokemon. L’homme qui murmurait à l’oreille des pokemon. Et il y avait moi. Aiden, le petit dernier. Médiocre en sport, médiocre à l’école. Le fils médiocre. En soi, je ne l’étais pas, mes frères étaient juste … meilleurs. Leurs ombres voilaient mes prouesses qui devenaient quelconque aux yeux de mes parents. Le recyclé qu’ils m’appelaient. J’avais besoin d’être jeté et recyclé pour être « meilleur » selon mes grands frères. La première fois, j’avais treize ans. J’ai été le dire à mes parents, les larmes aux yeux. Ils ont ri en disant d’arrêter de m’appeler ainsi. Mais ils ont ri. Ils ont ri … J’ai su que ce jour-là, eux aussi pensaient la même chose. Alors je me suis terré dans le mutisme.


Quand on est parent, on s’attend à s’en apercevoir quand un de vos enfants se sent mal. Surtout si ce dernier n’émet aucun mot. Pourtant, jamais ils ne m’ont demandé pourquoi j’avais emprisonné ma voix, je n’ai jamais vraiment su s’ils avaient remarqué que j’avais arrêté de parler complètement. Mes frères aussi. En grandissant, ils avaient appris à m’ignorer plutôt que de m’asticoter. J’étais un esclave. Un spectre. Une âme errante qui effectuait les mêmes gestes chaque jour sans dire un mot, sans râler. Je pensais qu’en obéissant à chaque ordre ou désir de ma famille, je gagnerai leur affection, ou ne serait-ce que du respect. Mais je me fourvoyais terriblement. Je n’étais qu’un fantôme à leurs yeux, je faisais partie des meubles. Nous n’avions pas de vieux chien pestiféré, peut-être que je jouais ce rôle, le vieux chien qui pue et dont personne n’a envie de s’occuper.


C’est peut-être parce que je ne croyais plus en rien que je l’ai écouté. C’est peut-être parce que je me sentais seul que je l’ai suivi. C’est peut-être parce que je n’avais plus d’espoir en ce monde que j’ai aimé ses idées. C’est peut-être parce que j’y ai vu un nouveau moyen d’être heureux que je lui aie obéi. Hélio. Un Grand. Un Chef. Un Dieu. Un Gourou. Peu importe les qualificatifs, tous sont corrects. Il m’a donné la réelle occasion d’être utile. Il m’a tendu la main quand je cherchais quelque chose à quoi me raccrocher. Il m'a fait parlé, je lui ai dit merci, un merci clair et cristallin alors que ma voix ne s'était élevée depuis des années. Il m’a dit qu’il voulait construire un monde meilleur où tout le monde pourrait être heureux. Un monde sans guerre, sans violence, où toutes les choses négatives de ce monde seraient effacées. J’ai pensé à ma famille, si dans ce nouveau monde ma famille était humaine, plus compatissante, plus aimante, j’aurais été heureux. J’avais envie de ce monde là. Alors je l’ai suivi. Je suis parti un soir avec une valise sans prévenir personne. J’étais persuadé qu’ils n’avaient jamais remarqué ma disparition …


Au sein de la Team Galaxie, j’ai reçu les honneurs mérités pour mon travail accompli. Soldat dévoué qui ne posait pas de question, silencieux, docile. Hélio m’a bien vite accordé assez de confiance pour me nommer Commandant. J’étais Saturne. Et quand j’ai reçu ce nom. J’ai compris que ma famille c’était eux. Hélio. Mars. Jupiter. Pluton. La Team Galaxie. Que dans un monde idéal, celui qu’on voulait former, je ne voulais plus d’Aiden et de sa famille. Aiden est mort. Aiden est toujours le spectre de la maison familiale, le meuble, le vieux chien puant. Saturne est important et utile. Saturne je resterai. Archeomire, Kadabra, Nosferalto et Coatox. Mes pokemon m’étaient dévoués. Ils étaient forts. Pas assez pourtant. Nos plans ont échoué. J’ai ressenti le poids de l’échec comme une trahison envers notre maître. Je me serai giflé, je me serai frappé, je me serai tué tant j’avais honte. Mais il avait disparu. Mort … Mort ? Peu importait, on avait perdu. Arrêté avec le reste de la bande après les événements aux Colonnes Lances, la Team Galaxie n’était plus. Elle avait perdu son maître et pleurait sa disparition en portant le voile noir de la mort dans leurs yeux. Mes parents sont venus me voir lors de mon séjour en prison. J'étais resté muet. Comme avant. Je ne les ai même pas regardés même si j'ai discerné la colère dans la voix de mon père, les larmes dans la voix de ma mère et la gêne dans les silences de mes frères. Sentez vous coupables bande de cons ...


« Il n’est pas mort. Il a été vu à Miranoir … » Je murmure à Mars qui avait vécu la disparition du maître plus durement que nous tous. Nous nous sommes évadés. Jupiter et moi avions cherché, nous voulions comprendre. Nous voulions tous continué les plans du maître. Hélio avait un dessein, une idée qui changerait le monde en bien et où tout le monde pourrait être heureux. La rumeur que le maître foule les terres de Miranoir nous avait redonné espoir. Mars nous a emmenés avec elle, elle veut le revoir. Moi aussi. Elle ne supporte pas l’idée que Jupiter soit du voyage, mais je l’ai persuadée de le faire. Il faut qu’on reste unis pour pouvoir réussir notre plan. On doit rester soudés pour accomplis notre destin et changer la face du monde. « On arrive à Miranoir. » Je dis à Jupiter et une Mars encore endormie dans le bateau nous y conduisant dans le silence et la discrétion absolue. Emergeant du brouillard sur une plage paisible, on a commencé notre périple à la recherche de notre maître.


Je n’ai pas pu récupérer mes pokemon. Coatox. Nosferalto. Archeomire. Kadabra. Tous les quatre ont été confiés à je ne sais qui. Peut-être ont-ils été relâchés. Peut-être sont-ils plus heureux comme ça. Cette idée me fait plaisir. Je ne dors pas beaucoup. Quasiment jamais en réalité. Alors que Mars et Jupiter dormaient un soir à la belle étoile, j’ai décidé de marcher un peu. Je suis tombée sur elle. Mystérieuse, calme. Scrutella, elle scrutait le ciel comme je le scrutais quand j’habitais encore à Celestia et que j’espérais connaître des jours meilleurs. Elle était sauvage mais pas apeurée pour autant. J’ai regardé le ciel avec elle, on ne disait rien. Le silence était doux. Finalement elle m’a suivi avec un grand sourire. Je l’ai rencontré sous un ciel dégagé et la lune était magnifique et pleine. Luna elle sera. Luna sera le début d’une grande équipe qui m’aidera à redorer le blason de la Team Galaxie.