*Ding Dong*

Le son de la sonnette retentissait partout dans la maison au travers de la pluie battante et des éclairs incessants. Nous étions réunis dans le salon moi, mes deux frères et ma mère afin de faire des activités en famille et des jeux de société en cette journée maussade. Notre père était parti depuis deux jours en mer. Normalement, nous n’étions pas inquiet, il était expérimenté et il savait ce qu’il faisait mais pourtant son départ avait semblé différent de d’habitude autant par la quantité de marchandise qu’il avait amené avec lui que de son au revoir à chacun d’entre nous. J’étais jeune à ce moment, environ sept ans si ma mémoire ne me fait pas défaut, mais cette soirée-là, j’eu l’impression de vieillir de dix ans en l’instant d’un coup de sonnette. Ma mère, curieuse de nature, se leva pour aller répondre à la porte en se demandant qui cela pouvait-il bien être à cette heure-ci, car il était tout de même près de 22h. Craintive, elle entrouvrit la porte, laissant place à deux agents de police.

«Madame Whitlock ?»

«Ouu…Oui ? C’est à quel propos ?»

«Nous avons retrouvés l’épave d’un bateau correspondant à celui que votre mari possède. Les débris ont été retrouvés près de la côte, le navire se serait écraser contre les rochers. Malheureusement, nous n’avons pu retrouver aucun membre de l’équipage incluant monsieur Whitlock. L’heure tardive et les mauvaises conditions météorologiques nous contraignent à repousser nos recherches en mer jusqu’à demain.»

«Quoi ?! Lâcha-t-elle dans un cri de désespoir ! Vous devez faire quelques choses ! Mon mari ! Cherchez le maintenant !»

«Nous somme désolé Mme Whitlock. Nous ne pouvons rien faire pour le moment sans risquer les vies des tous ceux qui iraient à la recherche en mer. Nous vous contacterons demain pour de plus ample information et pour vous laisser savoir du développement des recherches…»

Insultée, ma mère claqua la porte au nez des agents. Les yeux pleins d’eau, elle revint dans le salon ou nous étions sans savoir vraiment ce qui se passait. Rapidement elle décida de nous mettre au lit puisqu’il était tout de même tard fermant ainsi toutes les lumières et les portes de nos chambres. Plongée dans le noir, n’entendant que le bruit de la pluie qui frappait contre les parois de la maison et des fenêtres, un bruit ce discerna dans le silence de la nuit. Celui d’un manteau que l’on remontait la fermeture éclair, le bruit de botte de pluie de caoutchouc qui frottait sur le plancher et finalement le bruit d’une porte de maison qui claqua doucement. J’ignorais si mes frères étaient toujours réveillés ou même s’ils avaient entendus le départ de notre mère partir à la recherche de notre père perdu quelque part en mer ou peut-être même mort. D’un pas incertain, je me levai de mon lit afin de me diriger vers la fenêtre adjacente au chemin menant à la plage, histoire de regarder ma mère quitter notre terrain en direction de la rive sous ce déluge qui tombait du ciel. Équiper de son Lanturn et de son Lockhlass à ces côtés, elle se lança en mer disparaissant dans la nuit à la recherche de notre père.

La nuit sembla être éternelle et au bout d’un moment je sombrai dans le sommeil, tête contre la paroi de la fenêtre. Les premières lueurs du matin me réveillèrent doucement grâce à leur chaleur. Je regardai par la fenêtre et remarquai que la tempête était terminée, laissant des branches et des brindilles un peu partout sur le terrain de la maison. Mon regard se posa sur la plage à la recherche d’une silhouette lointaine qui serait ma mère, mais après quelques coups d’œil personne ne semblait se dessiner à l’horizon. Alors délicatement, je me levai de l’endroit où j’avais passé la nuit avec mon petit corps courbaturé et je me dirigeai au rez-de-chaussée en quête de retrouver ma mère. Mes recherches prirent fin assez rapidement lorsque je la trouvai allongé sur le fauteuil, les yeux grands ouverts avec des larmes ruisselantes. C’est à ce moment que je compris que mon père ne reviendrait pas.

Les années passèrent et notre vie, bien que chamboulée, reprit son cours sur un chemin stable et routinier mis à part quelques petits détails. Mon frère aîné n’a jamais été le même depuis la disparition de notre père. Il est rapidement devenu un jeune adolescent à problème, fréquentant des gens peu recommandable et avant même que l’on eut la chance d’intervenir, il était déjà tombé dans l’enfer de la drogue. Ces mauvaises fréquentations l’emmenèrent tout droit dans les bras de la Team Rocket. Au départ, il leur rendait service en échange de drogue mais cet échange de service tourna rapidement en tu-fais-ce-qu’on-te-dit-sinon-on-te-tue. Depuis ce temps ni moi, ni ma mère et mon frère ayons eu de nouvelles mais malgré le fait que nous n’étions plus dans les meilleurs termes, rien ne pouvait m’empêcher de m’inquiéter constamment et de prier afin qu’il soit toujours en vie et que malgré ces mauvais choix, qu’il réussisse à s’en sortir. C’est bien moi tout cracher, voir le bien et le bon côté en chaque personne, naïve et innocente de la tête jusqu’aux pieds.

J’ignore pourquoi je vous raconte tout ça… raconte ou pense… je sais plus trop. Ma vie, mis à part le mouton noir de la famille qui est mon frère aîné, fût marquée par deux évènements. La prise de conscience de la disparition et de la mort de mon père et la prise de conscience que durant toutes ces années, il était toujours en vie, caché à un endroit reclus d’on j’ignore l’emplacement. Il a de cela deux ans environ, j’étais avec mon Germignon dans une petite escapade // camping dans la forêt de l’île. Tout ce déroulait parfaitement, la température était chaude mais pas trop, ma tente était pour une fois bien montée, Flora avait mangée à sa faim donc elle n’était pas de mauvaise humeur et j’avais réussi à allumer mon petit feu de camps. Il m’arrivait souvent de faire des expéditions solitaires en forêt et en montagne, mais rien ne se déroulait jamais comme prévu, mis à part cette fois ci. La nuit tomba et ce fut l’heure de ce mettre au lit. À mon réveil dans les petites heures du matin, juste avant l’aube, quelqu’un avait gravé un message dans la terre. Je suis toujours là. J’ignorais à cet instant le vrai sens de ce message. Je croyais en fait qu’il y avait un pervers dans les environs et je dois avouer que j’avais la frousse. Je suis toujours là dans les bois à te regarder ? Les messages énigmatiques n’étaient pas ma force. Donc rapidement, je rangeai mes choses et quitta les lieux sans regarder derrière moi. Quelques semaines passèrent sans nouveau pépin jusqu’au jour où je reçus un texto anonyme. Laurel, je suis toujours là. Je suis toujours en vie. À première vue, j’étais certaine que ce texto provenait de mon frère mais la fin du message était signé avec un –P. Craintive je répondis au message.

« Papa ? »

« Oui. Je suis désolé de revenir comme ça dans ta vie. Je n’ai malheureusement pas plus de temps pour parler à l’instant même, ils me poursuivent toujours. Je te recontacterais dans quelques temps d’un nouveau numéro et peut-être pourrons-nous nous revoir un de ces jours. »

Le silence s’installa à nouveau. Toutes mes certitudes de vie venaient de s’effondrer. Tout ce que je croyais être, ce qui m’avait rendu plus forte et qui je suis maintenant n’était qu’un terrible mensonge. Personne ne pouvait savoir, du moins pas jusqu’à ce que cette histoire soit réglée, sinon ça ne ferait que rouvrir d’anciennes blessures que ma mère et mes frères ont tentés si difficilement d’oublier. Si mon père avait pris le soin de disparaître et de fausser sa propre mort, il devait avoir une bonne raison. Mais de qui pouvait-il bien parler lorsqu’il dit ; ils me poursuivent toujours ? Sa vie était en danger depuis si longtemps… depuis 21 ans… si ce n’est pas plus. La seule chose que je ne comprends pas c’est pourquoi m’avoir contacté moi et seulement moi ? À l’inverse, la seule chose que je sais c’est que j’en fais mon devoir et ma mission de réunir ma famille de venir en aide à mon père peu importe le moyen employé.