Il y avait l'enfance, l'innocence. L'aube.
Elle t'a regarder, avec ses yeux remplis d'amour. Comme un trésor, le plus beau, le plus précieux du monde, elle t'a regarder tout en te serrant contre elle, au creux de ses bras. Elle t'offrait la sécurité, l'amour, le bien être, le joie, tout ça en même temps. Elle venait de t'offrir la vie, au prix d'efforts et de douleurs, elle avait jurer, hurler, pleurer et pourtant, à cet instant. Tout semblait si calme et si beau. La chambre, bercée par les rayons d'un soleil tout jeune, ses yeux, cernés et pourtant si brillants, pétillants, ton père, tremblant, osant à peine poser un doigt sur toi par peur de te casser, toi petit être si fragile en apparence et puis … et puis toi, justement. L'innocence. La pureté. Tant de beauté, de bonté dans cette petite chose qui tentait déjà d'ouvrir grand les yeux, pour contempler ses parents, le monde.
Tu grandiras entouré de tout l'amour du monde. Un amour unique, inconditionnel. Premier d'une fratrie de trois frères, tu deviendras bien vite le guide, la fierté de tes parents, mais aussi celle de tes frères. Un jeune garçon plein de vie, plein d'amour, passionné. Un enfant au grand cœur, qui voyait finalement que la beauté, et l'innocence en chaque chose, en chaque être. Ton chemin, tu l'auras tracer très tôt, ton désir de découverte, de voyage, d'aventure. Tu aspirais à devenir dresseur, à capturer des Pokémon pour les entraîner, les endurcir afin qu'ils te portent au sommet. Tu voulais devenir le Maître, collectionner les badges, c'était banal mais c'était écrit, inscrit en toi en lettres de feu. Tu n'étais qu'un petit garçon, qui voulait devenir grand...

Il y avait l'amour, aussi. Passion dévorante.
Elle danse. Elle tourne, fait voleter sa robe. Ses cheveux flottent au vent, et elle sourit. Elle te sourit à toi. Elle danse, là. Au creux de tes bras. Tu oses à peine poser les mains sur elle, de peur de ne faire cesser toute la magie qu'elle semble propager. C'est là l'une de tes plus grandes fierté, ta réussite. Cette passion, cet amour qui vous unis. Pour toi, elle représente le monde. L'avenir. Elle est le début de ce rêve que tu aimerais voir devenir réalité, la graine de perfection qui donnera naissance aux boutons les plus beaux. Tu l'aimes, unis à jamais, tu ne vois plus ta vie sans elle. Liés par ces anneaux dorés, ce jour restera à jamais dans ta mémoire comme le plus beau de ton existence. Regarde là, Albion. Si belle, si douce et à la fois si piquante. Une rose. La plus belle de toute. Celle que tu te dois de préserver à tout prix. Tu pourrais tout faire pour elle, et pourtant tu ne le sais pas encore mais elle sera celle qui mènera ton âme à sa déchéance. Bientôt, son cœur s'assombrira. Bientôt, tu ne seras plus là, auprès d'elle comme tu le devrais. Ta soif d'aventure prendra le dessus … mais tu ne l'oublieras pas. Parce que toi, tu l'aimeras. Tu l'aimeras pour le restant de ton existence. Chacun de tes pas, chacun de tes actes sera fait pour elle, avec elle aussi bien dans ta tête, que dans ton cœur. Elle sera ton étoile, celle qui guidera tes pas et qui toujours te ramèneras à elle. Parce que tu as beau partir, oui. T'éloigner. Voyager. Ton cœur toujours, viendra te rappeler cet amour laissé en arrière pour te pousser à y retourner, à rentrer là où es ta place. Elle est la lumière, ta lumière.

Il y a eu le cauchemar, l'horreur. La chute.
Tu restes là. Droit. Debout. Pile à cet endroit dont tu te rappelleras toute ta vie. Il y a cette odeur, qui flotte. Une odeur sucrée, légèrement fruitée. Son parfum. Celui que tu connais si bien et tu as tant aimé. Ton genoux frôle le bois de votre lit. Tu trembles, ton corps, secoué de spasmes incontrôlables et pourtant, non tu ne flanches pas. Tu ne t'écroules pas. Ton corps reste solidement ancré sur Terre. Tes pieds, campés sur la moquette. Mais à l'intérieur. A l'intérieur, tout se déchire et se fissure. Plus tu la regardes, plus la tempête est violente, dévastatrice. Elle t'emportes, elle te détruit. Cesse de la regarder, Albion, par Arceus. Préserves toi. Cesse. Baisse les yeux. Tu ne le feras pas, n'est-ce pas ? Non. Parce que tu as tes raisons. Dans tes mains, il y a cette lettre. Ces mots, écrits avec soin sur une feuille blanche ornée de quelques auréoles. Elle a pleurer. Pleurer sur ces mots choisis avec un soin morbide, parfaitement rangés et ordonnés pour en arriver à un résultat des plus puissants. « Tout est de ta faute. » Tout. Absolument tout, Albion. Tu entends ? Tu comprends ? Tout. Ses larmes, sa détresse, son malheur et sa tristesse. Sa souffrance que tu n'as pas su soulager, tout. Tu n'as pas été à la hauteur, toi et tes rêves de bonheur. Tu pensais ta vie parfaite, tu pensais qu'ici dans ton cocon tout allait bien. Tu n'as jamais su lire à travers ses sourires. Tu n'as jamais su capter les bons regards, parce que tu n'étais pas là. Trop occupé à voyager, bouger, découvrir. Trop occupé à vivre ta vie, égoïste que tu es. Tu n'as jamais songer à l'y inclure réellement. Oh pourtant, tu l'aimais. Tu l'aimais tellement. Elle était ce qui faisait de toi l'homme que tu es. Ce dresseur, aimant et motivé. Elle était de vous deux la plus forte selon toi, et jamais tu n'avais songer une seconde qu'elle était si faible en réalité, qu'elle avait finalement tant besoin de toi à ses côtés. Tu l'as laissée. Tu l'as abandonnée, Albion ! Regarde toi, regarde la, regarde le résultat … qu'as-tu fais ? Tu l'as tuée. C'est toi. C'est comme si tu avais nouer cette corde autour de son cou, comme si tu avais pousser du pied le tabouret, comme si tu avais été là, lorsque ses os avaient craquer, céder sous le poids de son corps. Tout ce qu'il reste de vous, de votre amour est là. Couché, sous le corps sans vie de sa maîtresse. Ce Goupix, devenu Feunard que tu avais capturer pour elle, rien que pour elle. Il avait été sa seule compagnie durant tes absences, ce Pokémon si docile, si doux et à la fois si fort, tu le lui avais confier en te disant qu'il serait son gardien. Tu lui avais offert ton rôle, à tort. Comment aurait-elle empêcher une telle chose ? Cette pauvre créature. Elle était sans doute la dernière chose sur laquelle elle avait poser les yeux, elle lui avait sans nul doute dit adieu … elle était tout ce qui restait d'elle, de vous. Elle était désormais ce rappel constant de ton bonheur à jamais perdu, ce bonheur que tu avais assassiner. Par égoïsme, par omission. Elle était tout ce qui te restait à aimer, et elle serait à jamais la gardienne de tes ultimes sentiments les plus forts. Tu viens de sombrer, Albion.

Et puis il y a toi. L'ombre. Le monstre. Haine et violence.
On t'a crier, hurler qu'il te fallait continuer d'avancer. Rester tel que tu es. Tu allais devoir vivre avec, mais si tu écoutais les autres, tu devais rester fort et droit. C'était terminé. Tu avais eu cette période de doute, tu avais tout mis sur tes propres épaules. Tu avais laisser la culpabilité te ronger, à tort. Ce n'était pas toi. C'était elle. L'assassin. La coupable. Alors, fort, oui tu le serais. Droit ... plus ou moins. On t'avait blessé, ouvert en deux. On avait étaler tes tripes en place publique, du moins c'est ainsi que tu avais ressenti les choses, on t'avait saigné et la souffrance enfermée, il n'y avait plus là qu'un torrent de haine, le sang - ton sang - noirci, pourri. Aussi pourri que ton âme. Tu es mort, ce jour là. Elle s'est ôté la vie, mais à voler la tienne et l'amour que tu lui portait semble s'être effacé. Tu l'as enfermé, en réalité. Transformé. Modelé. Tu ne peux plus penser à elle, sans lui vouer une haine viscérale. Elle t'avait tout prit. Tout. Et tous autant qu'ils sont, ils ne valent guère mieux. Tu les hais. Eux. Tes semblables. Chacun d'entre eux. Ils te dégouttent oui. Tu as développer cette aversion pour l'être humain. Parce que la faiblesse et la lâcheté de ces êtres sont ce qui t'ont conduit à ce que tu es aujourd'hui ; un fantôme. Ta peine s'est muée en colère sourde. Et lorsque tu atteins les sommets, tu sens que tu peux enfin te poser. Te reposer. Laisser en arrière chacune des épreuves que tu as affronté. Tu peux savourer tes victoires et goûter aux défaites qu'elles entraînent. Tu peux admirer les larmes et le sang que tu fais se déverser. Ce sourire effrayant, cette délectation pour le mal que tu peux causer, ce regard si froid, si vide de sens et de compassion, ce visage marquant, marqué par le temps sont ce qui te caractérisent. Ils sont ce qui font de toi l'homme que tu es désormais. Tu attires à toi la haine, que tu sais rendre au centuple, tu es l'objet des préjugés. Le jugement humain, implacable dont tu ne te formalises pourtant plus. Tu es froid. Tu es mort. Tu n'es qu'un corps mué, et animé par la haine.