es falaises. La mer. La côte. Le sable. Oh, Arceus savait que c’était beau, mais le paysage ne variait pas. On entendait toujours ce bruit d’une vague se fracassant au pied de la falaise. S’il y avait eu quelque chose à découvrir des côtes de Miranoir, il l’aurait déjà trouvé. A moins qu’il s’y prenne de la mauvaise façon. Voir sans cesse la même chose, on passait forcément à côté de quelque chose. Forcément. Pierre devait voir un autre paysage, ou il deviendrait fou. C’est pourquoi, il avait eu la merveilleuse idée d’aller examiner de plus près des routes qui lui étaient totalement inconnues. Chabie ouvrait la marche, s’arrêtant tous les trois pas, vérifiant que Pierre l’a suivait bien, et qu’elle ne devait pas aller le tirer de ses pensées. Ce qui était agréable avec ces lieux, c’est qu’ils étaient calme, légèrement sauvages, en effet, c’était même peu de le dire. Pierre contemplait le paysage, plus ou moins songeur, toujours tourmenté par cette histoire. Mais qu’avait-il bien pu laisser filer sous son nez sur ces plages. Il avait désormais prit l’habitude de songer tout en marchant, le regard brouillé, seul un point fixe était clair et bien dessiné. Un seul, au loin. Au hasard. Cette fois-ci, le hasard avait voulu qu’il s’agisse d’une clairière, derrière un bosquet d’arbres. Puis, le hurlement de Chabie le tira de ses songes. Jamais on ne pouvait penser avec elle, jamais. Elle revenait en galopant, stoppant à quelques centimètres de l’emplacement ou se tenait Pierre. Bien, au moins, elle ne lui avait pas foncé dessus, c’était déjà un progrès… Son petit regard signifiait “j’ai trouvé un truc, faut trop que tu le vois !”. Mais comme elle ne laissait jamais le temps à Pierre - pas même une seconde, non, bien sûr, toujours pressée - elle le força à avancer en le poussant. « Oh, Chabie ! Je sais marcher, montre moi, je te suis. » Il poussa un léger soupir, avant de suivre la bestiole d’Acier - vraiment, il ne se laisse absolument pas dominer par un Galekid, ce n'est absolument pas cela - à travers une petite forêt d’herbe. Zigzaguant entre les buissons et autres arbres à l’allure suspecte, Chabie se stoppa net derrière une rangée de quelques arbres. Épais et touffus, ils laissaient juste apercevoir les vestiges d’un ancien campement. Pierre posa son regard vers la petite Galekid, qui elle fixait uniquement ce campement. C’était… juste des vestiges, un truc abandonné. Quoi de plus intéressant ? Juste que cela avait intrigué Chabie. Mais vraiment intrigué, puisqu’elle c’était remise à pousser Pierre vers ce vieux terrain à moitié rongé par l’herbe. « Ah, mais tu avais donc la frousse d’y aller la première ? » Ah, mais voyons, on ne remettait pas en question le courage de Chabie ! Elle fonça tête baissé quelques mètres devant Pierre, prit son petit air sournois, qui voulait bien dire “moi ? La frousse ? Jamais”. Bien qu’elle avait cette petite touche de frayeur dans son comportement, à peine perceptible, mais… En effet, on ne se sentait pas seul dans ces lieux.

n les sentait. Pas de la manière courante. Pas comme on sentirait l’odeur de la Printanière. On savait simplement qu’ils étaient là. Il y avait toujours eu cette espèce d’aura. Fourbes. A leur plein gré. Il n’aurait même pas été étrange de se retourner et d'apercevoir dix de leurs membres juste derrière soi. Alors oui, ressentir cela, pouvait éveiller une légère terreur. Mais également de la curiosité. On n’allait pas vers eux, c’était eux qui venaient. Il fallait partir de ce principe, si on venait à les chercher, ils ne se montreraient pas. Seul le silence les faisaient venir. Ah douceur de ces Spectres ! Probablement, qu’ils les avaient repérés. Rare seraient néanmoins ceux qui pointeraient leur ombre en journée. Pierre marchait, lentement, c’était très étrange comme sensation. Il se savait observé, bien qu’il n’aurait sur dire par qui, par quoi, d’où on l’observait, comment on l’observait. Les ombres se cachaient, certaines plus discrètes que d’autre. Ce murmure, proche, et à la fois si lointain… Oh, rien n’était laissé au hasard, le Polichombr était présent, il ne se gênait aucunement pour le montrer, d’une façon invisible. A son image. Avait-il suivit ? Avait-il abandonné ? Le murmure avait cessé, il n’avait été que bref. Très bien. Si essayer de le trouver demeurait infaisable, qu’il vienne de par lui-même. Lui… Ou l’une de ces autres ombres. Légèrement sur sa droite, un rocher. Mousseux par endroit, mais idéal pour s’y asseoir et les attendre. Puisqu’il n’y avait qu’ainsi qu’ils se présentaient à la lueur du jour. Pierre n’avait prononcé un seul mot depuis. Son premier, il l’adressa à sa Galekid, un seul mot. « Chalybes… » Un seul. Murmure envolé par le vent. Mais qui disait tout. Elle aussi avait senti la lourde atmosphère.
Tout était tellement calme, silencieux. Et à la fois bruyant. Pierre leva le regard vers le ciel, ferma les yeux. Oui, l’endroit était idéal. Faire le vide, le rien. Et reprendre chaque étape.

e plus étrange, quand on ne pense à rien ; c’est qu’il est justement impossible de ne penser à rien. Toujours quelque chose de futile, d’anodin, de stupide, qui apparaît. Pourquoi soudainement s’imaginer boire un café, et deux seconde plus tard, se voir lire un livre ? Mais, aussi ridicule que ceci pouvait paraître, de telles choses anodines, faisaient planer Pierre à des lieux de toute réalité. Son corps était toujours bien présent, son âme vagabondait ; peut-être bien que les spectres de cet endroit y étaient pour quelque chose… Quoi que, souvent était, les fois où il se perdait parmi ses pensées, quand on le laissait bien faire. Mais, là, il avait bien fallu qu’une tornade approche pour le réveiller. Inconsciemment, son regard se posa au loin, il pouvait y distinguer quelque chose, la teneur en électricité ne faisait qu'accroître ; néanmoins, Pierre était déconnecté. Il savait qu’il approchait, bien qu’il ne serait quoi, et encore moins comment réagir. Parce que, c’était bien simple, il ne réagirait pas. Si Chabie désirait s’en occuper, elle était suffisamment libre pour le faire. Il était encore assez lucide et pas suffisamment emporté par le souffle du vent, pour venir l’aider si problème il devait y avoir. Sauf que, si cet endroit inspirait Pierre, il n’inspirait en rien la Galekid. Rien n’était dans son élément, d’autant plus qu’elle sentait bien que Pierre était surtout une belle coquille vide ! Cette dernière se faufila contre sa jambe, ce qui fit immédiatement regagner tout son esprit envolé à Pierre. D’un petit geste il invita Chabie à grimper sur le rocher, à côté de lui. Et cette dernière en profita pour garder la proximité qu’elle avait recherché. Et c’était repartit, son esprit s’évaporait de nouveau, pour replonger dans le monde du vide, et du plein à la fois. L’imagination. Le souvenir. La pensée. Cela ne représentait rien, c’était invisible, et pourtant si rempli ! Forcément, tout y était inscrit.

e vent frais. L’odeur de la mer proche qui se faisait sentir. Et qui rappelait très légèrement Hoenn. Petite, toute petite vague de nostalgie. Rien, elle était uniquement passagère, dans quelques minutes elle s’en irait. Mais qui lui rappelait qu’il avait tout de bénéfique à terminer rapidement ce qu’il devait faire sur cette île. Les spectres reprenaient vie sur ce campement cimetière. Oubliant leurs deux invités. Ou peut-être trouvant un moyen pour les impliquer dans leur vie ? Ils sont étranges. Mais c’est cet aura mystérieuse qui avait de beau chez eux. Pierre ne s’occupait pas d’eux, et la plupart ne s’occupait pas de lui non plus. Mais, on connaît tous les légendes des  spectres. Ils aimaient bien surgir à tout instant pour effrayer leur cible. Ce qui avait d’utile, c’est que lorsqu’on faisait le vide, on pouvait les sentir arriver. Pas à les voir, ni quand ou comment ils surgiront, mais leur présence se fait sentir. Et puis, Pierre avait Chabie. Elle avait les yeux sur tout, l’endroit, elle ne l’aimait pas, et les spectres, encore moins. Et il était là. Le Fantominus. Elle le voyait. Chabie c’était levée, prête à s’y jeter dessus. Ce stupide nuage de gaz approchait bien trop rapidement à son goût. Et cet imbécile de Pierre ne réagissait pas ! Nom d’Arceus, qui lui avait donc fourgué un dresseur comme lui ! Alors qu’elle s’apprêtait à charger le spectrale arrivant ; Pierre posa sa main sur elle. Et dans un murmure, il lui dit « Doucement Chabie, doucement… Tu ne sais pas à quoi tu t’attaques. » Il avait posé ses deux yeux sur la petite boule d’Acier. Qui gardait un oeil sur le Fantominus et un autre sur Pierre. Ce dernier se redressa, pour faire face au Fantominus qui approchait, probablement légèrement énervé d’avoir été trahis par la Galekid. Chabie avait elle aussi bondit au sol. Il ne s’en été joué qu’à quelques secondes pour qu’elle se soit mise à attaquer elle seule le spectre, mais foncer tête baissée n’était absolument pas ce qu’il fallait faire face à un nuage.