L'amour est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un son effacé.

J'ai toujours consacré ma vie à la sauvegarde et à la préservation de la nature de Miranoir et de ses pokémons. Mais quelque fois, je me demande si je suis une bonne dresseuse. Serais-je assez qualifiée pour prendre soin de Solochi toute ma vie ? Etait-il heureux d'être avec moi ? A force de vivre en ermite, j'en venait à me poser des questions. Etais-je une bonne dresseuse pour lui ? Je ne sais plus qui je suis réellement. J'ai l'impression de m'être oubliée. J'ai l'impression que mon âme est tombée avec Lùkas de cette falaise... A trop regarder le passé, j'en oublie le présent. Solochi devait avoir une bonne raison de m'avoir sauvé lors du séisme du renouveau. Cela pouvait très bien être un hasard. Le pokémon dragon serait passé non loin de moi et aurait entendu mes cris. Peut-être qu'un autre pokémon en aurait fait autant ? Pourtant j'avais besoin de croire que c'était un signe. Le signe que j'avais le droit à une deuxième chance. Comme le Phénix qui renait de ses cendres. Rien n'arrive par accident. Tout est toujours lié d'une façon ou d'une autre...

L'amour est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un son effacé.

Le jolie chant d'un Passerouge me réveilla, je baillais, la tête dans la fourrure sombre de Solochi. J'avais la bouche pâteuse. Peut-être que je n'aurais pas du boire à ce point hier soir. Je me redressais puis m'étira, faisant claquer quelques vertèbres. Le soleil traversait le plafond de feuilles en minces faisceaux dorés. Un Maraiste croisa mon regard et se précipita dans l'eau. Je passais une main dans ma tignasse brune puis restais immobile un petit instant. Habituant mes yeux à la lumière. Je baisse le regard vers ma montre, il était dix heures du matin et il faisait déjà très chaud. Slade s'était encore levé en pleine nuit pour aller s'empiffrer de baies. Cela se voyait, son poil bleu avait prit une teinte légèrement violette. Les baies avaient tendance à jouer avec la mélanine chez les pokémons. En tout cas sur mon Solochi.

L'amour est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un son effacé.

Beaucoup de questions me venaient en tête. J'avais l'impression de devenir folle. Ma folie correspond à un état d'extrême détresse. Elle ne s'explique pas, elle se ressent, se vit. Elle prend le dessus sur mon être, ma pensée, mes actions, ma vie. Elle s'installe progressivement, sans qu'on s'en rende compte. Discrète et subtile, elle apparaît dans l'absence de regard, crie dans mon silence et jaillit dans mes larmes. Douce et délicate, elle prend diverses formes : un sourire forcé, un rire qui sonne faux, une parole retenue. Adroite et tenace, elle s'installe quand on s'y attend le moins. C'est là qu'elle devient la plus dangereuse. Tantôt refoulée, tantôt exprimée, elle ne me quitte pourtant jamais. Le cercle vicieux n'en finit plus, le fond ne se ressent même pas. Les sourires et la joie ne sont que de lointains souvenirs que j'ai laissé filer et je me salit à penser à chacun de mes souvenirs. La folie n'est pas dangereuse en soi. Elle n'est que cruelle car elle me laisse avec moi-même. Seule. Devoir affronter chacune de mes pensées, devoir assumer chacun de mes actes, devoir retenir mes propres larmes, devoir affronter seule l'avenir incertain, c'est ça qui est dangereux... J'ai beau avoir Slade, mais je ne fais que l'enfermer de plus en plus dans un tourbillon de tristesse...

L'amour est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un son effacé.

J'entends des bruits de pas, cela me fait sursauter, je réveille Slade puis range la couverture dans mon sac. Un Ranger approche, ce n'est pas dans ces heures ci pourtant. Je me cache dans un buisson avec Solochi. Je n'ai jamais essayé de me lier d'amitié depuis Lùkas. J'ai si peur ... J'essaye de me rassurer par tous les moyens mais je n'y arrive pas. Je pense à tout, j'envisage tout, et pourtant on en reste toujours au même stade. Ma peur et mon angoisse me paralysent vraiment et je me sens dans l'impasse comme jamais auparavant. J'ai plus envie d'être comme avant, de ressentir la même chose, de me ressentir à nouveau rejetée, encore. . Mais je n'ai plus envie de rester seule. Juste moi, moi-même, cette personne dans le miroir qui me semble si impuissante. Je suis pas assez forte pour pouvoir affronter tout ça à nouveau, je n'en ai plus l'envie ni le courage.J'ai pas envie qu'on assassine cette année le peu de vie qu'il doit me rester... "Il y a quelqu'un ?" Je ferme les yeux. Mon souffle est tremblant. Je suis comme un Haydaim. Apeurée et méfiante. Peut-être ai-je peur de perdre une nouvelle fois quelqu'un ? Je ne sais pas ce qui m'attend, peut être cet éternel recommencement. Et si peut être autre chose, quelque chose de tellement positif que mon esprit est incapable, ne serait-ce que d'esquisser cela. C'est ça, cet espoir vain qui me fait tenir et qui me maintient encore quelques temps. Mais jusqu'à quand ?
Ces mots ne sont plus curatifs. Ils me permettent juste de réaliser un peu plus ce que je vais affronter. J'ai si peur ... Je ne sais pas y faire face et pourtant ... J'ai tant envie de vivre comme les autres...

L'amour est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un son effacé.

Je sais qu'il y a quelqu'un ! Montrez-vous ! Je resserre un peu la main qui est placée dans la fourrure de Slade. Il n'a qu'une envie, mordre le ranger ou le cogner. J'étais forcée de le retenir pour ne pas qu'il fasse un carnage. Je me mordait la lèvre inférieure. Un Feuillajou se mit à glousser en voyant une pomme sur la tête de l'homme présent. Je levais le regard et me rendait compte que nous étions sous l'arbre mère d'une groupe de Feuillajou. Il y en avait plein sur les branches. L'homme soupira puis fit volte-face. Nous avions eus de la chance, mais il était temps de s'éclipser vers le lac. J'avais besoin de me laver, et cela ne ferait pas de mal à Slade également.

L'amour est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un son effacé.

On arrivaient au bord du lac, je regardais un moment mon reflet. Les traits tirés derrière un masque de cendre. Il était vraiment temps que je prenne un bain ! Solochi comprit exactement là où je voulais en venir lorsque je remua légèrement l'eau, ce qui le fit se barrer à toute vitesse en hurlant. Non, les bains, il n'aimait vraiment pas ça ! Et cela ne me surprenait pas plus que cela, surtout venant de lui ! Je du lui courir après pour le traîner de force dans la rivière. Une fois dedans il resta assit en tirant une face de six pieds de long.