Le soleil caresse doucement ta peau à peine recouverte qui s'offre à ses beaux rayons dignes d'une belle journée d'été. Une brise printanière soulève l'un des rideaux de ta boutique, lui donnant une allure spectrale et envoûtante. Tu te traînes, tu te prélasses ; ce n'était pas une chose à laquelle tu t'étais habitué depuis que t'habitais là et que tu traînais au milieu des fleurs et de leurs délicieux parfums. Ces odeurs étaient d'ailleurs présentes un peu partout, entourant ta carcasse de mille saveurs, tu marinais dans l'essence florale alors que tes yeux mi-clos surveillaient l'horizon au cas où un client viendrait à se pointer, signifiant l'apparition d'un peu de mouvement dans cet ordre qui semble régner en maître. Soupire sonore, seul l'ennui s'approche, la bête s'infiltre dans les tréfonds de l'âme, elle appelle à la distraction, peu importe ce que c'est, il te faudrait quelque chose qui te change de cette dangereuse routine, celle qui t'attrape un peu plus chaque jour et qui empoisonne ton cœur. Tu menaces de te noyer dans cette nouvelle vie qui ne ressemble pas à grand chose. Tu vends des fleurs et passes tes journées à ne rien faire, tu n'arrêtes pas de te dire que l’oisiveté va sûrement gagner tes membres les uns après les autres et que tu finiras ta vie comme toutes ses personnes si ennuyantes et pathétiques, tu posséderas une vie normale et banale sans le moindre intérêt véritable. Tout ceci, ça te parait pas être une chose agréable, ça serait plus comme une satanée malédiction, sûrement parce que tu n'es pas habitué à ces étranges choses que riment avec tranquillité et calme. Toi, tu n'étais pas né dans les eaux claires et limpides, mais dans celles plus troubles et sauvages. Dés ton plus jeune âge, tu étais déjà souillé par l'ombre de la Team Rocket, c'était une chose qui coulait dans tes veines, comme Violence et Fourberie, deux valeurs que l'on proclame en famille, deux amies qui t'accompagnent sur ta route à sens unique. Les choses que t'as faites, tu les as toujours accomplies sourire aux lèvres et bonheur au ventre. T'as toujours suivi les indications et les ordres que ça te semble justifié ou non, tu savais que tu n'avais pas ton mot à dire avec ces gens-là, tu leur devais tout, et eux ne te devaient rien, c'était bien là l’horrible vérité qui te poussait à continuer, à faire ce qu'ils te demandaient. T'avais une dette envers cette organisation, pas celle que l'on rembourse à l'aide de poké-dollars ou d'échanges, mais à l'aide d'honneur et de réussite voir du sacrifice de sa vie. Seule ça t'importait, brillé à leurs yeux et ne pas les décevoir même si ces derniers, tu les insultais secrètement dans les méandres de ton esprit pour t'avoir envoyé sur cette putain d'île inutile.
Cloches qui sonnent, réveil de l’après-midi, un nouveau client vient d'entrer. Tes yeux se portent sur lui avec intérêt, le sourire se lève immédiatement en direction de ton sauveur d'ennui. « Bienvenue au Joliflor, que puis-je pour vous ? » Tu ne reconnaîtras pas immédiatement le visage de l'artiste et ses yeux noisette qui croquent sous la dent, non, tu ne te souviens plus très bien du témoin égaré aux creux des souvenirs qui ne demande pourtant qu'à remonter. Tu ne veux sûrement pas te souvenir du jeune homme et de ses leçons à deux poké-dollars l'unité, celles qui avaient laissé une traînée dans tes rêves ou cauchemars avec des mots qui donnaient à ta vie l’abominable sens d'erreur. Pour l’instant, tout ce que tu voyais, c’était juste un homme, un client que tu devais servir.