L’aube était levée depuis quelques heures lorsque j’ai ouverts une première fois les yeux. Blottis sous ma couette, je me suis tournée vers la fenêtre qui laissait passer quelques rayons de lumières. Mon regard se déporta ensuite sur mon réveil qui clignotait silencieusement. Zut, je m’étais une nouvelle fois endormie trop profondément pour l’entendre sonner. Il était 9h30 passée de quelques minutes, ce qui n’était pas extrêmement tard, mais lorsque je me réveillais après 8h/8h30 j’avais cette désagréable impression d’avoir perdue un bout de ma journée. Sautant sur mes pieds, j’attrapais de quoi m’habillé avant de m’empresser de rejoindre la salle de bain. Cela ne me prendrait que quelques minutes, le temps de prendre une douche et de m’habiller. Je n’allais que me promener sur la plage, je n’avais pas besoin d’en faire des caisses, surtout un jour de week end.

Une fois propre, j’attachais ma ceinture avant de prendre mon sac où je rangeais habituellement mes pokéballs. Mary en sorti, comme à son habitude, et me suivis jusqu’à la cuisine, au rez de chaussé. Ma mère n’était pas là, elle était surement partie faire une course ou un petit tour dans la ville pour s’occuper en voyant que je ne pointais pas le bout de mon nez. Il restait simplement un petit mot aimanté sur le frigo.

- Je suis partie faire quelques courses, il ne reste pas grand-chose pour le petit déjeuné, si tu as faim, attend moi. PS : je t’ai laissé une madeleine au cas où, bisous !

Un petit cœur à la fin marquait le point final, ce qui m’arracha un petit sourire. Fixant l’horloge de la cuisine, je trépignais sur place en me demandant si je prenais le temps de l’attendre ou non. Mon regard s’abaissa jusqu’à l’ilot central de la cuisine où m’attendait une petite madeleine, dernière survivante du paquet. Mary me regardait, tirant légèrement sur ma jambe pour m’entrainer vers la porte à l’arrière de la cuisine. Laissant échapper un soupir, je lui fis passer quelques baies avant d’attraper ma madeleine en passant.

- Je suppose que tu préfères sortir, toi ?

Un sourire se dessina sur le visage de mon pokémon qui s’empressa de se diriger vers la porte. Réprimant un sourire, je le suivis avant de lui ouvrir. Ce dernier sorti en trombe, trébuchant sur la dernière marche du petit escalier avant de faire quelques roulades et de s’arrêter non loin d’un arbre. Mary s’épousseta, ronchonnant avant de se retourner pour m’attendre. Je lui fis signe de revenir avant de me diriger vers l’entrée de l’arène.

- Attend, reviens, je vais voir s’il y a quelqu’un, après on pourra partir !

Mary ronchonna une nouvelle fois avant de s’avancer rapidement et de me tirer en trottinant jusqu’à l’arène, exprimant assez clairement son mécontentement. Heureusement pour lui, la maison était presque collée à l’arène, par soucis de praticité. La route fut donc très courte, surtout à l’allure à laquelle me tirait Mary. Une fois devant la porte, je poussais doucement cette dernière pour passer ma tête à l’intérieur. Un coup d’œil à droite, un coup d’œil à gauche furtif, et je fis demi-tour aussitôt. Un étranger se serait surement demandé ce que je pouvais bien faire dans cette position. Il aurait très certainement été surpris par la même occasion s’il apprenait qu’il s’agissait de mon arène. Du moins, par… Dépit ?

Zieutant les alentours, je ne mis pas longtemps à faire demi-tour pour rejoindre la plage. Elle n’était qu’à quelques minutes de marches, ce qui n’était pas énorme comparé à d’autre. Le bitume laissa rapidement sa place au sable doux, ce qui me fit enlever mes claquettes pour les ranger dans mon sac. J’adorais cette sensation… Qui ne pouvait pas l’aimer de toute manière ? Surtout lorsque la mère était calme et les passants rares. Quelques combats pokémons faisaient rage à quelques dizaines de mètres, ou plus, mais l’ambiance était globalement paisible. Il ne faisait pas trop froid, j’avais juste enfilé un gilet sur mes épaules pour prévoir une possible baisse de température. Après tout, nous n’étions pas encore en été.

Au bout d’une dizaine de minutes de marche, j’aperçus une chevelure brune familière assise face à la mer. Alors que je m’avançais doucement pour ne pas la surprendre, Mary aperçu le Marill de Karel. Un éclair joueur passa dans ces yeux alors que le pokémon de la brune était dos à nous.

- Mary ne t’avise pas de…

Trop tard, le petit pokémon bleu venait de s’élancer vers l’un des siens, aussi vite qu’il pouvait. Il fonça vers le pokémon avant de prendre appuis sur ses deux pieds, non loin de lui et de lui sauter sur le dos en s’exprimant bruyamment. Le pokémon de Karel sursauta et tenta de se défaire de son étreinte. Mary, légèrement envahissant parfois ? Dites le lui quand il prend les trois quart de la place dans votre lit. Tous les Marills n’étaient définitivement pas comme lui, mais ça, il avait du mal à l’assimiler. Mais je ne perdais pas espoir. Après tout, c’est ce qui faisait son charme.

Rattrapant le petit groupe en trottinant, je m’arrêtais proche d’elle pour attraper Mary et le faire descendre de son pokémon. Un sourire gêné pris place sur mon visage.

- Salut ! Désolé, je crois qu’il est un peu trop enthousiaste à l’idée de vous voir !

Mary, pas gêné pour un sous, gigota dans tous les sens pour tenter de se défaire de mon étreinte. Je le décalais du Marill de Karel qui venait déjà de faire trois pas en arrière. Quelle tête de mule ce pokémon, c’est pire que tout. Le gardant contre moi, je m’assis à côté de Ka’. Mary finit par se laisser faire lorsque je me mis à le distraire en lui faisant quelques chatouilles.

- Excuse-moi pour l’arrivée brutale, je ne m’attendais pas à ce qu’il fonce aussi vite.. Comment tu vas ?

Mon regard dériva sur les vagues qui se jetaient presque silencieusement sur le rivage. L’air était doux et le soleil se détachait de quelques nuages. C’était surement une belle journée qui s’annonçait. Du moins, encore une journée au bord de la plage. Non pas que je ne les apprécie pas. J’adore lâcher quelques heures mes pokémons pour les voir s’amuser dans l’eau. Mais il m’arrive de plus en plus souvent de m’ennuyer en fixant l’horizon. Quelques petits rebondissements ne seraient pas de trop, ces derniers jours avaient été désespérément calme.

- Tu as prévu des choses aujourd’hui ?

« Mauvaise idée, in coming... »

Et lentement tu t'éveilles. Tu ouvres les yeux, difficilement, grimace quand à l'inconfort de ta position, de ce qui te sers de « lit » provisoire. Un hamac. Une toile, de la corde et deux foutus cocotiers le tout, légèrement à l'écart de cette épave encore dangereuse, et en bien trop mauvais état pour que quiconque se permette une nuit dessus, ou même dedans. Les accidents, les trous, tu avais déjà donner. Alors hors de question de prendre des risques, non. Autant le dire, tu t'étais résigner à faire comme tout le monde. A prendre part aux petites soirées autour d'un feu, et t'y endormir en écoutant les autres, leurs histoires soit disant de fantômes, et leurs plans pour un avenir pourtant pour le moment toujours si incertain. Tu te tournes. Puis te retournes. Ta nuque est douloureuse, et tu t'agites. Tu t'agites sans doute un peu trop d'ailleurs, tu secoues les cocotiers à chacun de tes gestes trop brusques. Tes mains viennent frotter tes yeux, mauvaise nuit, et tu finis par ouvrir les paupières … a temps sans doute. Tu la vois, cette noix de coco encore verte, pas encore vraiment mûre mais qui visiblement semble avoir une folle envie de te réveiller une bonne fois pour toute. Elle s'agite, danse joyeusement … avant de lâcher prise. Elle tombe, et tu as tout juste le temps de te redresser brusquement. Bien entendu, tu perds l'équilibre, le hamac fait un tour et tu te retrouves la face dans le sable sous le regard amusé et les rires carrément moqueurs de quelques sbires qui traînent pas ici. Par fierté sans doute, ahem, tu te relèves rapidement pour virer le sable de tes vêtements, puis lève les yeux sur l'homme qui continue de rire aux éclats. « Miller, t'as vu la noix de coco elle veut ma peau. » lâches-tu le plus naturellement du monde en secouant la tête, visiblement affligée. « Je suis trop agile pour elle. Té. »

Tu abandonnes finalement ton coin de plage. Ton Malosse, dans tes pieds semble apprécier de pouvoir se dégourdir les pattes après une nuit dans le sable, à veiller sur toi comme il le fait si habituellement maintenant. Tout en marchant, tu étires tes muscles légèrement endoloris. Fais craquer quelques vertèbres, tes phalanges aussi. Rien de prévu aujourd'hui, ça veut dire qu'au final, il ne te reste qu'à te lancer dans la peinture, histoire de mettre la main à la patte, de te rendre utile. Pourtant, tu n'en as pas envie. Non, il fait beau. Pas si chaud pourtant, mais pas froid non plus. Un juste milieu agréable, qui rend les quelques pas que tu fais sur le sable relativement délicieux, et appréciables. Tu pourrais y passer la journée, à ne rien faire. D'ailleurs, tu ne résistes pas bien longtemps à l'envie de faire sortir tes compagnons de leurs Pokéball respectives. Marill et Obalie, comme toujours se dirigent dans l'eau pour piquer une tête, profiter de l'océan qu'ils apprécient tant côtoyer. Polarhume lui s'agite, avant de finalement prendre part à la balade tranquillement, avec Amagara tandis que Saphir vient se frotter à tes jambes, demandeurs de caresses et d'attention. Tu te baisses d'ailleurs pour l'attraper, le prendre dans tes bras .. remarquant par la même occasion que Dedenne zone sur la plage, embêtant à l'occasion Malosse en lui lançant du sable... Tu soupires légèrement, reportant ton attention sur ton Feunnec, tu viens déposer un baiser tout doux sur le bout de son nez, avant de le câliner. Une véritable peluche, attachant à souhait, Saphir est constamment collé à toi et finalement, tu adores ça.

T'approchant un peu de l'eau, tu viens finalement poser tes fesses sur le sable, face à la mer. Tu laisses les vagues venir chatouiller tes pieds nus et tu restes là, seule et silencieuse face à cette puissante immensité, cet océan si calme et si beau dont la surface brille et reflète les rayons d'un soleil radieux. Tes yeux passent de Saphir, à Malosse, s'attardant parfois sur Dedenne au loin avant de revenir sur Polarhume et Amagara, puis te retourner sur Marill et Obalie. D'ailleurs, c'est à ce moment qu'il apparaît ce second Marill. Energique, plein d'entrain, il n'hésite pas une seconde à sauter sur le tien. Tu sursautes, tout autant que ton Marill d'ailleurs qui se débat, tente de se défaire de cette étreinte trop soudaine, trop inattendue et il n'y parvient que parce que deux mains viennent attraper la petite boule bleutée pour le soulever. Tu lèves les yeux, une silhouette féminine, svelte, athlétique, un peu plus petit que toi. Des cheveux blonds et un joli visage que tu reconnais aussitôt, une vision qui étire un sourire sur tes lèvres. C'est finalement la seule amitié qui tu ai liée ici avec une jeune femme qui plus ou moins te ressemble. Blue, c'est la championne du coin mais c'est surtout un agréable rayon de soleil, malheureusement enfermée dans une bulle qu'elle ne peut visiblement se résoudre à quitter, pour le bien des autres. « Salut ! Désolée je crois qu'il est un peu trop enthousiaste à l'idée de vous voir. » Tu laisses échapper un petit rire, en laissant ton regard glisser sur le Marill de la petite blonde. Bien différent du tien, plus vivant, une pile électrique qui déjà gigote et s'agite pour se libérer des bras de sa dresseuse qui finalement parvient aisément à calmer la petite créature à coup de chatouilles et de caresses. « Excuse moi pour l'arrivée brutale, je ne m'attendais pas à ce qu'il fonce aussi vite... Comment  tu vas ?» Elle vient alors s'installer à côté de toi. « Ne t'en fais, c'est dans sa nature je suppose. » Et dieu sait que tu n'iras pas à l'encontre de ça, en aucune façon. « Ça va, ça va très bien. Je profite de la vue, et toi ? » Tu l'observes un petit moment, tu le sais. Blue n'est pas très en phase avec sa vie, son statut. Si elle aime venir ici, tu as souvent surpris ses regards un peu vides, cette tendance à être si détachée, à rêver de l'intérieur sans pouvoir extérioriser totalement. C'est finalement un peu triste, pour toi. Toi qui as toujours su te laisser porter par tes idées, tes envies, toi qui a si souvent eu la chance de bouger, voyager. « Tu as prévu des choses aujourd'hui ? » Pas vraiment. En réalité. Tu vas bosser, jouer l'esclave  sur le navire comme toute la team Aqua en ce moment. Un mal pour un bien, parait-il. Alors tu hausses les épaules. « Non .. on bosse sur le bateau alors … c'est tout. » Et non, pas vraiment emballée par l'idée aujourd'hui. Ton regard se pose d'ailleurs sur l'épave. Ça avance, certes, mais ce n'est pas encore ça. Du travail, il y en a encore pas mal. Cette vieille carcasse .. tu ne sais pas ce qui a pu lui arriver, pour qu'elle se retrouve dans cet état déplorable. « Tu sais … j'ai entendu hier soir des types de l'équipe qui y bosse parler de trucs bizarre. Genre. Parait qu'il y a des fantômes dans les cales qui  protègent des trésors cachés. » Et tu souris, malicieusement. Les histoires de fantômes, tu as toujours tout fait pour y éviter d'y croire, ou même d'y penser. Parce que ça te fait flipper au fond. Et pourtant c'est toi qui en parle. Qui lance Blue là dessus. « Ils disent que personne à récupérer ces trucs parce que tout le monde a trop peur d'y aller... » Bouh, le gros cliché. « Hé. » dis-tu alors tout à coup, posant une main sur le bras de ton amie. « Viens on va fouiller. » … mauvaise idée incoming.