« Don't let me go »

Dae Hyun. Deux mots, un nom qui résonnait trop souvent dans son esprit. Celui qui lui avait volé Mars. Celui qui avait pris sa place. Et à cet instant où il avait vu Mars si tendre avec lui, si tactile, tout avait volé en éclat pour lui. Il avait promis, il avait juré, fait couler son sang pour rien. A l'instant où il y repensait, les trois marques longilignes le grattaient frénétiquement, il serait allé jusqu'au sang si ça avait pu détourner le regard de Mars. S'il avait pu redorer de sa lumière divine, mais ça ne marchait pas comme ça. Ça ne marchait jamais comme ça. Qu'il avait été bête de penser que... Que ça fonctionnerait, tous les deux. Oh, ça aurait pu, mais Dae Hyun. Et tous les légendaires savaient combien il le tenait responsable de ça, qu'il le maudissait à tout va pour les dix prochaines générations. Une part de lui se disait que c'était légitime. Mars devait trouver d'autres sbires, attachés à sa cause, pour remplacer Hélio. Ça lui allait. Mais quand ledit sbire trouvé le détestait autant qu'il le haïssait, quand ledit sbire suivait Mars, sa Mars comme un petit chien, c'était non. Et il n'avait pas eu d'autre choix pour le lui montrer, que de fuir. Oh, le mot était mal choisi. Il s'était barré. De son plein gré, malgré sa promesse, malgré son besoin d'elle, et ça lui avait fait mal. Il avait ressenti un tel manque physique, ça l'avait abattu, bien qu'il se soit efforcé de le cacher. Bien qu'il n'ait eu que Mars et Dae Hyun en tête. Alors finalement, son but atteint, son but recherché, il était revenu. Une seule journée avait été un calvaire pour lui, et quand bien ça avait énervée Mars, il tenait à le lui faire comprendre, à lui faire part de ses sentiments.

Au moins ils étaient seuls. La forêt seule les entouraient, le regard de Reaper constamment sur eux, et on aurait dit qu'elle le remmenait à sa tombe. Pas besoin d'excuses, de prétextes pour cette fois, il était assez tendu pour ça, à souvent jeter un coup d’œil au Dimoret, qui se faisait moins présent ces derniers temps, depuis son évolution en fait. Considérait-elle qu'il l'avait encore trahi ? Il n'avait soufflé mot de tout le trajet, elle marchait en tête, comme si elle aussi avait balayé tout ce qui s'était passé au temple. Ce baiser, son simple souvenir lui brûlait les lèvres, le rendait un peu plus accro, un peu plus aux pieds de la rousse. Cette fois-ci, aurait-il le courage de se détourner des lames acérées de Reaper ? Mais une fois arrivés sur place, le temps s'arrête, comme si le destin voulait refaire d'eux des dieux, comme s'ils pouvaient renouer, à cet instant suspendu, c'est à peine si on entend leurs souffles humains. Il aurait voulu approcher, briser la vitre qui se formait entre eux, pour aller plus loin, pour redécouvrir cette sensation de puissance vivante, et au lieu de ça il jette un œil alentour. Un petit kiosque, un petit autel de pierre perdu dans la verdure, à la gloire des légendaires déchus. Était-ce ce genre de lieux qui les renouaient ? Ce pourquoi elle l'avait amené ici ? Il devait avoir l'air perdu, au fond c'était vraiment le cas. « Qu'est-ce que tu voulais me dire ? »

Il sent son regard brûlant sur son bras. Sur la marque de sa promesse, comme accusatrice. Il grogna, machinalement il se gratta le bras, à deux doigts que les plaies se rouvrent, il l'observe intensément. Comprenait-elle réellement ce qu'il ressentait ? Ce qu'il éprouvait depuis le temple ? Ce baiser l'avait changé, modelé, pour s'imbriquer à elle, pour devenir sa moitié et elle avait l'air de s'en ficher. Il ne savait pas si au fond, il lui en voulait. Si c'est ce qu'elle voulait, depuis le début, qu'il finisse intimement lié à ce point, pour ne plus jamais fuir. Mais ce baiser, il avait eu l'air si réel, si puissant... Arrêter d'y penser. Arrêter de penser tout court. Oui mais non, au final certes c'est elle qui l'avait amené ici, dans un lieu un tant soit peu sacré pour eux, mais ça n'allait pas arranger les choses. C'est lui qui avait réclamé, il allait prendre cher. Et il grogne, passe à nouveau les ongles sur son bras, alors même qu'elle a les yeux rivés dessus.;Et enfin il souffle, il accuse, relevant des yeux d'un coup trop certains vers elle. Accusateurs. « C’est toi qui me trahis, Mars… » C'était elle qui se détournait, elle qui précipitait toutes ces choses. Oh, si elle ne l'avait pas appelé de Sinnoh, c'est sûr que tout aurait été différent. Jamais été jusque là. Et dans sa nuque, il sent le regard réprobateur de Reaper...

« Don't let me go »

Oui, c'était elle qui se détournait. Qui l'ignorait, qui concentrait son attention et sa lumière sur Dae Hyun. Et il avait de nombreuses preuves pour ça. La plus simple étant que Dae lui volait sa place. Sa juste place auprès de Mars, dans sa chambre. Au fond, que ce soit sur son lit, ou son matelas inconfortable, tant qu'il était près d'elle... Mais non, elle l'avait chassé, relégué au sous-sol, au moins ça lui permettait de s'endurcir, de s'entraîner. Parce que si Mars ne comprenait pas, alors il irait briser sa marionnette, détruire ce qu'elle avait créé, pour refaire de ce monde, un éden où ils seraient seuls, à trois, comme maintenant, comme au fond il l'avait juré, son bras le montrait trop bien. Et il ne s'en cachait pas, c'était ça le pire. Ce sentiment de faire des efforts pour rien. Ce sentiment de faire son possible pour détourner son attention, en vain. Il aurait pu retourner voir Jupiter. C'aurait pu être une trahison égale à celle qu'elle lui infligeait. Mais non, il avait préféré frapper mieux, plus fort, plus longtemps, et il ne l'avait même pas trahie. Abandonnée ? Non, il savait qu'il reviendrait vers elle. Mais s'il s'était attendu à la voir dans les bras de Dae Hyun. S'il s'était attendu à se voir si vite remplacé. Il avait pété un câble, elle aussi, et elle l'avait entraîné ici. A l'abri, loin de Dae Hyun, loin de tout. Et maintenant qu'il déposait ses griefs, elle se défendait, si bien.

« Répète un peu ça ? » qu'elle souffle mauvaise, et elle approche, elle agrippe son bras, comme si elle avait voulu le faire saigner, lui rappeler cruellement sa promesse, mais il ne réagit pas plus que ça. Il a le regard clair, sûr de lui. Il ne pliera pas face à sa flamme, pas cette fois. Parce que Dae l'avait comme changée, un peu plus, toujours que moins que ce lui lui avait fait, mais c'était là, à peine perceptible. Et cette fois il ne se laisserait pas tuer, il ne la laisserait pas tenter d'échapper à tout ça, elle lui était liée, voilà tout. Et dans sa jalousie, il ne voulait pas qu'elle ait d'autres liens, surtout aussi forts. Il l'avait aidé, il avait tenté d'éliminer Hélio, et maintenant c'était un autre qui se plaçait en rival. Oh, il n'avait sûrement pas bien joué son unique pièce. Comme le prouvait Dae dans le lit de Mars, 14h, ça laisse du temps, pour... Il ne savait pas quoi mais... Voilà, elle comprend. Elle comprend et elle soupire, elle roule des yeux, agacée, avant de le lâcher. « Tu ne comprends rien. » Voilà qu'elle boudait maintenant. Que ça allait à nouveau être sa faute. Il manqua ricaner, elle ne lui expliquait rien. « Tu passes ton temps avec Dae. » accuse-t-il à nouveau, alors qu'elle lui tourne le dos. Qu'elle semble refuser le dialogue, et ça l'énerve. Pour peu, il l'aurait empoignée, forcé à le regarder, à voir celui qu'elle a accroché là, au plus près d'elle, pour ensuite l'ignorer. Comme s'il n'était destiné qu'à être son ombre. Mais il ne voulait pas. Il voulait briller dans sa lumière, à la vue de tous, il voulait sa place à ses côtés, pas derrière.

« Saïph n'a rien à voir là dedans. Tu t'es barré quatorze heures sans donner la moindre nouvelle, alors ne commence pas à dire que c'est de ma faute. » 14 heures... Avait-elle compté ? Comptait-elle réellement plus qu'elle ne le montrait, quand bien même elle se dévoilait là, sous les étoiles ? Et il reste figé là, essayant de démêler le vrai du faux, la passion et la raison. « Tu m'as attendu... Malgré tout ? » Malgré Dae... Ou Saïph, comme elle l'avait appelé. Renommé, hein ? Et sa jalousie n'en boue que de plus belle, alors qu'elle aurait pu comprendre. Qu'elle aurait pu lui dire qu'elle l'avait négligé, qu'il avait raison. Mais non, tous deux sont butés dans leurs idées, elle défendant Dae, lui le pointant comme un traître. « J'ai cru que tu reviendrais pas. » Son murmure manque lui faire lâcher les armes. A cet instant il aurait voulu qu'elle le regarde, qu'elle lui offre un baiser d'espoir, mais non, elle est toujours dos à lui, et il peut librement baisser les yeux, troublé. Il aurait pu lui repromettre, encore et encore, qu'il serait toujours là. Jamais bien loin. Mais bientôt il se reprend, il ricane, parce qu'il avait atteint son objectif, il l'avait fait souffrir de sa disparition temporaire, elle avait pris conscience de son importance, de son besoin de lui en soit, alors qu'il l'avait juré. Il ne l'abandonnerait pas, plus maintenant, ni ne la trahirait, et il avait juré. Là où pour d'autres, une promesse n'étaient que paroles dans le vide, il avait là, fait couler son sang. Et Reaper lui aurait fait payer de faire souffrir Mars davantage. L'aurait-il retrouvé, tué, s'il était resté absent plus longtemps ? S'il n'avait pas trouvé son cadeau si rapidement ? Il avait bien fait. Dans la voix de Mars, il y avait cette pointe de tristesse, comme... « Tu ne m'aurais pas cherché ? » Un silence. Avec qu'elle ne reprenne, qu'elle ne réponde, sèche, mais pourtant... « Saïph est ma création. Il ne te remplace pas, espèce de con. »

Il retint son souffle. Ces mots, on aurait dit que c'étaient ceux qu'il attendait depuis tout ce temps, depuis que Dae était là, à grignoter une place trop importance à ses yeux. L'assurance que non, il était logé là dans le coeur de la rousse, vers qui il fait un pas. Son insulte, il s'en fiche, même s'il s'y prend peut-être au jeu. Qu'il avait été idiot de penser que... Mais il ne regrettait pas. Il n'avait pas honte, il n'était pas content. C'était fait, c'est tout. Et il vient attraper son poignet, pour qu'elle se tourne vers lui, pour qu'elle le voie, pour qu'elle s'explique. « Pourquoi ? » Pourquoi Dae Hyun et Saïph, évidemment. Pourquoi, alors qu'il était là, alors qu'il prenait apparemment une place déjà si conséquente, pourquoi y ajoutait-elle quelqu'un, et pourquoi s'en occupait-elle comme ça ? Alors qu'elle ne lui avait semblé que plus distance, plus froide, plus... Mars d'antan.

« Don't let me go »

Pourquoi. Oui, pourquoi voulait-elle dispenser sa lumière aux autres ? Pourquoi se menaçait-elle toute seule de s'éteindre au souffle des autres ? Elle savait qu'il n'avait aucunement confiance en Dae Hyun. Qu'il avait beau avoir peur, s'il pouvait fuir il serait le premier à le faire, contrairement à lui. Il avait bravé la mort pour elle, il avait tenté de s'éloigner, par Jupiter, par cette journée loin d'elle, et puis il avait compris qu'il était marqué. Que ce n'était pas juste physique. « Je vais changer le monde. » lui souffle-t-elle. Elle a son regard si clair à cet instant dans le sien, elle est si sûre d'elle, elle est comme un phare dans la nuit, et elle n'en était que plus belle, plus charismatique, plus enjôleuse. La voir si déterminée la rendait si désirable, si forte. Oui, il serait son rempart, sa force, sa réserve de vie. Le bâton de bois qui se consume pour elle. « J'avais besoin de savoir si je pouvais aussi changer les hommes. » Il se fige, elle retire sèchement son poignet de ses doigts, et il l'aurait fait à sa place. Alors il recule d'un pas, sans la lâcher du regard. Parce que même si elle ne voulait pas, même si elle le désirait tel qu'il était, elle l'avait changé. Il n'était plus le Arzhael de Kanto ou de Sinnoh, elle pouvait très bien le voir. « Tu n'as pas besoin de Saïph pour ça... » Saïph. Comme si au fond il avait accepté. Qu'il soit sa création, leur inférieur. Peu importe combien il se battait pour se mettre à leur hauteur, Arzhael le pousserait toujours dans les bas-fond, inutile. Gâché. Mais Mars semblait savoir ce qu'elle faisait. « Il est ma création, j'ai brisé Dae pour créer Saïph. Il n'a personne d'autre. Je ne l'abandonnerai pas comme on m'a abandonnée. Ni maintenant, ni jamais. » Elle s'imposait, encore et toujours, ignorant les tentatives d'Arz. Comme si ce n'était pas encore l'heure pour qu'il se hisse à sa hauteur. Et en ce cruel instant, elle lui rappela tellement Hélio, malgré tout ce qu'elle pouvait dire. Cet homme qu'elle était en train d'évincer, ce dieu dont elle prenait la place. Car s'il n'avait jamais cru en Hélio, c'était une toute autre histoire avec Mars. Et il n'était pas fou, Arzhael, il avait toujours ce petit instinct en lui, qui lui disait quand ça chauffait, après tout il lui avait prouvé qu'il était utile, quand il avait fui les événements des colonnes lances. Et cet instinct, il s'agita un instant en lui. Allait-elle le charmer de plus belle, faire de lui sa marionnette, maintenant qu'il se savait fermement accroché à elle, pour qu'ensuite elle le jette comme une poupée de chiffon, comme avait fait Hélio ? Mars reprend, elle murmure clairement du bout de ses lèvres pâles. « Je vais changer ce monde, Arzhael. » Il reste silencieux. Il aurait voulu lui dire qu'elle fonçait dans le mur, qu'elle allait se noyer. Et qu'il avait beau avoir trouvé sa flamme au bord des ténèbres, si elle partait si loin il ne pourrait pas la sauver. Mais son regard trahit bien tout ça. Qu'elle est sûrement en train de faire une connerie. Alors elle continue. « Mais je ne veux pas devenir comme lui. » Elle approche, elle glisse ses doigts froids sur ses joues, avant de le lâcher. Et ce simple contact, il lui brûlait les joues, il lui prouvait combien elle voulait de lui, autant qu'elle voulait refaire ce monde. Et à ce moment il en était certain, il la suivrait, jusqu'au bout, il était damné. Cette malédiction lancée au temple, elle résonnait à ses oreilles, autant que la voix de Mars. Elle n'était pas conne, Mars, elle était si durement réfléchie, si calculatrice, jusque là elle ne s'était jamais trompée. Et il avait si longtemps voulu la déchéance d'Hélio...

Mais elle l'observe intensément, désormais il est au centre de son attention, il ne s'en fait que plus attentif, plus présent. « Je veux que tu sois ma réalité. » Ça, il le savait. Elle lui avait déjà dit, ce jour où elle lui avait offert Lilith, où tout avait commencé, marqué le début de la fin. Un baiser, une marque. Et cette fois machinalement, sa main passa sur la marque qui resterait là, au creux de son cou, et il avait rempli son rôle. Il l'avait détournée d'Hélio, à sa façon, de manière si humaine, mais il n'aurait pas pensé alors qu'elle... « Uniquement si tu crois en moi. » Bien sûr qu'il croyait en elle. Il faillit le lui jeter, se vexer quelque peu. Il croyait en elle de tout son être depuis ce baiser divin. Peut-être même qu'il croyait en elle depuis l'instant où il avait mis les pieds dans ce bar, en fait. Sinon, serait-il vraiment venu ? Prétexter l'ennui avait été une bonne excuse. Il soupire, il se passe une main dans les cheveux avant de les enfoncer dans ses poches. Là, demeure la ball bicolore, qui renferme le précieux cadeau. « Je crois en toi, Mars. » Mais alors... Qu'était Saïph pour elle ? Et surtout, pour lui ?

« Don't let me go »

Il croyait en elle. Et elle ne semblait pas le croire, ne pas vouloir y croire. Ou alors désirait-elle qu'il le lui prouve mieux que ça, mieux qu'en se barrant une journée entière ? Au fond une journée, ce n'était pas grand chose, mais ils avaient vécu quelque chose de si fort tous les deux au temple, acquis qu'ils ne pouvaient vivre loin l'un de l'autre, que 14h semblaient une éternité. Et Arzhael avait refusé de l'admettre. Qu'une seule journée loin de sa lumière, Mars lui avait manqué. Il manque soupirer, il s'approche d'un pas, prêt à lui répéter, à baisser les armes pour elle, à s'offrir. Elle lève les yeux vers lui, elle murmure. Ses cheveux roux flamme s'agitent doucement dans la brise nocturne, elle est belle sous l'astre lunaire, bien plus que lorsqu'elle est agressée du soleil, comme agressée d'Hélio, il lui faisait mal. « Alors pourquoi tu es parti ? » Il est déstabilisé. Elle pointe son erreur à nouveau, les yeux pleins de larmes. Des yeux qui ont croisé le sien, à cet instant, dieu qu'il voulait les lui sécher, d'un contact tendre, d'un baiser fougueux, mais ses doigts serrent encore la pokéball du Chacripan. Scar, comme les cicatrices qu'il a sur le bras, pour elle. Scar attendait sagement sa maîtresse, qui mettait Arzhael à la torture. Pourquoi semblait-elle tant tenir à lui, pourquoi faisait-elle mine qu'il lui avait manqué, alors qu'elle passait son temps avec Saïph ? Pourquoi jouait-elle autant avec lui ? Car c'était le mot. Elle savait qu'un regard, un contact l'embraserait, et elle l'ignore. Elle déplace tout ça sur l'autre. Comme si ce baiser qu'elle lui avait volé avait juste renforcé le pacte, sans plus. Tiens, en parlant de ça. Elle dégage ses cheveux de son cou, le tend légèrement. Et là, juste là au creux de son cou, une marque rouge, violente, sanglante. Il écarquille les yeux, lâche la pokéball de Scar. Envolé, sa compassion, sa tendresse, il recule d'un pas, puis d'un autre. Choqué ? Un peu. Elle n'avait pas le droit, il n'avait pas le droit. Elle était à lui, rien qu'à lui, c'était lui qu'elle avait réclamé comme réalité, comme ancrage, et voilà qu'un autre s'amusait à la faire sienne ? Elle pouvait très bien lire dans ses yeux la rage qui s'allumait. Il était prêt à faire demie tour, à aller tuer Saïph, de ses mains nues. Mais il ne le fit pas. Parce qu'elle continua, sans le lâcher des yeux, parce qu'elle avait accepté cette marque. « Et si tu m'abandonnais ? » Il se fige. Son coeur ne semble pas vouloir aller plus loin aussi. Il voyait bien, son coeur lui criait si fort qu'il comptait, il comptait plus qu'elle ne le montrait, et son instinct lui, lui criait de courir loin, le voilà perdu dans ses sentiments, dans sa manière de réagir. Il devrait lui dire. Qu'il avait beau essayer de partir sans prévenir, une journée, deux journées, une semaine, il reviendrait toujours. Il avait tenté de fuir avec Jupiter, il aurait pu fuir au temple. Il aurait pu fuir maintenant. Mais ses jambes refusent de bouger, sa gorge est sèche, et il a toujours autant envie de tuer Saïph. Parce qu'il l'induit en erreur, et qu'il fait souffrir Mars. Elle a toujours les yeux humides, tout lui hurle de s'approcher, d'instaurer le contact, de retourner dans cette bulle de divinité, elle et lui seuls à jamais, et il commence à céder, il fait un pas, quand bien même il ne comprend pas, elle peut lire tout ça dans ses yeux, cette foule de questions silencieuses, il est tout proche, il aurait pu aller l'embrasser. Il est bien parti pour, il glisse ses mains sur son cou, comme pour dissimuler la marque, et ses pouces caressent ses joues, comme pour effacer les larmes invisibles qui avaient peut-être coulé durant cette journée. « Ça, ça cicatrisera, mais ce que toi tu m'as fait... » L'accusait-elle d'avoir sombré avec elle ? L'accusait-elle d'avoir été ébloui par sa lumière, sa beauté, d'avoir répondu au baiser, au temple ? L'accusait-elle d'exister tout bonnement, d'avoir répondu présent à son appel ? Et elle commençait à le faire culpabiliser. Juste un tout petit peu. De l'avoir abandonnée toute cette journée, il murmure du bout des lèvres, ça a envie de se bousculer, il jette tout en vrac d'un souffle. « Je ne t'abandonnerai pas, Mars. Peu importe jusqu'où je vais, combien de temps, je reviendrai toujours. » Et à cet instant, à ce renouvellement de promesses, Arceus sait combien il est sincère, combien ses yeux trahissent la passion qu'il ressent pour elle. Il lâche son visage, la marque est à nouveau là, il y jette un oeil. Il lui a fait mal. A-t-elle aimé, a-t-elle tenté de combler son absence par Saïph ? « Pourquoi ? Pourquoi tu l'as laissé faire ? » A cet instant, elle était tellement humaine, tellement fragile, il aurait voulu la protéger de tout, d'Hélio, de Saïph. Après tout elle le prouvait elle-même, la machine peut se retourner contre son créateur. Et il hésite, il hésite si fort à l'enlacer, à l'enfouir dans ses bras, la protéger du reste du monde, que... Il ne sait pas trop ce qui le décide. Peut-être parce qu'elle préfère des actes à des mots. Sans doute parce qu'elle l'a changé, parce qu'ils avaient besoin de se retrouver. Parce qu'il lui pardonne tout. Et il l'enlace, il la serre contre lui, sans autre besoin que sentir son parfum, sa présence contre lui, et il ne suffirait plus de grand-chose pour qu'ils recouvrent cette si belle divinité, alors que dans son dos, Reaper surveille de plus belle, il lui semble même qu'il s'est approché pour les séparer, pour ne pas que Mars s'éloigne un peu plus de lui. Mais il a juré de ne plus la blesser, il n'attaquera pas.

« Don't let me go »

Son parfum embaume la forêt. En cet instant, ce court instant, elle était à lui, rien qu'à lui, et ni Reaper, ni Saïph, n'auraient pu y changer quoi que ce soit. Parce que ce baiser au temple, lui avait révélé une humanité fragile, bien cachée derrière sa lumière, il avait été le seul à percer son armure, à la découvrir ainsi, et depuis ce jour, alors tout pouvait se passer, le ciel pouvait s’effondrer, la terre s'écrouler sous leurs pas, ils se retrouveraient toujours, il la rejoindrait toujours. Le lien était ineffaçable, inégalable, et au fond ce qui l'énervait, c'est qu'elle aussi semblait vouloir le rompre, elle aussi passait par Saïph pour ça, tandis que lui avait tenté de succomber à un beau regard de la brune, succomber à la distance en vain. Ce qui l'énervait c'est qu'elle l'implorait de rester sien, de rester à ses côtés, alors qu'elle-même ne voulait que reculer. Et il aurait été prêt, de toute son âme il aurait été prêt à se donner pour elle, se sacrifier, la suivre au bout du monde, si seulement elle n'avait pas d'elle-même mis des obstacles sur leur chemin, sur son chemin. Comme s'il devait prouver sa valeur pour l'avoir. Néanmoins il n'a pas eu à combattre, il soupire dans ses cheveux roux, alors même que son instinct était toujours là, à lui hurler qu'il ne faisait que renoncer à sa liberté. Les promesses étaient obstacles. Les promesses clouaient les gens au sol, les empêchaient d'évoluer. Et Mars savait ce qu'elle voulait, oh oui, il voyait très bien. Mais il considérait s'être déjà trop engagé. Le moindre recul qu'il pourrait prendre serait pris comme une trahison par la belle rousse. Alors il n'avait pas le choix il avançait, il fonçait même, à l'instant même où il avait passé la porte du Callisto, qu'il avait conclu le pacte, il était condamné. Mais Mars reste figée, incertaine, comme si au fond elle n'avait pas réclamé ce câlin, qu'il s'était trompé. « Je ne l'ai pas laissé faire, je lui ai ordonné de le faire. » Et il hésite si cruellement à s'écarter. Heureusement qu'il ne le fait pas, qu'il profite de sa présence. Il ne répond rien. Il ne veut pas l'encourager sur ce terrain, il ne veut plus penser à Saïph, juste à elle. Elle divinement humaine, là, contre lui. Mais elle n'ose pas lever les yeux, croiser son regard encore à moitié courroucé que Saïph vive, mais bien trop tendre, bien trop amoureux. Ah, s'ils pouvaient cesser d'être si butés, si orgueilleux, de fuir tout en se cherchant, ils ne seraient pas si maudits. « Je voulais savoir ce que je ressentirais. » Alors il avait eu raison. Elle avait tenté de l'oublier. Il savait très bien ce que cette marque signifiera. Il essaye de se convaincre qu'elle disparaîtra, que la marque pourra être gommée par celle qu'il lui fera, que même mieux, il peut la soigner, et machinalement, symboliquement, il replace ses mèches sur son cou, dissimulant le rouge qui ressort bien trop sur sa peau pâle. Et elle reste figée, trop inhabituée pour lui répondre, là où il marchait au réflexe, à l'imitation. Elle reste encore quelques instants comme ça, jusqu'à poser son menton sur son épaule, sa joue contre la sienne, elle souffle à son oreille, comme un secret. « Je n'ai rien ressenti. » Il eut un léger frisson, sans savoir d'où il venait. Peut-être juste son souffle tiède à son oreille, peut-être pour la signification de ces mots ? Parce qu'à cet instant, il a l'intime conviction qu'elle aurait une autre réaction s'il la mordait lui. Si elle lui laissait l'honneur d'être sienne, plutôt qu'essayer de s'offrir à un autre. Oh, il lui en voulait encore un peu, mais cette colère sera dirigée sur Saïph sans nul doute, dont l'absence ne le peinera nullement. « Je ne veux pas que tu partes encore. » Encore. On aurait dit une enfant, une amante inconsolable. Il l'avait juré, il s'était promis d'être son rempart, et encore une fois une petite voix essayait de lui faire regretter. A cet instant, il se sentait si indispensable, alors qu'elle venait timidement l'agripper, l'enlacer plus fort pour l'empêcher de fuir. Où pouvait-il bien aller ? Il aurait dormi dans la forêt comme un SDF ? Alors il répond à son étreinte, il la serre un peu plus, sa lumière chérie, dont la flamme vacille à ce moment, comme si seul son souffle pouvait la raviver. Alors il passe une main dans ses cheveux, s'écartant légèrement, pour qu'elle le regarde dans les yeux, pour qu'elle le croie. Il fallait qu'elle le croie, auquel cas c'était foutu pour lui aussi. Il fallait qu'elle le croie, pour le retenir, toujours un peu, pour resserrer le nœud. Qu'est-ce qui avait provoqué ça ? Oh, Mars brillait d'une lumière intense quand il l'avait revue au callisto. Elle était belle, vive, elle aurait pu tout brûler sur son passage, c'était ce qui lui avait plu, il avait voulu jouer avec, et maintenant son destin était scellé. Mais à quoi pensait-il, à ce moment où son index glissa sous son menton, à quoi pensait-il pour oser les transporter dans cette dimension parallèle, à chaque fois que leurs lèvres se touchaient ? Il l'embrassait, il l'embrassait si tendrement, et si passionnément à la fois, la moindre de ses pensées s'étaient envolés, alors qu'il s'offrait dans ce baiser, il offrait tout, et au fond, il avait si peur qu'elle le repousse. Si peur qu'elle ne l'accepte pas, qu'elle n'accepte pas son cadeau. Des actes, plutôt que des mots. Et eux seuls, à mi chemin entre le gouffre et le paradis.

« Don't let me go »

Il ne partirait pas. A cet instant hors du temps où il l'embrassait, où il se brûlait les ailes trop près du soleil, là où il aurait dû fuir avant de se faire consumer, il restait, et c'est comme s'il voulait se faire englober, embraser de plus belle. Peut-être parce que c'était le seul moyen, sa seule option aussi. Il ne pouvait plus reculer. Et si jusque là Mars avait été si invincible, c'était parce qu'on ne pouvait, on ne voulait pas l'approcher. Elle brillait trop fort. Mais c'était sans compter le papillon qu'il était, ou alors peut-être était-il déjà mort et qu'il rêvait qu'il montait au paradis. Mais son contact, sa voix et son parfum semblait si réel, et surtout son baiser... Enfin. Il en profitait. Même s'il crut un court instant qu'elle ne voulait pas. Pas de lui, pas de ce baiser, qu'elle allait le repousser. Pendant une ou deux secondes, il perd son souffle, et il était prêt à reculer, dépité, prêt à redescendre dans sa faible condition de mortel. Est-ce qu'elle le tuerait, est-ce qu'elle lui en voudrait ? Mais bientôt ces pensées s'effacent de son esprit, alors qu'elle vient se brûler à son tour. Et elle répondit au baiser, de toute son âme, elle se faisait passionnée, et son coeur s'emballa, tandis que ses doigts se crispaient contre ses hanches. A cet instant il aurait tout donné pour ce genre de baiser, pour que leurs âmes se rencontrer de la sorte, pour le laisser comblé, tremblant, encore désireux de se consumer de plus belle. Oh, car il se sentait fort, si fort, il partageait son invincibilité autant qu'il se sentait vulnérable et fragile. Dévoiler des sentiments de la sorte, ce n'était pas ce dont il était habitué, et elle non plus. Mais elle, elle faisait ça avec une telle fougue, qu'elle aurait pu lui demander d'aller combattre un Makcogneur à mains nues, il aurait fait, et sur le champ. Dévoiler des sentiments, c'était se lier, coeur et raison, c'était volontairement s'enchaîner, et ne plus vouloir briser ses fers, c'était débile, c'était inutile, aucune porte de sortie. Oui mais Arz était joueur, Arz cherchait toujours plus. Arzhael fonçait. Et il répondait avec force à ce baiser qu'il avait provoqué, goûtant à quelques instants de bonheur et de divinité, alors qu'elle avait glissé ses doigts fins dans ses cheveux, alors qu'elle s'y perdait, oh, elle ne l'invitait qu'à ça, pour peu il lui aurait fait l'amour dans l'herbe là, malgré Reaper qui les regardait toujours avec mécontentement, et attendait le moindre signe hostile à Mars. Sauf qu'Arz ne voulait pas le moindre mal à la rousse. S'il avait voulu la faire souffrir en fuyant, il avait compris et retenu la leçon, il n'était pas prêt de recommencer. Et ce moment où leurs coeurs battaient à l'unisson, où le temps se réchauffait et que les étoiles brillaient plus fort, elle le coupa brusquement. Mordu. C'était le mot, il était mordu d'elle, et profondément. Et sa lèvre l'élançait atrocement, alors que quelques gouttes en dépassaient, s'écrasaient sur la bouche de Mars. Et elle était terriblement belle, terriblement menaçante avec ce pourpre à la bouche, il n'avait qu'envie de reprendre ce baiser, d'approfondir tout ça, qu'elle morde chaque parcelle de sa peau et qu'elle le consume... Est-ce qu'elle le provoquait, est-ce qu'elle le punissait ? Il lui jette un regard étonné, comme reprenant ses esprits, s'éveillant d'un songe parfait, elle tire maintenant ses cheveux pour l'écarter. Non, elle ne veut plus, clairement, et il cache sa déception, son dépit. Parce qu'il en veut, toujours plus, jamais satisfait il veut qu'elle s'offre complètement, qu'elle dise qu'elle est à lui. Mais c'est tout autre chose qu'elle jette contre sa bouche, ses yeux bien trop redevenus glaciales, quand bien même elle restait douloureusement humaine. Douloureusement fragile, elle savait qu'elle ne pouvait pas renfiler son armure si facilement avec Arzhael. Sa faiblesse et sa force. « Ne joue pas avec moi. » Cette phrase, il la ressent comme un coup de poignard. Comme une trahison, une incompréhension. Parce qu'il ne joue pas. Parce qu'il se jette à corps perdu, si c'est un jeu, et qu'il s'y sacrifiera autant qu'elle. Si elle veut qu'il recule, qu'il la lâche, qu'il s'excuse, il ne le fera qu'à moitié. Parce qu'il recule d'un pas, mais pas pour fuir, pour s'imposer, montrer qu'il était là, et qu'il était bien campé. Et surtout, il y était bien, proche d'elle. Sa lumière. Et il sait, il sent que c'est le moment, qu'il doit frapper un grand coup. Il glisse la main dans sa poche, en ressort la fameuse pokéball. Et il vient la glisser dans ses doigts, faire en sorte qu'elle comprenne qu'il était pour lui. Que c'était un cadeau. « Je ne joue pas... Il est pour toi. C'est pour ça que je suis parti toute la journée. J'avais pensé l'appeler... Scar. » Et entre leurs doigts, dans sa pokéball, le chacripan s'agite, comme témoin des forces qui s'animaient en cette chaude nuit étoilée, comme témoin du changement qui s'opérait radicalement.

« Don't let me go »

Il ne peut pas s'empêcher d'être fier. Parce qu'il y aura passé du temps, mais moins qu'il ne l'aurait cru, et qu'il ne s'est pas tout à fait aidé de Lilith pour cette capture. C'est Bandana qui a fait tout le travail. Et il sourit, ses mains liées aux siennes, alors qu'elle laisse Scar sortir de sa pokéball. Après tout, bien sûr qu'il voulait redorer son image, qu'il voulait qu'elle lui saute dans les bras, et puis ça remboursait Lilith. Oui, comme si ça remboursait le pacte, alors qu'il ne faisait que s'entretenir, toujours un peu plus fort. Ce Chacripan, il lui sert avant tout à la détourner de Dae Hyun, de Saïph, voire d'Hélio, il a apposé sa marque sur ce pokémon, avec ce nom, avec son sang. Il a toujours la lèvre en sang d'ailleurs, il passe sa langue, ça picote, il aurait préféré que Mars le fasse. « On en est à s'offrir des cadeaux, maintenant ? » Sans doute. Il l'a fait par intérêt, oui. Mais il est content de le lui offrir, plus que par fierté. Il l'a fait pour lui faire plaisir, aussi. Et il ne dit rien, il l'observe se pencher, apprivoiser Scar du bout des doigts. Il ne l'avait sorti de sa pokéball qu'une fois, et le matou l'avait griffé. Il avait donc décrété qu'il irait très bien à sa chère boss. Boss qui répétait doucement le nom du pokémon, alors que Scar se frottait contre ses doigts. S'il rappelait vaguement le chaffreux, il en semblait bien différent, plus réfléchi, plus posé, quand bien même il semblait mauvais, et qu'il n'aimait pas particulièrement Arz. Tant pis, il était cramé depuis longtemps. « Pourquoi un Chacripan ? » Il reste silencieux encore un peu. Scar ronronne un peu, lové dans les jambes de la rousse, il lui appartient désormais, et lui il garde les yeux sur elle. Même s'il hausse bientôt les épaules. « Parce qu'il rappelle ton Chaffreux... Et qu'en évoluant, il sera roux. » Une double symbolique, certes mais... Bien qu'elle ait semblé l'accepter, est-ce que ça lui suffira ? Est-ce qu'elle considérera qu'il s'est assez tué à la tâche, à lui faire la surprise, à s'en faire crier dessus pour l'accepter lui ? Est-ce que ce cadeau aura la puissance nécessaire qu'il voulait porter ? Et pense-t-elle toujours qu'il joue ? Un silence. « Il te plait ? » Il semblait si peu assuré, si... Timide et humain à cet instant, avec la vague crainte qu'elle refoule encore une fois, ce chacripan c'était un peu son dernier atout, sa dernière pièce à jouer, et il espérait qu'il montrait combien il avait besoin d'elle. Qu'en fait il avait souffert, s'était mis à l'épreuve, juste pour son plaisir. Encore une fois, quoi qu'elle lui demanderait, il ferait. Il l'observe. Que sont-ils l'un pour l'autre, à part deux moitiés qui se cherchent, qui trouvent et se repoussent quotidiennement ? Même échanger un simple baiser n'est pas simple et conventionnel, justement. Mais si ça l'avait été, alors Arzhael n'aurait pas fait tout ça. Il ne se serait même pas amusé à se brûler aussi près, aussi fort. Mais Mars était grande, belle, forte, différente, c'est pour ça qu'elle brillait autant. Et qu'il voulait entretenir cette flamme, autant que possible. Alors tout ce qu'il voulait là, à cet instant où la brise agita les feuilles qui cachèrent les étoiles, comme les cachant du monde, c'était un second baiser, pas un baiser volé qu'elle accepterait non, un baiser qui ravagerait le monde, le leur, leur futur et leur passé... Oh, elle elle sait ce qu'elle veut mais lui à ce moment, il devait paraître tellement perdu.

« Don't let me go »

Il n'aurait pas cru tant changer. Il n'aurait pas cru qu'une femme puisse le modeler de la sorte, et si malgré tout telle n'avait pas été la volonté de Mars, elle l'avait fait. Elle avait fait de lui un jeune homme encore ado de ses sentiments, qui tâtonnait le terrain, tout perdu, quand bien même cet air perdu ne lui plaisait pas, ne lui allait pas, il aurait voulu reprendre son sang froid, il aurait voulu être si assuré en portant son coup. Mais il savait très bien, et elle aussi, que si elle le repoussait, si elle le rejetait avec le chacripan, il... Oh, il n'aurait pas tant que ça le cœur brisé, il ne serait pas tant mortifié que ça, c'est ce qu'il essaye de se convaincre. Ça l'énerverait, à coup sûr, et peut-être même qu'il verserait quelques larmes de rage. Mais Mars est sous le charme du Chacripan, quand bien même on dirait qu'elle doute de son cadeau. Quand bien même elle ne comprend pas trop pourquoi il lui a offert ça. Il n'avait pas envie de remettre Saïph sur le tapis, encore moins Hélio. Parce qu'il a voulu la détourner d'eux, autant que possible, il ne s'en doute pas encore, mais son but semblait atteint. Il ne la lâche plus des yeux, le Chacripan traîne dans leurs pattes, fait même mine de griffer son pantalon, mais il n'en a cure, il ne voit qu'elle, elle et sa chevelure de feu, elle et ses lèvres pâles qui lui font tant envie, elle et ses yeux clairs plantés dans les siens. Et ce simple contact visuel semble déclencher la magie, elle approche, ses mèches doucement agitées dans la brise elle est divine, elle brille de mille feux, comme si avec le Chacripan, il lui avait offert sa force et son âme. Pour peu, les barrières de la divinité commençaient à s'effacer, alors qu'elle murmurait enfin, qu'elle le dévorait d'un regard qui le faisait proprement chavirer, la seule pensée qu'il avait en tête, c'est qu'il ne désirait qu'elle. Jupiter ou n'importe quel autre canon de l'île pouvaient aller se rhabiller, c'était elle qu'il voulait. « Il est parfait. » qu'elle susurre, et son regard semble tant lui transmettre, tant vouloir lui offrir, quand bien même elle hésite. Elle fronce les sourcils, affiche une moue qu'il trouve un peu trop adorable. Il ne peut s'empêcher de sourire, de vouloir passer la main contre ses cheveux, juste un instant, comme pour s'assurer qu'elle était bien là, en face de lui, tandis qu'elle glisse les siens, glacés, sur sa joue, quand bien même elle vit à Saprule, sans doute encore et toujours son pokémon glace, sans doute sa façon de vivre jusqu'ici, jusqu’à ce qu'enfin quelqu'un glisse ses doigts dans les siens, comme vient de le faire Arzhael. « Tu es parti pour... Pour ça ? Pour me faire un cadeau ? » elle continue, comme si elle n'y croyait pas. Mais il hoche la tête, presse ses doigts. Elle semble sérieusement touchée, sérieusement troublée, est-ce qu'elle allait se mettre à pleurer ? Mais voilà que soudainement elle attrape ses lèvres avec fougue, il en a même un léger recul, mais bientôt il répond avec toute sa force, tout son amour ce que baiser semble révéler, tout lui importe guère à cet instant, parce que leur amour et leur besoin, leur envie d'eux explose dans ce baiser qui se prolonge à en perdre le souffle, et bientôt ses mains ses baladent sur ses courbes, sur ce corps offert à son bon plaisir, il se jure de le savourer, il se jure de l'aimer et de la protéger, alors que bientôt il gît là, couché sur elle, sans pouvoir se décrocher de ses bras, de ses lèvres, de son plaisir. Les étoiles ne brillaient que plus fort dans le ciel, seules témoignes de leur amour. Scar est retourné dans sa pokéball, et bien qu'ils ne le voient pas, qu'ils ne s'en occupent pas, Reaper est parti faire un tour, les laissant en tête à tête, les laissant se découvrir à la lueur de la lune, leur permettre de s'oublier chacun l'un dans l'autre. Et une fois la forêt franchie, une fois le soleil levé, tout ça sera dissimulé, caché tel un secret qu'Arz ne pourra s'empêcher de parfois brandir. Leur relation a durablement changé, durablement évolué vers des sommets, et ni Hélio, ni Saïph ne pourront changer ça.