apple pie.

Cette journée ne s'est pas particulièrement bien passée. Ni mal d'ailleurs. Tu es juste un peu plus dégoûtée de la race humaine, et ne parlons même pas des pokémons. Tout le monde t'énerves. Oui, tu es sur les nerfs, c'est flagrant quand tu claques la porte de l'entrée en grognant légèrement avant d'accrocher ta veste au porte-manteau, ou plutôt de la jeter là, comme une malpropre. Puis tu approches un peu dans l'entrée, de la neige sur tes bottes que tu quittes rapidement, les envoyant bouler un peu plus loin dans l'entrée. Alors qu'elles s'échouent contre d'autres bottes certainement toutes aussi chères et que tu ne voudras certainement jamais reporter, tu soupires faiblement, appuyant sur le bouton de la pokéball d'Havel qui s'ébroue sur le paillasson de l'entrée. Ce pokémon, tu ne l'aimes pas et tu n'as jamais prétendu le contraire. Ce dernier s'empresse d'ailleurs de te rappeler à quel point c'est réciproque dès qu'il en a l'occasion. Peut-être que c'est une forme de complicité de se détester avec autant de force, au fond tu n'en sais trop rien.

« Ethaniel ! » Tu demandes, haussant le ton en restant dans l'entrée avec un air un peu perdu. Tu n'as jamais vraiment eu le blues depuis que tu es arrivée à Miranoir, tu n'as jamais eu le mal du pays. Mais à présent... Non seulement Blaise te manques - comme il t'a manqué dès l'instant où il est parti en fumé - mais même les autres te manquent. Isidore, Stanislas, Octave ... Tous autant qu'ils sont. Même les domestiques dont tu n'as jamais questionné le nom te manquent. Même Havel, l'original, te manque. Malgré ses remarques. Tu en viens même à te demander si tout là-bas n'est pas plus beau, plus facile ? Facile, c'est certain, la vie facile tu l'as toujours eu, tu n'as jamais manqué de rien. Mais à présent tu réalises que si, tu as manqué de quelque chose : tu as un manque cruel d'affection. Certes tu as eu un comportement assez maternel avec tes frères, mais au final personne n'en a eut avec toi. Alice t'a apprit les bonnes manières, l'éducation, l'histoire, les langues, la science, la couture. Mais elle ne t'a pas appris à être aimée, ou même la façon dont il faut s'y prendre pour l'être. On t'a conditionnée à être un Sharpedo dans les affaires. A ne jamais baisser la garde. Et tu soupires en te laissant tomber lourdement sur la deuxième marche du grand escalier qui mène à l'étage, aux chambres. « Ethaniel ! » Tu répètes, parce qu'il tarde à arriver tout autant et parce que tu as envie de le voir, voir un visage connu, quelqu'un que tu apprécies, quelqu'un que tu connais, quelqu'un qui a besoin de toi. Tu pousses finalement un soupir de lassitude en posant ta tempe contre la rambarde, fixant la porte d'entrée, les yeux tristes. C'est assez rare de te voir comme ça, ou du moins d'habitude tu t'en caches un peu plus. Mais comment font les gens lorsqu'ils sont chagrinés ? Ils se consolent avec leurs pokémons ? Tu jettes un regard à Havel avant de te faire à l'idée que lui ne peut rien pour toi : il grignote le pied d'une table d'appoint sans vergogne. Ça devrait t'énerver, mais tu es trop triste pour que ça te touche. Ou alors les gens vont peut-être voir leur famille, leurs amis ? Au final, tu n'as aucun vrai ami et ta famille... Tu n'as pas envie d'y penser. Stanislas ne te fait que des reproches parce que soit-disant tu dilapides l'argent - et il n'a sans doute pas vraiment tort - Isidore est sans doute encore plus dépressif que toi, Octave ne voit plus les autres, et tu n'as pas la force de les aider. Pas encore une fois.

« Ethaniel, j'ai envie d'une tarte à la baie Mepo... Avec de la chantilly dessus. ... Et des paillettes. » Tu soupires, fixant le vide en espérant qu'il soit là et qu'il t'entende, mais même si ce n'est pas le cas tu n'aurais que faire de le gronder, encore une fois. Tu n'as pas le moral Nessie, ça arrive à tout le monde, surtout avec un passé comme le tiens. Le problème, c'est que toi, tu en fais des tonnes. Une vraie diva.