Sujet: End of the dream. (Albion) Mar 2 Aoû - 21:22
ALBION & HAZEL end of the dream
Après cette journée passée à prêter main forte au centre pokémon de Paoles, j’avais décidé de passer le reste de ma soirée au bar-restaurant de combat qui se trouvait non loin du périmètre de la ville. J’avais découvert le concept de ce lieu il y avait quelques mois lors de son inauguration. Une soirée à laquelle je m’étais rendue le temps de voir le buffet, de me gaver de fromage saupoudré de curry pour l’apéritif puis de passer au dessert avec les poffins, pour ensuite repartir. Il était désormais temps d’y retourner et de voir ce que le navire avait à offrir. J’étais pour le moment pieds nus sur le sable de la plage avec Atlas pas loin tout en m’offrant une gourmandise d’avant repas. Comme je jouais au petit Poucet, le ponyta ne manquait pas de récupérer les miettes que je laissais derrière mois. Lorsqu’il ne venait pas faire l’aspirateur vivant dans mon sillage, Atlas piquait des sprints pour la forme et chassait les Krabby qui tentaient de le pincer. Ses ruées faisaient plaisir à voir. Certes, elles étaient différentes de celles des forêts où il s’élançait entre les chênes et les érables, mais au moins là je pouvais l’observer de tout mon gré. Quant à la chasse, pas de Mimigal ici, il avait dû troquer l’arachnide contre son cousin le crustacé. Je commençais à distinguer assez clairement la silhouette du navire. La soirée ne s’annonçait pas particulièrement fraîche et pourtant une petit brume commençait à poindre avec le remous des vagues. Juste de quoi rendre les ombres floues au sol. Rien à voir avec le brouillard épais que j’avais rencontré dans la forêt automnale la semaine dernière en tentant de me rendre du côté du volcan. Atlas et moi-même avions rebroussé chemin face à une rencontre fortuite de Smogo qui nous avaient violemment attaqué avec leurs attaques fumigènes. Je comptais d’ailleurs très bientôt emprunter à nouveau le chemin volcanique afin de satisfaire mon envie d’agrandir ma famille pokémon.
Arrivée sur le ponton, je fus directement en contact avec le bois un peu trop rugueux à mon goût. A peine trois pas de fait et la bonne idée naissante de remettre mes ballerines noires qu’il était déjà trop tard. Une écharde s’était logée dans la plante de mon pied droit. « Ah mais quelle idiote. Où sont ces fichues chaussures ?! » Je les attrapais dans mon sac et les enfilais sans demander mon reste. « On règlera ça ce soir avant de se coucher. » Atlas se mit à hennir doucement. « C’est ça moque toi. » Nous arrivions sur le pont. Atlas commença à se faire tout petit afin de ne pas gêner le reste de la clientèle. Il était prévu qu’il profite de ce moment sans marche pour se mettre dans un coin et se reposer, car ce serait lui qui me mènerait vers notre campement ce soir. Campement dont je ne savais rien encore puisque je ne m’étais pas encore posée la question de quoi faire demain. Les finances se portaient admirablement bien. Le centre pokémon n’avait pas émis le besoin de me voir présente un nouveau jour. J’étais donc libre d’aller où je voulais. Que faire donc ? Telle était la question que je me posais pendant que l’on m’installait à ma table et que je commandais un Blue Laggron. Je sortais mon carnet de voyage puis mon crayon tout en époussetant mes affaires. Un peu sable s’était glissé dans les replis de mon débardeur grenat pour finir sa course dans ceux de mon jean. Je haussais les épaules. Qu’est-ce que je pouvais bien en avoir à faire ? Perte de temps. Quant à Atlas, après s’être assuré de ma possible sécurité, devenu nonchalant, il se mit en boule à proximité, les oreilles alertes. « Merci beaucoup. », dis-je dans un sourire lorsque mon cocktail arriva avec ses cacahuètes. Je m’apprêtais à annoncer dans un même temps ma commande, une galette de la mer, mais une vision me stoppa nette dans toute interaction. Je fus tout juste bonne à dire à la serveuse que je l’appellerais plus tard pour la libérer.
J’en avais même lâché mon crayon qui était allé rouler sur le pont. Disons que je peinais à croire qu’il était là. Pas loin. Réel. Palpable si je le voulais. Assez hébétée je ne pouvais cesser de le fixer. Je sentais une ancienne angoisse naître dans mon ventre. Mais qu’est-ce qui n’allait pas chez moi ? Je l’avais banni de ma vie. D’ailleurs j’avais bien envie de lui balancer mes cacahuètes. Mais comme j’étais une piètre lanceuse je ne tenais pas à déranger les autres clients. Je le quittais des yeux deux secondes, pour faire un état de la salle. Je me sentais presque fébrile. Il y avait tout de même un peu de monde sur le bateau ce soir, et pourtant il restait au moins un table libre juste à côté de la mienne. L’angoisse se fit plus persistante. Nul doute qu’il y avait d’autres tables que la raison ne me permettait pas de voir. Et peut-être ne venait-il que pour boire tranquillement au bar. Je respirais profondément. Je tendais ma main gauche vers mon verre, portais la paille à ma bouche et commençais à siroter. Peut-être devrais-je en commander un second avant de me restaurer.
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Sujet: Re: End of the dream. (Albion) Mar 9 Aoû - 15:19
end of the dream
Ce n'est pas le plus bel endroit au monde. Ne sois pas si rabat joie, Albion. Ce n'est même pas une habitude, c'est juste une envie de changement, un sentiment de curiosité. Tu n'apprécies guère Paoles, c'est une ville trop tumultueuse, à tes yeux. Il en ressort quelque chose de dangereux, malgré le caractère tout à fait paisible en règle générale de cette île. Oui, oui mais voilà le concept lui est plutôt intéressant. Déguster un bon repas, tout en observant quelques matchs du coin de l’œil. Peu importe le niveau, ce n'est pas réellement le plus important au final … l'important, c'est plutôt le plaisir certain que tu prends à assister aux victoires, comme aux défaites. Tu n'estimes pas, avoir encore à apprendre, bien qu'au fond de toi tu saches pertinemment que tu as tort. Tu n'es pas invincible Albion, et ça tu en as conscience malgré tes nombreuses et écrasantes victoires, malgré les larmes que tu as engendrer, malgré les déceptions que tu as créer. Malgré la douleur, la peine que tes Pokémon ont su semer. Non ; toi que tant craignent ici. Tu n'es rien de plus qu'un vulgaire être humain comme il passe chaque jour par cette plage que tu foules d'un pas lourd et à la fois si traînant. Près de toi, Ruby trotte. Le regard fixe, elle avance droit devant elle en humant l'air … elle a déjà senti la nourriture. C'est sa truffe qui la guide actuellement. Tout autant d'ailleurs que c'est finalement ton estomac qui te pousse à presser le pas.
Tu es accueilli ici par des sourires forcés, d'autres un peu plus sincères. Certains te connaissent. D'autres non. Les gens de Miranoir ont tendance à t'éviter, pour leur bien sans doute. Les autres ignorent tout simplement quel genre de poison tu peux être, et au final … tu te fiches pas mal de ce que l'on pense de toi. Ces gens. Tu ne les connais pas, pourtant, ils ont déjà ta haine. Elle leur est acquise, dés le moment où tu poses les yeux sur eux. Dés que ton regard semble venir percer leurs âmes. Toi le fantôme. L'esprit errant. Il est évident que l'on préfère ne pas te voir, que l'on espère même ne jamais croiser ton chemin et il faut dire qu'en règle générale, tu n'es guère du genre à te mêler au reste du monde, préférant agir comme le ferait Neron, en te dissimulant, immobile dans l'ombre du monde, dans les ténèbres les plus profonds. Non, tes sorties, de même que tes apparitions sont finalement bien rares, et plutôt discrètes. Tu te faufiles, te glisses parmi les autres sans t'y mélanger. Tu fais ce que tu as à faire, avant de disparaître de nouveau, jusqu'à une possible prochaine fois.
D'abord ce soir, tu préfères le bar. Le coin du bar. Tu t'y accoudes, tête baissée alors que Ruby vient là, se frotter à tes jambes majestueusement, presque amoureusement. Tu ne salues même pas le serveur, te contentant simplement de lui indiquer ton choix, et tu avales une belle gorgée de ton alcool lorsque ton verre se retrouve enfin entre tes doigts. Tu ne restes cependant pas bien longtemps. La salle enfle. Et tu soupires. « Est-ce qu'il vous reste une table ? » L'homme sembla hésiter, réfléchir. « Suivez moi. » Il fit alors le tour, avant de passer derrière toi, te faisant quitter ta place il te guida vers une petite table. Tu étais arrivé tard, ce soir. Pas question d'espérer une table en retrait, non. Celle-ci était là. Au beau milieu de la salle. Tu laissa échapper un soupire, avant de prendre place, déposant ton verre près de l'assiette, faisant craquer quelques uns de tes os, avant de t'installer au mieux sur ta chaise. Finalement, tes yeux se mirent à chercher Ruby. Elle n'était plus là, près de toi. Son contact chaud ne se faisait étrangement pas ressentir. Il était si rare qu'elle s'éloigne de toi … et force est de constater que tu ne supportais pas ça. Ce Pokémon était précieux. La prunelle même de tes yeux. Un vestige. Un vestige qui visiblement avait repérer une odeur familière, une odeur du passé, une odeur séduisante. Et lorsque tes yeux enfin, se posèrent sur elle, elle était là. A la table voisine, tournant autour de cette femme et la reniflant, les yeux brillants. Une réaction étrange de sa part, qui te fis plisser les yeux. Oh, cette femme. Tu la connaissais si bien. Certes les années avaient passer, mais elle n'avait pas bien changer. Hazel était le portrait craché de Saskia et brusquement, ce fut comme si le monde entier venait de basculer. Toi qui avait passer une vie au moins, à fuir et oublier. Toi qui avait tenter de gommer, nettoyer, effacer, ta peine, mais aussi ta haine … voilà que tout cela te revenais en pleine face. « Ruby vient ici. » Un ton sec. Net. Tranchant. Il fallait qu'elle revienne, elle qui semblait avoir aussitôt reconnu cette odeur, sans doute si semblable à celle de sa défunte maîtresse. Qu'elle laisse le passé derrière toi, juste derrière toi. Le destin était étrange, n'est-ce pas ? Étrange et cruel.
ft. hazel rutherford | bar - restaurant
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Sujet: Re: End of the dream. (Albion) Jeu 11 Aoû - 15:51
ALBION & HAZEL end of the dream
Au bout de la moitié du deuxième cocktail, j’avais fini par me lever pour récupérer mon crayon. Je m’étais finalement persuadée qu’il resterait à son bar et ne viendrait pas dans la salle à proprement parler du restaurant. Aussi m’étais-je à nouveau manifestée auprès d’une serveuse pour réaliser ma commande. Ceci à peine fait, je vis du mouvement du côté de mon angoisse de la soirée. « Laisse-moi manger en paix. Va-t-en. », marmonnais-je entre mes dents. Je l’observais alors se mouvoir entre les tables. Sa prestance n’avait en rien changé. Les traits de son visage s’étaient par contre tirés. A croire que les remords avaient décidé de se hisser jusqu’à ses pommettes et le contour de ses yeux. Dans un esprit revanchard ancien, je me mettais alors à espérer que lui aussi avait dû mal à se regarder dans la glace. Du mal à assumer ce qu’il avait fait. Ce que ses actes avaient engendré. A dire vrai, j’espérais presque qu’il souffrait encore. Evidemment que cela ne pouvait qu’être le cas. Si comme moi, il avait essayé de fuir, d’oublier, il se sera forcément rendu compte que cela était impossible. La preuve en était l’état pseudo obsessionnel dans lequel j’étais en train de tomber. Toutes ses années à me convaincre que j’en avais fini avec lui pour retourner à la case départ. Sa simple vision, son simple retour dans ma vie venait chambouler mes émotions, mes pensées, ma raison. Je ne l’avais définitivement pas oublié. Et lui ne me voyait toujours pas. Pourquoi les choses auraient-elle changé ?
Il s’installait à sa place quand un nouvel élément du passé frappa mes souvenirs. Ruby. Cette magnifique créature à l’image de sa maîtresse était là elle aussi. Toujours en vie. Toujours habitée de cette même aura. Elle n’avait pas suivi son maître jusqu’au bout. Maître. Cela résonnait amèrement dans mon esprit. Il n’avait jamais été son maître de la même manière qu’il n’avait jamais été un mari pour Saskia. Soit. Elle l’avait délaissé pour venir en ma direction. J’en posais mon verre sur la table à nouveau sur le coup de la surprise. Se pourrait-il que le Feunard puisse se souvenir lui aussi de moi ? Ou bien était-ce ma parenté avec son ancienne et véritable propriétaire qui était en train de la mener à moi? Sentant une présence anormale venir près de ma table, Atlas leva la tête. Pour une fois qu’il était calme je m’empressais sèchement de lui dire de ne pas bouger, que tout allait bien. Un ton inhabituel de ma part, ce qui intima le ponyta à m’obéir, tout du moins sur l’instant. Ruby approchant je me risquais à peine à tendre quelques doigts en sa direction. Mais j’interrompais le geste aussi rapidement que je l’avais entamé, laissant une partie de main droite dépasser de la table. Et si elle aussi, elle n’était plus la même ? L’avait-il changé ? « Tu es splendide. » dis-je simplement au feunard alors qu’elle continuait de renifler, très certainement curieuse de cette odeur qui devait lui paraître familière et lointaine. Il me sembla sentir les poils immaculés du pokémon sous mes doigts. J’en frémissais sans même savoir s’il ne s’agissait que d’un mirage émotionnel. « Ruby viens ici. » Pour moi, sa voix trancha toutes les autres discussions. Je n’avais entendu que lui. Je n’aurais pu entendre que lui. A la fois, il était tellement proche de moi physiquement parlant qu’il ne l’avait jamais été depuis que je l’avais banni de ma vie, qu’il m’était impossible de ne pas l’entendre. A peine, cinq petits mètres devaient séparer nos chaises. Je ne relevais pas de suite la tête. Je restais focalisée sur cette pureté rare que je me surprenais à aimer à détailler. Du fait de mes nombreux voyages, je n’avais jamais eu l’occasion de passer beaucoup de temps avec le cadeau de Saskia. Mais à chacune de mes visites, j’avais senti l’animal de plus en plus proche d’elle. J’avais cru que sa présence suffirait. Mais non. Avait-il eu la sottise de penser la même chose ? Lui qui avait juré de l’aimer et la chérir à jamais ? « De la compassion. Ce serait trop lui demander. » Et je relevais les yeux vers lui, une pellicule d'eau sur l'iris, touchée par Ruby. J'étais moins fébrile que lorsque je l’avais presque espionné depuis ma table, alors qu’il ne savait rien de ma présence. Maintenant qu’il savait que j’étais là, mon état d’esprit ou celui que je cherchais à montrer avait chassé tout attachement pour lui. Il n’avait jamais su et ne saurait très certainement jamais, à moins qu’il ouvre les yeux un jour et comprenne enfin toutes les erreurs qu’il avait eu le malheur de commettre. Tout était de sa faute. Définitivement de sa faute. Comme une veille rengaine qui venait à nouveau peupler mon esprit, la piqûre de poison se distillait dans mes veines.
Pendant quelques secondes je ne vis plus que lui car j’avais osé faire ce qui me hantait depuis des années : le regarder à nouveau dans les yeux. Ses magnifiques yeux dans lesquels j’avais tellement eu envie de me perdre, de croire qu’il était là pour moi. Mais cela faisait justement des années que le charme n’opérait plus sur moi. J’essayais de m’en convaincre. J’étais convaincue. Oui. « Il ne te mérite même pas. » Tout comme lui, c’est à Ruby que je m’adressais. Qu’il aille en enfer s’il n’y était pas déjà.
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Sujet: Re: End of the dream. (Albion) Dim 14 Aoû - 0:29
end of the dream
Est-ce que tu vas l'ignorer toute la soirée ? Peut-être bien. Ou alors, tu vas simplement partir. Toi, fuir ? C'est le monde à l'envers, c'est pas toi le grand méchant loup d'habitude ? Tu sais, celui que tout le monde fuit, tout ça ? Si, hin. Et ça te ferais rien de partir comme ça, la queue entre les jambes, juste parce que la mauvaise bonne femme est assise là, derrière toi et que ton Pokémon semble avoir envie de se plonger dans un passé que tu fuis depuis bien des années ? Oh, si. Tu le sens déjà. Tu ressens cette rage envers toi même qui monte, qui s'infiltre dans chacune de tes veines. Ça bouillonne. Alors c'est ça, au final … le membre de la Ligue le plus effrayant qui soit ? Effrayant … et effrayé par une femme tout à fait chétive. Oui, elle te fait peur. Elle fait naître un toi en étrange sentiment de panique, elle te donne envie de te lever, te quitter cette salle et d'inspirer dehors un grand bol d'air. Tu as l'impression d'avoir le souffle coupé, et avaler la fin de ton verre d'alcool d'une traite n'y change absolument rien. Tu tousses même. Tu viens de te détruire le gosier, et le résultat est le même. Tu paniques, même si tu fais tout pour rester tout à fait impassible. En vérité, tu as l'impression étrange et stupide que c'est le fantôme de Saskia qui est là, tout proche de toi et cette simple pensée te glace le sang. Combien de fois as-tu penser la voir, Albion ? Chaque soir, durant bien des années, lorsque tu ouvrais les yeux … tu la voyais. Là. Au pied de ton lit. Si belle, elle semblait te regarder dormir en silence, jusqu'à ce que tu oses bouger, te redresser pour la contempler à ton tour. Là. Son expression changeait. Ses yeux semblaient se révulser. Son teint normalement rosé, prenait une teinte grise et terne et surtout, cette trace affreuse apparaissait sur sa gorge. A ce moment, elle se mettait à pleurer, puis à hurler toute sa haine envers toi. C'est comme ça que tu avais vécu les premiers temps de sa mort, avant de décider de te fermer,de devenir peu à peu ce que tu étais aujourd'hui. C'est pour ça que tu avais préférer fuir. Partir. T'éloigner de ce qui avait été ta vie, et t'éloigner de ce qui restait de Saskia. Tu avais couru, encore et encore. Du chemin, tu en avais parcouru et pourtant … elle était là. Hazel.
« Ruby ! » Tu te répètes. Elle n'obéit pas, elle ne revient pas. Elle continue de lui tourner autour, à croire que l'odeur si semblable à celle qui fût jadis sa maîtresse la rendait folle au point de la faire t'oublier. Elle l'avait toujours aimée. Elle l'avait toujours préférée à toi, quand bien même tu étais celui qui l'avait capturée alors qu'elle n'était qu'une jeune Goupix. Pourtant, elle t'avait suivi, rassuré, porté, elle avait sans doute été la seule à saisir toute la dimension, toute la complexité de ton sentiment de culpabilité. Elle était tout ce qui te restait de Saskia, et tu la chérissais, plus que tu n'avais jamais aimé ta femme en réalité. Le temps avait fait son œuvre. Tu avais pris conscience de bien des choses … mais ça ne rendait pas les choses plus faciles, bien au contraire. Tu avais retourner ta vie dans tous les sens pour en arriver à la conclusion qu'au final, tu n'aurais sans doute jamais du épouser Saskia. Elle et toi, vous aviez toujours été bien différents. C'est sa beauté, sa sensibilité qui t'avait attiré chez elle, c'est ton âme d'aventurier qui l'avait menée à toi et finalement, c'est aussi ce qui l'avait conduite dans la tombe. Ce qu'elle avait tant aimé, elle avait tenter de le changer, et tu avais résisté. Plus fort, tu avais fini par gagner, une victoire teintée de sang, teintée de larmes et de douleur. « Ruby ... » Las. Tes forces semblent t'abandonner lorsque tu constates avec amertume que ton Feunard rechigne à revenir vers toi malgré tes ordres répétés. A quoi est-ce qu'elle joue ? A croire qu'elle cherche à attirer ton regard sur cette femme que tu fuis finalement comme la peste. Tu ne veux pas te retourner, tu ne veux pas la regarder, c'est prendre trop de risques et pourtant, il le faut. Ton Pokémon t'y oblige. Elle se fait instrument du destin et fini par te faire bouger. Lentement, tu te retournes, t'efforces de garder le regard fixé sur Ruby qui visiblement ne veut plus quitter Hazel. Elle te jette un drôle de regard, comme si elle t'invitait à la rejoindre, à faire de même. Idiote … Et voilà que tu relèves les yeux. Presque pas réflexe, et tu le regrettes aussitôt. Parce que tes yeux viennent accrocher ses iris, et tu te rends compte bien assez tôt que tu es piégé. Tu ne peux plus faire semblant. Tu ne peux plus faire comme si tu ne l'avais pas vu, tu peux encore moins faire comme si tu ne la connaissais pas … parce qu'elle t'a reconnu, elle. Et tu sais qu'elle sait que jamais tu n'aurais pu oublier son visage. Alors tu soupires. Qu'est-ce que tu es censé dire ? Bonjour, bonsoir ? C'est d'un ridicule affligeant. « Est-ce que je suis censé … te saluer ? Ou … Qu'est-ce qui t'amène dans le coin ? »