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Dante Ceneri avait la tête légère, ce jour-là. La matinée était déjà bien entamée, et le soleil assez haut dans le ciel d'azur quand il se décida à sortir de chez lui. Le matin-même, c'était son évoli, encore jeune et puéril, qui était venu le réveiller à grands coups de langues et de jappements. En effet, le champion avait repoussé assez longtemps l'entraînement de ce dernier, préférant patienter, attendant ce petit quelque chose lui indiquant que son pokémon était prêt. C'était tout à fait absurde et totalement stupide, il le savait bien ; seulement, Dante avait décidé de reprendre son parcours de dresseur à zéro. Une nouvelle vie, dans une nouvelle région ; une nouvelle condition, et, très certainement, un nouveau pokémon. Quitte à tout recommencer, il voulait absolument bien faire. Car Dante avait, en son cœur, cette volonté du perfectionnement, cette addiction pour la minutie qu'il ne manifestait que très rarement – et, malheureusement pour lui, ypak restait le principal cobaye de cette nouvelle « passion » qui semblait se réveiller, après plusieurs années de sommeil à l'intérieur de son dresseur.

Il se leva donc, ce matin-là, non sans réprimander gentiment son jeune pyroli inexpérimenté. La routine prit bientôt le dessus sur la fatigue ; avec des gestes qu'il ne connaissait que trop bien pour les avoir répétés durant des années, il fit chauffer son café, se rendit sous la douche, s'habilla avec les affaires préparés la veille, constamment sous les glapissements du jeune ypak, déchaîné et impatient. D'une voix encore fatiguée, Dante lui ordonna de rester tranquille, qu'il serait bientôt prêt. Et il tint parole ; une demi-heure plus tard, il était devant la porte, rejoignant son pokémon désormais un peu plus sage, sa pokéball et quelques billets rangés soigneusement dans son sac à bandoulière. Il emporta ses clefs dans son élan, verrouillant la porte de son appartement de classe moyenne. Un raisonnable cent mètres carrés qu'il habitait depuis son arrivée à Sparule, et qu'il ne souhaiterait quitter sous aucun prétexte. Il gardait son argent pour des choses plus importantes qu'une bâtisse plus vaste, privilégiant avant tout ses pokédollars au profit de ses pokémons.

Son jeune pyroli au pelage brûlant, – dans tout les sens du terme – malgré les acclamations de son dresseur, refusait catégoriquement d'entrer dans sa sphère rouge et blanche. Après avoir descendu l'escalier de l'immeuble propret dans lequel le champion vivait, déblatérant maintes et maintes réclamations, Dante préféra abandonner la partie. C'est donc avec son têtu, impatient, mais néanmoins adorable pokémon sur ses talons qu'il s'engagea dans une rue à l'activité grandissante, menant directement à son arène qu'il ne connaissait que trop bien. Aujourd'hui, le champion avait bien l'intention de prendre congé de cette journée. Les challengers se faisaient rare, en ces jours d'été plutôt brûlants à Saprule. Quand bien même ils se montreraient aujourd'hui, ils n'auraient qu'à prendre rendez-vous ; Dante était quelqu'un de compatissant et de facile à vivre, cependant il haïssait sans retenu les jeunes dresseurs aux préjugés bien ancrés dans leur petit crâne d’adolescent insupportable. Il ne comptait plus les lettres de menaces et de plaintes qu'il avait reçu depuis qu'il était devenu champion d'arène dans cette ville brûlante – autant de chaleur de que haine. « mon fils ne vous a pas vu à l'arène aujourd'hui, faites-vous correctement votre travail ? » « Vous savez ce que signifie être champion d'arène ? Rester à son boulot » ou encore « vous auriez pu le laisser gagner, il veut devenir coordinateur, maintenant. » Pour ne citer que les plus « soft ».

Après avoir soigneusement épinglé un écriteau « champion absent aujourd'hui », Dante  rebroussa chemin, une direction bien en tête. Il avait de la chance, songea-t-il, d'avoir dégotté cet appartement près de tout, assez discret, bien que tout les habitants de Saprule connaissaient son lieu de résidence. Il emprunta une petite ruelle qui en rejoignait une plus grande, où se situait son but de la matinée : le café du poffin. Le quadragénaire avait l'habitude de s'y rendre presque chaque matin de voyage sur les routes de Miranoir : connaissant bien le patron – puisque client régulié, notamment certains soirs, où il ne se gênait pas de s’alcooliser sans modération – il avait le droit à quelques mots encourageants, ainsi que deux ou trois bouteilles d'eau gratuites qui s'avéraient être très utiles. Son pyroli semblait plus vif d'esprit que jamais ; il n'arrêtait pas de regarder les passants de tout côtés, avec une admiration curieuse mêlée à une certaine crainte dans ses yeux sombres. C'est donc le visage serein que Dante pénétra dans le café climatisé, non sans se faire reconnaître en chemin : au début, tous ces regards, ces rumeurs, ces chuchotements sur son passage le mettaient mal à l'aise. Aujourd'hui, il s'y était plutôt habitué, bien qu'il n'y avait pas encore prit goût.

Dès qu'il poussa les portes battantes du café du poffin, il ressentit cette bouffé de fraîcheur, cet air nouveau qui s'insinua dans ses poumons, rafraîchissant son corps et son visage. Des têtes se levèrent, des visages le dévisagèrent, Dante n'y prêta pas attention. Avec un léger signe de tête pour tous les saluer, il s'avança vers le contoir, un peu gêné. Les conversations reprirent de plus belle et il en fut soulagé, car il souhaitait s'effacer un peu de la population, de toute cette agitation et de cette activité qui rongeaient la ville. Suite à toutes ces rumeurs, ces articles sur sa personne, Dante ne se tenait plus tranquille, et commençait à éprouver une certaine haine envers ceux qui avaient détruit son intimité, les journalistes notamment. Depuis, on l’accostait peu, on ne savait pas comment l'aborder et Dante semblait se délecter de cette tranquillité qu'il appréciait plus que tout. Il s'apprêtait à commander auprès du barman, son pyroli affalé sur un siège haut, juste à côté de son dresseur, quand une voix attira son attention.

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Dante Ceneri décrocha son regard du contoir pour poser ses prunelles bleutées sur son interlocuteur. Il fut, d’emblée, étonné par son apparence et réprimât – avec la plus grande peine du monde – une exclamation de surprise. L'inconnu était couvert d’égratignures sur son visage pâle, de bandages masquant très certainement plus graves que de simples éraflures sur le reste de son corps, et portait à son œil droit un coquard assez sombre et d'apparence inquiétante. Les yeux du vieux - mais très sexy - champion d'arène s'attardèrent sur ce qui semblait lui servir de vêtements : une chemise qui lui collait à la peau avec insistance, sans doute à cause de la sueur ainsi qu'un jean bleu brut déchiré de toute part. Seules ses chaussures semblaient avoir survécus – et encore, elles étaient couvertes de terre. Dante demeura ainsi pendant quelques secondes qui lui semblèrent très longues, avant de se rendre compte qu'il ne faisait rien d'autre que de dévisager le jeune inconnu. Il cligna plusieurs fois des yeux, vraisemblablement gêné. Idiot. Ce n'était pas comme cela qu'il était censé se conduire – lui oui quiconque d'autre. Il entrouvrit les lèvres, dans le but de s'excuser, lorsque l'inconnu le devança.

« Je peux vous payer un verre ? » La question le prit au dépourvu. Un verre ? Cet homme avait plus besoin de soins que d'un verre de n'importe quelle substance – si ce n'était un anti-douleur assez puissant. D'instinct, Dante plissa les yeux, méfiant. Un jeune homme à l'allure plus que débraillée lui proposait un verre. Il semblerait, très certainement, que l'inconnu ait reconnu le champion d'arène de Saprule – dans le cas contraire, le quadragénaire devait vaguement lui dire quelque chose. Il en était toujours ainsi, avec Dante : d'un naturel plutôt discret, soit on le reconnaissait d'emblée, soit on avait une vague idée de son identité. L'homme ne s'en formalisait plus, aujourd'hui, il avait prit l'habitude d'ignorer ce genre de comportement. Son attention se reporta sur le jeune homme blessé. Après tout, pourquoi pas ? L'inconnu ne semblait pas représenter une menace majeure et, dans le pire des cas, Dante était dans un café qu'il ne connaissait que trop bien, chez lui. Il esquissa un léger sourire.

« Vous êtes sûr ? Je veux dire.. » Dante s'attarda un instanct sur l'apparence assez repoussante – il ne fallait pas avoir peur des mots – du jeune inconnu, avant de poursuivre. « Enfin, ce serait avec plaisir. Mais je peux payer, ne vous sentez pas obligé. » Aussi fou que cela puisse paraître, Dante avait décidé de se décoincer un petit peu. Parler à des inconnus ne pouvait pas lui faire grand mal, même s'il était bon de se montrer méfiant. Sur le siège mitoyen de celui du champion, un pyroli curieux agita les oreilles, reniflant avec étonnement l'inconnu – toujours à une distance respectable. Il observa le jeune homme et son dresseur à tour de rôle, certainement pour savoir si celui avec le pantalon déchiré était une potentielle menace. Sacré jeunot, il était prêt à tout. Le champion, plus sérieux, adressa un sourire beaucoup plus franc à son interlocuteur. Son siège grinça légèrement lorsqu'il se redressa.

Le barman, un jeune blond décoiffé fort sympathique – que Dante connaissait plutôt bien, au vue de ses visites régulières – salua les deux hommes avant de s'approcher, un chiffon et un verre à la main. « Comment il va, notre champion ? » Dante serra chaleureusement la main que le blond lui tendit, s'apprêtant à répliquer :« Bien, Steev', merci. » d'un ton poli. Un sourire quelque peu puéril se dessina sur le visage du – très – jeune Steev' ; tandis que sur celui de dante, se dessina un rictus crispé. Il n'aimait être appelé « champion », mais ne désirait pas vexer le jeune barman qu'il appréciait beaucoup. Avec un peu trop de professionnalisme pour paraître vrai, le dénomé Steev' demanda : « Qu'est-ce que je vous sers, messieurs ? » Le champion jeta un regard à son pokémon qui glapit. En vue de la journée chargée qui s'annonçait, tout deux – dresseur comme pokémon – avait besoin de prendre des forces. D'un geste de main, il caressa doucement son pyroli entre les oreilles. « Pour moi, ce sera juste un grand verre d'eau.» Il se tourna alors vers l'inconnu, se rendant compte qu'il ne s'était toujours pas habitué à son apparence – qui ne passa pas inaperçu aux yeux du jeune blond qui sembla tout aussi étonné que le champion l'avait été au début. « Personnellement, à cette heure, c'est ce que je vous conseille, commença-t-il en parlant du verre d'eau, les autres boissons vous donneront soif. » Il se rendit soudain compte de la pâleur de la peau de l'inconnu qui, comparée à celle du quadragénaire, semblait bien blanche. Son regard ne put s'empêcher de descendre sur sa chemise trempée. « D’ailleurs, vous n'avez pas l'air de supporter la chaleur environnante. Vous n'êtes pas d'ici, j'imagine ? » hasarda-t-il.

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Dante Ceneri entreprit de jouer avec ses mains, manifestement gêné. Il n'avait pas l'habitude de côtoyer du monde, encore moins d'engager une véritable conversation. Bien, il restait avant tout un champion d'arène ; il serait forcément amené à rencontrer du monde, mais son état d'esprit lors d'un combat d'arène était totalement différent de celui qui lacerait ses entrailles, à cet instant précis. Il prit une profonde inspiration, en s'attardant sur les oreilles flamboyantes de son pyroli qui semblaient soudainement beaucoup plus intéressantes que la commende du jeune inconnu. Décidé à se reprendre en main, il détourna – a grands regrets – son regard de son pokémon, pour venir le poser sur son interlocuteur. C'est alors qu'il vit, non sans surprise, un grenousse grimper sur les épaules de son dresseur. Elle – car il s'agissait d'une femelle, visiblement – avait l'air interloquée, presque curieuse, et observait ypak avec une certaine envie dans son regard. Le champion de Saprule ne put s'empêcher de sourire. Il avait toujours respecté ce lien puissant qui unissait, parfois, un dresseur à son pokémon. Lui-même s'arrangeait pour tout ses pokémons l'apprécient, et réciproquement.

La réponse du jeune homme le fit sortir de sa torpeur. « Non... Je viens de Sinnoh, plus exactement de Frimapic. » Dante réprimât un frisson.. de peur ? De dégoût ? L'évocation de cette région ne le fit pas sourire le moins du monde. Il y avait été, l'avait visité avec cette femme. Sa femme. Il chassa cette sombre pensée d'un geste de main dédaigneux. Il n'avait pas envie de penser à ce genre de choses, pas maintenant, alors que la journée avait si bien commencée. Heureusement, l'inconnu rattrapa le tir en continuant sa diatribe. « Mais j'ai aussi vécu à Kalos, du côté d'Auffrac-Les-Congères.. Les endroits froids, ça me connaît. Je supporte pas la chaleur. Et vous ? » Le cœur de Dante se réchauffa quelque peu. Kalos, il connaissait bien. Il s'agissait là de sa région d'origine, celle qu'il connaissait et affectionnait le mieux. Il y avait vécu les meilleures moments de sa vie. Mais aussi les pires, lui souffla une petite voix qu'il fit taire intérieurement. Il s'apprêtait à répliquer lorsque le serveur blond revint avec leur commende. Il énonça machinalement la composition de cette dernière. « Voilà. Deux verres d'eau, un ensemble de Poffins.  » Dante empoigna son verre, répliquant un petit « Merci, Steev'. » discret, et entreprit de porter cette eau bénite à ses lèvres. Tout de suite, il se sentit mieux. Il en donna un peu à son pyroli, qui semblait toujours fixer avec avidité le grenousse du jeune homme.

« Vous pouvez en prendre si vous voulez, pour vous et votre mignon Pyroli, commença l'homme blessé, en désignant les Poffins – quand Dante avait presque oubliés. Vous savez que la saveur préféré des Poffins d'un Pokémon dépend de son tempérament ? Par exemple, ma Grenousse aime les Poffins Amers ! Vous pensez que votre Pyroli aime quoi...? » Un sourire franc se dessina sur le visage creusé par l'âge du champion d'arène. Comment ne pouvait-il pas connaître les Poffins, alors qu'il se rendait lui-même dans ce café aussi souvent qu'il le pouvait ? Mais il ne pouvait pas blâmer l'inconnu, il n'était pas au courant de la situation du stratège, ni qu'il habitait ici depuis maintenant presque quatre ans. Toujours avec ce même sourire amusé, il vit l'autre dresseur donner un petit pain à son pokémon, tandis qu'il tendait l'assiette colorée au champion. Dante leva un sourcil. Depuis qu'il possédait son pyroli, il ne lui avait jamais donné de poffins ! Cette situation lui parut scandaleuse, sur le moment. Puis, il se rappela qu'il discutait avec un parfait inconnu recouvert de bandages avec qui il partageait une assiette de poffins. Alors, tout lui sembla beaucoup plus grossier, tout à coup. Il invita son pyroli à venir sur ses genou, manifestement intéressé par toute cette nourriture.

« Pour le peut que je sache, – et pourtant, je suis loin d'être un expert – la nature de mon pyroli lui offre la possibilité de manger n'importe quel poffin. » A ces mots, il prit le petit pain blanc et marron que lui tendait le jeune inconnu et l'offrit à son pokémon. Le jeune ypak renifla d'un air intéressé, avant de l'attraper brusquement. Il mâcha à la hâte, le goût ne semblait pas lui déplaire, songea Dante. Son attention se repporta sur son interlocuteur. « Pour en revenir à notre discussion sur les régions, je viens également de Kalos. Un très bel endroit, que j'ai longtemps habité. » Il fit une pause, buvant une courte gorgée d'eau. « En ce qui me concerne, je suis plutôt habitué aux chaleurs de Saprule. » Il haussa les sourcils, sembla soudain indigné. « J'oubliais la marque de politesse. » Il tendit une main au jeune inconnu. « Je suis Dante Ceneri, champion d'arène de Saprule. Mais peut-être le saviez-vous déjà. » Il avait dit ça d'un ton qui se voulait volontairement dégagé.

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Dante Ceneri caressa son jeune pyroli sur ses genoux, pensif. Oui, pour peu qu'il connaissait le monde de la coordination, les pokémons appréciaient plus ou moins certains poffins selon leur nature. Or, ypak, de nature docile, était caractérisé comme un pokémon pouvant se nourrir de n'importe quel goût de petit pain. Il aperçut une moue dubitative se dessiner sur le visage de son interlocuteur. Dante n'y prêta pas attention et retourna s'occuper de la fourrure de son pokémon d'un air nonchalant. Il dut tout de même avouer que cette rencontre était, de toutes celles qu'il avait été amené de faire, sans doute la plus curieuse. Un inconnu qui lui proposait un verre, complètement dépareillé – l'inconnu, pas le verre – pourtant fort aimable. Instinctivement, le champion fronça les sourcils. Intéressé par le jeune homme, il n'avait pas prit la peine de se demander pourquoi ce dernier avait voulu lui offrir un verre.. Car, étrangement, ce n'était pas dans la nature de Dante d'engager la conversation avec un parfait inconnu. De base, il n'était pas connu pour être quelqu'un de très bavard. D'un naturel discret, il essayait tant bien que mal de se mêler à la foule, tel monsieur tout-le-monde, parfois sans grand résultats. Après tout, il restait tout de même le champion d'arène de Saprule. Même avec toute la bonne volonté du monde, il lui était impossible de passer innarperçut.

Tandis que l'autre homme commanda un autre verre – avec des glaçons, cette fois-ci, à croire que la chaleur devenait réellement insupportable pour lui – Dante déposa son pyroli sur le siège voisin. Ce dernier, encore affamé, poussa un glapissement de protestation. En soupirant bruyamment, Dante attrapa un poffin qui avait l'air particulièrement appétissant et le lui tandis. Ypak le dévora sans ménagement. Dante, quand à lui, n'était pas un très grand fan de ces petits pains. Il préférait les réserver à ses pokémons. Pour se donner bonne conscience, il commanda un muffin nature, juste pour faire bonne impression. Il jura avoir aperçut une lueur de dégoût dans les yeux de l'inconnu lorsque le champion évoqua la région de kalos, mais elle disparut bien vite et Dante conclu qu'il avait s'agit là de son imagination. De toute manière, songea-t-il, quoique pouvait penser cet homme de kalos, cela ne regardait en aucun cas le quadragénaire. Poli, il attendit que le jeune homme réponde à ses répliques. A l’évocation de son statut, Dante vit l'inconnu se mordre la lèvre. L'avait-il reconnu au préalable ? C'était fort possible. Il attendait, la main tendue, quand le jeune homme parvint enfin à s'exprimer. « Je suis Katō Asparson. Je suis coordinateur, mais je débute. Et je suis aussi photographe et.. »

Dante leva machinalement un sourcil. Il avait une envie de le pousser oralement (« eet.. ? ») mais se ravisa. Après tout, si l'inconnu – nan, kato asparson – était en train de grimacer, ce n'était pas son problème. Ce fut quelques secondes plus tard que la sentence tomba. « ..Journaliste. » Ce fut au tour de Dante de grimacer. Il grinça soudainement les dents tandis que les muscles de sa mâchoire se contractèrent de dégoût. Kato lui serra la main d'un geste timide que Dante s'empressa d'écourter en la retirant brusquement. Ainsi donc, cet homme était un journaliste. Ce qui expliquait soudain beaucoup de choses. Le champion refusa délibérément de lui accorder un regard, refoulant ses pensées d'un geste de la tête. Les journalistes lui avaient pourris sa vie, sa carrière : on l'avait humilié, on l'avait mis à nu simplement afin d'espérer de faire assez de profit pour faire tourner la boîte d'édition. Sales rats, songea le champion. Alors qu'il ruminait ses pensées, n'écoutant que d'une oreille attentive le reste des explication de kato, il ne pu s'empêcher d'entendre une petite voix lui souffler que ce n'est pas de la faute de ce jeune homme, qu'il n'y était pour rien, qu'il était certainement plus aimable que les autres.

foutaises. Mais il dû reconnaître, au prix d'un effort surhumain, que ce jeune coordinateur n'y était, peut-être, éventuellement, pour rien. Il s'autorisa à lui accorder un regard dénudé de toute lueur sympathique. Certes, ce jeunot n'y était peut-être pour rien, ce qui n'empêchait pas dante de haïr sans retenu sa profession. Il sentit son visage de crisper, mais, incontestablement parce que le champion s'avérait être – heureusement pour kato – un homme aimable, il lui accorda un sourire, non sans la plus grande peine du monde. Il était décidé, coûte que coûté, à ne rien laisser passer comme informations qui pourraient compromettre son ambitieux encore plus qu'elle ne l'est déjà, peut importe que ce journaliste soit spécialisé dans les pokémons, comme il semblait si bien le dire, ou non. Son regard s'attarda sur la petite grenousse avant de se poser sur celui de son dresseur. Il prit un ton qui se voulait volontairement aimable, peut-être un peu trop. « De même. », répondit-il simplement, en évoquant le passage où kato soulignait qu'il était enchanté de rencontrer le champion. « Alors, comme ça, vous êtes coordinateur ? C’est intéressant, je me suis toujours intéressé aux concours pokémons, mais je suis beaucoup trop occupé pour m'engager dans cette voie, surtout à mon âge.. » Court silence. Il reprit. « Alors, d'où vous est venue l'idée de cette profession ? » Oui, il évitait délibérément le sujet sensible.

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Ce n'est pas de sa faute. Bien évidemment que ce – pauvre – jeune journaliste n'y était pour rien. Il n'avait pas détruit l'intimité de Dante Ceneri, n'avait pas piétiné sa vie privée, n'avait pas pourri sa réputation jusqu'à la moelle. Bien sûr, il n'avait rien fait de tout cela. Si, par malheur, ça avait été le cas, il y avait bien longtemps que le champion serait partit. Sans grande confiance, il entreprit de s'emparer d'un poffin pour son ypak, qui le dévora sans ménagement. Il lui fallut quelques secondes à son pokémon pour s’apercevoir que son maître semblait nerveux. Inquiet, il renifla Dante et le questionna d'un regard sombre. Le dresseur sourit tristement avant de caresser son jeune pyroli entre les oreilles après avoir signalé d'un geste de la tête que ce n'était rien, ce n'était pas grave. Il essaya de se détendre tant bien que mal, pourtant cet effort surhumain lui semblait beaucoup plus difficile que n'importe quel combat pokémon. Il dévisagea Kato d'un regard, quand celui-ci trouva bon de répliquer : « Celle de coordinateur ou de...? » Dante tressaillit et, par réflexe, lui lança un regard noir. Comment osait-il ? Dante inspira bruyamment. Il devait apprendre à se contrôler, ce n'était, décidément, pas son genre de s'énerver de la sorte. Le coordinateur se précipita.

« Coordinateur, oui, bien sûr. Étant petit, je vivais à Sinnoh et ma mère m'emmenait souvent à des concours. C'était le seul moyen pour moi d'observer des Pokémon en action, car ma mère est allergique à ces petites bêtes... Je ne pouvais pas en avoir chez moi. Chaque jour, j'inventais mes propres chorégraphies, en attendant un jour de pouvoir les exécuter. » Dante se détendit, écoutant le récit du jeune homme avec un intérêt soudain. Alors comme cela, sa mère était allergique aux pokémons ? Dante n'avait jamais eu ce problème, chez lui. Il était toujours autorisé à posséder un pokémon à a maison – un seul jusqu'à son départ. Kato semblait se détendre lui aussi quelque peu, puisqu'il inspira profondément. Alors il continua son récit. « Voilà. Je suis venu ici pour accomplir mon rêve d'enfant. Et vous ? Comment avez-vous décidé de devenir Champion ? » Involontairement, Dante se crispa. Comment avait-il décidé de devenir champion ? En voici une bonne question. Le cœur du champion se serra. Car, à la base, devenir champion était en réalité un rêve de quelqu'un d'autre, pas le siens. Il ferma les yeux avant de, lui aussi, prendre une grande inspiration. « Oh, simplement une nouvelle motivation.. j'avais besoin de changer d'air. » Son muffin arriva et il entreprit de croquer demande, d'en avaler le contenu avant de poursuivre rapidement pour clore le sujet. « Je représente le type feu, comme vous pouvez vous en douter. » Il désigna son pyroli d'un geste machinal de la main. Il posa son muffin sur le bar avant de prendre sa tête dans les mains. Il se malaxa les tempes avant de relever la tête. « Écoutez, monsieur.. Asparson. Ce n'est pas de votre faute si le fait d'être un journaliste me mets dans tout mes états. Mais il paraît que vous êtes plus intéressé pas les pokémons, comme vous venez de me le dire. Quel genre d’article publiez-vous ? » Encore une fois, le champion se défilait.

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