« hold on while we weather the storm»

ARTHUR & CYNTHIA | WAURLHAUL

Reminiscence, un mot magnifique pour des faits terribles. Cela fait des heures entières que Cynthia est assise, là, sur le parquet brut du petit studio. L'air lui semble irrespirable, elle angoisse, se déteste. C'est ce soir. L'anniversaire maudit, lui semble-t-il, et à chaque fois qu'elle ferme les yeux, elle se confronte à son regard qui la supplie, elle entend ses râles de douleur et, pourtant, elle ne verse pas une larme. Elle est figée, tétanisée, maudite, pense-t-elle. Alors, seulement, le sort s'acharne. On vient tambouriner à sa porte, troubler l'ordre qu'elle a su instaurer dans ce chaos sans nom. Elle ne traîne pas à ouvrir, espérant intérieurement qu'il s'agisse de Pierre, qu'il porte avec lui un bon Whisky. Mais non. Non, c'est Arthur qui entre comme un fou dans le studio, qui vient se poser sur le canapé. Arthur, non pas qu'elle l'avait oublié, mais elle ne pensait pas qu'il débarquerait ainsi. Ou qu'il débarquerait tout court. Et puis il commence à parler. Sans gêne. Pourquoi avoir de la gêne, après tout ? Du Rhum. Forcément, c'est un pirate ou pas ? Elle détaille le verre quelques instants, affichant toujours son attitude légèrement fermée, fermant soigneusement la porte à clef derrière lui. Au cas où. « Parle moins fort. », souffle-t-elle, assez sèchement. On ne doit pas le trouver ici, il en a conscience, au moins ? Il se comporte vraiment toujours comme un adolescent ? Cela explique au moins pourquoi ils ne réussiront jamais ce qu'ils entreprennent, chez la team Aqua. Dictés par leurs émotions, son caractère impulsif. Bien sûr, ça a du bon, il suffit de voir l'effet que ça produit sur Cynthia, mais. Professionnellement, c'est mauvais. Elle approche, pour s'asseoir sur l'accoudoir du canapé, elle préfère être légèrement en hauteur. Il est chez elle, il devrait s'en rappeler. Alors, elle attrape le verre entre ses mains, trempe ses lèvres dans l'alcool et échappe un léger soupir. Arthur, Arthur, Arthur... Elle qui pensait que les pirates ne savaient pas apprécier la moindre notion de qualité, peut-être s'est-t-elle trompé. Légèrement. Elle jette un regard à Majora, bien sûr que cette dernière n'est pas dans sa pokeball, elle est posée, sur le bord de la fenêtre fermée, et dévisage l'inconnu. Majora n'a jamais vu Arthur, elle pourrait très bien lui crever les yeux s'il décidait d'avoir un geste trop déplacé. Ou un mot qui mettrait Cynthia en rogne. La Sonistrelle émet un léger son aigu en s'envolant, venant prendre place sur les genoux de Cynthia qui lui offre volontiers une tendre caresse.

« Hélio. C'est lui le problème. Leur leader. J'ignore si ses commandants ont suivi, Saturne, Jupiter et Mars. » Elle le dévisage quelques instants, se demandant si ses mots éclairent quelques cases chez lui. Arthur n'a pas l'air du genre de personne qui se renseigne avant d'attaquer un sujet, à vrai dire. Il n'a pas l'air du genre de personne qui saurait de quoi elle parle, alors elle reprend, avec un peu plus de douceur tout en le dévisageant. « La team a été dissoute, après les événements aux colonnes Lances, j'ignore si tu en as entendu parler. » Elle repose son regard sur Majora qui s'envole à nouveau pour aller se poser sur le bord d'une armoire, les toisant tous les deux, méfiante. « Hélio a cherché à créer un nouvel univers, avec la puissance conjointe de Dialga et Palkia. Puis celle de Giratina. Il a été porté disparu, depuis, mais je sais qu'il est ici. » Elle hoche la tête lentement avant de boire une nouvelle gorgée, Cynthia est amère, ça se sent dans chacun de ses mots, il faut dire que le sujet est sensible et le jour mal choisi.

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C'est amusant, la naïveté qu'Arthur émet. Il est comme un enfant, persuadé de choses qui ne sont plus d'actualité, ou qui ne l'ont jamais été. Il est têtu, obstiné, aussi. C'est certainement une bonne qualité pour ce qu'elle lui demande, il faut bien l'avouer mais. Il n'est au courant de rien. Ou alors il minimise les faits. Peut-être pour se rassurer ? Pour se dire qu'il était le plus proche d'arriver à son but ? La vérité, c'est qu'Arthur n'effraie pas Cynthia. Que, dans le pire les cas, il veut simplement rendre le monde meilleur. Certes la méthode est mauvaise, mais il veut le préserver, et c'est déjà plutôt une qualité. Il sous estime le désespoir et la détermination qui s'échappe de la team Galaxie, elle le sait. Mais dans l'instant, ça lui remonte presque le moral. Ça lui met du baume au cœur. « Arthur, Arthur, Arthur... », murmure-t-elle tout bas. Il pense qu'elle est actuellement capable de trouver Hélio et de lui mettre la pâté, si on l'écoute. Mais. La vérité c'est que Cynthia ne se sent pas capable de grand chose dans les faits. Seulement ça, elle ne le dira jamais. Alors, elle tourne la tête vers lui lorsqu'il évoque Pierre. Il l'amuse, en vérité. Il semble partagé entre un mélange d'inquiétude et de haine et, l'espace d'un instant, elle trouve ça excitant. Elle se tourne, toujours assise sur l'accoudoir mais pose ses longues jambes par dessus les siennes, et elle relève son menton, du bout de l'index. « Ne sois pas idiot. Malgré ce que tu as fait, et même qui tu es, je t'estime. Je n'ai aucun intérêt à te balancer. » Un sourire vif éclaire son visage l'espace d'une seconde ou deux, avant de passer sa main contre sa joue. « Mais justement, je ne préférais que tu n'envoies pas ta team à l'abattoir. La team Galaxie n'a rien de la team Aqua, Magma, Plasma ou Rocket. Ils n'ont aucune attache, aucun remord et il ne s'agit pas seulement de combat pokémon, Arthur. » Elle espère qu'il comprenne, qu'il réfléchisse, qu'il cesse d'être si tête brûlée. En vérité, elle ne sait pas trop ce qu'elle cherche à présent et plus elle le dévisage, plus elle se pose la question. Il devait être de la chair à canon, purement et simplement, et maintenant elle essaye de le protéger ?

« Je crois que Pierre vous cherche, toi et Max. », murmure-t-elle en retirant finalement sa main, la reposant sur son propre genoux, elle se met à observer l'extérieur, il fait nuit. Une nuit presque douce, finalement. « Je n'ai pas eu vraiment l'occasion d'en discuter avec lui, mais il n'avait pas l'air d'avoir la moindre piste, il me l'aurait dit. » L'espace d'un instant, elle en vient à se demander ce qui arriverait, si Arthur débarquait un jour où Pierre était là, ou l'inverse. Qu'est-ce qu'il adviendrait-elle ? Elle n'aurait pas dû jouer sur tous les tableaux mais. Pierre la connaissait. Peut-être qu'il se méfiait. Non, il croyait encore qu'elle avait beaucoup trop de valeur pour faire ça. Au fond, les valeurs ne veulent rien dire. Ses valeurs à elle criaient qu'il fallait protéger à tout prix leur monde, que c'était la seule chose qui comptait vraiment. Alors pourquoi s'en faire autant ?

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N'a-t-il donc aucune conscience de la cours dans laquelle il est entré ? Ce n'est pas juste celle de Cynthia, c'est la sienne, mais surtout de celle qu'elle est devenue. Celle qu'elle devient. Celle qu'elle déteste certainement autant qu'elle l'apprécie. Une femme libre, une femme brisée mais libre. N'était-ce pas le plus important ? A vrai dire, elle n'en savait rien. Mais au fur et à mesure qu'il parlait, son avis sur Arthur changeait. Elle qui l'avait vu comme un juste un pirate, quand en fait, il était aussi capable de faire preuve de sentiments. Il n'allait pas envoyer sa team à la mort, et d'une certaine façon, ça la rassurait. Pourtant, tout son esprit hurlait que ça n'avait pas la moindre importance, qu'ils avaient choisi cette destinée mais. Mais son cœur refusait d'accepter ça. Elle voulait les protéger. C'était complètement stupide pourtant. Arthur avait fait beaucoup de mal à Hoenn, elle le savait. Mais alors pourquoi ? La question revenait en boucle dans son esprit, sans jamais apporter avec elle la moindre réponse. Et puis il l'attira à lui et elle perdu complètement le fil de ses pensées. Majora avait poussé un petit cri aigu, mais elle la gratifia d'un regard qui voulait dire que ça allait, elle ne craignait rien. Était-ce la vérité ? A vrai dire, elle n'en savait rien, mais il avait l'avantage indéniable de la faire ses sentir en vie. La faire se sentir femme, pas juste Maîtresse ou célèbre. Et pourtant, il ne connaissait rien d'elle. Il ne savait pas qu'elle n'était actuellement pas capable de mettre un pied devant l'autre sans choir. Et puis il continua à parler. Et. Il l'invita. A une inauguration ? L'attention la toucha, sincèrement, mais elle resta sceptique un instant. N'était-ce pas un peu risqué, pour lui, de la voir débarquer là-bas ? Peut-être qu'il cherchait juste à se faire de la promotion, mais c'était plutôt un coup de maître en vérité. Seulement, elle avait l'habitude de se faire traiter comme une reine, il n'avait plutôt pas intérêt à la décevoir. Cynthia avait changé, mais il demeurait une partie d'elle plutôt bien intégrée.

« Ne te méprends pas, je suis touchée par ton invitation, mais n'est-ce pas un peu risqué pour les tiens ? » Demanda Cynthia en haussant légèrement un sourcil, trahissant son envie de les protéger. Et son esprit, sa raison, se remit à hurler qu'elle était stupide. Qu'elle aurait mieux faire d'aller directement trouver Hélio et lui en décoller une. Mais. Non. Il fallait qu'elle s'attache à quelque chose. Qu'elle protège quelqu'un. Peut-être que ce quelqu'un, c'était Arthur, c'était stupide à dire mais, elle reconnaissait chez lui quelque chose qui l'attirait et qui l'impressionnait, malgré le fait qu'elle était encore actuellement incapable de mettre des mots là dessus. « Ne t'en fais pas pour Pierre, Arthur. Je te l'ai dis, je brouillerais les pistes et. Tu sais… » Elle se redressa légèrement son visage un peu plus haut que le sien, et elle se mit à le toiser, un fin sourire aux lèvres. « Je peux être… Comment dire… Persuasive ? » Elle afficha un léger sourire en venant passer ses doigts le long de sa joue, le détaillant un long moment. Mais qui était-il, et comment faisait-il pour lui faire ça ? Elle n'en savait rien. Elle jouait à un jeu bien dangereux, mais pas forcément avec Arthur, plutôt avec elle même. Cynthia s'humidifia lentement les lèvres avant de hocher à peine la tête. « Néanmoins, tu peux compter sur moi, je serais là pour l'inauguration. Avec grand plaisir. » Il avait donc une confiance aveugle en elle pour lui révéler tout ça ? Pour l'inviter ? A moins qu'il ne s'agisse d'un piège. Seulement, alors qu'elle plongeait son regard dans le sien pour y discerner la moindre lueur qui pourrait la rendre soupçonneuse, elle se rendit bien compte que même s'il y en avait eut, elle n'aurait pas voulu la voir. Parce qu'elle voulait le croire. Et qu'elle le faisait. Aveuglément.

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Arthur possède quelque chose qui lui manquait dans sa vie. Une étincelle. Un jeu, certainement, plus dangereux qu'avec n'importe qui d'autre, mais ça reste un jeu. Il y a un gagnant, et un perdant. Pourtant, Arceus sait à quel point Cynthia ne perd jamais. Elle ne se le permettait pas, et à nouveau elle refuse que ça arrive. Alors elle échappe un léger rire en l'entendant parler de la soirée, mais ses quelques mots précédents l'ont légèrement troublée. Il regrette. Au moins, ils ont un point commun. Certes, lui il s'agit de méfaits graves, elle simplement de décisions qu'elle juge injustes. Mais. Ils ont un point commun. Et la vérité, c'est que des points communs, ils en ont bien plus d'un... Il suffit qu'elle le regarde, qu'elle l'écoute, qu'elle lise entre les lignes pour s'en rendre compte. Il veut la retrouver, à la soirée. Il insiste, justifie, elle fronce les sourcils, penche la tête sur le côté, le dévisage, l'interroge du regard. Est-il bien sûr de ce qu'il avance ? Après tout, il est peut-être purement impulsif. Peut-être qu'il ne réfléchit pas à ce qu'il réveille chez elle. Peut-être qu'il ne se soucie pas de ce qu'il fait. Ou alors. Peut-être qu'il joue, peut-être que c'est sa stratégie, à lui. Peut-être qu'il risque. Peut-être bien que le jeu est bien plus avancé qu'elle ne le pense. Et pourtant, elle le laisse gagner, pour l'instant. Elle le laisse l'approcher, la toucher, flirter, et puis. Et puis il lui dit qu'il l'apprécie vraiment, comme ça, ça vient de nul part, comme une comète, et elle frissonne. Elle tremble presque. Une frisson de peur et de plaisir mélangé. Comme un écho aux mots de Peter, tu ne ressens rien. Au delà d'une condamnation, c'était même une malédiction. Un tu ne ressens rien, qui voulait dire tu ne ressentiras jamais rien, Cynthia. Mais. C'était faux, n'est-ce pas ? Elle avait ressentit la douleur, cinglante, dans sa chair, elle avait ressentit la peur de perdre cet homme auquel elle s'était tant raccroché. Et elle l'avait perdu. Elle l'avait déchiré de son propre être. Parce que ça faisait mal. Et qu'avoir mal, elle n'aimait pas ça. Est-ce qu'Arthur jouait ? Est-ce qu'il se condamnait en venant flirter avec le trou béant du cœur de Cynthia ? Elle n'en savait trop rien, mais l'espace d'un instant, il pu lire la peur dans son regard. La peur panique, qu'elle s'auto-infligeait. Pendant juste un éclair, avant que ses lèvres ne se courbent dans un léger sourire en sentant ses doigts caresser sa peau. Il vient d'embrasser son nez. C'est stupide. Mais. Elle rougit, pendant une seconde, avant de relever les yeux vers lui, complètement perdue. « Tu ne sais pas ce que tu dis. », murmure-t-elle assez bas, assez sévèrement aussi. Envers elle-même, sans doute. Elle est dure avec sa propre personne, ce n'est plus à prouver.

Lentement, elle vient poser ses doigts le long de sa gorge, puis de sa mâchoire, jouant avec sa peau, avec sa pilosité, distraitement et pourtant si concentrée. En l'instant, elle est entièrement à sa merci et pourtant si méfiante. Elle se pince les lèvres lentement avant de relever les yeux vers lui, de décider de prendre sa vie en main, certainement. C'est un déclic bref, comme une évidence. Elle ne sait pas ce qu'il veut, mais elle sait ce qu'elle veut, elle. « Et je suis ravie de ton invitation. », reprend-t-elle avec plus de douceur, essayant d'effacer sa phrase précédente. De l'annihiler. Elle se fiche de savoir si il sait ou non ce qu'il dit. Après tout, quelle importance ça a ? Elle pose son verre avec prudence sur la table basse après l'avoir vidé d'une traite, puis se réinstalle correctement sur Arthur, lui faisant face cette fois. Elle jeta un regard furtif à son pokemon, lui faisant signe d'aller faire un tour plus loin et, visiblement, Majora connaissait la chanson puisqu'elle s'envola, traversa la fenêtre et poussa un petit cri strident une fois dehors, alors qu'elle s'éloignait. Une fois seuls, elle passa à nouveau les doigts de sa main droite le long de sa joue, plonge son regard dans le sien, hypnotique, si sérieux, si profond... « Je t'apprécie aussi Arthur. Plus que de raison. », elle murmure ces derniers mots, elle avoue. Elle accepte. Elle est capable de ressentir, elle le sait, mais ressentir, ça l'effraie. Elle approche, encore, de quelques centimètres alors que son pouce vient tendrement caresser ses lèvres. Il n'y a rien de raisonnable entre eux. Rien qui pourrait bien finir. Et pourtant, elle s'accroche.

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Rien n'est brisé. Je ne suis pas brisée. Rien n'est fini. Elle subsiste, cette lumière. Elle le dévisage, un long moment, elle l'écoute. Elle boit ses paroles comme une eau sacrée, bénie. Elle ne saurait dire comment il fait pour lui faire ça, elle ne saurait dire quelle influence exacte il a sur elle, et si elle se mettait à y réfléchir, ça la terrifierait. Alors elle préfère s'accrocher à l'instant, plutôt que de penser à son importance. Parce que les souvenirs comptent, parce que les souvenirs créent les émotions et que, si un souvenir ne se fini pas, alors une émotion ne s'inscrit pas dans la durée. Elle ne marque pas le cœur. Et son cœur est trop fragile pour être marqué, trop instable. Elle le sait. Elle connait ses faiblesses, elle connait la colère, la violence qui ronge son être, elle sait ce qu'elle peut devenir. Oui, Cynthia se souvient parfaitement bien de la façon dont l'envie d'agir, dont l'envie de faire mal caressait son esprit, dans la grotte, il y a tout juste quelques jours. Elle connait cette envie de basculer. De faire taire sa raison, de faire taire sa morale.

Alors, lorsqu'il approche pour l'embrasser à nouveau, c'est une décharge qui s'écoule dans son dos. Ce n'est qu'un jeu, n'est-ce pas ? Alors pourquoi s'accroche-t-elle tant à la victoire ? Peut-être parce qu'elle sait ce que ça signifie, de ne pas le remporter. Peut-être qu'elle sait ce que ça fait de se faire poignarder, en plein cœur. Elle se crispe, soudainement, s'efforce de n'en laisser rien paraître. Arthur compte et ça l'effraie. Mais qu'est-ce que je suis en train de faire..., se répète-t-elle, jusqu'à le hurler dans son esprit qui se tort et se désagrège au fil de ses pensées. « Je payerai cher pour te voir en costume trois pièces. », lance-t-elle avec un sourire un peu sarcastique, elle veut à tout prix détourner ses propres pensées. Elle veut à tout prix empêcher ce qui se construit. Empêcher ce qui arrive. Mais c'est comme essayer d'attraper de l'eau, qui s'écoule encore et encore entre ses doigts. Et alors qu'elle le dévisage, elle se perd, à nouveau, à penser. Trop penser. Elle approche son front pour le poser contre le sien, pour scruter le fond de ses yeux, pour s'y perdre, peut-être un peu. Alors, il a une pleine confiance en elle ? Il n'a aucune crainte qu'elle le balance, malgré qui elle est, malgré ce qu'elle est ? « J'ai vraiment besoin de toi. », souffle-t-elle tout bas. Hélio, pense-t-elle naturellement, cet univers qu'il faut à tout prix modifier, mais dans l'instant, cette phrase sonne étrange, cette phrase qui possède tellement de sens. Seulement, le regard dur de Cynthia peut-il laisser planer le moindre doute ? Et pourtant, elle-même n'est pas certaine du sens de ses propres mots. Comme si elle cherchait à se convaincre. Comme si elle se mentait. Parce que c'est plus facile. Parce que ça se gère plus facilement.

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C'est peut-être les vapeurs d'alcool qui commencent à faire effet, qui délient les langues, délient les sens mais bizarrement, plus elle l'écoute et plus elle voudrait l'entendre. Il a quelque chose dans la voix, quelque chose de spécial, un ton grave, passionné, et ça l'émoustille. Finalement, ça doit se voir dans ses yeux qui brillent, il finit son verre, elle se penche pour lui en resservir un, un chacun. Puis elle boit une gorgée. Les mecs ont un soucis avec le rhum, surtout les pirates. Elle préfère le whisky, mais bon, on fait avec ce qu'on a. C'est à se demander qui chasse l'autre et surtout qui gagne ? Actuellement, elle ne saurait dire, elle ne se sent pas en danger, elle ne se sent pas perdante non plus. Et il parle de Pierre, il faut qu'elle détourne la conversation, elle n'est pas prête pour ça, elle n'a pas prit de décision. Elle sait que ça obsède Arthur, elle le sent, que sa vengeance, il la veut. Mais elle n'est pas prête à lui offrir ça. Pourtant elle pourrait lui donner tant, quand elle y réfléchit. Des noms, des adresses, des secrets. Ce n'est pas qu'elle manque de confiance en Arthur, en vérité, c'est qu'il doit juste encore faire ses preuves. Lui et sa team. Se racheter, dans les yeux de Cyn. « Splendide en robe, splendide sans... » Murmure Cynthia avec un ton légèrement ailleurs. Son dernier gala remonte à loin, à l'époque où il fallait faire des actes de charité chiffrés pour montrer qu'on était une bonne maîtresse. Maintenant les choses étaient différentes, taper sur des gens et sauver des pokémons en danger suffisait. Ou disparaître, durant des mois, sans donner la moindre nouvelle. Elle espérait que des photos d'elle à Miranoir ne se diffuse pas trop ça et là sur les réseaux pokésociaux, mais elle n'avait que peu d'espoir. Les fans étaient flippants, parfois. Tant qu'il n'y en avait pas d'Arthur, elle était encore tranquille.

Alors, lorsqu'elle senti ses mains, qu'elle entendit ses derniers mots, elle eut un léger sourire, appuyant légèrement ses doigts contre son torse, glissant ses lèvres contre sa gorge. « Je ne parlais pas de ça. » Oh, bien sûr qu'elle parlait de ça, mais tant qu'à faire, si elle pouvait jouer sur le sens double de ses paroles alors pourquoi s'en priver ? Il faisait ressortir chez elle des parties qu'elle avait fait taire durant si longtemps, qu'elle avait caché, qu'elle ne montrait qu'au combat. Cette espèce de rage de vaincre, cette obstination, ce côté fourbe, aussi. Tous ces côtés qu'elle semblait parfaitement assumer avec lui. Elle prit une nouvelle gorgée, posa son verre et s'imposa une fois de plus sur lui. Hélio l'obsédait, c'était certain, mais si c'était sa faiblesse, il ne fallait pas qu'elle soit perçue comme telle. Parce que la liste des faiblesses de Cynthia n'allait qu'en s'allongeant et qu'on ne montre pas ça à un associé. Un associé, ça se perd parfois. Elle préférait prendre ses précautions, après tout elle jouait avec le feu. Si on pouvait dire. « Non, je me disais que tu pourrais, peut-être... » Cette fois elle se redressa, guidant ses lèvres qui le chatouillait jusqu'à son lobe d'oreille. Elle était obstinée. « Peut-être que tu pourrais rester, ce soir. »