Force est de constater que tu as tes jours, Hélio. Des jours avec, et des jours sans. Le problème avec toi, c'est qu'il est particulièrement difficile de faire la différence entre les deux. Tu ne souris jamais. Ou rarement. Oh, tu sais ce que tu es. Tu es humain, malheureusement. Fais de chair, de sang, de constitution bien fragile .. apte aux sentiments, aux émotions. Un vaisseau pour ces petites saletés. Tu ne peux pas empêcher ton corps ou ton cœur de sentir, de ressentir. Tu as beau faire en sorte que rien ne se voit jamais, ça passe. Ça s'en va, ça revient. Une véritable horreur à gérer pour toi. Surtout lorsque ton palpitant se met à t’insuffler des vagues de … pitié, de compassion, ou de … joie ? Humain oui ! Tu ne peux tout simplement pas échapper à ta condition. Alors oui. Il t'arrive de sourire. Devant une scène décidément trop attendrissante, devant quelque chose de potentiellement drôle. Tu peux sourire. Quand tu es seul, ou si peu entouré. Ça arrive. Et c'est affreusement ridicule. Tu as une sainte horreur de paraître si niais. Sans doute pour ça que tu bouges tout le temps, toi qui avait toujours aimer rester sur place à une époque, il semble qu'ici tu doives simplement changer tes habitudes. Tu ne supportes pas la maison dans laquelle tu loges, tu ne supportes pas ses habitants, et puis tu ne supportes plus les climats trop extrêmes. Le froid. La chaleur. Trop c'est trop, et c'est sans doute pour cette raison que tu as décider de prendre le large un petit moment, de t'éloigner de Sakai en ordonnant à chacun de tes lèches bottes de te fiche la paix, et de ne surtout pas te suivre. Il avait d'ailleurs que tu uses de menaces pour te faire obéir … c'en devenait ridicule. Même si tu appréciais d'être le centre du monde, parfois.

« Freyr. Qu'est-ce que tu fiches ? » Il t'avait bien fallu quelques minutes pour te rendre compte que ton compagnon habituel ne traînait pas à sa place, dans tes pieds. C'était devenu une habitude, de prendre garde à ne pas lui marcher dessus lorsque tu avançais. Et là. Il n'était pas là. Tu parles dans le vide en réalité, puisque lorsque tu te retournes … il n'est pas là non plus. Allons bon. Il n'a tout de même pas pu fuir … non. Tu connais Freyr. C'est un Pokémon fidèle. Il n'obéit qu'a toi. Il n'aurait pas déserter. Non. En réalité, ton Noctali à tout simplement du se laisser distraire. Il traîne sans doute, quelque part dans les rues de ce patelin un peu trop fleuri à ton goût. Pas réellement dramatique en soi … non, il va seulement t'obliger à revenir sur tes pas, à perdre ton temps. Mh. Pas comme si tu avais mieux à faire de toute façon. C'est vrai, tes rêves de destruction sont pour le moment en stand-by. Faute de moyens. De personnel compétent aussi. Faute d'informations aussi. Tu envois un coup de pied dans un caillou qui traîne sur le sol, l'envoyer rouler à quelques mètres avant de soupirer, et de te mettre en quête de ton Pokémon. Plus qu'a fouiller. Partout. Seul. Comme un idiot ...

Une aubaine pour toi, quand tu penses que tu passes ton temps à emprunter raccourcis saugrenus et chemins détournés, pour éviter un maximum la population active de chaque ville. C'est sans doute vraiment dommage. Il y a probablement bien des choses que tu pourrais apprendre sur cet endroit, en choisissant de te mêler aux autres, de leurs adresser la parole … un minimum. Alors que tu fais demi-tour, toujours à la recherche de Freyr, tu repasses par tous ces petits chemins, toutes ces petites ruelles pratiquement désertes. Qu'est-ce qui a bien pu attirer ton Noctali, hors de ta vue ? Lui qui habituellement, t'es totalement soumis, lui qui te ressemble tant, qui finalement est si morne, si casanier aussi, ce n'est pas dans son caractère, ni même dans ses habitudes de se laisser aller ainsi, si bien que tu en viens à te demander si on ne te l'a pas … voler. En l'attirant, d'une façon ou d'une autre. Avec de la nourriture, peut-être. Après tout, tu as bien conscience de la beauté, ainsi que de la rareté de ce Noctali. Son apparence, si particulière en fait une cible de choix pour n'importe quel voleur de Pokémon, et tu es persuadé que certains d'entre eux rôdent sur cette île. Parce qu'il y a de tout, ici. Après tout. Tu es là toi aussi …

Il va falloir que tu cherches. Seul, oui. Parce qu'il ne te reste sur toi qu'un seul Pokémon, un Ponyta parfaitement inutile dans ce genre situation. Même si tu sais l'odorat des Pokémon plus développé que celui de l'être humain, Baldr n'est sans doute pas encore assez entraîné pour t'aider à dénicher Freyr au beau milieu d'une ville entière. Et puis .. c'est un Ponyta pas un Caninos. Même Freyr est sans doute plus doué que lui, et malheureusement pour cette fois, il est l'objet de tes recherches. Tu t'arrêtes alors, finalement. Non, tu n'as strictement aucune patience. Pas la patience de parcourir cette ville en tout cas, ni même celle de demander autour de toi ; encore moins. Alors au final, tu te décides, tant pis pour l'efficacité au moins tu auras tenter, tu te saisis de la Pokéball de Baldr afin de l'appeler. Le Ponyta, toujours un peu fougueux henni joyeusement, sautille, se cabre comme pour se détendre un peu les muscles, puis il s'immobilise avant de s'approcher de toi pour venir … te câliner, de sa tête. Tu soupires. Non, vraiment, tu n'as clairement pas l'habitude de ce genre de démonstration affective. Si bien que t'en trouves presque gêné, et que tu repousses doucement la tête de ton Ponyta. « Arrêtes ça Baldr … c'est pas le moment. » Ni l'endroit. Et surtout, tu n'es clairement pas la personne, le dresseur idéal pour ce genre de choses. Tu n'as jamais été du genre câlin, joueur, ou affectueux avec tes Pokémon. Non. Tu n'as pas honte de le dire, clairement, tu n'as jamais offert d'amour à tes compagnons. Parce que l'amour, tu ne sais pas ce que c'est … « Cherche Freyr. » L'équidé te fixe un petit instant, penchant sa tête sur le côté comme pour tenter de comprendre le sens de tes paroles, ta stratégie bien étrange. Ah bah oui. Ce n'est pas le Pokémon le plus adapté, pour ça. Mais c'est le seul que tu possèdes, en l'absence de ton Noctali si précieux. D'ailleurs, Baldr semble le comprendre, il hume l'air délicatement, avant de se mettre en route et sans d'autres choix possibles, tu le suis. Sans grande conviction.

Tes pas, derrière ceux de ton Pokémon, te mènent à une petite ruelle près de laquelle tu es déjà passé. Une bonne odeur flotte dans l'air, une odeur sucré … une odeur de Poffin en train de cuir, ou de refroidir te semble t-il. C'est d'ailleurs une odeur qui semble ravir ton Ponyta, qui aussitôt s'agite. Nouveau soupire … tu n'es pas près de le retrouver, ton Noctali à cette allure. Quoi que … C'est un gémissement plaintif, qui attire ton attention. Tu plisses les yeux, continue alors ta progression dans la ruelle, jusqu'à t'arrêter de nouveau. « Freyr. » laisses-tu échapper, en apercevant enfin ton Pokémon. C'est le tien, oui. Tu peux le voir au premier regard, parce que des Noctali comme lui, ça ne court pas les rues. Freyr à ce quelque chose d'unique, c'est ce qui avait su te séduire chez lui. Il grogne, légèrement, sur un petit Pokémon – un Tarsal – acculé, contre un mur. Allons bon. Tu ne remarques même sa dresseuse d'ailleurs, ou plutôt, tu la vois si, plantée au milieu de la ruelle à observer la scène, une expression étrange sur le visage … mais tu l'ignores. « Freyr, laisse ce Pokémon en paix. On a pas le temps pour ça. » Pas le temps. Pas l'envie. Et puis, ce Pokémon te paraît bien faible, bien chétif. Aucun intérêt à tes yeux. « On s'en va, j'ai dis. » Et enfin, ton Noctali semble réagir, revenant vers toi alors que ton Ponyta à l'inverse, s'avance pour aller jouer avec le petit Tarsal. Parfait … absolument parfait.