Quelques mois s'étaient écoulés depuis mon départ de Safrania où j'avais laissé ma sœur, Louna. J'avais tenue à prendre du temps pour me rendre sur l'Île Miranoir. Passant une dernière fois à Lavanville me recueillir sur la tombe de Gruikui. Une fois arrivée, je découvrais chaque lieux avec un immense respect et des étoiles dans les yeux. Imprimant divers décors que je pourrais peindre une fois dans un endroit tranquille. J'étais désormais sur la route 05, plus précisément dans la forêt automnale. Fayago marchait à mes côtés, reniflant le sol comme à son habitude.

— Cette forêt est vraiment... Magnifique !

Déclarais-je en souriant et en observant le feuillage orangé qui laissait quelques faisceaux de soleil entrer. Je parlais souvent à Fayago pour ne pas dire tout le temps. Pour moi, il n'était pas un simple pokémon. C'était avant tout mon ami. J'avais tissé un lien très fort avec lui avant qu'il ne se proclame presque lui-même être mon premier compagnon. Je ne comprenais pas les gens qui collectionnaient les pokémons pour leur simple beauté. Je pensais évidement aux fanatiques qui en attrapait pour juste fanfaronner sans jamais le faire sortir de sa pokéball. Je trouvais que chacun avait une beauté, qu'elle soit visible ou non. Même face à un Tadmorv, je trouvais une certaine beauté dans sa façon de se mouvoir - même si l'odeur était insupportable... Cela faisait des heures que nous marchions. Ma gourde d'eau était vide, j'espérais trouver un petit cours d'eau. Soudainement, Fayago se met à pousser des petits sons aiguë puis se met à courir.

— Hey attends moi !

Je me mets à courir afin de le suivre puis découvre un petit endroit où les traces d'un incendie à eut lieu. Je m'accroupie puis pose ma main sur le sol où la nature recommençait à pousser. Je me demandais ce qui avait put causer cet incendie. Il datait d'au moins un ou deux ans en vue de la terre plus foncée à certains endroits. Je soupire en imaginant la scène. Je pose mes doigts sur les pétales d'une fleur naissante puis me relève. Quelqu'un pourrait peut-être me renseigner. Je fais signe à Fayago de se remettre en route. Il fallait que je remplisse ma gourde et que je trouve un endroit pour que l'on puisse prendre un peu de repos. Alors que nous marchions pendant une vingtaine de minutes, nous tombons sur un Scarhino qui semble nous barrer un petit sentier. Des flammes jaillissent du dos de mon Hericendre. Petit, attachant mais mon dieu ce qu'il pouvait se montrer protecteur et agressif avec d'autres personnes ou pokémons. Je soupire puis saisit Fayago dans mes bras alors qu'il éteint son dos.

— Tu ne fais peur à personne, petite crapule.

Dis-je d'un air amusé à Fayago, puis je regarde le Scarhino avec un sourire doux et amical. Pour se montrer aussi visible, il devait appartenir à quelqu'un... Ou alors il n'était pas du tout farouche pour un pokémon sauvage.

— Bonjour. Est ce que tu as un maître ? J'ai besoin d'eau pour continuer ma route.

Le Scarhino était en effet dressé, cela se voyait aisément. Déjà par le simple fait qu'il gardait un sentier. Après quelques secondes à me regarder, il se retourne et me fait un signe de sa corne afin que je le suive. Le voile ambré du ciel obscurcissait un peu les environs. J'espérais que le dresseur du pokémon serait d'accord pour me garder juste une nuit. Même si je devais dormir dans l'herbe, au moins, je serais un peu plus en sécurité qu'en pleine forêt. Ayant déjà subit une attaque de Piaffabec, je n'avais pas envie que cela se reproduise. Tandis que je suivais le compagnon d'un dresseur que j'allais rencontrer, je ne pouvais que remarquer ce silence. Les pokémon ne semblaient pas habiter ce coin reculé de la forêt. Je vois une maison se dessiner et un petit lieu sans arbres. Lorsque j'aperçois une présence masculine, je baisse le regard vers Scarhino puis sourit :

— Merci.

Je m'approche un peu puis parvient à voir le visage de l'homme. Son aspect un peu hirsute me faisait penser à l'ermite qui vivait non loin de chez moi à Safrania. Il ne sortait jamais de sa cabane en haut d'un arbre. Mais la personne que j'avais devant moi était bien plus jeune. "B'soir, vous avez besoin de quelque chose en particulier ?" Il ne semblait pas recevoir beaucoup de monde, ou alors pas souvent. Son visage ou plutôt son regard exprimait l'envie de solitude mais également d'une grande souffrance. Je lui sourit alors puis dit de ma voix douce :

— Bonsoir, je suis vraiment désolée de vous embêter. Mais je traverse la forêt et je ne possède plus d'eau. Est ce que vous pourriez m'aider ?

Je remarque la présence d'alcool. Loin de moi l'envie de juger qui que ce soit. J'avais appris il y a bien longtemps que lorsqu'on ne sait pas, on se tais. C'était une règle chez moi. Je n'avais pas la prétention de juger les gens sur ce qu'ils faisaient, buvaient ou mangeaient. Observatrice, je l'étais, mais de là à porter de faux jugements, non. Je me sentais vraiment désolée de le déranger en plein travail.

— Je m'appelle Lyra.

Fayago pousse un long soupire puis gigote dans mes bras en prenant un air renfrogné. Une tête de mule ce Hericendre ! Borné, impulsif et fière en plus de cela. Il s'était toujours montré protecteur envers moi. Dès l'instant où je lui avait expliquer mon histoire avec Gruikui. J'ajoute avant qu'il décide de faire le ronchon :

— ... Et lui c'est Fayago.

Si une chose dont Louna m'avait le plus blessé était que "je ne contrôlais pas mon pokémon". Avant mon départ et durant notre dernière dispute, elle m'avait dit que ce n'était pas moi qui contrôlais Hericendre, mais plutôt lui qui me contrôlais. Elle m'avait dit que je n'irais pas loin avec ce comportement et que Fayago ne serait jamais dressé. Pour moi, mon point de vue du moins, était que je le laissais libre de ses actes et de ses choix. Personne ne peut contrôler un pokémon. Pas même le champion de la ligue. Ils restaient avant tout des animaux sauvages que l'ont pouvaient éduquer et dressé. Le pokémon de ma sœur qu'elle avait envoyé me charger étant adolescente était une belle preuve de l'humanité. Ce pokémon ne m'aurait pas attaqué s'il n'avait pas été soumis aux ordres de Louna. Elle ne lui avait pas laisser le choix. Je ne prétendais pas être le meilleur éleveur, ni le meilleur dresseur... Mais ma façon d'éduquer Fayago me satisfaisait. Il était mon ami avant d'être mon pokémon. Et pour moi, c'était ce lien le plus important. Mais que pouvait-elle comprendre à cela, Louna ? Elle avait attrapé son premier compagnon en l'affaiblissant de jet de pierres. Elle le domptait pour qu'il lui obéisse au doigt et à l'œil. Ne le laissait pas sortir de sa pokéball hors combat... Où était l'amitié là dedans ? Alors oui, peut être qu'au regard des gens, Fayago était un pokémon impétueux, jaloux. Peut-être mauvais et agressif. Probablement mal éduqué. Mais j'assumais entièrement cette facette de lui. C'était Fayago qui m'avait récupéré à la petite cuillère. Lui qui avait séché mes larmes. Lui qui m'avait apprit à dominer ma peur. Il me protégeait. Et peu importe ce que les gens pouvaient bien dire ou penser. Mon Hericendre était parfait à mes yeux.

"Illunir, va donc les guider jusqu’au puit, derrière la maison. " Le Scarhino semblait se défiler sous les ordres de son maître. Je me pince les lèvres en me demandant bien ce qu'il avait en tête ce pokémon... Je reste pensive un instant. Le ton de sa voix semble... Dénué d'émotions, comme s'il était mort à l'intérieur. C'était exagéré, mais quelque chose me troublait à son sujet. J'avais l'impression de voir ma propre souffrance dans la sienne. "Si vous voulez bien me suivre." Je souris poliment puis le suit. Je dresse avec habitude mes long cheveux en une tresse sur le côté. Fayago vient s'installer sur mon épaule dénuée de cheveux. Je regarde alors l'homme me montrer comment marche son puis et sort ma gourde.

— Merci.

J'actionne la pompe puis remplie ma gourde sans difficultés. Ma grand-mère avait ce même système. J'avais l'habitude. "Je peux faire autre chose pour vous ?" Je me redresse une fois la gourde remplie puis me tourne pour demander un peu timidement :

— Oui... J'aimerais savoir si vous pouviez me supporter l'affaire d'une nuit. Je dormirais dehors, je ne vous embêterais pas. C'est juste que... Ici la forêt semble dénuée de pokémons, je n'aimerais pas risquer une attaque en pleine nuit. Je vous paierais si vous le souhaitez.

Je souris, s'il refuse, je comprendrais.

— J'ai même de quoi cuisiner, j'ai l'impression que vous n'avez pas pris un repas complet depuis longtemps...

Cet homme était brisé. Je pouvais le voir puisque je l'avais également été.

Je le remercie avec un sourire. Puis commence à monter la tente sans difficultés. Fayago s'amuse à me courir après alors que je vérifie si j'ai bien monter la tente. Je me met à rire et me cache pour arriver doucement derrière Fayago qui pensait m'avoir trouver. Il sursaute puis me saute dans les bras en me léchant le visage. Ce Hericendre... Je l'aimais vraiment. Je finis par m'asseoir puis à masser Fayago. J'observe au loin, l'homme avec son tracteur. Il avait les épaules lourdes comme si le passé lui pesait sur le dos... Je savais à quel point le passé était douloureux. Nous sommes irrationnels, nous recherchons toujours un bouc émissaire pour expliquer les problèmes que nous avons. La moindre petite chose, le moindre petit doute pour un événement peut tout remettre en cause. Un malentendu peut parfois faire des dégâts que l'on ne soupçonne même pas, arrêtons de vouloir rejeter la faute sur les autres pour les problèmes que nous avons créés et essayons de faire confiance aux gens qui nous entourent sans remettre en cause leurs paroles. J'ai appris que quoi qu'il arrive, le hasard n'existe pas. Qu'on a beau s'indigner à se demander "pourquoi?!", à crier à l'injustice, à détenir toute la colère ou même le désespoir du monde, il y a toujours quelque chose à en conclure. On est maître de notre malheur mais aussi et surtout de nos bonheurs. Accepter les différences, franchir les obstacles, tomber, se relever, avoir peur, foncer, avancer, s'ouvrir, sont les clés d'une vie meilleure. Et qu'importe les situations et le temps qu'il faut. Que ça nous plaise ou non: Nous sommes maîtres de notre propre destin du début jusqu'à la fin.

Après quelques minutes, l'homme revient et me tend un sandwich. Je le prend en lui souriant.

— Merci, mais vous ?

Je me pince les lèvres.

— Vous devez vivre tranquille dans ces bois... Enfin, quand une enquiquineuse ne vient pas vous demander de l'eau et un abris.

Dis-je amusée.