▹ 1 pokémon sauvage

Je n'y vois rien. Je tousse, j'agite les mains pour écarter tant bien que mal la fumée sombre qui enserre mes poumons, qui soulève mon poitrail de tressaillements. Qu'est-ce tu fais ici, Echo ? Je n'en sais rien. J'ignore comment mes pas m'ont guidés jusqu'ici, j'ignore ce qui m'a amené ici. Mais, Newt marche devant moi, plus déterminé que je ne le serais jamais. Le sol ardent doit brûler ses écailles mais ça lui semble égal, il continue à marcher, malgré l'environnement plus qu'inhospitalier. Il n'a pas peur, Newt, il n'a jamais peur. Il mord, et il voit après. Alors, je le suis, parce qu'il a l'air de savoir où il va. Parce que moi je n'en sais rien. J'ignore même comment nous sommes arrivés jusqu'à cette route, j'ignore où nous avons passé la nuit, ou même depuis quand je foule les terres de cette île. Et, malgré la chaleur étouffante, à l'intérieur, je suis frigorifié par une espèce d'angoisse constante, par cet étrange bruit sourd qui ne me quitte plus à présent. Soudain, quelque chose attire l'attention de mon Kaiminus, qui se met à grogner subitement, et je relève les yeux vers lui, fronçant les sourcils lentement. « Qu'est-ce qu'il y a, Newt ? »

▹ 1 pokémon sauvage

Newt s'agace, il grogne, grommelle, montre les crocs, s'acharne à tenter de faire peur. Et puis. Il se prend un caillou dans la face. Bizarrement, ça le calme. Bizarrement, il reste sonné un instant, fixant le rocher dont est parti le caillou tout comme moi, d'ailleurs. Il est en colère, je suis sceptique. Alors, seulement, une petite boule plumes en émerge. Elle semble du genre caractérielle. Même carrément colérique. « POUSSI. » Poussifeu, hn ? Je reste sceptique, j'ignore si c'est le genre de pokémon dont je m'entoure. Je suppose que oui, sans pourtant rien affirmer. « Tu te sens de faire un combat ? » Je lance à mon pokémon, mais c'est le Poussifeu qui hoche la tête et s'approche, prêt à mettre une raclée à Newt. Bah voyons. Ce dernier ne semble pas vraiment impressionné. Au contraire, il claque des dents, approche, se met en position, remue son postérieur de façon plutôt ridicule. Hé bien, ce combat promet d'être au moins une bonne anecdote à raconter, si toute fois j'arrive à m'en souvenir. « Lance une attaque griffe, Newt. » Je sais qu'il voudrait mordre, planter ses crocs dans ce pokémon et le goûter, juste un peu, seulement je ne peux pas lui permettre ça. On doit étoffer l'équipe, pas se faire un repas.

▹ 1 pokémon sauvage

Il est en colère, il tape du pied alors que la petite Poussifeu en face lui grogne dessus. Bien, bien, si je peux minimiser la casse, c'est tant mieux. D'autant plus que j'ignore déjà comment je vais faire pour embêter Newt d'attaquer trop. Parce qu'il aime bien foncer dans le tas. Heureusement qu'il n'a pas décidé de la mordiller, sinon il ne resterait pas grand chose d'elle, je suppose. Et déjà, le petit Kaiminus approche pour chercher à nouveau le combat, la confrontation. Newt est têtu. Il n'est pas méchant, j'en suis sûr, mais quelque chose me dit qu'il cherche à se prouver sa valeur, d'une façon où d'une autre. Il cherche les limites du pokémon qui nous fait face. Alors, je le laisse faire. S'il a décidé de gérer lui-même la situation, qu'il la gère, sérieusement. Tant qu'on sort de ce combat victorieux, ça me va. Avec ou sans le pokémon qui nous fait face, et qui pourrait être un sérieux avantage en réalité. Bon, il n'a pas l'air, comme ça, mais attendez de voir un Brasegali pour changer d'avis !

▹ 1 pokémon sauvage

Et voilà que Newt repart à la charge, qu'il frappe, plus fort, trop fort. L'espace d'un instant je me dis que c'est mort, que ce truc ne tiendra pas le choc. Sincèrement. Newt est doué, et surtout, il a la rage de vaincre. Quelque chose qui me manque, certainement un peu. Je le laisse faire, je fixe les alentours, je fixe la fumée épaisse qui s'échappe du volcan. Et je me sens un peu nauséeux. C'est sans doute l'odeur trop prenante du soufre, cette odeur qui me retournait le ventre et me barbouillait. Ou alors c'était la silhouette, là-bas, de l'autre côté du cratère. Une silhouette si fantomatique, si longiline, étirée par le rideau de fumée, transformée. Elle avait perdu ses couleurs. Elle avait perdu sa brillance. Elle n'étincelait et pourtant. Pourtant j'entendais sa voix, comme à son habitude. Maintenant, Echo. Maintenant. Maintenant ? Maintenant quoi ? Je restais un moment à détailler son ombre qui disparaissait, balayée par la fumée blanche avant de reposer mes yeux sur le pokémon. La pokeball. Ah. Ah oui. Capturer ce Poussifeu. C'était ça, qu'il fallait faire. Alors j'obéis. Je t'obéis. Je lance la petite boule sur la petite créature orangée. Hé bah. C'est pas gagné.

▹ 1 pokémon sauvage

Je ne saurais dire à quel moment sa présence disparaît. A quel moment elle apparaît. D'une certaine façon elle est toujours là, tout autant qu'elle ne l'est pas. C'est difficile à expliquer, difficile à exprimer avec des mots. Tu l'as attrapée. Effectivement, la pokeball cesse de remuer. Elle se fixe sur le sol. Comme si elle faisait partie du décor, au fond. Et Newt va la chercher. Il la ramasse dans ses pattes maladroites et il approche de sa démarche toujours aussi amusante, pour me la tendre, tout fier. Fais lui un compliment, il n'attend que ça, regarde. C'est vrai, tu as raison. Il a l'air si heureux d'avoir réussi son coup. J'aurais du mal à le priver de ce bonheur, à croire qu'il aime l'idée de pouvoir continuer son combat contre la petite Poussifeu. La petite Poussifeu qui, d'ailleurs, n'avait pas de nom. Et j'étais véritablement nul pour ce qui était des surnoms. Je m'accroupis, caresse la tête de Newt avec un sourire encourageant alors que je récupère la nouvelle pokeball bien habité. Ardea. Pardon ? C'est grec. Ardea, alors. Voilà qui lui colle au plumage.