▹ ft. Ash Garroway

C'est dingue d'être aussi con. Sérieusement. Ne sois pas si dur envers toi-même, Echo. Ah bah, ça te va bien de dire ça toi, je te signale que t'es aussi mouillée que moi, dans cette histoire. Que toi aussi, t'aurais pu juste me pousser à dire non, t'aurais pu juste me dire que c'était une idée de merde. Mais non, hin, la morale elle vient après. Au moins cette fois tu pourras pas dire que tu m'avais prévenue. Au moins cette fois tu me foutras la paix deux minutes Serah. Calme-toi. Non mais je suis très calme. Très calme. J'ai jamais été aussi calme, j'te jure. Tu devrais l'appeler, lui dire que t'abandonnes ? J'ai un honneur, tu sais. J'abandonne pas si facilement. Non parce que son pokémon, je vais le trouver. Si il est quelque part dans cette forêt, alors je vais le trouver. No problem. Tu sais, il a certainement déjà rejoint sa dresseuse alors bon. Ah oui, alors parles-on de celle-ci, aussi. Non mais ça se prétend Ranger et c'est pas foutu de tenir ses pokémons, sérieusement. Des fois je me demande ce que je fiches ici. Ce qui me retient sur cette île. Parfois je me dis que je devrais juste rentrer à la maison. Quelle maison ? ... Touché. Et Ash ? Ça te va bien d'essayer de ramener ça à Ash. Elle a rien à voir là-dedans. Je vois pas le rapport. Elle te retient ici. Bon. T'as gagné. Écoute Serah, si t'as toutes les bonnes réponses, je vois pas l'intérêt d'avoir une discussion avec toi. Vraiment. T'es vraiment timbré, Echo... Ouais. C'est ça. Complètement timbré.

Voilà des heures que j'étais dans cette fichue forêt, accompagnée de ma fichue acolyte spectrale. Je t'emmerde cordialement. Et que nous cherchions le fichu pokémon de la fichue rouquine qui m'avait presque agressé à l'orée du bois, quand je songeais simplement à me dégourdir les pattes. J'avais juste prévu de camper tranquillement à Steukin, histoire de me remettre un peu les idées en place et voilà qu'il fallait que je joue les héros. D'autant plus que s'il y a bien quelqu'un de mauvais à ce jeu, c'est bien moi. Sérieusement, j'ignore si j'ai déjà sauvé une personne dans ma vie... Alors je poussai un énième soupir en tapant dans un caillou. Newt m'accompagnait, comme dans toutes mes aventures, mais pour le moment il était calme ce qui cachait carrément quelque chose. Il avait peut-être mangé un truc. Si ça s'trouve il lui restait plus que vingt-quatre heures à vivre. Dis pas n'importe quoi. Et voilà qu'il faisait totalement nuit, totalement humide, un peu frisquet mais rien de bien intolérable. On est perdus ? Non. Pas du tout. Il suffit de suivre le sentier. On est perdus, Echo, t'es pas sur le sentier. Mais alors pourquoi tu la ramènes si tu le sais déjà ? Je jette un regard autour de moi avant de grimacer légèrement, je dois bien me faire à l'idée que tu as raison, il fait sombre, les arbres sont trop proches de moi pour que je sois encore sur un sentier. J'ai du bifurquer au mauvais endroit, au mauvais moment. Difficile à dire. Hé bien, il suffit de chercher un peu de lumière quelque part, je dois certainement avoir une lampe dans mon sac, et me voilà, en train de farfouiller à la recherche d'un truc qui pourrait me sauver. Non parce que, je suis pas fan de l'idée de me faire agresser par des pokémons sauvages alors qu'il fait nuit noire, sérieusement, je trouve ça carrément flippant. D'autant plus qu'on est jamais certains de combien ils sont, et qu'ils pourraient ramener leurs potes à n'importe quel moment. Alors non, on déconne pas avec ça. Et voilà, lampe trouvée, je jette à nouveau mon sac sur mon épaule, donnant un coup de lampe contre ma jambe parce qu'elle un peu de mal avec l'humidité du coin et nous voilà partis. Newt se rapproche, un peu froussard, quelle équipe d'aventurier. Un timbré, un froussard et un fantôme, youpi.

Encore dix bonnes minutes à errer avant d'entendre quelque chose. Des bruits de pas, des bruissements, c'est difficile à dire. C'est sûrement un pokémon. C'est humain. Et ta mère, Serah ? Je te dis que c'est un pokémon, et qu'il se demande quel goût on a, Newt et moi. Sincèrement, j'ai pas envie de rester là pour découvrir quelle gueule il peut bien avoir. Je te dis que c'est humain, Echo. Alors écoute moi. Peut-être bien que cette personne pourrait t'aider. Mouais. Permets moi d'être sceptique. Si tu nous condamnes, tu t'en prendras qu'à toi-même. Je me mets donc à suivre le bruit, d'assez loin, car j'aurais de toute façon du mal à le rattraper. Jusqu'à entendre un autre bruit. Plus sourd. Comme si quelque chose tombait. Et tout à coup, je me dis que tu devais avoir raison. Quelqu'un courrait et est tombé, simplement. Mais j'aurais dû mal à savoir si cette personne peut m'aider. Bah. Pense au pokémon de la Ranger ? Awh. Oui. Le Tortipouss. Oui, je devrais pouvoir le trouver. Comment elle a dit qu'il s'appelait, déjà ? Charles, je crois. Okay, bon. « Charles !? » Je lance, un peu à l'aveuglette. T'es con ou quoi ? Je t'ai dis que c'était humain. Trouve la personne et demande lui. Crétin du mont Sélénite. Oh, pardon. Oui. Humain. C'est vrai. Bon. J'approche encore de l'origine du bruit, suivant du faisceau de ma lampe torche de légères traces de pas dans la fine pellicule de boue avant de me racler la gorge en voyant des jambes dépasser d'un tronc. « Y a quelqu'un ? » Visiblement, c'est pas Charles. Tu mérites un prix Nobel pour cette remarque. Arrête d'être cynique, cette personne a sûrement besoin d'aide. Alors, j'approche doucement, prenant soin de ne pas me prendre la racine aussi avant de jeter un regard à l'inconnue. Mets lui pas la lumière dans les yeux comme ça, la pauvre ! Ah. Oui, pardon. Je décale la lumière. Je suis un chevalier servant, pas un abruti. Et puis je la dévisage, elle, son genoux, son Malosse, oh putain. Oh non... T'as vu, on va avoir des emmerdes avec ce truc. Non, c'est pas ça. C'est pas ça le problème. Bah. C'est quoi alors ? Il pourrait genre me bouffer le bras, c'est un problème tu sais. Non non, c'est elle le problème. Elle ? Vu que je ne comprends pas tout de suite - voire pas du tout - où tu veux en venir je fronce légèrement les sourcils en m'accroupissant doucement, restant à bonne distance de la créature pleine de crocs, remarquez, j'ai mon Newt de compétition s'il me cherche des embrouilles. « Hey ... Tu t'es fais mal ? » L'instant d'après je me trouves idiot, bah oui, elle a le genoux rougit par le sang, et je l'ai vu. Mais bon. Y a des gens éloquents, doués pour faire bonne impression. Et puis. Y a moi.

▹ ft. Ash Garroway

C'est dingue, elle n'a pas encore dit mon nom que je sais déjà ce qu'elle va dire. Ce qu'elle va murmurer et sur quel ton. Il suffisait de la regarder d'un peu plus près pour comprendre qu'elle me connaissait. Et tout à coup, je comprends en quoi elle est un problème. Elle me connait mais je ne la reconnais pas. Comme des centaines, des milliers de choses de ma vie, j'en conviens, mais elle fait écho à un Echo qui n'existe plus. Un Echo qui s'est laissé brisé par les vagues et qui erre sans but, changé. Sans but, enfin presque, maintenant j'en ai un. Maintenant tout à changé. Ouais alors, si tu pouvais aller le retrouver, ton but, maintenant, ce serait cool. Et voilà qu'elle s'agace de la proximité de l'étrange jeune femme dont les yeux clairs me sont étrangement familier. Faut croire qu'on efface pas tout d'un revers de main. Et je comprends davantage ce qui se trame lorsqu'elle prononce sa dernière phrase. « Qu'est-ce que tu fais au milieu d'une forêt sombre en pleine nuit, t'as perdu ta Serah ? » Ah. Alors. Oui. Effectivement, c'est un problème si elle connait aussi Serah. C'est un problème si ce n'est pas juste une quasi-inconnue que j'aurais croisé à Miranoir, comme ça, qui m'avait hébergé, une nuit, sans rien de plus, rien de moins. C'est un problème si elle aussi impliqué que le ton qu'elle emploie. Je veux pas te vexer Serah, mais on dirait qu'elle, elle peut pas te blairer. Et Arceus sait à quel point je la comprends. Ta gueule, Echo. Elle pose une question sur Newt, aussi, qui semble intéressé qu'on s'intéresse à lui autant que la promesse que je lui ai faite de lui offrir une boite de poffins une fois le Tortipouss retrouvé puisqu'il vint tirer son mon pantalon, il va le trouer, je le vois tellement venir à des kilomètres lui... Bon alors. Comment je vais m'en tirer, moi ? Parce que je connais même pas son prénom. Et que je suis sensé, pourtant, je vois bien comme elle me fixe, comme si j'étais un extraterrestre, un peu. Peut-être un fantôme, qui sait. Allez, Serah, crache le morceau, comment elle s'appelle ? Va te faire. Oh, c'est comme ça ? Très bien.

« Ehm. Je. Hn. » Première approche déjà pas réussie mais ça ne s'arrange pas avec les secondes qui s'égrainent et qui rendent la situation un peu plus gênante si c'est possible, je passe une main dans mes cheveux, en profitant pour me frotter légèrement la tempe, comme si j'allais avoir une illumination divine. Genre. « En fait, Serah est décédée. » Bim, comme ça. C'est même carrément violent comme phrase, presque autant de la façon dont je le balance, comme si je lui annonçais qu'il allait pleuvoir demain. Tu pourrais au moins faire semblant d'être triste, Echo. Et puis quoi encore ? J'aurais tout aussi bien pu dire que t'étais une lâche et que tu t'étais suicidée, alors permets moi de te faire remarquer à quel point je suis délicat. Ouais, c'est ça. Et je me racle la gorge en jetant un regard à Newt, le chassant du tissus sur lequel il bave joyeusement. Waow. Trop de charisme dans notre duo, sérieusement. Faut croire que d'après les beaux yeux de l'inconnue, j'ai quand même pas perdu au change entre Newt et toi. Alors ça, c'était bas. Aucun regret, je te jure. Et comment je lui annonce que je me souviens pas d'elle ? Comment je lui annonce que j'ai eu quelques soucis dans ma vie, tout ça, et qu'elle faisait certainement partie des cases à vider ? C'est compliqué, même carrément cruel de lui balancer ça comme ça. En plus elle a l'air adorable. J'ouvre mon sac, jetant un regard au Malosse, oui, je me fais un peu dessus quand ce truc me regarde comme si j'étais un steak de Tauros, j'admets, et je sors un petit flacon et du coton. J'ai tellement l'habitude de me blesser de façon stupide que j'ai tout le kit maintenant. J'approche, juste un peu, pour humidifier le coton et le presser contre son genoux, doucement avant de relever les yeux vers elle. « Oui, le Kaiminus est à moi, c'est Newt. » L'intéressé relève les yeux avant d'approcher de l'inconnue, pressant son museau contre son genou en bon état, réclamant sans doute une caresse. Ah, c'est beau la vie de pokémon. Au fond, je me demande si Newt est si idiot qu'il en a l'air, ou si il en joue simplement pour s'attirer les faveurs de tout le monde. Il faudrait sérieusement que je me pose sur la question. T'es vraiment parano. On peut partir ? Va retrouver Ash, je suis sûre qu'elle s'inquiète. T'as pas dis quand tu revenais. Tu voudrais pas qu'elle se mette à te chercher, non ? Serah... Qu'est-ce que t'as fait à cette nana pour vouloir autant que je rentre m'occuper de ton Némésis ? T'es vraiment bizarre ce soir. Non mais. Tu peux pas t'approcher de Karel, elle ... « Karel ? » Je murmure, malgré moi, à voix haute en relevant les yeux pour le toiser, comme pour lui souligner que je ne suis pas si à côté de la plaque que j'en ai l'air. J'ai pas vraiment envie de lui mentir, mais je préfère le mensonge par omission que la vérité, sur l'instant... Hé merde.

▹ ft. Ash Garroway

« Tu m'as fais peur, fin. Je pensais que tu te souvenais pas de moi. Tout va bien, Echo ? » Alors non. Comment dire. Il va peut-être falloir que je finisse par lui cracher le morceau, que je finisse par lui dire la vérité, lui dire qu'en vérité, je ne me souviens pas. Mais on peut pas dire ça à quelqu'un, surtout à supposer qu'on ait été proches. Je peux pas juste lui dire que j'ai tiré un trait sur elle et puis basta. C'est pas vrai. C'est pas comme ça que ça s'est passé. C'est pas comme ça. Enfin. J'en sais rien. Peut-être que si. Peut-être au fond. J'ai aucune preuve de pas avoir été un connard fini avec elle, j'ai aucune preuve d'avoir été quoi que ce soit, en vérité. Et là, ça me fait mal. Parce que j'aimerais savoir, j'aimerai vraiment savoir de quoi il en retourne. Peut-être pas tout savoir, peut-être pas remettre toutes les places à leur emplacement, mais juste en avoir une. Juste pouvoir se rattacher à une image, une saveur. Une seule. Une brève et unique saveur. Rien d'autre. Juste un éclat, un fragment. Même si ça ne dure qu'une seconde. Laisse moi toucher au passer, laisse moi le frôler et savoir de quoi il en retourne. Laisse moi savoir sur quel pied danser, avec elle. Avec Karel. S'il te plait, Serah. Hé bien. Hé bien je t'avais prévenu, Echo. Mais tu n'en fais qu'à ta tête et tu veux toujours tout avoir. Rappelles toi pourquoi tu as voulu oublier. Rappelle toi de ça avant de vouloir te souvenir. Mais bon, si tu y tiens.

Elle est... Si jeune. Si jolie aussi, elle n'a pas beaucoup changé, elle a simplement mûri. Le bleu de ses yeux m'hypnotise, je ne sais même pas comment on est arrivés là, tous les deux. Est-ce qu'on se cache ? Sans doute, qui irait se caser dans... Une cabane de jardin, je suppose ? On a l'air idiots. Adolescents. Voilà qu'on rit, comme deux abrutis. On a certainement cherché à échapper à quelqu'un, je ne saurais le dire mais. Oh. Voilà que j'approche et qu'elle me fixe, elle arrête de sourire. Je connais ce regard. Bien sûr que je connais ce regard, je le connais par cœur. Et d'un coup, on a l'air si sérieux. Comme si on avait attendu ce moment depuis toujours. Je ne saurais pas l'expliquer mais. Mais... J'approche et mes doigts viennent saisir ses joues et... Et tu l'embrasses.

C'est quoi ça. C'est quoi cette histoire ? Tu as voulu un souvenir, tu l'as maintenant. Et voilà que mon cœur panique, tout à coup je ne sais plus où me mettre. Ah mais. Mais. Je la dévisage, un long moment, j'aimerais tant remettre les pièces dans le bon ordre, dans les bons emplacements, mais j'en ai trop peu pour me risquer à des conjectures hasardeuses alors je cligne des yeux avant de reculer quelque peu, juste pour instaurer un peu de distance entre nous, juste pour la laisser respirer. Elle doit déjà me trouver suffisamment bizarre, suffisamment changé, pas besoin d'aggraver la situation. Ma situation. « Tu es perdue... Je suppose que je peux t'aider à sortir d'ici. » T'es con ou quoi ? T'es tout aussi perdu qu'elle, je te signale. Et tu ferais mieux de pas traîner avec elle. L'espace d'un instant, je me dis que tu as peut-être raison. Que j'ignore ce qu'il adviendra de moi si les souvenirs refluent encore. S'ils reviennent, me submergent ? Mais non. Non, il n'y a qu'Ash et je ne saurais défaire mes pensées d'elle. Au moins tu pourras pas dire que je t'avais pas prévenu. T'es juste une putain d'éponge, Echo. Au premier sourire qu'on te fait, t'es tout niais. Ah bah, regarde ça, elle vient de te sourire, la bougresse. Je dois avoir un soucis avec les brunes, en fait. Maintenant que j'y réfléchis, c'est certainement la raison pour laquelle ça a pas marché, toi et moi, Serah. Ça et ma mort, ouais. Hm... Je me relève alors, lentement avant de l'aider à se relever à son tour, un air inquiet au visage, il faut bien l'avouer, peut-être qu'elle n'a qu'une éraflure, mais ça ne l'empêche pas d'avoir mal. « Tu peux marcher ? Je t'avoue un truc, Karel, c'est que je crois que je suis tout aussi largué que toi. Dans cette forêt, j'veux dire. » Ouais, c'est clair que dans ta vie, tout va bien, tu recroises ton premier amour sans la reconnaître, c'est la joie et la bonne humeur. Premier amour ? Ah non. Me dis pas ça. Trop tard, je l'ai dis. Maintenant on s'en va ? Tais toi. Je vais pas la laisser ici, t'es malade. Je vais pas la laisser ici alors qu'il fait un froid de... Ah. Oui. Tiens, justement. « Tu grelottes, attends... » Je défais ma veste avant de la glisser sur ses épaules, attentif, elle a l'air à bout de nerfs, ça se lit sur son visage. « Ça va si mal que ça ? » J'espère qu'elle culpabilisera de te raconter sa vie Echo. Tu viens de lui balancer que ta copine est morte, putain. Ex-copine. Ex. Et on t'a rien demandé. T'es pas obligée de toujours tout ramener à toi, sérieusement. Égoïste.

▹ ft. Ash Garroway

Elle a l'air si perdue, Karel. Elle est jolie, c'est vrai, peut-être qu'elle est comme moi. Peut-être que le malheur lui sied mieux que le bonheur. C'est ainsi que je la vois, pendant quelques instants, un semblant de douleur sur son visage, un semblant de grimace sur les lèvres et de peur dans les yeux. Elle est belle dans sa fragilité. Un malheur et une fragilité dont tu t'es fait le créateur. Pardon ? Tu lui as brisé le cœur. C'était toi. Tu es parti. Q.. Quoi ? Alors c'est ça. C'est cette légère rancune qu'elle m'envoie, cette force qui la pousse à ne pas me regarder trop longtemps dans les yeux ? C'est sans doute ça. C'est vrai. Et pendant quelques instants, je me contente de marcher à ses côtés avant de sourire, un sourire faible, un sourire inquiet aussi. « Attends. » Je lui tends mon bras, pour qu'elle y accroche le sien, tout simplement, la gratifiant d'un sourire rassurant, braquant le faisceau de la lampe sur le semblant de sentier sous nos pas. « Tiens mon bras, histoire que si tu te prends une nouvelle racine, on épargne ton deuxième genou. » J'accompagne ma remarque d'un nouveau sourire, c'est stupide, peut-être. Ai-je toujours été aussi tactile ? Mais, c'est plus fort que moi, avec elle je suis plus à l'aise que jamais. Avec elle je suis dans mon élément. C'est comme retrouver une vieille amie, une présence tellement plus réconfortante que toutes les voix dans ma tête. Y en a pas cinquante, des voix dans ta tête. Merci de souligner ça. Et puis. Soudainement, ma lampe décide de faire des siennes, elle vacille, se fait violenter contre ma cuisse, à nouveau, m'échappant un grommellement agacé, puis elle s'éteint. Définitivement, je suppose. Newt pousse un glapissement de peur en bousculant mes jambes, avant de marcher juste derrière nous. « Foutue humidité de Steukin. Elle a tué mes piles, je crois. »

Et je me souviens à cet instant des mots qu'elle a prononcé, quelques secondes, quelques minutes plus tard. « Tu as croisé quoi ? Un pokémon ? » Bien sûr, ça me fait froid dans le dos, mais je préfère faire le héros, ou du moins le prétendre, parce que ça a l'air facile comme ça, mais en vrai ça ne l'est pas tant que ça. Et je me dis que ça doit crever les yeux, qu'elle doit se rendre compte de la supercherie, mais je fais l'effort de jouer mon rôle aussi bien que possible avant de me figer en reprenant, plus bas. « Quelque chose comme ça ? ... » Quelque chose nous scrute, à quelques mètres tout au plus, des énormes yeux rouges, pleins de facettes, pleins de haine et d'envie de meurtre, je suppose. Je m'efforce de ne pas céder à la peur qui vient me tirailler le fond de mes tripes à l'heure actuelle, je me racle la gorge, Newt échappe un nouveau glapissement. Et puis les yeux bougent. Très haut. Et très bas. C'est complètement terrifiant. Avant de finalement... « Mimimi... Mimi... Mimitoss. » Et là je serre les dents, je jette un regard à Karel, serre son bras contre le miens avant de taper un grand coup la lampe contre ma jambe, dont la lumière accepte de participer, la lumière se fige sur la créature. Un Mimitoss. Un simple Mimitoss et c'est tout. Rien de surnaturel. Même pas un pokémon spectre. Un simple insecte, surpris par notre présence, qui décide de tout simplement sautiller pour rentrer chez lui et j'échappe un soupir, un long soupir de soulagement. « Dis moi que je suis pas le seul à avoir eu la peur de ma vie. S'il te plait. » Je lâche un léger rire nerveux en baissant les yeux vers Newt qui tape du pied contre la terre humide et secoue doucement la tête. « J'aimerais avoir un pokémon aussi courageux que le tiens, tu sais. » Je murmure, en faisant référence à son Malosse qui semble si solide, si tenace. Suffit de le regarder un moment pour savoir qu'il tient à elle. Qu'il la protégera quoi qu'il arrive. Peut-être que j'ai la même dégaine quand je suis avec Ash, en fait... ? J'en sais rien. Je sors les crocs parfois, faut bien l'avouer. Ouais, et t'as l'air d'un parfait crétin. Une chance que ça la fasse rire et qu'elle soit tolérante, pas comme Karel. Genre. Elle a pas l'air intolérante Karel. Elle a l'air totalement adorable en fait. C'est sans doute plus dangereux encore, pour moi. Parce que c'est à ce genre de personne que je m'attache le plus. Les personnes vulnérables. Ouais. T'es un putain de parasite, Echo. Tu fais genre tu les pompes de leurs problèmes alors qu'en fait tu fais qu'en rajouter. C'est ce que j'ai fais avec toi, Serah ? A moins que ce soit le contraire. Parce que, je sais pas comment j'étais, avant, mais j'ai du mal à me dire que je lui ai volontairement brisé le coeur. Je devais avoir conscience de mes sentiments pour elle... ... Quoi ? Je. Euhm. De ses sentiments pour moi, je veux dire. Oui, c'est juste ce que je voulais dire. Rien d'autre. « Tu sais quoi ? Continue de serrer mon bras, parce que c'est moi qui ait peur, là. » Waow, paye ton héros, ton sauveur. Je me racle la gorge avant de rejoindre le sentier, il faisait si froid, si humide, ça me mettait un peu mal à l'aise, merci à Arceus de m'avoir laissé la trouver... « On devrait peut-être faire un feu, dans une clairière, histoire de tenir la nuit ? J'ai de quoi manger... »

▹ ft. Ash Garroway

Au final, je l'aime bien. Elle est sarcastique, elle se fout de toi et elle a bien raison. T'as vu dans quel état tu te mets pour un Mimitoss, sérieusement ? Et si une armée de Dardagnan vous tombait dessus, tu ferais quoi ? Tu la planterais là ? T'es vraiment pathé-... Tais toi. Elle détend l'atmosphère, c'est tout. Elle doit bien me connaître, j'ai peut-être l'âme d'un héros, mais pas les atouts pour. Faut se faire une raison, je me suis fait à l'idée. Je pourrais certainement l'être, dans une autre vie. Je pourrais certainement être le serviteur d'une demoiselle en détresse. Ouais, genre Ash et toi, dans la grotte. Et on sait qui des deux était la demoiselle en détresse, hm. Rah mais ça suffit. Tais toi. Fais pas la maligne, je te signale que t'aide pas avec tes remarques. Et voilà qu'elle se remet à parler, qu'elle m'observe bizarrement, comme si j'avais dis le truc le plus étrange du monde. « Tu … Tu veux passer la nuit avec moi ? » Q-quoi ? J'ai pas dis ça, moi. « Enfin. Je veux dire. Passer la nuit dans cette forêt … avec moi … enfin. La foret quoi. » Ah ah ah ... Oui, c'est plus clair maintenant, heureusement qu'il fait nuit, inutile qu'elle me voit rougir comme un abruti. Et puis. J'y ai même pas vraiment pensé, je vous jure. Menteur, elle l'a dit, tu y as pensé. C'est pas un crime, tu sais. Mais la touche pas, sérieusement. Mais. Ça m'a juste traversé l'esprit quand elle l'a dit, c'est vraiment pas ce que je voulais dire moi. Je disais juste passer du temps ensemble à attendre que le soleil se lève. Sans dormir. Sans même se touche en somme. Sérieusement, tu me déprimes. Ouaaais. Bon. Bref. « Enfin si t'as de quoi manger ça me va ... » Ah. Oui, heureusement, elle change de sujet, elle a dû capter à mon raclage de gorge gêné qu'elle m'avait mis légèrement mal à l'aise, mais je me contente d'un vague hochement de tête et d'un rire qui se veut détendu mais qui, soyons honnête, ne l'est absolument pas. En fait, il ressemble plus à un appel à l'aide. Mais bon, elle n'a pas l'air d'avoir remarqué. Et puis. Le silence s'impose à nouveau, et on marche, je me laisse guider, quand bien même elle ne semble avoir aucune idée d'où elle va non plus, mais son Malosse ouvre la marche et il faut bien dire que quand il n'a pas l'air de vouloir me bouffer, il est plutôt rassurant. Je devrais peut-être réfléchir à attraper un pokémon dans ce genre, genre qui pourrait me sortir des mauvais draps dans lesquels je me mets constamment. Tu devrais investir dans un Racaillou, au moins il se pétera pas le crâne en se tapant la tête contre les murs lorsqu'il désespéra de ta maladresse. Waow, tu l'as récupérée où ta répartie, sérieusement ? Tsss.

« Je suppose qu'ici … c'est bien, non ? » Je n'avais pas remarqué, mais elle s'est détachée de moi, et elle observe les étoiles à présent. C'est idiot, sans doute, mais je la trouve magnifique comme ça, vaguement éclairée par la lueur blafarde de la lune. Elle est tellement loin du vague souvenir que j'ai d'elle. Elle est tellement différente. Elle a changé, cela va s'en dire. Mais j'ignore exactement ce qui est différent, chez elle. Quel ami pitoyable je fais, sérieusement. C'est sans doute pour ça que t'en as pas, des amis. Ouais. Sans doute. Si je suis pas foutus de me souvenirs d'eux, c'est sûr que c'est compliqué. Au fond, depuis que je suis arrivé, j'aurais sans doute pu m'en faire des tas, après tout, il me semble avoir squatté un nombre incalculable de fois chez des habitants, ils étaient assez sympas pour accueillir un gars largué comme moi, on a sans doute discuté, peut-être me considèrent-ils comme un ami ? Et moi je n'ai aucun souvenir d'aucun d'entre eux. Wow. Ça met un coup au moral de songer à ça. De songer à quel point je suis seul, en vérité, sur cette foutue île, si on omet Ash, évidemment. Et moi. Non, toi tu comptes pas. T'es dans ma tête. Ouais, mais avoue que tu deviendrais dingue si j'étais pas là. Je suis surtout dingue et t'en es la preuve. Mais bon. C'est sans doute cette solitude qui me hurle de me raccrocher à Karel à tout prix. Juste... De la garder, cette fois. De l'inscrire dans ma mémoire. D'en faire une amie. De raccrocher les morceaux, de me faire pardonner. Même si je dois vraiment faire le héros pour ça, je pense qu'elle en vaut mille fois la peine. Mouais. Elle vaut rien, laisse tomber. « C'est parfait ici. » Tout comme elle est parfaite ici, elle aussi. Tout comme le monde entier semble s'être démené pour nous amener ici, tous les deux, à cet instant précis. J'approche un peu, sans pour autant rompre sa contemplation, mais de mon côté ce ne sont pas les étoiles que je regarde. Non. Elle incarne tout un passé que je ne connais pas. Tout un monde que je pensais avoir disparu à jamais. Tout un monde qui reparaît, comme une bouteille à la mer qui nous revient. Et je songe à milles choses différentes. Si ça se trouve, elle connait ma famille. Si ça se trouve elle connait des anciens amis à moi ? A nous ? Ça me serre le cœur de penser à ça et d'un côté j'ignore si c'est une bonne idée. Peut-être que je ferais mieux de faire une croix sur tout ça, faire une croix sur ce passé, vivre une nouvelle vie, renaître. C'est ce que tellement de gens désirent, en réalité. Repartir à zéro. Mais ça veut dire faire une croix sur Karel, et j'aurais du mal à le faire de moi-même. Oh, je peux t'aider, si tu veux. NE. FAIS. RIEN. Et puis. De loin, j'entends quelques bruits de pokémons, pas vraiment effrayant, juste le chant lointain des Hoothoot et de certains pokémons insecte, comme une mélodie nocturne, offerte pour nos oreilles. « Je suis... Désolé, de ce que je t'ai fais. » Tu sais même pas ce que t'as fait. Et pourtant je l'ai murmuré, relevant les yeux pour fixer le ciel avec un air pensif, j'ignore si elle m'en veut, c'est vrai, j'en sais rien, mais tout de même, j'aimerais arranger ça. Finalement, Newt me sort de mes pensées en essayant de mâchonner un morceau de mousse épaisse et j'échappe un sourire en l'observant. « Laisse tomber... » Je recule, prends quelques morceaux de bois avant de finalement débuter un feu, sans vraiment de mal, j'ai plutôt l'habitude de faire ça, en réalité.

▹ ft. Ash Garroway

« Echo … t'as pas à t'excuser. » Elle a raison, tu devrais pas t'excuser, c'est elle le problème, pas toi, Echo. C'est pas souvent que je te dis ça, mais faut te faire une raison, tu pourras pas tout rattraper avec elle. C'est déjà trop tard. Attends. Attends une seconde, regarde la approcher, regarde la prendre mon visage entre ses mains et me dévisager comme si elle essayait de retracer l'origine du problème, l'origine de la blessure. Et je lui rend son regard, un peu plus interrogateur, cela va de soi. C'est pas que je suis pas tactile ou que je suis relativement frileux de la proximité humaine, ou même qu'elle me met mal à l'aise mais. Je me sens tout bizarre. Un sentiment que je n'arrive pas vraiment à caractériser. Un sentiment que je ne suis pas certain de connaître. Peut-être simplement des regrets. Et puis, finalement, la sentence tombe. « Je t'en ai jamais voulu ... C'est elle … Serah. ... Tout était de sa faute. C'est elle. ... Je la déteste. » Bah tiens. Ça m'aurait surpris. Elle me déteste. Ça me fait une belle jambe, sérieux. En attendant, elle a pas cherché à prendre des nouvelles, ou même à essayer de te retrouver. Moi j'étais là. Non, toi t'es morte. Alors, sérieusement, la ramène pas. Et puis, si elle te déteste, elle déteste aussi cette partie de moi qui cherche désespérément à ce que tu vives encore un peu à l'intérieur de ma tête. Et dans l'instant, je ne peux que la détester aussi. Et merde. C'est vraiment pas sain de se haïr comme ça. Mais d'un autre côté, t'as vraiment dû lui faire une sacrée crasse pour la mettre dans cet état. J'ai participé, à lui briser le cœur. Oh. Je vois, à peu près, où tu veux en venir. Et dieu que j'ai dû être con dans cette affaire. Comment j'ai pu la laisser passer ? Comment j'ai pu te laisser, toi, tout détruire ? T'en avais sans doute envie. Et merde, je peux même pas chercher à ramasser les morceaux maintenant, ils se mêlent à tout ce que j'ai déjà perdu, à tout ce que je ne retrouverais jamais. Et je n'ai aucune envie d'impliquer Karel dans ce merdier sans nom. Pourtant, tu viens de la laisser faire un pas vers toi, là. Ouais. T'as sans doute raison. Je devrais la faire fuir avant qu'elle ne comprenne vraiment de quoi il en retourne mais. Tu sais, c'est dur en vérité de faire fuir les gens, quand t'es comme moi, que t'es seul et flippé d'être encore plus seul. Alors tu te raccroche au peu qu'il te reste, tu te raccroches à un espèce d'espoir stupide que tout te reviendra. Et qu'un jour tu seras plus seul. Raccroche-toi plutôt à Ash. Sérieusement, Echo, vous avez déjà une relation bizarre et là tu fous l'bordel. Hm. C'est vrai.

Son contact déclenche chez moi quelque chose que je voudrais à tout prix arrêter. Elle me brûle. Ça me démange, ça me blesse, ça me fait réellement mal. Parce que je me sens tellement impuissant, parce que j'essayerai bien de la rassurer, de lui dire que je vais bien, que je comprends, que je suis heureux qu'elle ne m'en veuilles pas, mais ce serait tellement hypocrite. En vérité, je voudrais qu'elle m'en veuille. Je voudrais qu'elle s'en aille et qu'elle me raye de sa vie. Tout autant que je voudrais qu'elle reste. Qu'elle s'accroche à moi et qu'elle ne me laisse jamais tomber. Mais bon. C'est pas la bonne personne, et encore moins le bon moment. Tais toi. T'en sais rien. T'es qu'une voix dans ma tête, comment tu pourrais savoir qui est bien de qui ne l'est pas ? T'essayes juste de faire en sorte que je me barre ? Hé bah, sois heureuse d'apprendre que ça n'arrivera pas. Alors, je pose mes mains sur les siennes, pour doucement les retirer, mêlant mes doigts aux siens, tout en m'efforçant de garder un peu de distance, juste un peu, pour qu'elle échappe aux radiations de mon cœur. « Je la déteste aussi. », je murmure, tout bas, sans vraiment de honte ou de doute. C'est la vérité. Ravie de l'apprendre. Puis j'esquisse un faible sourire en me penchant pour déposer un bref baiser contre le front de Karel, avant de relâcher ses mains, finalement. « Je suppose que si je dis qu'elle a eut ce qu'elle méritait, j'aurais l'air d'un psychopathe. » Là, t'y vas fort. On dirait vraiment que c'est toi qui m'a poussé. Quand on y réfléchit, j'aurais peut-être eut toutes les raisons pour le faire. Mais je m'abstiens d'en rajouter, reposant mes yeux sur le feu qui commence à crépiter et qui diffuse une douce chaleur, alors je hausse légèrement les épaules. « Tu sais, dans les éloges funèbres, même le pire des connards devient un saint, alors bon... » T'en sais rien, tu te souviens même pas de mon enterrement. Ouais, mais je suppose que personne n'a dit que t'étais une vraie salope, Serah. Essaye pas de me vendre du rêve.

▹ ft. Ash Garroway

« Y'avait rien de bien à dire de Serah. Ou alors fallait creuser profond … ou mentir. Au choix. » Tain, si j'étais pas dans ta tête, j'te jure que je lui en collerais une à cette pouffiasse. Tais toi. T'es dans ma tête, et c'est moi que tu déranges. Alors n'en rajoute pas Serah, sérieux. Elle rit, et malgré moi je ris aussi, plus bas, plus discrètement. Je ne pense pas qu'elle ait vraiment raison, t'avais forcément du bon, sinon on aurait pas fini ensemble, je peux pas être si con. Ou alors tu le simulais, j'en sais rien. Mais bon, là n'est pas la question. Karel, elle, elle continue à parler et à nouveau, elle m'arrache un sourire. « Enfin peu importe. Elle est plus là, maintenant. T'es libre. ... Tu peux refaire ta vie. Recommencer. Trouver quelqu'un de bien. Tu le mérites, Echo … vraiment. » Elle n'a pas idée. J'ai déjà recommencé, après tout, non ? J'espère que je me lance pas dans le même genre d'histoire... Non. Non, Ash elle est clean. Elle est un peu secouée, elle a du piquant, mais elle n'est pas mauvaise, non. C'est tout le contraire. Si elle l'avait été, on en serait pas là, justement. Et c'est tant mieux. Après une courte réflexion, c'est évident : je ne regrette rien, avec elle. Je ne regrette pas d'avoir souffert le martyr, des jours durant pour la retrouver. Ça en valait mille fois la peine. Et s'il faut le refaire, je le referais. « Ouais... » Je soupire, en lui jetant un bref regard avant de reposer mes yeux sur le feu, et sur Newt, à gauche, qui mordille une branche. Qui m'a donné un pokémon aussi stupide, sérieux ? Je suppose que qui se ressemble, s'assemble. Mais bon. C'est vexant. Je me racle la gorge légèrement avant d'extirper un paquet de marshmallow en forme de Sucroquins avant de l'ouvrir, d'un piquer un sur un baton et de finir par le lui tendre. « Regarde, on va pouvoir se faire un vrai festin ! » Je change de sujet, j'ignore pourquoi mais je ne me sens pas de lui parler de Ash, maintenant. Je sais que je peux avoir toute confiance en Karel, c'est comme une évidence, mais Ash est genre... Un secret. Que je veux garder. Un secret précieux, en somme.

Tu sais, Echo, tu peux pas rester toute la nuit avec elle. J'veux dire. Con comme t'es, tu finiras par faire une connerie et elle se rendra compte qu'il y a quelque chose qui cloche. Ouais. Alors. Y a une autre solution, pour ça. Fais pas ça. Sérieux, Echo. Tu peux pas lui faire confiance. C'est clair qu'à toi, je peux tellement plus te faire confiance, y a pas photo. Laisse moi vivre, tu veux ? Je repose les yeux sur Karel, la dévisageant un long moment avant de soupirer finalement en passant une main nerveuse dans mes cheveux clairs. « Karel... Y a un truc dont j'aimerais bien parler à quelqu'un et la vérité c'est que j'ai pas des masses de gens à qui je peux faire vraiment confiance alors... » Je lui lance un nouveau regard, un peu plus insistant. Tu sais que, avec ton air de petit chien battu, là, elle va finir par croire que tu veux faire ton coming out ? Ta gueule, Serah. Franchement, avec des ex comme toi, on a vraiment envie de devenir gay, ouais. Heureusement que Ash m'a repêché au bon moment, hein ? Je me racle la gorge finalement en reposant le regard sur le feu, embrochant un marshmallow sur un pic de bois, veillant à ce que Newt ne vienne pas me le piquer pendant qu'il cuit - et après il gueule parce qu'il s'est brûlé, qu'il est con celui là, sérieux - avant de reprendre, plus bas. « La vérité, c'est qu'en fait j'ai plus personne. Quand Serah est morte j'ai... » T'as été infiniment perturbé et traumatisé. Oui, on sait. Crache le morceau, maintenant que t'en es là. Mais c'est pas si facile, de cracher le morceau, comme tu dis, seulement voilà, j'ai l'impression d'étouffer dans mon propre corps à cet instant, il faut lui dire la vérité, à cette jeune femme qui m'est presque inconnue à cause de ces foutus troubles de la mémoire et j'y suis incapable. Alors je ferme les yeux, je tremble, je renonce, ça sert à rien. Elle ne pourra pas comprendre. Et elle n'a pas besoin d'être mêlée à ça. Vraiment. Je suis bien trop égoïste en vérité. Personne ne mérite un tel traitement, personne ne mérite d'avoir à supporter cette vérité, personne ne mérite d'avoir un ami comme moi, en boulet. Surtout pas elle.