Le lendemain de ma rencontre avec Louna, j'avais préparé mon sac afin de prendre le bateau en direction de Carmin-Sur-Mer. Tous mes pokémons dans leurs pokéballs, sauf Fayago et Keryon évidemment, je partais sur le port de Paoles. Héricendre sur l'épaule et Feunnec dans les bras, j'aurais voulu revoir Autumn avant de repartir pour Kanto. Mais je ne voulais pas qu'elle me voit dans un état de détresse émotionnelle importante. En plus j'étais malade, ce qui n'arrangeait rien. En entrant dans le bateau, Fayago soupira. La dernière fois, il avait été malade tout le trajet. Mais cette fois, j'avais prévu un anti-nausées pour lui. Une fois dans la cabine, je plongeais sous les draps pour dormir. J'étais épuisée et courbaturée de partout. Keryon s'endormit avec sa brindille dans la bouche et Fayago était un peu shouté à cause du médicament que je lui avais donné. Il s'était plaqué contre mon ventre me servant de bouillotte.

- Bonne nuit tous les deux...

Déclarais-je le nez bouché et la voix cassée.

- Demain midi on sera à Carmin-sur-Mer... Ca va me faire du bien de changer d'air...

Marmonnais-je en m'endormant.

J'eus beaucoup de mal à dormir. Ne pas pouvoir respirer par le nez me gênait et en plus ma fièvre ne baissait pas. Une fois arrivée à Carmin sur Mer, j'étais encore plus fatiguée que je l'avais été à Paoles. Je payais un taxi qui m'emmena jusqu'à Safrania, s'arrêtant devant la maison de ma grand-mère. Lorsque j'entrais et rejoignis le jardin, elle se redressa.

- Lyra ? Mon Dieu ! Dans quel état est-tu !
- Grand-mère... Je suis fatiguée...

Sanglotais-je. Je n'étais pas du tout le genre de personne à pleurer facilement. Mais là, j'avais vraiment besoin de faire le point sur ma vie. Je lui tombais dans les bras en pleurant. Sa main me caressait les cheveux.

- Mais que se passe t-il ? Viens, entre. Je vais te faire une bonne tisane et tu vas m'expliquer.

Elle passa un bras dans mon dos pour rentrer.

Sentant ma détresse, mon sac vibrait des pokéballs qui s'agitaient pour sortir. Je dut murmurer à mon équipe que tout allait bien. Ma grand-mère m'aida à m'asseoir sur une chaise. Elle semblait vraiment inquiète, comme si elle savait que j'allais craquer un jour où l'autre. Elle fit bouillir de l'eau et sortit deux tasses en porcelaine avec deux cuillères, un sucrier et des biscuits.

- Je me doutais bien que tu allais craqué dès le jour où Louna à rejoint Miranoir... Bon, et si tu m'expliquait ?
- Louna est justement venue me voir après mon installation à Paoles. Elle m'a critiqué moi et mes pokémons ouvertement, à reparlé de Gruikui... J'allais déjà mal avant qu'elle ne passe...

Fayago essuya une larme qui coulait le long de ma joue, menaçant de tomber sur la tête de Keryon.

- Je te connais que trop bien ma Lyra. Tu as toujours beaucoup encaissé sans jamais pleurer. Il fallait bien que ça sorte depuis 25 ans...

Elle me versa de l'eau bouillante avec une infusion.

Fayago était tranquillement monté sur la table en regardant les biscuits avec gourmandise. Ma grand-mère l'autorisa à en prendre un face à ces yeux brillants. Elle reporta son attention sur moi.

- Grand-mère, j'ai l'impression d'être une mauvaise dresseuse... Tout me le fait penser. Louna me l'a dit, j'ai un Emolga qui l'a sous entendu et qui me pose tout un tas de problèmes... Est ce que je suis faite pour élever des pokémons ? Qu'est ce qui ne va pas chez moi ?

Keryon releva la tête en sentant une larme lui couler sur le museau. Il se redressa pour poser ses deux petites pattes contre mon sternum et frotter ses oreilles duveteuses contre mon menton.

- Ne te laisse jamais rabaisser ainsi ! Je te l'interdis ! Tu es différente de tes parents et de ta soeur. Tu n'es pas faite pour être un dresseur qui va d'arènes en arènes pour prouver sa valeur.

Elle se rapprocha puis me prit les mains.

- Les pokémons t'apprécient vite et tu es douée pour t'en occuper. Tu as toujours eu ce petit quelque chose. Ne me dit pas qu'après un Tauros tu ne vas pas réussir à dresser un petit Emolga !?

- Lyra, tu es faite pour élever et aider les pokémons. Depuis que tu es gamine tu tires ta joie dans cette voie ! Et ça se voit ! Fayago qui avait mauvais caractère est devenu plus doux et plus posé. Tu as un Feunnec de un mois dans les bras qui semble être le plus heureux du monde...

Fayago bomba le ventre de fierté en grignotant son petit biscuit et Keryon sembla ronronner un moment, brindille en bouche. Je relève le regard vers elle. Séchant mes larmes.

- Tu m'as dit avoir dressé un Tauros au caractère colérique en deux semaines et avoir approché un Vivaldaim deux minutes après sa capture. Est-ce que tu te rend compte que peu de gens seraient apte à faire cela ? Tes pokémons t'apprécient, il y a de l'amour dans leurs yeux...
- Alors tu penses que je suis prête à devenir ranger ?
- Tu es plus que prête. Quand à ton Emolga, je pense que tu étais déjà bien fragilisé avant et que tu as été bien trop occupée à te ramollir le cerveau à cause de Louna au lieu de le dresser. Nous avons tous des pokémons qui nous causent des ennuis ! De par leurs caractères et leurs comportements, mais c'est comme ça. Vous devez vous adapter l'un à l'autre. Et puis le type électrique, ce n'est pas vraiment ton type préféré. Déjà à tes trois ans tu fuyais un Raichu sauvage qui semblait vouloir t'embêter...

Alors ça, je n'en avais aucun souvenirs. J'esquissais enfin un sourire. J'étais rassurée et je me sentais plus forte que jamais.

Ma grand mère rejoint sa place. Je versais du sucre dans ma tasse puis touilla avec la longue cuillère. J'étais contente d'être revenue à Kantô mais Miranoir me manquait énormément. Surtout Autumn... La pauvre, j'aurais dut la prévenir... Je m'en voulait.

- Alors, comment c'est Miranoir ? Est-ce aussi beau qu'on le dit ?
- Après avoir fait le tour des villes, c'est un endroit vraiment beau. Chaque paysage apporte une sensation positive. Les gens sont gentils. Je passe beaucoup de temps au Volcan. C'est mon endroit préféré.
- Ca ne m'étonne pas, tiens ! Et tu as fais de bonnes rencontres ?

Keryon s'endormit sur mes genoux. Je passais mes doigts dans son pelage bouffant.

- J'ai rencontré beaucoup de monde mais s'il y a une personne qui compte vraiment pour moi, c'est Autumn. Une scientifique. Elle a décidé de créer une partie en plus dans le Pokédex pour le soin des pokémons. Histoire que certains dresseurs n'aient plus l'excuse du "oh je savais pas" pour une négligence. Elle aime aussi les pokémons feux. Je crois que tu t'entendrais bien avec elle.

Si ma grand-mère et Autumn avaient la même manie... Être un moulin à paroles. J'étais persuadée que les mettre ensemble dans la même pièce serait assez amusant... "ah oui... et puis... il y a aussi... oh et ça en plus... alors..." Et j'en passe. J'eus un gloussement amusé discret. Je bu une bonne gorgée de ma tisane.

- C'est bien que tu puisses avoir quelqu'un sur qui compter et inversement. C'est important. Tu le sais, hein ? Je n'ai pas envie que tu te renferme encore sur toi même.

Ma grand mère me faisait la morale maintenant... Je poussais un petit soupire que je transformais en un soufflement sur le liquide bouillant remplissant ma tasse. Je bu une nouvelle gorgée. Moi qui avait l'impression d'être glacée à l'intérieure... Cela me réchauffait et me faisait un bien fou.

- Tu dois t'ouvrir aux autres, c'est important pour toi ma chérie.
- Oui, grand-mère, je sais...

Elle avait vraiment peur que je me renferme sur moi, c'était un truc de fou. Comme si j'étais capable de m'enfermer seule à double tours... Quoi que maintenant que j'y pense, je serais bien capable de le faire.

- Mon sac ne cesse de vibrer, je crois que mon équipe souhaite sortir...

Ma grand-mère esquissa un grand sourire, elle qui souhaitait voir mon équipe au complet.

- Allons dehors, tu vas me montrer ton équipe ! Oh ! Attends ! Il est hors de question que tu sorte en tenue légère alors que tu es malade. Tiens couvres-toi !

C'est limite si elle ne me balance pas un gilet dans le visage. Je le prend, l'enfile en posant Keryon qui se met à pleurer parce que sa brindille est cassée. Je termine ma tisane, prends mon sac et mon Feunnec. Nous sortons alors dans le jardin où quelques pokémons sauvages sont présents. Le Leviator sort brutalement de l'eau, me tirant une énorme frayeur. Il était toujours là lui ! Je souris puis lui caresse la tête.

- Tu es toujours là toi ?

Je m'assieds sur un petit pilonne de bois puis pose Keryon par terre qui trouve une nouvelle brindille à Machouiller. Je sors alors mes pokéball. Je commence par laisser Demeika, ma Goupix sortir. Celle ci lève la queue et la tête avec son air fabuleux de princesse.

- Très jolie Goupix ! Son pelage est magnifique, tu t'en occupe vraiment bien !
- Demeika est assez indépendante. au début elle était timide et refusait de m'obéir puis c'est venu tout seul. Elle a l'instinct maternel avec Keryon.

- Qu'as t-elle autour du cou ? Oh une pierre feu ?
- Toute mon équipe porte un pendentif. Mais Demeika et Bucky, mon Caninos, portent tout deux une pierre feu. Je me suis toujours dit que c'était à eux de savoir s'ils voulaient évoluer ou non. Cela peut paraître un peu bête mais... C'est leur corps, c'est leurs vies. Je ne veux pas d'un Feunnard ou d'un Arcanin malheureux. Ils useront de la pierre comme ils le souhaitent.

Demeika me lance un regard de gratitude. Je me sentait tellement fière lorsqu'elle me lançait un regard pareil ! La première fois, ce fut le jour où elle perdit un combat. Demeika avait été triste plusieurs jours. Mais je l'avais rassurée. Lui disant que j'étais fière et que je serais toujours fière d'elle. Je me souvenais lui avoir promis qu'elle serait la plus puissante des Goupix de Miranoir. Et elle m'avait lancé ce regard. Un regard de profond respect et de remerciement.

- Et après tu doutes de ta qualité de dresseur... J'aurais tout vu...

Ce fut au tour de Bucky de sortir de sa pokéball. Il me lécha le visage. Je souriais puis le caressait et il remuait la queue. Il alla réclamer une caresse à ma grand-mère.

- Je me suis tout de suite entendue avec Bucky. Il est le pokémon le plus puissant que j'ai pour le moment. Il est un peu naïf et trop confiant mais je sais que je peux toujours compter sur lui. Il surveille toujours tout.

- Je ne pensais vraiment pas que tu aurais capturé un pokémon Canin depuis le Malosse qui t'as mordu.
- J'ai toujours peur des Malosses, mais les Caninos ont une bonne bouille. Et puis... J'ai immédiatement craquée sur sa tête à lui.

Bucky avait un regard toujours admiratif et amusé. Il aimait tout ce qu'il voyait. Il me faisait d'ailleurs penser à Charlie, le Moustillon de Autumn. Bucky était un clown. Mais quand il s'agissait de défendre les autres, il était là. Je saisis la pokéball de Hope. Ma Vivaldaim.

- Un pokémon plante ? Je suis surprise !

En voyant le Leviator, Hope se cacha derrière moi. Je m'abaissais alors puis lui caressa la nuque pour la rassurée.

- N'ais pas peur ma belle, il est grand mais il est gentil.

- Tu n'as pas de pokémons de type eau ?
- Non... Pas pour le moment en tout cas. Je pense que j'aimerais en avoir un mais je suis assez exigeante... Je me suis baignée avec une connaissance il y a quelques mois. On s'est toutes les deux retrouvées encerclées par des Tentacools...

Hope leva sa petite tête pour regarder le Leviator qui semblait amusé par la situation bien qu'une seule émotion ne fige son visage. Tout doucement, elle prit confiance puis commença à gambader dans le jardin.

- Les tentacools sont souvent mal jugés par leurs aspects étranges. Mais ils font de très bon partenaires de combat.

Encore la morale, j'aurais dut m'en douter tiens ! Je levais à nouveau la main vers la tête du Leviator. Il se baissa un peu pour que je puisse le caresser. Ce pokémon... Je l'avais vu à l'état d'oeuf, de magicarpe et aujourd'hui de Leviator. Je m'en était souvent occupée. C'était l'unique pokémon eau avec Charlie qui semblait m'apprécier.

- Mon équipe de rêve serait Salamèche, Pyroli, Goupix, Passerouge, Ponyta et Caninos. J'ai encore beaucoup de travail...

Il me manquait donc un Evoli, un Salamèche, un Passerouge et un Ponyta... Génial deux sont rares et deux sont au safari dont je n'ai pas le pass évidemment. Je pousse un long soupire puis passe ma main dans ma chevelure blonde presque blanche. Feunnec resterait mon bébé, ma mascotte. Et puis il me fallait une troisième pierre feu. Quand on est gosse on croit que c'est simple de devenir dresseur mais ça ne l'est pas tant que cela. D'autant plus que j'aimerais avoir une autre équipe. Je voulais six pokémons qui seraient officiels. Et six autres avec lesquels je travaillerais.

- Une chose à la fois ! Tu vas aller dans ta chambre te reposer, moi je m'occupe de tes pokémons et je t'apporterais un bol de soupe aux légumes. Tu as besoin de reprendre ton souffle. Allez ! Dépêche toi !

Je câlinais mes pokémons et leur expliquaient que j'allais juste dormir. Feunnec se mit à pleurer alors que je m'en allais. Par réflexe je le pris dans mes bras mais ma grand-mère m'arrêta.

- Tu ne vas pas céder à ses caprices à chaque fois quand même ?
- Mais... C'est Keryon...

Bah oui, Keryon c'était ma peluche ! Il adorait être dans mes bras et se faire papouiller tout le temps.

- Il faut couper le cordon ! Sinon il deviendra incapable de faire quoi que ce soit sans toi !
- Mais... Non... Mais c'est Keryon !

Je devais l'admettre, j'étais incapable de me séparer de mes pokémons encore moins de Keryon qui avait justement toujours besoin de moi.

J'étais incapable de dormir toute seule. Depuis que Fayago calmait mes terreurs nocturnes j'étais devenue complètement accroc. Puis entendre Feunnec pleurer... J'étais en plein dilemme intérieur. Oui, il faudrait bien qu'il apprenne à se débrouiller sans moi mais... Keryon quoi !

- Allez ! Monte !

Je m'apprêtais à rentrer mais je fis demi tour. Fayago avait bien réussit à devenir plus indépendant même s'il était encore attaché à moi. Quand il aura évolué, j'aurais plus personne sur mon épaule moi... Je pris Keryon dans mes bras.

- Non mais c'est pas vrai...
- Fayago à réussit à devenir indépendant sans que je ne m'empêche de dormir avec lui.
- Mais ton Feunnec est à peine sortit de l'oeuf, il va te prendre pour sa mère ! Si ce n'est pas déjà le cas...

Elle était blasée et son visage se décomposa lorsque Fayago sauta sur mon épaule. Oui indépendant... A sa manière, quoi... Je fais un sourire gêné alors que Caninos me rejoint. Et merde...

- Tes pokémons sont très indépendants en effet... Je vais mettre ça sur le compte que tu sois malade et qu'ils veuillent veiller sur toi...
- Non mais d'habitude je ne dors qu'avec Keryon et Fayago hein !

Ben voyons ! Je dormais si souvent avec mon équipe que chacun avait sa place attitrée...