Déjà la matinée commencée que ça s'était mal entamé. Tu t'étais rendue à la douche du centre le plus près, et elles étaient glaciales. Tu t'étais plainte, et tu avais eu un retour peu agréable par une infirmière peu sympathique. Tu avais rétorqué et bim, Carapuce et toi êtes dehors, tu es trempée - ou du moins, tes cheveux - et tu en as déjà marre de ta journée. Tu souffles rageusement et tu préfères t'éloigner de la ville, d'aller relaxer plus loin. Tu marches un bon moment avant de trouver la plage, une magnifique plage. Et il fait très chaud aujourd'hui. Tu te dis donc que tout ne vas pas tellement mal au final, et tu attaches tes cheveux en un chignon qui te vas bien malgré tout. Tes pieds se frottent au sable chaud, presque bouillant, sous tes pieds et tu soupires. Ça t'a manquée, vraiment. Mais l'eau ici est reconnue pour être froide et tu n'as pas tellement envie de faire trempette, même si Neptune y est allé avant même que tu puisses dire non. Tu l'as alors pourchassé et tu t'es trempée - l'eau est glacée. Tu grognes, tu tempêtes et ton Pokémon s'amuse malgré tout. Vous sortez tous les deux de l'eau, trempés de la tête aux pieds et tu lui fais face. Ah, bordel. Comme si ta journée n'est pas suffisamment merdique. « Eh ben, qui savait que les plages du Nord accueillent les déchets comme toi. » Tu siffles contre Alec, contre ce con d'ex que tu as pourtant sincèrement aimé. Tu hausses les yeux au ciel et tu prends Neptune dans tes bras et tu pars dans la direction opposée. Hors de question de lui parler davantage.

« T'as cru que je voulais te parler? » Ta voix scinde, elle casse l'air. Il le sait, le con, pourquoi tu ne veux pas lui adresser la parole. Votre rupture a été extrêmement difficile pour toi, et après on s'étonne parce que tu refuses de t'attacher. Tu lui adresses un regard, tu jettes un coup d'oeil sur son Pokémon et tu te retournes. Neptune ne sait pas pourquoi tu te comportes ainsi, mais il détecte chez toi une douleur significative. Il grogne donc sur l'humain qui ose fâcher sa maîtresse ainsi. « Je plains ton Pokémon de t'avoir. Allez, Neptune, on y va. » Tu as été méchante, oui, mais il le mérite. Si seulement il réalisait à quel point tu as été blessée et vulnérable lorsque tu t'es laissée tombée dans ses bras pour la première fois. Il a été ton premier tout, et tu t'es fait plaquée comme une vulgaire chaussette. Non, à tes yeux, il n'y a aucune raison pour le pardonner. Pourtant, il te suit encore, te suppliant du regard. Tu refuses de lui adresser à peine un nouveau regard, orgueilleuse et rancunière que tu es. Tu traces donc difficilement ton chemin dans le sable, une larme se faufilant sur ta joue sans que tu ne la remarques.

T'y crois pas. Il te la sort ''non mais j'croyais quoi.'' Désabusée, complètement abasourdie par le comportement d'Alec, tu souffles et tu tentes de reprendre ton calme. Ton esprit bouillonne, pourtant, et tu n'arrives pas à le contenir. « Attends, tu croyais que les filles aimaient se faire briser le coeur ? Tu croyais qu'elles aimaient se faire casser en mille morceaux par le seul mec qu'elle s'autorisent à aimer? T'es encore plus con que je le croyais, par Arceus. » Tu t'es arrêtée, pourtant. Tu t'es arrêtée, trempée de la tête aux pieds, devant lui, devant son foutu regard qui t'a fait fondre, autrefois. Devant ces lèvres que tu as embrassé avec ferveur à plusieurs reprises et devant ce corps que tu as touché quelques fois aussi. Tu te maudis de ressasser le passé ; là n'est pas le moment. « Je te félicite, Alec, tu as réussi à me convaincre qu'aimer, c'était inutile. On finit toujours par se prendre le plancher parce qu'on est tombés de haut. » Tu le dis d'une voix calme, cette fois. Tu as repris tes esprits - faire une scène en publique est inutile. Vous pouvez vous parler en gens civilisés, vous êtes des adultes, non? Bordel, qu'est-ce que tu comprends pourquoi il t'a tant manqué, ces derniers mois. Son regard te perce et tu tentes de le fuir. Tu n'as pas envie de le regarder droit dans les yeux, sinon, tu pourrais très bien, trop facilement, lui pardonner.

Tu l'écoutes, et malgré tout, tu es complètement abasourdie. Il veut vraiment te parler et toi, tu le fuis comme la peste. Comment disent-ils déjà? Fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis? C'est probablement ce qui est en train de se passer entre vous deux. Tu souffles et tu inspires. Tu te calmes, lentement. Il ne se rend peut-être réellement pas compte à quel point il t'a blessée. Mais maintenant que des larmes coulent sur tes joues, tu ne peux pas nier que tu as envie d'entendre ce qu'il a à te dire. Tu desserres tes bras autour de Neptune et il semble te remercier en soufflant. Tu t'excuses gentiment auprès de ton ami. « Très bien. Je te donne une chance, tu as intérêt à la saisir. » Tu regardes sur ton poignet et note que tu as toujours l'élastique avec lequel tu avais attaché tes cheveux. Tu l'utilises pour en faire un chignon non-travaillé, simplement pour que tes cheveux cessent de dégoûter dans ton dos. Tu es encore trempée de la tête aux pieds mais hors de question de retirer tes vêtements, malgré le maillot sous tes couches. Tu pars calmement vers une table libre et tu t'y assieds. Tu souris à Neptune. « Va jouer Neptune, je te ferais signe lorsqu'il sera temps de partir. » Tu sais qu'il est hostile envers Alec et tu n'as pas vraiment envie qu'il le morde sur la table. « Je t'écoute. » Oui, tu l'écoutes. D'une oreille très attentive, même.

Tu as envie de te frapper le front avec la paume de ta main, comme dans les dessins animés lorsque les gens sont complètement désabusés. Cette fois, Alec touche le fond du baril en tentant de prouver qu'il avait tord, en te disant que te laisser tomber était la seule solution à vos problèmes. Quels problèmes, d'ailleurs? As-tu été suffisamment aveugle pendant tout ce temps pour n'avoir rien remarqué? « Et pour te remettre en question, je devais être exclue du décor? » Tu railles, tu ne le laisses pas placer une parole de plus. Mais alors que tu vas parler, il continue en expliquant qu'il veut rattraper les choses, les pots cassés, alors que tu as déjà suffisamment souffert par le passé. Tu soupires devant son attitude, devant lui qui ne semble pas comprendre l'ampleur de ce qu'il a causé en toi. « Retrouver ta meilleure amie? Alors c'est ce que j'ai toujours été, à tes yeux. » Tu baisses la tête. Tu n'oses même plus le regarder; son simple regard de transperce et tu as peur qu'il ne lise en toi, en ce manque d'émotions. « T'étais l'homme de ma vie, Alec. Depuis toi, je n'ai eu personne. Même des amis, je n'en ai pas, si on exclut mes Pokémons... » Tu soupires, tu ne sais plus quoi ajouter. Tu dois le laisser s'expliquer, s'il a autre chose à dire. Après l'avoir ainsi agressé, tu le lui dois.