« hold on while we weather the storm»

PETER & CYNTHIA | CENTRE POKEMON DE SAKAI

Mais pourquoi aujourd'hui ? Cynthia soupire faiblement, accoudée à la fenêtre du centre pokémon de Sakai. Elle aime cette ville, c'est calme, doux, généralement les gens ne sont pas agaçant, mais plutôt accueillant. Ce n'est pas comme à Paoles où tout le monde la rend dingue. Non, en vérité, avec Waurlhaul, elle adore Sakai. C'est calme et uniquement rythmé par les tempêtes de neige. Cynthia aime la neige, elle a toujours aimé ça, il neigeait assez souvent à Célestia, dans le berceau des mythologies. Cynthia se souvenait des après-midi passés avec sa grand-mère Carolina, à boire du chocolat chaud et de la soupe de citrouille. C'était de merveilleux souvenirs. Est-ce que Carolina allait bien ? Rien de moins sûr. Un nouveau soupir échappe de la bouche de Cynthia alors qu'elle observe les flocons qui s'écrasent lourdement contre la fenêtre et le vent qui souffre sur le bâtiment et le fait légèrement grincer.

« Soniiiii ! » Lance gaiement son pokemon, solidement arrimé au dossier d'une chaise, qui observe le reste du centre. Elle a certainement remarqué la présence du pokémon qui lui ressemble en tout point, contrairement à Cynthia, obnubilée par ses pensées soucieuses. Et puis. Les gens s'agitent un peu dans le centre, il n'y en a pas beaucoup, un couple de personnes âgées, deux jeunes filles certainement ami, un homme d'une trentaine d'année, l'infirmière et. Lui. Cet homme qui a partagé son lit, à qui elle aurait pu donner son cœur, s'il avait attendu. Mais comment aurait-elle pu prétendre à le faire attendre plus longtemps ? Mais son visage, son expression la frappa en plein cœur, si toute fois elle en avait encore un. Les mots qu'elle lui avait dit. La caresse de ses doigts contre sa peau, comme électrique. Comme si elle avait été frappée par la foudre. Sa foudre. « Majora, fais attention. » Fais attention à lui. La colère, elle l'a toujours au cœur. Meurtrier !, souffle son esprit, aussi bas que possible. Elle sait qu'il n'est pas responsable, que Carchacrok a prit sa décision en connaissance de cause. Que Peter n'est pas responsable, non, mais c'était une vie pour une vie et elle aurait préféré que ce soit différent.

Sonistrelle. C'est ironique, quand on y pense, qu'ils se retrouvent, dans cette ville balayée par la pureté et la force de la tempête, avec deux pokémons, les mêmes. Des reflets. Au fond, c'est certainement pour ça qu'elle le déteste tant, parce qu'ils se ressemblent. Parce qu'ils se protègent. Elle serre légèrement les poings, nom d'Arceus, elle aimerait le lui coller dans la figure, mais elle n'en a jamais eu la force. Parce qu'au fond, elle tient encore à lui, elle l'aime certainement autant qu'elle le déteste et personne n'imagine à quel point ça peut être fort. Elle reste là, à le fixer, immobile. Les images de Carchacrok reviennent, par flash. Ses grognements de douleur, ses supplications à ce qu'on l'achève, qu'on fasse cesser cette douleur, l'impuissance de sa dresseuse à prendre une décision, à le laisser partir. Le froid extérieur commence à se répercuter à l'intérieur, elle voit l'infirmière qui demande à ce que le chauffage soit augmenté, mais rien n'y fait, c'est à l'intérieur qu'elle a froid.

« Peter. » Arrive-t-elle enfin à extirper de sa gorge, cette gorge si nouée, si fragile. La solide et forte Cynthia, mise en échec par Peter. Ce Peter. Majora comprend certainement ce qu'il se passe, elle observe l'étrange Sonistrelle avant de prendre un petit envol pour se poser sur l'épaule de sa dresseuse qui se redresse, bien trop fière pour admettre ses faiblesses. Tu as brisé mon coeur, se répète-t-elle mentalement alors qu'elle sait que c'est faux. Tu as détruis ma vie, ajoute-t-elle en fronçant les sourcils lentement. Mais sa vie s'est brisée seule, elle n'a pas eu la force de ramasser les morceaux, c'est tout. Elle approche légèrement pour le toiser, pas vraiment sûre de l'attitude à avoir dans la situation, mais au fond, elle est rassurée que personne ne note vraiment leur identité. Qu'on ne vienne pas les déranger, car leur liaison n'avait rien de public. Qui aurait pu savoir ? Elle ne sait pas vraiment pourquoi mais elle relève la main et frôle sa joue du bout des doigts, son cœur hurle de le gifler, mais elle sait qu'il ne mérite pas ça. Et sa main tremble. Elle recule, lentement avant de sourire vaguement. « Jamais je n'aurais pensé te retrouver ici. » Perdu, c'est comme ça qu'elle le qualifie. Elle l'avait perdu. Et elle l'a retrouvé. Mais elle est bien trop partagée pour savoir où elle en est. Oh dieu, Peter, pourquoi maintenant ?

« hold on while we weather the storm»

PETER & CYNTHIA | CENTRE POKEMON DE SAKAI

Tu le fais exprès, je le sais, toi, tes petits yeux de chien battu, et ta mine désolée... Bordel, Peter ! La pensée transparaît presque sur son visage, elle est forte, solide. La pensée, pas Cynthia. Non, là, Cynthia n'a qu'une envie et c'est d'aller se rouler en boule dans un coin. Mais les coins, il n'y en a pas des masses dans ce centre pokémon. Alors elle reste face à lui, elle l'écoute et sa main la démange, elle a envie de la passer autour de son cou, de l'étrangler mais rien n'y fait. Elle n'y arrive pas. Peut-être parce qu'il prend encore beaucoup trop de place dans son coeur. Beaucoup plus qu'elle ne voudrait l'admettre. Il l'a mise en échec. Un tel nombre de fois, elle n'arrive pas à en revenir. Et parfois, elle a une pensée pour Peter, une pensée positive. Parfois, elle a juste envie de le retrouver et de se loger dans ses bras. D'oublier tout le reste, comme elle le faisait. Il était une vraie bouffée d'oxygène, une vraie drogue. Et la solitude la ronge. Je suis tellement désolée de ce que je t'ai fais subir, songe-t-elle, sans parvenir à le prononcer. « Peter... »

Et voilà qu'il se met à parler, et que toutes les barrières de Cynthia s’effondre. Il balance de l'acide sur son armure, elle a l'impression de perdre la tête, de retomber là où elle était, il y a des années déjà. Chaque mot est douloureux, elle a envie de se boucher les oreilles, de lui hurler d'arrêter, mais elle reste là, figée, Majora sur son épaule, l'observant avec inquiétude. Deux Sonistrelles. Eux. Ici. A Miranoir. A croire que l'univers entier veut recoller les morceaux qu'elle a déchiré. « S'il te plait... », murmure-t-elle tout bas, baissant faiblement les yeux. Ce n'est pas qu'elle n'a pas envie d'en parler, mais elle n'a pas envie de s'écrouler, elle n'a pas envie de lui faire subir ça. Il n'en mérite pas tant. « Je sais. Je sais tout ça. Et ce n'est pas à toi de t'excuser, tu n'es pas responsable. J'étais bien trop brisée pour entendre ça. Mais il a pris ses décisions seul, et te sauver était une bonne décision. » Elle parle, sans s'arrêter, d'une traite. Au fond, elle ne sait pas si elle regrette ce qu'elle vient de dire. Elle aurait été incapable de prendre une décision, de prendre un choix, si elle avait dû choisir entre Carchacrok et Peter. C'était trop dur. Mais Carchacrok avait prit la décision pour elle, il savait que Cynthia ne se serait jamais remit de la disparition de Peter, et il avait certainement raison. Même si, à terme, elle l'avait fait disparaître de sa vie. « C'est envers moi-même que je suis en colère. » C'était à moitié vrai, elle lui en veut aussi, elle a toujours de la rancoeur. Mais il avait tort. Elle peut ressentir des choses. Oh dieu, elle peut ressentir de bien terribles sentiments. Elle le gratifie d'un regard triste alors que Majora prend un petit envol pour aller embêter l'autre Sonistrelle. Et là. Elle craque. Elle approche prend Peter dans ses bras. Elle ne sait pas pourquoi elle fait ça, sans doute pour qu'il ne la voit pas craquer, qu'il ne voit pas ses yeux humides, qu'elle sait toujours lui cacher quand il faut le faire. Elle le serre fort contre son corps et soupire faiblement, elle a toujours été comme ça avec lui : instinctive. Elle ne sait pas réfléchir avec Peter à côté, elle n'a jamais su. « Je suis heureuse de voir que tu vas bien, je suis sincèrement heureuse. »