« Quel est-ce pokémon ?! », scandent les enfants, tous en chœur, en courant autour de la petite rousse sceptique. C'est certainement quelque chose qui a traumatisé son père, dont elle tient le nom, mais la petite Rose n'est pas vraiment surprise ni inquiétée par le comportement de ses camarades. « C'est un Spectrum ! », lance un petit garçon en la montrant du doigt. Lentement, elle pencha la tête sur le côté, puis elle sourit. Les enfants ne sont pas satisfaits. A quoi bon se moquer si la victime n'est pas vexée ou triste ou même en colère ? « Vous savez ce que fait Spectrum ? », demande la petite fille tout bas alors que le groupe d'enfant secoue la tête négativement à l'unisson. « Il vole l'énergie des gens et les terrifie. » Conclut-elle sans perdre son sourire doux, son air adorable. Les moqueries resteront ainsi dans son cas, mortes-nées.

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« Ne joue pas à ça avec moi Rose. Tu ne devrais pas adhérer à ce genre de discours. Tu es allée à l'école bon sang ! » La jeune femme fixe son paternel dans les yeux, fixement. Elle ne comprend pas. Elle ne comprend pas comment il peut lui dire tout ça. Elle n'est pas blessée, elle ne comprend simplement pas. Elle ne se sent ni trahie, ni bafouée à vrai dire, elle se sent davantage déchirée entre deux univers sans avoir vraiment l'impression d'appartenir à aucun des deux. « C'est encore une nouvelle lubie ! Un nouveau groupe. De nouveaux amis ? Pourquoi choisis-tu toujours les pires... », murmure finalement son père en se frottant les tempes nerveusement. Mais. Cette fois il a tort. Cette fois c'est différent. Cette fois ce n'est pas une lubie étrange de devenir collectionneuse de Coquiperl ou éleveuse de Chaglam. Ce n'est pas une passion soudaine pour protéger les Apitrinis. Non. Cette fois c'est sérieux. Cette fois c'est un groupe de gens. Mais ce n'est pas tant le groupe que son leader. Cet homme. Cet orateur inqualifiable. Hélio.

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« A quoi tu joues ? Repose cette valise Rose ! » Elle fait volte-face et fixe sa mère avec ce regard plein de haine. La haine. Voilà quelque chose dans lequel elle se reconnait. Quelque chose qui lui est familier. Presque doux au coeur. Elle n'a pas peur de haïr et le fait sans gêne. A croire qu'il lui a ouvert les yeux. « Je suis plus Rose maintenant. En fait, je n'ai jamais été Rose. » Ses yeux lancent des regards assassins à sa propre génitrice qui ne comprend pas. Sa mère n'a jamais vraiment fait d'erreur dans son éducation, à part peut-être le fait de la mettre au monde. « Mon ange, mais qu'est-ce que... » La gifle siffle sur la joue meurtrie de la quarantenaire, en pleine incompréhension. Le silence est lourd. Étouffant. Mais pourtant, elle ne regrette en rien son geste. Les regrets, qu'est-ce que c'est ? « Je suis Mars. » Ses mots tombent comme une condamnation. Elle condamne sa propre existence. Ton ange est mort, Maman. Il n'a jamais existé. Foutus gens incapables d'ouvrir les yeux.

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« Mars ? Qu'est-ce que t'as fait encore ? T'as perdu les Éoliennes ? Sérieusement ? » Elle se fige et baisse les yeux. Ce n'est pas Hélio qui lui passe le savon, mais c'est tout comme. Vous n'imaginez pas à quel point Jupiter peut être agaçante parfois, avec son attitude de miss Parfaite. Elle veut juste le détrôner ça, il n'y a qu'Hélio pour ne pas le voir. Parce qu'il s'en contrefiche, sans doute. Mars déteste Jupiter. Elle déteste tout chez elle. Personne d'autre qu'Hélio ne devrait lui donner des ordres. Au moins, Saturne, lui, l'a bien comprit. Et soudain, alors qu'elle grommelle dans son coin, Jupiter l'attrape par la gorge, pour la forcer à la regarder et elle lui jette, au visage, comme de l'acide : « Hélio est mécontent, Mars. Très mécontent. » Non... Non. NON ! Violemment, elle repousse Jupiter contre la table et grogne méchamment, relevant la main, son Chaffreux - fidèle acolyte - relève les yeux, prêt à déchiqueter la vilaine Jupiter. La main de Mars tremble, elle sait qu'Hélio n'approuvera pas. Elle le sait et, finalement, c'est la seule chose qui la retient de donner l'ordre qui rompra le fil fragile de la vie de cette femme qu'elle déteste. « Couarde. » C'est ce que dit Jupiter, alors qu'elle tourne les talons, agacée. Va mourir, Jupiter.

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« Maître ? » Elle relève les yeux, attendant la sentence. Les choses se passent terriblement mal. Terriblement mal dans leur plan, dans son plan. Mais. Mais la sentence ne vient pas. Elle inspire un grand coup, observant cet homme à qui elle voue un culte sans la moindre limite. Cet homme pour qui elle tuerait père et mère s'il lui demandait. Cet homme pour qui elle veut sacrifier sa vie, son existence entière. Il ne dit rien, il a l'air concentré, ou peut-être préoccupé. Elle n'en sait rien, à vrai dire. Mais se retrouver seule, avec lui, dans la même pièce, mon dieu c'est au delà d'être un honneur. Elle sait qu'il touche à son but. Que les heures se comptent avant le réveil des légendaires. Et dieu qu'elle est excitée. « Vous n'échouerez pas, Maître. » Elle en est persuadée parce que le doute n'est pas permis. Seulement, peut-être en guise de pressentiment, elle sort du bureau d'Hélio en dérobant sa veste, discrètement. Son souvenir, entre ses bras, quoi qu'il arrive.

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« NON ! » Hurle Mars de toute la force de son petit corps. Tout est parti en vrille. Tout a terriblement mal tourné. L'espace d'un instant, personne ne sait si Hélio est encore en vie. Personne ne sait ce qu'il est advenu de lui. Mais elle, elle ne veut pas y croire. Hélio est un dieu, les dieux sont immortels, non ? « Ça sert à rien, Mars... » Murmure Saturne un peu faiblement, alors qu'elle lui jette un regard désespéré, il l'attrape par le bras, l'attire doucement à lui mais. Mais. Elle voit dans les yeux de Jupiter dont elle croise le regard que non. Non, elle, elle jubile. Elle veut croire à la pureté des sentiments de Saturne, mais Jupiter, non. Alors elle fuit. Elle les fuit, tous les deux. Sans parler de Pluton à qui elle ne veut même pas adresser la parole, ce dernier toujours occupé à faire ses petites expériences, prêt à planter un couteau dans le dos de n'importe qui. Ils mériteraient de mourir... Mourir pour Hélio.

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« Communication n°751, Mars à Saturne, je répète, Mars à Saturne. Tu m'entends ? » La ligne grésille quelques instants avant qu'elle n'entende un raclement de gorge presque venu d'outre-tombe, elle savait qu'il n'avait pas vraiment le moral mais là. « Saturne, je te reçois 5/5 Mars. J'ai un truc à te dire. Ehm. On a... Peut-être... Des nouvelles d'Hélio. » Le Maître. La voix de Saturne est hésitante, presque faible. Quoi ? Ils ont retrouvé son corps ? Non. Non, ça elle ne peut pas y croire. La pensée n'a même pas le temps de se former dans son esprit. Elle serre le combiné dans sa main et respire fort, vite, trop fort... Trop vite. « Il est possiblement à Miranoir. » Pas ça. Ils savent que c'est un problème. Que c'est une nouvelle merveilleuse mais un problème. Un vrai. Ils traquent les allées et venues en partance de Sinnoh et Cynthia est partie, quelques semaines avant. Est-ce qu'elle est déjà au courant ? Est-ce qu'elle traque Hélio ? Le Maître. « On y va. Il faut réunir les autres. » Ne vous en faites pas Maître, on saura veiller sur vos arrières...

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« Réveille toi, Mars... On arrive. » Elle ouvre les yeux, faiblement, la lumière est aveuglante et pourtant c'est seulement celle de la lune, haute dans le ciel. La lune... Elle serre la veste d'Hélio sur ses épaules et lance un vague sourire à Saturne qui vient de la réveiller. Étant encore fugitifs, ils n'ont pas vraiment d'envie de prendre le risque d'embarquer dans un ferry classique, alors ils viennent par leurs propres moyens. En l’occurrence, c'est Jupiter qui conduit le bateau qui slalome entre les récifs dangereux. Elle sait que Jupiter les tueraient tous les deux pour prendre la place d'Hélio, elle le sait, elle le sent, elle ne l'a jamais sentie. Mais. Saturne continue de clamer qu'ils sont une équipe et ils ont besoin de bras. Alors Mars suit. Elle ne supporte pas les débordements d'ordres et d'idées saugrenues qui viennent de ces deux-là. Non. Les seules idées qui adhèrent à la team Galaxie, ce sont celles d'Hélio, aucunes autres.

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« Qu'est-ce que... Où est... La veste ? Où est la veste d'Hélio ? » Murmure Mars, complètement paniquée, cherchant désespéramment dans ses affaires. Elle ne peut pas dormir sans. Pas depuis qu'il est parti. Depuis que le Maître a disparu. Il fait nuit, sa chambre est sans dessus dessous. Ils logent à Saprule, pour se faire oublier. Mais. Mais ? Elle voit une ombre bouger dans les ténèbres de sa chambre, elle n'a pas le temps de vraiment voir le pokémon, juste de le voir disparaître par la fenêtre ouverte. Naturellement, elle s'élance à sa poursuite, hors d'elle. Il a la veste. Elle l'a vu. Elle en est certaine. Mais elle a vu autre chose, aussi. De longues plumes écarlates. Ce pokémon elle le connait, Hélio en avait un. Il y a longtemps. Lorsqu'elle l'a rencontré. « Fa... Farfuret ? » Elle plisse les yeux, cherchant à localiser le voleur qui s'est fait encerclé par un gang de Chartors en colère. Il semble paniqué, terrifié. Et, sans vraiment le vouloir, elle s'attache à lui. Comme un pas de plus vers Hélio. Un pas de plus vers son Dieu... Une chance, elle en sait assez sur ce pokémon pour l'aider à se défendre. « Fais une feinte et viens par-là ! » Il semble hésiter, l'espace d'une seconde, mais son coup contre l'un des Chartor effraie et désarçonne les autre qui ne savent pas quoi faire contre ce pokémon qui bouge si vite. En effet, l'instant d'après, tous les deux ont disparu à nouveau dans la nuit. Voleurs un jour, voleurs toujours.

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These four lonely walls have changed the way I feel,
...the way I feel, I'm standing still...
and nothing else matters now, you're not here
so where are you ? This empty room is missing you.

Where else can I go ? Where else can I go ?
Chasing you, chasing you...