L'enfance est heureuse. Peut être même plus encore. Grandiose. Fascinante. Hors du temps et hors des atteintes mortelles. Habitées de mille et unes histoires dont tout un chacun jugeait la véracité peu fondée. Simple contes de fées offerts aux enfants, petits ou grands, pour les prévenir de l'impensable, pour les guérir de l'indéfinissable. Il n'était pas une histoire dont l’indéfinissable lui échappait, pas un seul récit dont elle ne réclamait une énième citation pour être certaine d'en avoir rien oublié. Elle notait dans sa tête d'enfant tous les détails qui allaient peupler son imaginaire, et apprenait tout ce qu'il était bon de savoir du monde qui l'entourait. Son folklore. Ses dangers. Bien des choses n'étaient réelles qu'au creux de son esprit, nombres d'événements n'existerait qu'au sein de ses regards enfantins, mais il était des vérités auxquelles ont tenté de la raccrocher. Tout se résumait en un mot fort savant pour ceux qui l'entourait : les croyances.

Croyances fugaces, futiles pour d'autres, mais pour eux elles n'étaient rien de moins que le fondement de ce qu'ils étaient, de ce qui les représentait. Une prêche extirpée des pages d'un code de l'existence à laquelle on aurait arraché quelques pages pour mieux survivre à vie saccadée, semblant d'intégration dans un cercle qui, pourtant, n'avait eu de cesse de rabrouer ce qu'ils étaient, ce qu'ils voulaient être. Il n'était aucun écrit du commun pour véritablement transmettre ce à quoi ils pensaient, ce qu'ils pouvaient prier, et il n'était rien d'autres que les histoires offertes aux oreilles des enfants pour leur apprendre ce qu'ils devaient ou ne devaient pas croire, ce qu'ils pouvaient ou ne pouvaient faire pour devenir civilisés. Tradition orale. Manipulation condamnable des âmes déjà entachées des enfants par l'acte cruel de leurs parents.

Il aurait dû en être ainsi pour cette curieuse enfant. Elle n'aurait jamais dû sortir du cercle bien fermé de sa famille. Rien que l'idée, jamais plus que l'idée, aurait dû la faire assez frémir pour qu'elle en trépasse de frayeur. Seulement, ce n'était qu'une envie. Que pouvait-ils craindre d'une envie enfantine alors que toute sa famille passait son temps à en scruter les couvertures, à en suivre les lignes du doigts, à s'évertuer à la faire croire? De sa naïve pensée encore enfantine, elle ne pouvait s'imaginer qu'il n'y avait pas plus grandes armes que l'imaginaire et le besoins, qu'il n'y avait pas plus terrible perspective pour le faux berger que de voir sa candide brebis lui tourner le dos. Cette envie, ce besoin, cette simple idée qui se faisait de plus en plus maligne et revêtait l'instance de la tumeur de son existence grossissait de jour en jour pour mieux en devenir l'obsession de ceux-ci. Pourtant, malgré la candeur toute innocente qui l'habitait encore, elle ne dit rien à personne au sujet de sa découverte, elle se contentait du haut de ses dix années encore hésitante de le cacher dans un coin de se tête. Là, personne ne le trouverait. Là, la fatalité attendrait sagement que sa destinée s'accomplisse.

Tout était écrit. Fatalité infernale qui liait déjà une enfant à une envie, et une existence à une cruelle infamie. Il est, néanmoins, parfois étrange de voir que les choses ne se passent pas toujours comme elles auraient dû se passer. Cependant, il est souvent aussi amusant de voir comment le destin s'y prend pour rattraper les quelques erreurs de calcules. Si les choses avaient tourné comme elles auraient dû tourner, alors la petite fille aurait fini par oublier, elle aurait suivit le chemin qu'on lui avait tracé, serait rentrer dans ce moule dans lequel sont forgés les gens civilisés. Le secret aurait été sagement gardé, et encore imprégnée des délices de l'innocence, elle aurait découvert la grâce et le pardon. Elle serait devenue une femme digne de ce nom, réussissant à racheter les fautes de ses frasques maladives, depuis trop longtemps, baignées dans les eaux troubles des fleuves infernaux. Malheureusement, le tout  fut oublié, et ce ne fut qu'à l'aube de ses quinze ans que ce tout fit de nouveau surface.

L'âge avait effacé les traits poupins de l'enfance, gommé les rondeurs candides, et c'était une silhouette bien plus femme que petite fille qui se dessinait sur les murs. Pas très grande, d'une finesse toute faite de rondeurs pas encore apprivoisées, elle avait déjà ce teint de porcelaine qui la rendait aux yeux des autres aussi innocente qu'un agneau venant de naître. Et, innocente tout comme inoffensive, elle l'était encore à l'époque. Seulement, la machine allait soudainement se mettre en marche. Crachotant au début, toussotant les vents de poussières qu'elle avait avalé à force d'attendre, pour finalement cliqueter comme un horloge bien huilée. Un simple coup de pied contre les planches de la vieilles remises avait suffit à faire tomber les premiers sangs. Elle avait sursauté, et l'avait vu s'écouler du visage de cet autre. Précipitation désordonnée l'avait contrainte à y mêler ses doigts pour mieux en arrêter le flot. Les cris avaient fusé et bientôt le blessé s'en était allé sous ses yeux encore hagard. Ses mains écarlates de son sang, elle était restée un instant à les regarder avant d'en porter le bout de ses doigts à ses lèvres. Elle avait alors vu, s'était souvenue, son souffle avait repris tout comme le cours de sa destinée.

Un brin de rébellion, un soupçon de curiosité, et une intelligence fort rare pour une jeune fille de cette âge contribuèrent à sa chute. Elle qui avait jusqu'alors suivit les préceptes émis par la société ou au moins par sa famille, aveugle petite chose, elle se retrouvait face à ce qui s'appelait « le doute ». Le problème avec les interdits, c'est qu'ils sont ainsi, on y goutte une fois, et l'envie de voir jusqu'où l'on peut aller se fait sentir. On continue à rêver, à imaginer, à penser, réfléchir, et partout les idées prolifère. Milliers de bourgeons prêt à exploser dans la symphonie d'une nouvelle vérité. La sienne, sa vérité, serait appelé par un cœur déchiré. Le sien. Celui d'un autre. Il allait arriver, un jour, agonisant. On allait le jeter sur une de ces tables de chrome et d'acier dont elle avait déjà aperçut les usages sans jamais en avoir eut elle-même la moindre utilité. Elle était loin de penser que ce jour serait le sien, qu'elle allait devoir mettre ses mains au creux du corps de cet homme pour en sentir l'existence s'enfuir. Initiation, fort peu ragoutante pour cette adolescente encore transcendée de maints doutes au sein de ces réelles aspirations. La mort donnée, le goût âcre du sang sur les lèvres, le besoin transcendant de continuer. La réalité était si grande, si parfaite, si curieuse qu'elle ne put s'empêcher d'y repenser.

Elle finirait pas s'éloigner des carcans familiale, à se faire lointaine vis à vis du giron sociétale. Là sans être là. Présente mais toujours un peu absente. Loin. Loin de tout. S'échapper à l'aube de sa jeunesse pour ne plus être une enfant, pour se laisser tomber entre les bras salvateur d'un besoin qu'elle pensait plus juste, plus fort, et plus aimant que tout ce qu'elle avait alors connu. Il n'y avait plus de pages manquantes au creux de son existence, plus de mensonges énoncés, et la réalité faisait d'elle ce que les autres appelaient un monstre. Il n'y avait plus que ce voile fait d'autant de mensonges que de trahisons offertes à ce monde qui était le sien sans vraiment l'être. Elle apprendrait. Elle ne serait plus que le fantôme qui courait au travers des campagnes habillées de sa robe blanche encore tâchée du sang de cet homme. A jamais tâchée. A jamais profanée. Et l'exile dura. Il dura assez longtemps pour qu'elle puisse y croire, assez longtemps pour que sa vigilance s'éteigne, que son âme et son cœur se radoucisse. Elle faisait erreur en pensant que tout s’arrêterait ici, aux portes de ces doutes, de sa fatalité. La destinée, et plus encore la leçon était toujours portée par le vent, jamais arrête par les murs ou encore la foi d'une oie blanche déjà à moitié saignée.

La suite ne fut pas des plus reluisantes. Si elle s'était échinée toute sa jeunesse à ne pas reproduire l'indicible tout en se persuadant qu'elle ne pouvait y échapper, sa fuite en avant l'avait conduite dans le culs de sac de ses retraites. Coincée au pieds des murs de sa propre fatalité, elle avait finit par se laisser aller à son exquise mélancolie meurtrière. Besoin magnifié par la jouissance de se nourrir des chairs de ces autres, elle en ourlait l'acte d'un sanctuaire tout esthétique. Cadavres semés, éparpillés, égrainés à la faveur de sa macabre gloutonnerie. Il en fallu néanmoins bien plus encore avant que le couperet d'une justice dont elle ne se clamait pas tombe enfin, et que sa fuite délibérée sous les hurlements des sirènes. Abattue en plein vol, elle délaissait ce qui avait été le fondement de son existence, son quotidien le plus morose comme le plus exaltant. Elle voulait être curieuse. Elle s'était offert le savoir. Elle voulait être elle même, elle s'était offert l'hypocrisie, le choix de dire que tout était de la faute de la société, de son être vicié. Elle succombait sans vraiment mourir, elle se laissait faire, se laisser emporter par les eaux sombres des fleuves infernaux pour mieux renaître sur cette autre côte.

C'est un ◖ Salamèche ◗ !

◖ Nature ◗ Timide
◖ Niveau ◗ 8
◖ Talent ◗ Force Soleil
◖ Attaques actuelles ◗ Griffe, Rugissement, Flamèche

◖ Statistiques◗
PV : 24
Attaque : 13
Défense : 11
Att Sp : 14
Def Sp : 13
Vitesse : 15

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