Personne ne sait réellement qui je suis, et ce n’est pas plus mal. Lorsque j’étais petite, pour tout le monde j’étais la fille du médecin du village, ce qui faisait de moi une attraction touristique. Le truc, c’est que je n’étais pas la gamine sage que mes parents auraient espéré. Non, j’étais une gamine qui ne voulait pas qu’on lui apprenne les différentes villes des différentes régions et qui préférait jouer à se battre avec les garçons. Mais “une fille ne doit pas se battre”, donc à la place de me laisser aller en récréation, mes parents avaient payé mon instituteur pour profiter de ce quart d’heure pour m’apprendre encore plus de choses. Berk. Moi je voulais aller jouer comme tous les autres enfants…

Très tôt, mes parents me firent prendre des cours de piano. Bien évidemment, je n’apprenais pas à jouer des morceaux contemporains que tout le monde connaissait, non, on m’obligeait à apprendre des morceaux vieux d’au moins cent ans et qui sentait la poussière. Mais ce qui était pour moi vécu comme une punition, est devenu une source de liberté à l’adolescence ! En effet, mes parents étaient du genre à me faire taire si une chose me gênait, alors j’évacuai mes émotions à travers le piano, en produisant des mélodies totalement nouvelles. Petit à petit, mes parents ne se rendaient même plus compte que ce que je jouais ne faisait pas partie des “classiques” que l’on m’avait enseigné. La musique était pour moi un moyen de m’évader lorsque j’étais à la maison.

Pour ce qui était hors domicile familiale...Et bien disons que je m’amusais comme une petite folle. En cours, je m’intéressais à tout et je participais beaucoup ce qui me menais souvent à débattre avec le professeur. La majorité m’aimait du coup, ce qui explique le fait que mes professeurs n’aient jamais mis sur mon relevé de notes à quel point j’étais bavarde et à quel point je pouvais me montrer pitre. Très vite, je me suis retrouvée la bonne copine des garçons car j’étais toujours partante pour m’amuser, alors que les autres filles étaient plutôt du genre tricot. Le problème avec cela est que j’étais tellement à l’aise avec eux, que me baigner pratiquement nue dans un étang en leur présence ne me gênait pas du tout, c’était pour moi comme me baigner avec des frères (si j’en avais eu). Bien évidemment, vu de l’extérieur ça passait moins facilement, car plus les années passaient, plus je prenais des formes, et moins on pensait innocent ce que je faisais. Et bien oui, si vous avez les seins qui ont poussé, interdiction de traîner avec un garçon sinon c’est signe que vous êtes ouverte à coucher avec lui...Or moi je trainais avec toute une bande donc vous pouvez imaginer ce que les personnes pouvaient penser. Mais moi je m’en foutais, je ne me souciais pas de ce que disaient les gens, même ce que disaient mes parents. Ce n’était pas quand même pas ma faute si les autres filles étaient chiantes à mourir !

Petit à petit, mes amis ont commencé à courir après les filles, à vouloir leur retirer leur robe pour jouer avec elles. Certaines se sont retrouvées en cloque et la saison des mariages s’est retrouvée chargée. Mes amis courraient après les filles mais ne m’incluaient pas dans “les filles”. Petit à petit, le groupe des célibataires a rétréci, et au final un ami m’a enfin regardée autrement que comme “une pote”. Le truc c’est qu’à l’époque je ne me suis pas rendue compte que c’était surtout parce que toutes les jolies filles étaient déjà casées. Moi je n’étais pas trop moche, et ma famille était friquée… Je n’étais pas un si mauvais partie au final. Bon, sauf qu’au bout d’un moment, lors d’une dispute, je me suis prise à la gueule que je n’étais rien, je ne valais rien, qu’au final il n’était avec moi que parce que les autres filles étaient déjà prises, et que si c’était à recommencer il séduirait une de ces filles dans les premiers pour en avoir une et ne pas se retrouver bloqué avec moi. Comme vous pouvez l’imaginer, j’ai pleuré pendant une semaine… Non je plaisante, il s’est prise une sacrée claque (il a gardé la marque de ma main pendant trois jours) et je n’ai même pas pleuré. Lorsque j’en ai parlé à mes parents, ils m’ont expliqué qu’il fallait que j’arrange les choses car il était ma dernière chance. Oui oui, d’après eux, cette ordure était ma seule chance. Et bien je me suis barrée. Bon, pour être honnête, il y a une chose que je regrette… Je suis partie sans valise, sans un seul autre fringue que ce que j’avais sur le dos.

Au village voisin, j’ai rencontré un homme, vagabond lui aussi. Bon d’accord il n’était pas vraiment un vagabond car c’était un dresseur. Il m’a prise sous son aile et ensemble nous avons parcouru un certain nombre de régions. Au début je servais à gagner un peu d’argent en jouant du piano dans les bars, et bien souvent on nous offrait même l’hospitalité à condition que je joue encore quelques heures. Un jour, alors que nous marchions sur un sentier au milieu d’une forêt, un pokemon ressemblant à une espèce de bobine de laine est sorti d’un buisson. Me voyant sous le charme, mon ami le dresseur l’a capturé et me l’a offert. Voilà comment j’ai eu mon premier pokemon, et comment je suis devenue dresseuse.
Bon aller je vous épargne toute une partie de mon histoire car je suis certaine que vous avez mieux à faire, mais à un moment donné nous nous sommes séparés pour poursuivre chacun de son côté la vie de dresseur. Bien des années plus tard, nous nous sommes retrouvés. Bon, lui était devenu maître de ligue alors que moi j’avais fini par me contenter d’acheter un bar et de me battre contre les voyageurs qui cherchaient un peu de challenge (c’est d’ailleurs parce qu’il avait entendu que je n’avais jamais été battu que cela a attiré son attention et qu’il m’a retrouvée). Il a décidé de m’affronter et je lui ai mis une raclée. Du coup, il m’a proposé un boulot : devenir maîtresse d’une Ligue qui était en train d’être créée. Vu que je commençais à avoir l’impression d’avoir fait le tour de ma vie de propriétaire de bar, mais aussi parce qu’une telle opportunité ne se refuse pas, et bien j’ai accepté.

Voilà donc comment je me suis retrouvée à la tête de la Ligue pokemon de Miranoir. Bon, si je me suis retrouvée “maitresse de Ligue” et non pas membre c’est parce que je l’avais battu alors que les autres l’avaient simplement impressionné. Le truc c’est que quand vous êtes maitresse de Ligue et bien vous êtes la dernière personne qu’on affronte, ce qui signifie que si les membres de la Ligue sont super forts (et ils le sont) et bien personne n’arrive jamais jusqu’à vous. Du coup, personne ne me connaît sous le chapeau de “maitresse de Ligue”, mais je suis plutôt connue comme étant une folle qui joue du piano dans les bars accompagnée d’un goinfrex.