Renegade. ft Mars Spectrum

Ou alors elle préférait toujours en parler à lui, se faire un ami du petit sbire que personne ne remarque, un allié discret, qui paraît inoffensif, et ô combien il l’est, comparé à Mars, comparé mais ni elle ni les autres, ni Hélio, peut-être pas lui-même ne sait de quoi il est capable, jusqu’où il peut aller, de sang froid ou non. Mais à part ça, il n’a rien de plus spécial que les autres, c’est juste qu’il semble assez neutre, assez… lui. Il se fond dans la foule, Arz, il n’est qu’un dans la masse, peut-être était-ce une erreur de le faire venir seul ? Et pourtant, elle semble ne pas avoir le choix, et lui révèle le peu qu’il peut savoir, le peu qu’il saura contrairement aux autres. Et pour le moment il semble décidé à fermer sa bouche, à garder le secret, mais il sait, et sans doute Mars aussi le sait-elle, mais si la moindre opportunité lui offre une meilleure situation, plus de pouvoir, plus de gloire, il n’hésitera qu’à peine. Parce que c’était le but de la team Galaxie, parce que c’était le but que de gravir les échelons, et au fond il a commencé à réussir, il s’est approché d’une admin. Et en lui, un sourire nait, le genre de sourire victorieux rieur, égocentrique, en voyant le chemin de lumière qui s’offrait à lui, qui apparaissait dans la pénombre claire qu’il suivait jusque-là, depuis qu’il est parti de Carmin sur Mer en quête de richesse, de gloire et de puissance. Ah, ses parents tireraient une drôle de tronche s’ils le voyaient si près du but, certes le chemin est encore long, mais nul doute que ces expériences le bâtiront, l’élèveront. Bon, elles ne le rendront pas plus intelligent ou quoi, elles ne le changeront pas en mieux, bien au contraire, il est pourri depuis l’enfance, Arzhael, depuis qu’il prend plaisir à malmener ses petits frères et sœurs, depuis qu’il tape des pokémons et qu’il aime ça. Certes il s’était calmé depuis, et peut-être qu’en soit, l’âge adulte l’a effectivement assagi en le tournant vers d’autres objectifs que la souffrance des autres, par exemple la sienne ? Peut-être qu’au fond il se dit qu’il faut supporter ça, aimer ça pour être un homme, peut-être qu’il est définitivement resté pervers, peut-être qu’il a vu trop de porno, mais là il ne se pose pas la question, il observe la jeune femme qui le détaille de son regard perçant, trop perçant, il a l’impression de se faire glacer l’âme des fois, et dieu que le Farfuret lui convient comme pokémon. Cheveux de feu pour cœur de glace, pas étonnant que le mélange soit explosif, et forcément dangereux quand on s’en tient trop près. Et sans doute Arzhael se dit-il qu’il saura faire fondre cette glace, à force de temps et de plus ou moins patience, ce qui n’est pas son point fort chez lui. Ce pourquoi il approuve, qu’il accepte le contrat pour le moment, son silence et sa loyauté, pour une récompense plus tardive, il y joue sa vie sans doute, mais moins que s’il cherche à avoir une rétribution immédiate, moins que lorsqu’il a essayé de se servir, tout à l’heure, alors il ne lâche pas des yeux la rousse qui s’approche, lui fait face, pic acéré d’une montagne enneigé, iceberg de puissance, même sans ses pokémons, elle est tellement fière et droite, et pourtant le regard noisette le sonde, comme cherchant une faille, comme cherchant à ce qu’il proteste, se fasse bruler par cette caresse glacée, comme cherchant à lui extraire quelque chose, un son, une émotion peut-être, mais il reste aussi neutre que possible, aussi indifférent qu’il peut être face à cette flamme qui s’approche, toujours plus près, cette flamme qui ne manquera pas de le consumer au moindre faux pas, au moindre souffle, surtout celui de la parole. Et le silence cogne, encore et encore, ne faisant ressortir que le crépitement du brasier ardent en face de lui, qui finalement se calme, s’apaise, s’endort alors qu’elle brise le silence, qu’elle se met volontairement en danger, que ses griffes acérées se posent sur les marques cramoisies. Ses yeux sombres, bien trop sombres et calculateur croisent les siens, ô combien naïf et enfantins à côté, alors qu’elle murmure, brise sa propre glace.

« C'est amusant, tu ne parles que lorsque ta vie est en danger... »

C’est comme un vent encore frais, mais parfaitement glacial, qui semble annoncer un blizzard, et à son tour il pince les lèvres, son souffle se fait déjà plus court, comme en prévision de la torture à laquelle elle allait le soumettre, pourquoi réagit-elle comme ça, à nouveau, encore une fois, alors qu’il s’est tenu à carreau. Veut-elle tellement qu’il joue le sbire indiscipliné, comme un adversaire à sa mesure, à sa hauteur, comme si elle n’avait attendu que lui, pour enfin lancer le jeu, mortel, mais terriblement amusant pour elle, comme le prouvent bien ses doigts qui appuient doucement, font ressortir les marques faites un peu plus tôt, les marques qui semblent faire de lui la possession de la rousse, comme si le baiser avait scellé une chose étrange chez eux, comme si le pacte était bien plus profond et complexe d’une simple loyauté hors des bornes. Et brusquement elle lui fait relever le menton, offrir sa gorge, sa chair qui pulse d’un sang rouge carmin, d’un rouge assoiffant, comme si d’un instant à un autre elle allait plonger les crocs dedans pour se repaitre. Et peut-être bien que c’est ce qu’elle a en tête, alors qu’elle approche son corps, bloque le sien contre le bureau, et les doigts du sbire agrippent le bois robuste, il pourrait sûrement fuir, s’échapper, enfin, c’est ce qu’il se dit. Il oubliait que Mars l’avait maîtrisé en un rien de temps lorsqu’il était arrivé, qu’elle l’avait aussitôt mis en danger de mort d’être entré sur le champ de bataille. Et alors que lui sentait une légère panique crever depuis son ventre, remonter à son cœur, sa gorge, ses doigts, ses joues, elle demeura si calme, si impassible, à enfoncer ses ongles dans sa peau, à lui faire des marques, encore et encore, et il ouvrit la bouche, cherchant quoi dire pour stopper la tempête glaciale, mais rien ne venait, à part peut-être des « Pitié » ou « S’il te plait ne me bute pas pour ça » mais Arzhael avait trop de fierté, il n’allait pas s’abaisser à dire ça dans un tel moment, et Mars ne l’épargnerait pas pour autant. Ça lui plairait sûrement, de le voir supplier au sol, agoniser et se vider de son sang.

« C'est ton truc, flirter avec le danger. Avec la mort. C'est ça, qui t'excite ? »

Et il ne peut s’empêcher de frémir, de froid ou d’anticipation ? Il n’aurait su dire, ça se bousculait un peu dans son cerveau, on aurait dit qu’elle voulait le tester, qu’elle voulait qu’il approuve, juste pour gagner, juste pour pouvoir le martyriser de son plein gré, pour voir jusqu’où il aimerait ça. Et il déglutit difficilement sous ses doigts qui appuient sur sa trachée, sur sa jugulaire, elle doit sentir pulser le liquide qu’elle aime tant, qui l’anime peut-être à cet instant de faire tout ça. Voilà qu’elle affiche même un léger sourire, comme l’imaginant déjà couvert de sang, s’imaginer faire un festin, et lui encore là pour l’observer, pour… Apprécier ? Parce qu’il lui semblait qu’il en avait déjà trop montré, que Mars était curieuse, et qu’elle allait continuer, encore et encore, comme un bizutage, comme pour le roder, et l’ancrer à elle, à sa manière, à leur manière. Il avait peut-être mal choisi, d’un autre côté elle avait été la seule à se souvenir de lui, à vouloir de lui. Saturne ne voulait que le bien d’Hélio, et Jupiter ne voulait pas plus de concurrents, mais il n’avait pas été très proche de la brune. Peut-être se serait-elle servie de lui, lui d’elle, et ainsi de suite, jusqu’à grimper toujours plus haut, et se pousser des sommets. Et il se dit qu’il n’y aurait pas eu autant de challenge, avec Jupiter. Que Mars, qui prenait un malin plaisir à le rabaisser, l’humilier, offrait bien plus de challenge, et il ne peut empêcher un sourire d’étirer ses lèvres alors qu’il observe la rousse qui le contemple, un sourire aussi aux lèvres, mais bien plus sadique, oh oui.

« J’avoue n’avoir jamais testé plus loin que ça… »

De la provocation ? À peine. Évidemment qu’il jouait avec le feu, après tout il était en face, et il ne pouvait fuir, alors que faire d’autre que foncer dans les flammes ? Nul doute qu’elle allait prendre la mouche, que le jeu allait continuer longtemps comme ça, et on se doute bien que si Mars s’en lasse, Arzhael saura raviver les braises. Il saura continuer, encore et encore.

Renegade.

Renegade ft Mars Spectrum

Arzhael aurait été dans une autre situation, il n'aurait pas provoqué. Il aurait été face à une autre personne, ailleurs, à un autre moment de la journée, de sa vie, il n'aurait jamais dit ça. Mais Arzhael s'ennuyait, c'était la principale raison pour laquelle il s'était jeté dans la gueule du Grahyèna. Ou les griffes du Chaffreux, dans la situation présente. Car tel était le jeu, il était le dedenne, elle le chat qui voulait jouer avec sa proie. Et le jeu avait beau être dangereux, mortellement dangereux, il s'y enfonçait, doucement, à savoir qui se brûlerait, serait soufflé en premier. Et heureusement que personne n'était présent, sans quoi ils auraient finis depuis un moment à l'hosto psychiatrique ou la prison du coin. Et elle se serre contre lui, tout comme ses doigts appuient contre sa gorge déjà meurtrie, les siens agrippant toujours le bureau, et il se retient de s'accrocher à ceux de la rousse, pour l’empêcher de serrer plus, pour qu'elle l'épargne alors qu'il supplierait, même corporellement, il se retient si fort de paraître faible, d'abdiquer et de déclarer forfait, alors que son cœur s'affole, sa respiration aussi, alors que sa vision se trouble, est-ce qu'il est vraiment prêt à crever des mains de cette fille, sans se battre, sans le vouloir, aussi ? Mais il sent bien qu'elle le teste, qu'elle joue avec ses limites, et qu'il s'il bouge, elle le tuera, comme si elle n'avait pas fait exprès, comme si ça aura été sa faute, qu'il a gigoté. Et ça lui coûte, mais il reste aussi calme que possible, même s'il était tenté de penser qu'elle défoulait là ses pulsions meurtrières. Mais après tout il est son unique sbire, son unique arme, ou presque. Après tout elle l'a réclamé, elle a voulu qu'il vienne ici, qu'il traverse les flammes pour être son esclave, mais Mars savait si bien changer d'avis qu'au fond, elle pouvait très bien décider de le tuer là, sur place, et sans regretter, elle se trouverait juste un autre gars un peu moins, juste un gars qui ne provoquerait pas, qui ne chercherait pas à se faire étrangler comme actuellement. Mais il est si arrogant, si insouciant de tout, qu'il risquait de frôler la mort un bon paquet de fois, et Mars teste ses limites, actuellement, il le sent bien qu'elle cherche déjà le dresser, à le faire plier, le mettre à genoux face à elle, mais il n'est pas décidé, vraiment. Pas sans une contrepartie. Et il avait déjà essayé de la choper, la contrepartie, et il avait failli crever pour de bon. Alors ils sont dans une impasse, tous deux forcent, appuient, se combattent et se cognent pour faire plier l'autre, et évidemment, Mars gagne, ça manque le faire soupirer. Et ça se voit dans ses yeux, il se résigne pour le moment, il allait ouvrir la bouche pour déclarer forfait quand...

Il avait à peine vu qu'elle scrutait son cou rouge des marques de griffe qu'elle y avait déjà imposé, et il pige à peine qu'elle répond à sa provocation, que déjà ses crocs ont percé sa chair, et il frémit violemment, il poussa même un gémissement, alors que la vague de douleur explose en lui. Et il n'aurait su dire si tout ça, si son corps qui se tendit, se crispa violemment alors qu'il sentait le sang chaud perler, il ne l'avait pas réellement voulu au fond. Il n'avait jamais testé, c'était la pure vérité, il était puceau du masochisme, quoi, et il n'aurait pas pensé qu'elle le fasse, du moins, pas si fort surtout. Et il préférait cent fois que ses sentiments soient partagés sur ce que son corps ressentait, que mettre un doigt dessus. Et il était tétanisé de ses sensations, alors que Mars buvait son sang, alors que quelques gouttes lui échappaient et coulaient le long de son cou, comme il y a quelques minutes, en bas. Comme s'il fallait bizuter chaque pièce dans laquelle il entrait, ça serait la salle de bain, après coup ? Il aurait pensé que ses doigts desserreraient leur prise alors qu'elle le suçotait comme un vampire, et il lui semblait que c'était bien plus intolérable à supporter que... Ça. Il sentait sa poitrine se soulever violemment, alors qu'il tremblait légèrement, bien que ça s'accentue, et son sang cognait douloureusement contre la bouche de la rouquine, dans ses tempes, dans son front aussi, il se sentait défaillir, un peu. Et pourtant il essayait de rester debout, il n'était pas une mauviette, c'était juste une morsure, et elle restait si calme, comme si c'était normal pour elle, chez elle, et en soit, oui. Quelques intenses et violentes secondes, durant lesquelles il se demanda si elle n'allait pas réellement le tuer, et le faisait s'agiter nerveusement, un sursaut, un tic de réactivité, de vitalité, ah manifestement il aimerait bien vivre encore un peu. Et peut-être que ça réveilla aussi Mars, qui se délectait de cette boisson interdite, puisqu'il sentait ses lèvres glacialement brûlantes remonter, ses griffes défaire leurs étreintes.

« Tu es ma chose, Arzhael. Si tu t'avises de me trahir ou de te montrer soudainement inutile, je te tuerais. Et si tu décides de fuir, sache que je te retrouverais. Sans aucune difficulté... »

Il ne put s'empêcher de pousser un soupir soulagé, qui pouvait très bien passer pour appréciateur de cette puissance cachée sous les griffes de la belle, peut-être était-ce le cas, peut-être pas, néanmoins il lui jeta un regard quelque peu vitreux à sa menace, à ses mots possessifs. Comme si tout ça n'avait été qu'un rituel méthodique, qu'il était réellement devenu sa chose, et qui ne dit mot consent, il ne nia pas, ne protesta pas. Le pacte avait déjà été scellé, cette morsure en était juste le sceau brûlant, le tatouage, ou plutôt la marque au fer rouge, à même la peau, à même le sang, elle l'avait sûrement empoisonné, comme un Nosferapti. Pour qu'il reste là, haletant, appuyé et presque avachi contre le bureau de Mars, au lieu de fuir en courant, au lieu d'hurler. Il était encore un peu trop concentré sur la brûlure qui irradiait, et le liquide pourpre chaud qui glissait le long de son cou. Elle se recule, elle l'observe, et lui aussi, alors qu'elle se passe la langue sur les lèvres, elle a l'air d'aimer. Et ce sourire de psychopathe... Comme si elle révélait sa vraie nature à son unique sbire, qu'il était le seul en droit de voir ça, de comprendre ça, de l'apprécier ? Après tout ils étaient dans leur bulle, dans leur chambre, là où personne ne pouvait décemment les déranger, pendant qu'elle le bouffait à pleines dents, personne ne verrait et ne saurait, pas avant de voir ses marques. Et ce que pouvaient en penser les gens, il s'en foutait bien. Il était dans la merde, il s'y dépêtrerait tout seul, sans aide extérieure. Ou presque. Et il suivit des yeux la goutte de sang qui roula le long du menton, puis du cou de Mars, tachée à son tour de la funeste couleur, étrangement il avait envie d'aller la récupérer. C'était sûrement une très mauvaise idée. Elle le tuerait sur le champ, et sans s'assurer qu'il apprécie, cette fois. Parce qu'elle, à coup sûr, elle adorerait voir sa douleur et son incompréhension dans son regard. Bref. Tout ça pour dire qu'elle était flippante, et qu'il avait l'exclusivité du spectacle, dont il finit par décrocher, les jambes flageolantes. Alors il finit par agripper la chaise, s'y laisser tomber en soufflant, et il porta des doigts brûlants et tremblants à son cou poisseux, l'odeur métallique avait envahi la chambre, et on se demandait pourquoi. Il devrait sûrement aller se nettoyer dans la salle de bain, mais il n'était pas sûr de vouloir voir l'étendue des dégâts.

« Tu as bon goût. »

Encore heureux, tiens, il aurait pété un câble si elle lui avait encore craché dessus, parce que tout ce qu'il subissait, ça commençait à faire vraiment beaucoup. Mais il ne doutait pas que d'ici quelques semaines, il finirait marqué de partout, comme un arbre à Chaffreux. Et il lui jeta un regard mi perdu, mi noir, alors qu'il réussit dans un élan de vitalité - il était assez costaud tout de même - à se relever, à rejoindre la porte, puis la salle de bain, où il galéra à ôter son haut. Et cette fois il n'avait nul désir d’exhibitionnisme, il s'approcha du miroir, ses doigts tâchés posés sur le blanc du lavabo, et il grimaça, on aurait vraiment dit qu'il s'était pris une attaque morsure de plein fouet, genre que Mad l'avait bouffé. Sauf que Mad ne ferait jamais ça, la Medhyèna était bête et peureuse de son maître. L'eau coula doucement tandis qu'il nettoyait avec moult grimaces, ça picotait sévère, et il hésita à demander s'il y avait de quoi désinfecter quelque part, mais Mars risquait de mal le prendre. Alors il resta là, à contempler la plaie, comme l'assimilant, comme si elle allait faire partie intégrante de sa vie, pour toujours. Ça sonnait comme une étrange promesse.