L'amour est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un son effacé.

Cela faisait déjà un petit bout de temps que je suivais ce dresseur. Il avait fait tombé un papier sans vraiment le faire exprès mais avant que je puisse le ramasser, un Flamajou l'avait fait avant moi. Surprise, je l'avais suivie alors qu'il avançait d'arbres en arbres pour rejoindre la personne qui l'avait fait tomber. Solochi me suivait de près, tenant entre ses dents une lanière de mon sac pour ne pas se perdre. Je m'arrêtais lorsque je remarquais que nous étions arrivés vers le fameux dresseur. Le Flamajou lui lança le papier qu'il avait roulé en boule. Un petit sourire étira mes lèvres. Il faisait mon travail à ma place. J'observais la scène. L'homme semblait véritablement énervé de s'être fait embêter par un pokémon. Pourtant, c'était loin d'être terminé pour lui. En voyant le pokémon singe me frôler pour fuir, Solochi se mit en plein dans la trajectoire du dresseur puis lui donna un coup de tête dans le ventre. "Solochi !!" S'exclama Slade, loin d'être content. Je sortais des buissons à mon tour. Le visage toujours peinturluré par de la cendre noire. J'avais sortie ma machette, la pointant vers le dresseur.

- En plus de polluer, tu veux "faire la peau" à un pokémon sauvage ? Mauvaise idée.

J'avais parlé avec une voix mauvaise et agressive. Solochi grognait après le dresseur.

L'amour est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un son effacé.

La machette que j'avais était en partie présente pour me défendre. Et puis cela me rassurait d'une certaine façon. Je regardais l'homme sur le sol en train de me râler dessus. Parce que oui, en plus il me râlait dessus ! Je serrais la mâchoire d'énervement. Il avait l'air d'être l'une de ces personnes qui se croyaient au dessus des gens et des lois.

- Nul n'est censé ignorer les lois. Aucuns papiers dans la forêt ! Ta mère ne t'as jamais appris à ne pas polluer ?

Je rangeai ma machette dans son fourreau qui se trouvait dans mon dos.

- A moins que tu ne saches pas lire !

Il y avait souvent des panneaux en bois rappelant l'interdiction de jeter des déchets sur le sol. S'il croyait que j'avais que ça à faire de suivre les dresseurs pour surveiller leur comportement, il se fourrait le doigt dans l'oeil jusqu'au coude.

L'amour est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un son effacé.

J'écoutais cet idiot tout droit sortit de la ville. Mon regardvert semblait s'être teint de noir tant j'avais envie de le massacrer à coups de poings. Elle serrait fortement les dents pour ne pas succomber à cette pulsion. Ce que ça changeait ? Bordel, mais ça changeait tout ! Je n'allais sûrement pas le laisser filer ainsi. Mon Solochi lui donna un nouveau coup de tête afin que l'homme retombe.

- C'est à cause de gens comme toi que Miranoir est en danger. Vous débarquez tous de vos régions pour notre île, vous jetez vos déchets où bon vous semble.

Je ramassais le papier tandis que Solochi ouvrit grand la bouche pour lui mordre l'avant bras. Je m'accroupie puis logea la boule de papier dans la bouche du garçon alors qu'il allait crier ou bien parler. Je fis signe à Slade de mordre plus fort.

- Même tes paroles empoisonnent l'air...

Sifflais-je en me relevant. Slade relâcha sa prise à contre coeur.

L'amour est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un son effacé.

La violence, il n'y avait que cela que les gens comprenaient désormais. Quand ils ne vénéraient pas leur Dieu fait de papier vert. Je les haïssais tellement... Peu importe d'où ils venaient, les gens étaient tous les mêmes. Ils n'ont cure des problèmes des autres et tout ce qui les satisfont est de savoir si leurs journées brilleras encore de mille paillettes le lendemain.

- La violence est la seule chose que vous semblez comprendre, vous, les gens de la ville... Tu peux être aussi bien le maître de la ligue ou bien un policier ou même encore un champion d'arène que je te traiterais exactement de la même façon.

Le monde hors de la nature est devenu étranger pour moi. Et quand il s'agit de s'y rendre, je me retrouve dans un lieu où la foule est oppressante et où le regard des gens jugent sans connaître. Exactement comme je le faisais avec ce garçon.

- Oh, vraiment ? Et que comptes-tu faire ?

Déclarais-je. Je feignais de trembler face à sa révélation.

L'amour est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un son effacé.

Il m'attrape alors le bras, me rappelant que je ne suis pas la plus forte. J'essaie de me dégager de sa poigne, je remarque Solochi qui commence à inspirer de l'air pour lancer une attaque Draco-Souffle. Je lui fait signe de ne rien faire. Cette attaque nous tueraient probablement tous les deux. Il dit qu'il va me faire enfermer. Je me débat autant que je peux et lui mord le poignet, bien qu'il ne devait rien sentir puisque sa veste le protégeait de mes dents. Je grognai comme une sauvage en entendant ses paroles. Je commence à paniquer sérieusement. Comme si je changeai soudainement de personnalité, mes yeux commencent à se faire humides. Pour la première fois de ma vie, j'ai peur d'un homme. Ses menaces de me faire interner dans un asile ou une prison me fait réaliser à quel point je ne suis pas normale. Il me force à regarder son bras ensanglanté tout en me secouant. Je détourne les yeux en grimaçant et en pleurant.

Sauver la planète ? Non. Sauver Miranoir ? Oui. Je donnerai tout ce que j'ai pour sauver Miranoir. Je tuerai pour Miranoir. Cela fait-il de moi un monstre ? J'avais survécu à un éboulement grâce à sa faune. J'avais survécu à l'abandon de mon père grâce à sa flore. La forêt m'avait élevée et recueillie alors que je n'avais plus personne. Je ne savais pas pourquoi elle ne m'avait pas laisser mourir. Je le méritai tellement après ce que j'avais fait à Lùkas. Je recevais une gifle monumentale avec ses mots. Il finit par me lâcher, je recule de quelques pas alors qu'il me tourne le dos. Ce n'est pas plus mal vu l'attitude que j'ai. Passant de l'offensif à la défensive. « Je sais pas ce qui s'est passé dans ta vie pour te rendre ainsi. Qu'est-ce qu'on t'a fait...?  » J'étais secouée. Cette phrase résonne dans ma tête. Ce qu'on m'a fait ? Ce que j'ai fais. Ce que je suis. Le mal, le bien. J'en sais rien. Je tremble de peur. Mais aussi de rage. Tout ce que j'ai dans la tête m'épuise.

- On m'a abandonnée !

C'est sortit tout seul dans un sanglot mêlé de rage. Je n'ai qu'une seule envie, fuir. Me mettre à courir là tout de suite. Je fais un nouveau pas en arrière.

L'amour est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un son effacé.

Je me sens vide, cette rage et cette tristesse pèsent sur mes épaules. Mais à l'intérieur... Je n'ai rien. Je ne suis rien. Ai-je déjà été quelqu'un ? Je veux fuir. Comme je le fais toujours. Disparaître à travers les buissons et me fondre dans le silence de l'obscurité. Le ciel s'assombrit comme s'il avait comprit. Comme s'il voulait essayer d'extérioriser ce que je ressens. Alors que je m'apprête à partir, il m'arrête. Mon regard détaille sa main dont le sang coulait en perles écarlates le long de ses doigts. Le petit pokémon s'inquiète. Suis-je devenue un monstre ? Ai-je réellement fait ça ? Je ne comprend pas. Je ne me comprend pas. Je suis emprisonnée de cette tempête qui ne cesse jamais de tourner. De tout dévaster. Il a raison dans le fond. Ma place est en asile. L'imaginaire semble être réel et le réel semble être imaginaire. La pluie se met à tombée faisant entendre ses clapotis rieurs des gouttes contre la surface de l'eau. Mes peintures glissent le long de mon visage dévoilant cette partie si fragile de moi même. Le masque tombe. Il s'avance vers moi, j'aurai bien reculé mais un arbre se trouvait derrière moi. Je fronce légèrement les sourcils. Prudente. Il entoure ses bras autour de moi et m'enlace contre lui. La dernière personne ayant eut ce geste à mon égard était il y a très longtemps et c'était mon grand-frère. Solochi ouvre grand la bouche sous le choc en se rendant compte de la situation. Je suis moi même choquée. Je reste un instant complètement crispée comme une statue. Pourquoi fait-il ça ? Je dois faire quoi ? Je ne comprend pas. Est-ce une ruse ? Pour m'enfermer ? Il dit qu'on se ressemble. Il a pas vraiment l'air d'être un gars qui jaillit des buissons pour hurler sur les passants. Il a pas l'air... Fou. Je lève les bras, maladroite. Solochi attend un signe de ma main pour lui foncer dessus mais il ouvre encore plus la bouche quand il voit que je pose mes mains contre le dos du garçon. C'est étrange. Mais... Réconfortant... J'ai oublié ce que cela faisait. Je resserre un peu l'étreinte. Ce qui rend la situation encore plus bizarre. Je n'arrive pas à parler. J'imagine que la seule chose que pourrai dire c'est "pourquoi ?". Pourquoi ce geste ? Pourquoi on se ressemble ? Pourquoi il fait ça ? Pourquoi je le fais aussi ?

HRP:

L'amour est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un son effacé.

La Gobou referma la gueule de Solochi qui restait tout de même choqué. Sa dresseuse qui ne lui faisait que des câlins à lui, était dans les bras d'un homme. Jaloux, il se mit à ronchonner tout seul. Mais cela n'attira pas mon attention. Je ferme les yeux alors que je sens la main de l'inconnu me caresser les cheveux. Ce contacte est vraiment agréable, j'ai l'impression que c'est ce genre de choses qui peut m'aider à aller mieux. Depuis la mort de mon frère et l'abandon de mon père, je n'ai plus eut de contacte physique avec quelqu'un. C'est triste de perdre l'habitude de ne plus recevoir cette attention. De perdre cette sensation d'être protégé par des bras qui vous entourent. L'inconnu finit par reculer et s'expliquer. Déçue de l'entendre dire qu'il n'est pas le meilleur dans la catégorie du soutien, je hausse les épaules. Jusqu'ici il avait réussit. Je suis encore secouée par ce qui vient de se passer. Je l'attire sous le feuillage d'un arbre pour ne pas être touché encore par la pluie. Je retire mon sac puis sort un bandage et une feuille venant d'une plante dont les propriétés sont antiseptiques. Je reste silencieuse un moment en repliant la feuille plusieurs fois sur elle-même. Je mord dedans et un liquide fluide verdâtre en sort. Je saisie la main de l'inconnu puis laisse s'écouler la semence de la feuille contre sa morsure. Je déplie alors la feuille qui s'est imbibée de son liquide pour entourer la blessure puis enfin enrouler le bandage autour pour que tout tienne.

- Je ne peux pas réparer... Mais je peux aider...

Je lui lâche doucement la main puis dégluti. Je préfère ne pas revenir sur le sujet de notre câlin. Un éclair tombe alors que la pluie s'arrête. Le ciel grogne à en faire vibrer le sol. Je prend un air impassible.

- Tu dois retourner en ville avant que l'orage ne te tombe dessus. Si la pluie se remet à tombée pendant ta traversée du marécage, tu risques de rester piégé de la boue...

Chaque départ est pour moi un abandon de plus à mettre sur le tas. Mais je sais que je ne peux pas compter sur les autres pour m'aider à être moins brisée. C'est probablement à moi de m'en sortir toute seule. J'ai l'habitude de voir les gens partir.

- Si tu es piégé, tu es mort.

Surtout avec la montée des marais en plus de cela.

L'amour est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un son effacé.

Je referme la fermeture de mon sac d'un coup sec en me demandant pourquoi l'inconnu ne partait pas dès maintenant. Je me redressai en enfilant mon sac sur mes épaules, la petite clochette attachée à ce dernier tinta légerement ce qui permit à Solochi de revenir vers moi, se cognant dans mes jambes. Son odorat et son ouïe étaient perturbés par la pluie et l'orage. Je lui caresse la tête puis le rassurer. Il n'aime pas la pokéball, il a toujours refusé d'y entrer. Mais pour le coup, je n'avais pas le choix. Il ne manque plus qu'il se mette à stresser et à faire une crise de nerf. Il disparaît donc dans une lumière rouge pour entrer dans la pokéball. Je relève le regard vers celui du blond. Je dégluti un moment, déstabilisée puis déclare :

- Je suis toujours seule. Tu n'as pas à culpabiliser pour moi.

Où je vais ? Eh bien... D'une certaine façon je suis déjà chez moi. Mais je veux m'abriter de la pluie. Deux endroits sont possibles, mon abris qui me sert de base ou bien les ruines de mon ancienne maison. Vu la pluie qui tombait, il valait mieux opter pour les ruines bien que je n'aimais pas y être.

- Je vais m'abriter. Le temps ne se dégagera probablement pas avant ce soir ou demain.

Depuis qu'il m'a lâché, je ressens une sorte de vide perturbant. Je commence à marcher puis me retourne lorsqu'il dit ne pas connaître mon prénom.

- Phénix.

L'eau commençait à débordée des petits marécage. C'était sûrement trop tard pour qu'il retourne en ville.

- Si tu te sens obligé de ne pas me laisser seule, tu devrais peut-être me suivre, non ?

L'amour est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un son effacé.

La pluie tombait rarement aussi fort. Il pleut souvent, mais c'est de la pluie fine. Là, c'est des grosses gouttes et je le sens bien qui se faufile dans le tissus de mes vêtements. Ainsi donc, il s'appelait Tanguy. C'est original ? Je ne le sais même pas. J'ai vraiment l'impression d'être une femme des cavernes. Ca ne me plait pas. Il a hésité à me donner son nom. Peut-être qu'il est censé être connu ? Ou peut-être pas. Je me concentre pour marcher

- Il y a une maison inhabitée depuis longtemps dans le coin...

Alors qu'on arrive à cette foutue maison, je soupire. L'endroit où j'ai vécu à changé... Le temps lui est passé dessus. L'herbe est haute, les plantes reprennent leurs droits sur la maison en bois. Je sursaute lorsque le blond retire la cendre qui coule de mes yeux pour finir sur mes joues. Je dégluti puis observe un moment Tanguy. Il arrive à me déconcentrer d'une façon étrange. Je passe ma manche sur mes joues pour retirer la cendre de mon visage en me remettant à marcher vers ce qui était ma maison. La porte est déjà ouverte, les carreaux des vitres son sales mais au moins, c'était un abri. A l'intérieur, aucun meubles, juste du bois mort dans un coin, des débris de cadre photos. Le plafond s'est effondré dans le fond. Interdisant l'accès aux chambres qui avaient appartenu à Lùkas et moi. Des bougies sont placées un peu partout... C'était le lieu ou j'allais quand j'avais vraiment besoin d'un abris.  Je pose mon sac puis retire ma veste avec laquelle je retire entièrement mon maquillage fait de cendre. De toutes manière, elle était déjà sale et trempée par la pluie. Je dévoile mon visage sans artifices.

- Tu es la première personne qui me voit sans cendres... Ai-je encore l'air une folle ?

Dis-je d'un air légèrement amusé en le voyant encore à la porte. Sans mes cendres, je ressemble à une personne tout à fait normale.

L'amour est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un son effacé.

Je laisse Solochi ressortir de sa Pokéball, il reconnaît les lieux en sentant la chaleur des bougies. Il y en avait tellement qu'elles chauffait aisément la pièce malgré les petits courant d'air. Je ne peux qu'avoir l'air amusé face à sa réaction. Solochi finit par s'allonger en sursautant quelques fois lorsque le ciel se met à faire du bruit. Il s'endort rapidement. Il me demande alors pourquoi je porte un maquillage. Je reste silencieuse un moment.

- Je suis connue à Steukin et à Paoles... Je ne veux pas que les gens sachent qui je suis ou plutôt ce que je suis devenue...

Paoles grâce à mon abruti de père qui n'a fait que parler de moi complètement ivre et qui me reconnaitrait facilement si je devais m'y rendre. Il m'avait abandonné ici depuis des années. Mais il devait scruter chaque jeunes filles pour reconnaître un jour mon visage... Probablement... Et Steukin parce que la pension des Black était très connue et donc les membres de sa famille aussi. Il me demande si j'ai d'autres plantes médicinales. Je hoche la tête en fouillant dans mon sac.

- Je suis... Désolée, pour ça...

C'est bien la première fois que je m'excuse pour quelque chose. Je trouve alors une autre plante. La tige est ornée de petites épines mais c'est sa sève qui m'intéresse. Je m'approche de Tanguy puis lève le regard vers le siens.

- Je peux ... ?

Demandais-je en pointant son sweat du doigt. Il fallait qu'il soit assez relevé pour que je puisse voir l'étendue des dégâts et pour appliquer la plante médicinale.

L'amour est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un son effacé.

Je suis beaucoup plus calme. Parce que mon caractère à tendance à changé selon les endroits où je me trouve. Là je suis dans une demeure qui était censée être chez moi. Je me montrais peut-être plus douce, plus gentille et moins stressée bien que lorsqu'il retira son sweat j'eu le souffle coupé. Cela reste toujours aussi étrange pour moi. Le rose me monte aux joues bien que j'essaie de rester impassible. Mes traits du visage sont beaucoup moins tirés et mon regard dégage un peu plus de douceur.

- Personne ne mérite d'être traité ainsi... Encore moins par une tarée...

Je pose timidement la paume de ma main contre son bleu qui s'agrandissait. Avait-il déjà été frappé à cet endroit ? Je me pince les lèvres en baissant le regard. Et si j'ai aggravé une ancienne blessure ? Je saisie la longue tige puis cassa le bout. Un liquide laiteux tirant vers le vert coula dans ma main. Une fois la tige vide, j'appliquai alors avec la paume de la main le liquide. Je reste silencieuse un instant face à sa question. Le regard baissé.

- C'était chez moi... Je suis née ici... J'ai grandi ici... Et...

Je dégluti avec difficulté puis ferme les yeux un moment pour éviter que mes yeux brillent par les larmes qui revenaient toutes seules au bord de mes yeux. Je secoue légèrement la tête, la semence de la plante fonctionnait comme il le fallait puisqu'elle chauffait sous le passage de mes doigts.

- On m'a abandonnée ici...

L'amour est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un son effacé.

J'ai le regard baissé et concentré. Comme si m'occuper de sa blessure pouvait guérir les miennes. Il s'excuse alors de comment il m'avait traité tout à l'heure. Je me sens confuse, je ne voulais pas dire cela pour qu'il s'excuse. Enfin, je ne veux pas être à plaindre... Des gens sont probablement dans de plus grandes souffrances que moi. Je souris.

- C'est gentil... Mais tu n'avais peut-être pas tort. J'ai toujours été quelqu'un de différent. J'ai peur de la ville. Il y a des mots et des sons que je ne comprend pas. Je vis dans la forêt avec une machette dans le dos... Je pense que le mot "fou" convient à la situation. Ne t'inquiète pas pour cela. Je pense que j'avais besoin d'être secouée. Maintenant je me rend compte à quel point je peux être dangereuse.

Folle. Bizarre. Ermite. Paria. Différente. Pour moi tous ces mots se ressemblent. Je ne lui en veut pas. Cette secousse mentale m'avait ouvert les yeux sur la situation dans laquelle je me trouvais. Peut-être était-ce un début de guérison ? Qui sait ? Ce lieu est clairement remplit de souvenirs. Mais ils ne me quittent jamais vraiment. Il prend ma main, je lève un regard troublé vers lui puis il me reprend dans ses bras. Je fais attention à ne pas toucher sa blessure. Sans la grosse veste de Lùkas et mon sac à dos je dois paraître plutôt frêle. Je pose ma tête contre son épaule. Je me surprend à savourer la douceur de sa peau. Je balaye cette surprise d'un battement de cils puis demanda :

- Tu n'as jamais pleuré ?

Je me demande qui a bien put l'abandonner, mais je n'ose pas le demander. C'est indiscret et il n'en a probablement pas envie d'en parler.