L'amour est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un son effacé.

Je murmure un "merci" après qu'il m'ait dit que j'étais peut-être différente mais pas folle. C'est encore une étrange sensation que de me retrouver dans les bras d'un homme. Naïve comme je suis, le fait qu'il soit un garçon et moi une fille et qu'on soit collés de cette façon qui peut prêter à confusion ne me vient même pas à l'idée. Le bout de mes doigts dessinent des cercles invisibles contre son dos. Je ferme les yeux en sentant ses caresses dans mes cheveux. Je crois que depuis la mort de Lùkas, qui commence à dater, je n'ai jamais plus ressentie cette étrange sensation de réconfort. Je crois que je ne m'y habituerais probablement jamais. Je me sens vide de toute rage ou de tristesse. Pour la première fois depuis longtemps, je suis juste... Bien. Une larme se décide à couler le long de ma joue. Pas une larme de tristesse mais plutôt une larme de soulagement.

- Tu sais, je resterai bien comme ça pendant des heures mais je crois que tu vas attraper froid.

Dis-je d'un air amusé en remarquant le frisson qui parcourt sa peau. Je me sens gênée soudainement, comme si une partie de moi me disait que d'être aussi proche d'une personne n'était pas normal. Ces personnalités qui me tourmentent me foutraient-elles un jour la paix ? Je m'écarte doucement de lui à contre cœur puis esquisse un sourire timide. Une question me vient aussi rapide que l'éclair qui illumine la pièce.

- Pourquoi... Est-ce que tu te montre aussi gentil avec moi ?

J'imagine que la plupart des gens ne se seraient pas souciés un seul instant de moi s'il s'étaient retrouvés dans la même situation que lui. Je termine de panser sa blessure. La sève de la plante a plutôt bien pénétrée, j'espérais que cela allait soulager un peu sa douleur.

L'amour est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un son effacé.

Il essuya la larme de ma joue de son index. Un petit sourire illumine mon visage. Je ne lui pose pas cette question pour l’embarrasser, c'est juste que... Il est resté alors que beaucoup seraient partis. C'est encore un peu flou dans ma tête. Lorsque je l'écoute, il semble un peu troublé. Je m'empresse de déclarer :

« Non non, c'est pas ça. » Je baisse un moment le regard puis le relève. « C'est juste que ton instinct ne t'as pas trahit... »

Combien de fois m'étais-je mise à pleurer comme un Osselait face à la lune juste parce que je me sentais seule ? Je ne compte plus ces moments. Je me sèche les cheveux avec ma veste. S'il ne pleuvait pas des cordes, je serais aller à la rivière me laver. Je n'aime pas l'inconfort d'être humide ainsi. Je ramène quelques bougies ensembles afin qu'elles soient assez chaudes pour me réchauffer alors que je retire mon pull mouillé, me retrouvant en débardeur. Je m'accroupie puis place mes mains au dessus des flammes. Solochi, lui, dort les quatre fers en l'air.

« Si tu as faim, dis-le moi, il y a un buisson à baie dehors. Je peux envoyer mon Airmure aller en chercher. » Déclarais-je en frissonnant. Je reste un instant silencieuse puis dit : « Tu as hésité tout à l'heure à me donner ton prénom... Est ce que tu as peur que quelqu'un te reconnaisses toi aussi ? »

Un nouvel éclair illumine la pièce. Je prie intérieurement pour attraper un pokémon de type feu dans les jours à venir. Un Caninos ou un Salamèche... Cela ne serait vraiment pas de refus... Et puis un nouveau compagnon ne serait vraiment pas du luxe.

L'amour est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un son effacé.

Je ferme les yeux un petit instant, profitant de la chaleur des flammes contre la paume de mes mains, puis les posait immédiatement sur mes joues froides. C'est si agréable de ne pas avoir peur, de ne pas sentir de la colère alors que je ne pouvais plus m'en débarrasser avant ma rencontre brutale avec Tanguy. Là, j'étais... Calme. Même si je me trouvais dans un lieu chargé de souvenirs. Ce poids que je portais sans cesse sur les épaules semblait s'être posé ailleurs le temps que le beau blond était là. Et ça faisait du bien. Il ouvre son sac, dévoilant des baies.

« J'en veux bien une. » Je me sert puis murmure un petit : « Merci. »

Je m'assois à mon tour sur le sol. La petite Gobou vient sur les jambes de son maître ce qui attire un petit sourire amusé sur mes lèvres. Elle a l'air d'être vraiment bien dressée et surtout, elle à l'air forte. Je croque dans ma baie puis en savoure le goût. Je relève le regard vers Tanguy qui répond alors à ma question. En tournant subtilement autour de la véritable réponse. Chose que je comprend. "J'aimerai construire ma nouvelle vie sans que mon passé soit toujours plus important que mon présent." Cette phrase résonne dans ma tête. Encore une fois, c'est exactement une chose que je peux comprendre.

« Pour construire une nouvelle vie, il faut d'abord affronter son passé ou bien il te retombera dessus sans prévenir. » Oui oui, c'est moi qui dit ça ! Moi c'est juste que j'en ai pas la force. J'esquisse un sourire amusé puis déclare : « Et puis... Si ça foire... Tu peux toujours te peindre le visage et vivre en forêt. »

Moi, faire une blagounette en plus ? Décidément, comme il le dit si bien, il ne faut jamais dire jamais. Je ramène mes genoux contre moi pour avoir moins froid. Je frotte mon bras distraitement en perdant mon regard dans les flammes de la bougie.

« Les gens... Ils seront toujours là pour te rappeler qui tu es et ce que tu fuis. J'imagine qu'il faudrait les regarder dans le blanc des yeux et leurs dire : "Oui, c'est moi. J'ai vécu ça et j'ai fais ça. Maintenant lâchez-moi."... » Je m'imagine un instant dire cela à ceux qui me reconnaissent. Je secoue légèrement les tête puis relève le regard. « Enfin, je suis mal placée pour donner ce genre de conseils. »

L'amour est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un son effacé.

« Merci... » Souriais-je en enfilant le vêtement qu'il me proposait.

Il était grand mais qu'est ce que c'était agréable d'avoir plus chaud. L'odeur de Tanguy était étrangement réconfortante. Quand il faisait aussi froid, j'avais l'habitude de la fourrure de Solochi et quand ce n'était pas assez, le pauvre Airmure essayait de m'entourer avec ses grandes ailes en acier, mais elles étaient toujours froides et coupantes. Je les aimais tellement ces deux là. J'étais bien contente de les laisser tranquille pour une fois. Je l'imaginais bien avec des peintures sur le visage tiens... Non en faite pas du tout... Il déclara alors que ci c'était si simple, il l'aurait fait.

« Oui... Moi aussi. » Je frotte le sweat instinctivement contre mes bras. « En tout cas, je suis certaine que tu atteindras ton but. » Déclarais-je en le regardant et en lui souriant. « Et puis si des gens t'embêtent... Dis-leurs de venir ici, je suis certaine qu'ils apprécieraient les morsures de Solochi ! » J'esquisse un petit sourire amusé.

Je sens une petite patte se poser sur mes jambes, une deuxième puis je baisse les yeux en voyant la petite Gobou de Tanguy s'installer sur moi. Je lui adresse un petit sourire puis lui caresse timidement la tête. Je me posais plein de questions. Si j'étais capable de me comporter normalement avec une personne, peut-être que je pourrais le faire en ville ? Non... C'était une idée stupide. Quel but aurais-je dans la vie ? Voyager, peut-être ? Je n'aurais jamais la force de sortir seule de la forêt. Et voilà que je commence à m'inquiéter...

« Tu reviendra me voir... un jour... ? » Demandais-je en posant ma tête contre son épaule naturellement. Je savais que je voudrais le revoir à la seconde même où il repartirait le lendemain.

L'amour est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un son effacé.

Solochi agite un peu ses pattes en l'air comme s'il courait dans l'herbe puis émit un petit grognement. Je sens la main chaude de Tanguy prendre la mienne. Je frissonne légèrement à son contacte. Pourquoi je pensais à cela alors qu'il n'était pas partit ? Parce que je voulais limiter la casse de mon côté. Je ne pouvais pas me permettre d'oublier que cette situation était temporaire et que le lendemain, je reporterais le poids de rage et de tristesse sur mes épaules. Je me devais de ne pas l'oublier, pour ne pas être surprise. J'entremêlai timidement mes doigts avec les siens.

« Parce que pour la première fois depuis longtemps... Je n'ai plus peur... » Je regarde nos deux mains ensemble. Et dire qu'il y a plusieurs heures je voulais le tuer pour un papier. « Et rien que d'imaginer que demain, ce sera comme avant... » Je ferme les yeux un moment puis dit :  « Peu importe... »

Je repose ma tête contre son épaule puis soupire. Je préfère ne pas y penser. Je souris quand il déclare qu'il reviendra. Bon, ce sera peut-être dans très longtemps, mais quand même. Je redresse la tête à sa proposition. Une boule d'émotion me serre la gorge. L'envie. La peur. L'appréhension. Je plonge mon regard dans le sien. Ce serait un moyen de m'en sortir. Un moyen de sortir de cette tornade infernale. La voix tremblotante mais les yeux pétillants.

« Vraiment... ? Mais je ne peux pas. Enfin si mais... » Je n'avais pas l'habitude de prendre des décisions. Quitter la forêt me semblait impossible. « Tout ça... La ville, je ne connais pas... Mais j'ai envie... Et si ça se passait mal ? Et si je tombais dans les pommes ? » Oui, je prévoyais n'importe quel scénario. « Et si tu en avais marre de moi ? »

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Solochi râle en sentant une patte lui cogner les reins, il pousse un long soupire en ouvrant les yeux, blasé d'avoir été réveillé alors qu'il rêvait d'un champs de baies. Il se retourna donc sur le ventre pour épier la scène entre sa fourrure épaisse qui lui couvrait les yeux. Il lança un regard jaloux à sa dresseuse et allait se lever pour mettre une bonne correction au dresseur qui osait être aussi proche de SA maîtresse, mais en voyant la Gobou, il se dit que finalement, il était très bien couché ici. Pas envie d'avoir un pokémon eau sur le dos. Il posa sa tête contre ses pattes en poussant un grognement ronchon. Quand à moi, j'énonçais les scénarios de pire en pire en imaginant les conséquences.

« Arrête de rire ! » lançais-je moi même avec le sourire pendu aux lèvres. « C'est pas drôle ! » Très convaincante avec le gloussement amusé en parlant. Au moins il arrivait à me faire rire.

Après un petit silence, Tanguy s'avança vers moi, franchissant ma bulle protectrice pour... M'embrasser... Je restai paralysée, pas par peur mais par surprise. Je ne savais absolument pas comment je devais réagir. Le rose me monte aux joues. Je pose mes doigts contre sa joue en fermant les yeux. Savourant la caresse de ses lèvres contre les miennes. Je recule un peu, mon visage toujours proche du siens.

« Pourquoi ... ? » Avais-je murmuré avec un air d'incompréhension sur le visage. Qu'est ce qui le motivait à faire cela ? C'était étrange. Tellement d'émotions passaient dans ma tête et tellement de sensations différentes me parcouraient le corps.

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Solochi ouvre encore une fois la gueule en grand. Choqué, voir même outré de voir ce blondinet qu'il percevait comme un parasite depuis le début. Oui, Slade a toujours été un pokémon... Caractériel. Il se leva, près à foncer dans le tas pour arrêter tous ça mais une fois de plus, il interrompit son geste en voyant le regard meurtrier que lui lançait la Gobou. Elle semblait avoir son petit caractère. Comme un gros soumis, il tourne le dos à la scène. Préférant ne pas attirer les foudre et de Gobou et de Phénix. Drake lui, malgré ses airs de dure et de pokémon dangereux à cause de ses plumes d'aciers était émotif comme tout. Il aurait probablement pleuré face à cette scène touchante. Bref, revenons à nos moutons... Enfin au blondinet et à la brunette.

Je décide pour une fois, de faire abstraction des questions et des réponses. Une lueur fait briller mes yeux. Un sourire amusé se lit sur mes lèvres en voyant le teint de Tanguy virer au rouge. Je plongeais à nouveau mon regard dans le sien. Je revins alors frôler ses lèvres des miennes pour l'embrasser une nouvelle fois. Glissant ma main dans sa nuque. Puis je viens nicher mon visage dans son cul pour émettre un léger glissement timide. « C'est gênant. » Riais-je amusée, cachant mon visage rouge dans son cou.

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Tout cela me faisait peur. Enfin beaucoup moins que demain, demain je serais probablement bouleversée et paniquée. A force d'avoir peur, je la connaissait comme ma propre sœur. Je savais quand elle arrivait et quand elle pouvait partir. Ses degrés, ses influences, ce qu'elle pouvait faire subir aux êtres vivants. La nuit est tombée sans que je m'en sois aperçu. L'orage gronde mais il s'est un peu calmé. La pluie continue de tombée en un rideau fin. Je m'écarte un peu de lui pour me lever. Malgré la fatigue qui rendait mes paupières lourdes, j'avais besoin de réfléchir. « Je... Je ne sais pas ce qui est en train de se passer dans ma tête. Je n'arrive pas à comprendre ce que je suis en train de vivre là tout de suite... » Je pose le regard sur les flammes vacillantes des bougies puis le relève vers celui de Tanguy. « Malgré tout, j'ai envie d'essayer... Avec toi... » Je rebaisse les yeux vers nos deux mains jointes. « Mais il faut que tu saches que là... » Je désigne ma tête de mon index. « ... ça ne fonctionne pas comme tout le monde. Mes réactions sont différentes, je ne raisonne pas de la même manière et je ne contrôle rien... Est-ce que tu as vraiment envie de voyager avec quelqu'un de dangereux ? » Je n'arrêtais pas de me perdre dans mes mots, pourtant c'est simple à dire "je suis dangereuse, à la moindre peur je risque de mordre un passant comme un Malosse enragé" ! Je retiens les larmes en fermant les yeux un bref instant. Je prend doucement sa main blessée pour lui montrer. « Cela n'est rien comparé à ce que je suis capable de faire quand je suis influencée par la peur... Est-ce que tu... Veux vraiment prendre le risque d'être avec moi ? »

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Mon regard est tourné vers la pluie. Pourquoi fallait-il que je sois... Anormale ? J'ai peur de faire du mal, de lui faire du mal. Et s'il lui arrivait la même chose qu'à Lùkas ? Je me mord la lèvre inférieure, inquiète. Tanguy se relève alors en me tenant les mains pour essayer de me rassurer. Je relève le regard vers lui. « Je dois te dire quelque chose sur moi... » Ma voix est tremblante, je voulais savoir si après avoir entendu cela, il voudrait toujours de moi. « Avant de prendre une décision, il faut que tu le sache... » Ma lèvre inférieure tremblote rien qu'à l'idée que cela puisse le faire fuir. Ce qui serait normal d'ailleurs. « Je... J'ai... » Je déglutis avec difficulté, je n'en avais jamais parlé à personne, sauf à mon père qui finalement m'avait abandonnée... « J'ai tué mon frère... » Les images me reviennent en tête en terribles flashs. Les larmes chaudes coulent le long de mes joues. Je me tourne de dos à lui. « C'était... C'était à la Corniche Aquatique, j'ai perdu l'équilibre... » Tout mon corps tremble. Avouer cette chose, ce secret, cet acte horrible était vraiment dur. Mais j'imaginais que l'entendre devait être encore pire. Que penserait-il de moi ? « Il était au bord de la falaise... » Je me retourne. « Je ne voulais pas que ça arrive... »