Ah, mais c’est qu’elle tentait l’humour aussi. Fort probable que s’il c’était retrouvé dans son cas, il aurait fait de même ; trouver un coupable – la plupart qui n’avait rien à voir dans l’affaire, hein, mais c’était toujours le cas et au fond de lui, il l’aurait accusé et grandement pesté contre cette innocente personne, purement inutile, bien entendu. Enfin, sauf là, ce n’était pas lui qui c’était retrouvé dans une situation un brin gênante. Mais, Pierre s’y prenait – à sa façon, et avec parfois un humour qu’apparemment lui seul comprenait, mais qui était sincère tout de même – et avec un léger sourire, il reprit la parole. « Ou y écrire propre au marqueur indélébile noir, c’est efficace aussi, parait-il. ». Comme on écrivait sale sur les fenêtres… Sales. Waouh, c’était recherché. Et un soupçon puéril aussi, fallait l’avouer. Et ce n’est qu’après qu’il se dit qu’il aurait pu trouver bien mieux, voire même carrément s’abstenir tout court. On dira que c’est parce qu’il ne savait pas comment réagir face à une telle scène, alors il avait lourdement improvisé. Raté, ok, mais… Bref passons, sinon, il n’en aurait jamais fini de se faire réflexion avec lui-même, et dans deux ans, il y serait toujours.

« Vous savez, vous pouvez complètement vous passer de m’appeler monsieur, j’ai l’impression qu’on s’adresse à mon père, c’est… Plutôt particulier. ». Oui, parce qu’il avait légèrement grimacé lorsqu’elle l’avait appelé Monsieur, pas méchamment, très loin de là, voire même à l’opposé, juste qu’il avait tiqué en quelque sorte. Enfin, point positif, il n’avait même pas eu besoin de se présenter. Même si… Bon, il ne connaissait absolument pas cette Heaven Glasgow, mais vraiment aucunement. « Disons que j’étais venu dans le coin pour… La curiosité en gros. C'est faible comme argument je sais, mais... Je crois bien n'avoir que ça à vous dire en réalité. ». C’était plus ou moins le cas. Bah tient, tant qu’il était dans le coin, il n’allait pas se priver, hein. Non, mais autrement, il n’y avait pas d’autres raisons. Et franchement, il n’allait pas sortir : Alors oui, je traînais dans le coin, je ne savais pas trop où aller, puis j’ai vu ce bâtiment, et j’me suis dit, ah tiens, intéressant, c’est quoi ? Avant de m’approcher et de voir que c’était la Ligue. Ce qui pourtant était la version réelle des faits. « Mais c’est que je ne m’attendais néanmoins pas à trouver ce bâtiment si… Vide en fait. ». Non, il ne s’attendait à rien du tout en fait. « Mais donc, je crois comprendre par rapport à ce que vous venez juste de dire, que vous travaillez ici en quelque sorte ? ». Parce qu’il se répétait mentalement une nouvelle fois, que si elle, elle le connaissait, lui, il ne l’a connaissait pas. Alors soit, il allait littéralement passer pour le plus stupide parmi tous les imbéciles qu’il existait sur cette Terre, soit… Il passait déjà probablement pour un type bien stupide. Dans le pire des cas, s’il l’était trop, elle n’aurait cas le flanquer à la porte. Dans le pire des cas !

Pierre eut un genre de sourire, bah, après tout, elle pouvait bien l’appeler comme elle le voulait, des noms, ce n’était pas ce qui lui manquait à vrai dire. Enfin bon, ce n’était guère la chose la plus importante du moment, en toute honnêteté, ce n’était même pas une chose importante. Donc il reprit court aux autres sujets de conversation, bah tiens, comme ça alors c’était un honneur qu’il soit arrivé ici. C’était un peu flatter son égo tout ça. Et d’un autre côté, c’était un peu du n’importe quoi que de dire cela, un honneur, lui ? En ce moment, moyen, hein. S’il trouvait le temps de venir se perdre pour atterrir devant la Ligue de la région, c’est bien qu’il n’avait absolument rien à faire de ses journées. Enfin, quoi qu’il en était, Pierre eu un léger soupire, mais pas d’exaspération, non, puisque de toute façon, il n’en avait pas perdu son sourire, mais c’était presque comme lui répondre qu’il n’y avait point besoin d’en faire tout un plat.

« Un peu vide, en effet… Je dois vous avouer que, en dehors des arènes, je n’avais pas eu vent qu’il y avait une Ligue sur cette île. » Autant dire clairement la vérité, pas vrai ? Non, parce que bon, il y avait eu beau voir l’effervescence de dresseurs présents sur cette île, il avait un long moment pensé qu’il n’y avait ici que du pur et simple tourisme. Enfin, d’un autre côté, on dira que c’est parce qu’il n’avait pas réellement cherché à se renseigner sur cela. Et puis, elle lui annonça qu’elle était en réalité la Maîtresse de cette Ligue. Ah, donc très bien, cela confirmait qu’il n’était qu’un simple ignorant au courant de rien. C’est dans les situations comme celles-ci qu’il se bafferait et qu’il se disait que clairement, il devait réfléchir à non pas deux, mais plutôt cent fois avant de faire quelque chose. Et sans doute que sa surprise devait se lire sur son visage, puisque de toute façon, tout ce qu’il pensait, clairement, on pouvait le deviner rien qu’en le regardant. « Eh bien… C’est certain que je ne l’aurai pas deviné que vous étiez la Maîtresse de cette Ligue. J’espère que vous ne m’en voulez pas de ma réelle et pitoyable ignorance. ». Même si c’était tout de même… Disons réconfortant, de savoir que même les habitants de cette île ne savaient même pas quelle tête elle avait, cela restait tout de même une situation plutôt gênante. « Mais au moins, vous avez la chance de pouvoir vivre incognito, croyez-moi, c’est vraiment une chance. Même si vous dites, vous ennuyer. D’ailleurs, si un jour vous vous ennuyez trop, vous pouvez toujours venir me chercher, tant que je suis dans le coin ! ». Oui, bon, clairement là, il se rattrapait comme il pouvait. C’était sans doute pas vraiment glorieux, et on avait sans doute vu et trouvé beaucoup mieux. Mais au moins, il faisait un effort.

Bon, après tant mieux, elle en vient à changer de sujet. Presque un long monologue en fait. Qu’elle avait quelque peu modifié. Bah, au moins, elle lui avait sorti la stricte vérité la deuxième fois. Honnêtement, il appréciait sa franchise. Même si, clairement, si elle avait voulu se contenter de la première version, eh bien cela aurait été amplement suffisant. Sans doute. « Vous en vouloir de quoi ? De m’avoir menti, ou de ne pas vous être bougé le cul ? ». Il secoua négativement la tête en soupirant, avant de reprendre. « Franchement, vous n’avez pas à vous en vouloir, ce n’est pas moi qui vais vous dire quelque chose là-dessus… Tiens d’ailleurs, il aurait été fort probable que je n’aurai même pas su comment réagir si vous m’étiez tombé dessus comme ça. ». Et à vrai dire, lui-même, rare étaient les fois où il daignait se bouger pour aller accueillir ceux qui venaient chez lui. Pour ne pas dire, quasiment jamais, sauf quand on lui demandait de venir en fait. Niveau exemple de professionnalisme, clairement, Pierre c’était toujours dit qu’il existait bien mieux que lui.  Bon, il était en train d’observer un peu les lieux, toujours par cette petite curiosité qui le piquait légèrement. Jusqu’à ce que Heaven reprit la parole. Pour changer encore une fois ce qu’elle venait de dire. A croire que c’était une sorte d’habitude chez elle. Enfin, néanmoins, il avait très bien entendu ce qu’elle avait dit la première fois hein, il était certes un peu nigaud par moment, mais encore loin d’être sourd. Cependant, il ne le releva pas, enfin, si, mais que pour lui.  « Eh bien, ils font de beaux pull à Camaïeu ! ». Qu’il lui répondit, une pointe de rire dans sa voix.