Saïph était en larmes. Brisé, recroquevillé dans un coin du Callisto, à déranger tout les habitants du bar avec ses pleurs bruyants. Normalement, Sirius était là pour venir le ramasser sur le sol quand il s'écroulait en larmes comme ça, mais cette fois ci Sirius n'était pas là, Arceus savait où il était d'ailleurs. Dae soupire dans son esprit, Saïph peut presque le sentir faire hausser leurs épaules. Chez Rosalie, probablement. déclare froidement Dae, qui s'est déjà habitué aux absences de Sirius et qui s'est préparé mentalement à la possibilité du départ de Sirius... Ce qui n'est pas le cas pour Saïph, dont les larmes  redoublent, parce qu'il ne veut pas voir son copain s'en aller et le laisser comme ça, mais actuellement, le pauvre enfant pleure sans interruption depuis vingt minutes, malgré les tentatives désespérées de Dae pour le faire se stopper. Mais pourquoi Saïph pleure ? On se le demande. Simplement, il vient d'apprendre que Mars est enceinte. Oh, non, Mars ne le lui a pas annoncé : c'est Arz qui s'en est chargé, alors que Dae et lui se disputaient. L'autre homme lui a limite craché à la figure qu'il allait être remplacé bientôt et ce par sa progéniture. Et quelque chose en Saïph s'est brisé, parce que, il venait de réaliser qu'il allait devoir vivre sans sa maman. Et que c'est pour ça qu'elle ne voulait plus le voir, c'était pour ça qu'elle s'enfermait tout le temps dans sa chambre. Parce qu'elle avait un bébé. Un autre enfant. Un meilleur que lui, qui prendrait sa place bientôt parce qu'il était mieux. Certes, Saïph était le premier, mais Dae l'a déjà dit : Saïph n'était qu'un modèle, un prototype pour de meilleurs expériences ensuite, de meilleurs futurs leaders de la team, de meilleures aides pour Mars. Et Saïph se sent soudainement écarté de la vie de Mars, il sent que sa maman ne veut plus de lui et il se sent mourir à petit feu, comme si leur éloignement venait de commencer, comme si Mars lui avait déjà dit de partir. Finalement peut être que Saïph veut mourir un petit peu. Il renifle et se relève, de petits gémissements plaintifs s'extirpant de ses lèvres. Mais au moins il ne pleure plus. Que faire maintenant ? D'un pas hésitant, il trouve son chemin le long du couloir, et avise la porte de la chambre de Mars. Arzhael semble parti, et tant mieux, la créature aurait eu trop peur de se prendre un coup de pied pour entrer si l'autre homme avait été là. Saïph s'approche, pousse la porte entrebâillée doucement. La chambre est plongée dans le noir. Maman... Il hasarde, ses pleurs revenant à la charge. De lourds sanglots secouent son corps et trempent ses joues alors qu'il fait quelques petits pas jusqu'au lit de Mars, ses poings allant se crisper contre les draps. Maman je veux pas que tu aies d'autres bébés... Et voilà, Saïph et le tact, encore, mais de toutes façons il n'a rien à perdre, sa mère ne veut déjà plus de lui.

Il l'écoutait parler avec attention, la vision brouillée par les larmes, ses poings crispés contre les vêtements de sa créatrice, comme pour l'empêcher de fuir loin, loin de lui, comme s'il était sûr que Mars allait lui échapper d'un instant à l'autre. J'ai été si affreuse avec toi. Il ne sait pas quoi répondre, il aurait aimé être un bon garçon et la persuader du contraire mais Saïph n'est juste pas ce genre d'enfant, au lieu de ça il éclate en sanglots de plus belle, semblant inconsolable. Elle lui fait relever les yeux et il se laisse faire, tout tremblant de tristesse, les yeux écarquillés comme deux grandes fenêtres sur son âme double, de grands lacs sombres et scintillants dans le noir. Mars essuie ses larmes et ses sanglots se calment progressivement, devenant silencieux doucement. J'ai laissé les autres te faire du mal, et je t'en ai fais aussi. C'est vrai, souffle Dae, Dae qui se rappelle des coups, des courbatures et des bleus violacés qui parcouraient son corps, des longs sanglots de Saïph alors qu'Arzhael profitait de la situation et de l'absence de Mars. Indirectement, la jeune femme avait fait du mal à sa créature, surtout en rejetant celle ci, en refusant de voir Saïph qui l'attendait, inlassablement... Tu étais fragile, tu avais besoin de moi. Sauras-tu un jour me pardonner ? Dae se souvenait de l'époque où il n'était pas une petite chose faible et fragile qu'il fallait absolument protéger, comme un cristal qui pouvait se briser à la moindre pression. Il y avait eu un temps où c'était Dae qui faisait peur, au lieu d'avoir peur. Peut être qu'il était mieux comme ça, maintenant. Peut être qu'il serait déjà mort s'il avait été comme avant lorsqu'il avait rencontré Mars. Peut être qu'elle n'aurait pas cherché à faire... tout ça. S'il lui pardonnera un jour ? Dae, peut être pas. Saïph... Oh, Saïph pardonnerait même de se faire arracher le visage et brûler vif, si c'était sa mère qui le faisait. Saïph pardonnerait tout à Mars, parce que Saïph adore Mars. Il la vénère, il l'aime même. Je t'aime, Saïph, infiniment. Plus personne ne te blessera jamais. Saïph renifle, parce qu'il aimerait bien y croire à cette douce promesse, après tout pourquoi n'y croirait-il pas, maintenant que toutes les menaces qui le mettaient en danger étaient écartées ? Arzhael allait partir. Ah, peut être qu'Arzhael allait revenir, se venger, s'attaquer au plus faible psychologiquement et physiquement... Oubliant que Dae l'a déjà mis au sol une fois, presque deux, et qu'il ne se gênerait pas pour se défouler sur l'ex-sbire. Le tuer serait comme un poids qu'on enlèverait de ses épaules. Une jouissance particulière mais oh combien attendue. Dae se serait fait un plaisir de l'écraser, de le détruire, de le voir supplier pour sa vie sauve. Et il se doutait bien que Saïph aurait apprécié aussi de voir ce spectacle. Cet enfant ne sera jamais toi, Saïph, personne ne peut te remplacer. Saïph se remet à pleurer, encore. Inconsolable, hein. Il se frotte les yeux pour sécher ses larmes, qui redoublent juste après. Il se hisse sur le lit pour venir se cacher contre Mars, sanglotant doucement. Il sent son ventre arrondi contre le sien, preuve irréfutable de ce qui allait bientôt arriver : son hypothétique remplacement. Et il pleure, Saïph, il pleure de plus belle... O-Oui mais quand ils vont arriver t-tu... Tu vas vouloir t'occuper d'eux e-et... Et moi je vais rester seul encore... J'ai pas envie... Je veux pas... Peut être qu'il pourrait juste partir, mettre un terme à tout ça, après tout sa présence serait un poids lorsque Mars aura d'autres enfants que lui...

Plus... Jamais. Plus jamais je te laisserai seul, loin de moi. Rien ne pourra plus nous séparer. Saïph se serre contre elle, à s'en étouffer avec son parfum de rose, il ferme très fort les yeux et tente tant bien que mal de calmer le flot de larmes qui font trembler tout son corps. Mars pleure aussi, il n'a même pas besoin de le voir ou de le sentir pour le savoir et ça le tue, il déteste la voir triste, il déteste la voir pleurer comme ça. Ses mains se crispent dans son dos, serre son haut entre ses doigts, comme pour la retenir près de lui, il presse sa peau sous ses ongles comme pour la faire se ressaisir, après tout il n'est pas sûr de pouvoir la consoler alors que lui même est en larmes et ça le terrifie, parce qu'il veut être une création parfaite, celle qui aurait aussi pu sécher les larmes de sa créatrice quand ça n'allait pas. Mais cette fois ci... Il se contentait de bafouiller des paroles sans aucun sens, tremblant contre elle. Maman je veux pas que tu pleures... Arrête de pleurer ! Il crie presque, comme si sa peur panique prenait le dessus, et puis il refond en sanglots, comme s'il n'était plus capable de faire autre chose. J-J'en ai marre de la team... C'était peut être ça qu'il voulait dire, aussi, derrière tout ces pleurs, toutes ces crises de colère qui ne paraissaient pas avoir de sens. Saïph était usé par la team galaxie, comme si les coups distribués avaient brisé sa carapace, comme si on avait coupé le lien qui le retenait au groupuscule. J'veux m'en aller... Il savait bien qu'il ne serait pas capable de s'en aller sans Mars. Il le savait, évidemment. Mais il avait pris sa décision. Dae, lui... Il n'avait jamais vraiment eu son mot à dire. Dae les sentait mourir doucement. Il savait qu'ils faneraient, l'un ou l'autre ou peut être les deux en même temps, s'ils ne s'éloignaient pas de la team. L'idéal aurait été que Mars vienne avec eux, loin de tout ça. Mais... Ce n'était pas possible, pas vrai ? Ç'aurait été trop facile. Encore une fois, Dae se rendait à l'évidence et était fier que Saïph fasse de même, car Mars ne pourrait jamais laisser tomber la team galaxie. Ce n'était pas plus mal, après tout. Peut être était-il temps qu'ils fuient, et que Saïph s'éteigne, enfin. Même si Dae savait pertinemment qu'il ne survivrait pas à la perte de Saïph, la proposition lui paraissait bien tentante. S'il te plaît, m'man...