Paoles était l’une de ces villes ou l’air marin, on arrive à le sentir sur des kilomètres à la ronde. Alors, certes, le fait d’être sur une île aidait quand même beaucoup, mais le fait était que, l’air empestait le sel. Du moins dans les routes avoisinant la ville, celle où peu de monde s’y rendent. Dés qu’Orlando entraperçu les premiers bâtiments, il rappela Selene et Babe dans leur pokéball respectives, histoire d’éviter un incident imprévu… Seul le petit Roucool restait perché sur son épaule, d’où il n’avait pas bougé depuis un bon moment. Sa visite de Paoles n’avait absolument rien de prévu, c’était l’exemple parfait de sortie que madame X ou monsieur Y pouvait faire lorsqu’il avait envie de voir autre chose qu’une forêt. Il n’était sans doute pas plus tard que dix heure et demi ; néanmoins les rues étaient bondées de monde. Nom d’Arceus, tout le monde s’était donné rendez-vous pour Paoles, ou c’était quoi ? Orlando avait rarement vu autant de monde réuni en une seule et même ville ; à la limite de lui donner le tournis. A l’adresse de son oiseau perché qui s’était soudainement réveillé par le bourdonnement intempestif de la foule ; mais également pour lui-même, Orlando marmonna « Oh, tu sais quoi, on va chercher un endroit moins envahi, histoire d’avoir de quoi respirer deux minutes. » Ce n’était pas que la foule dérangeait, mais faire un pas sans manquer de foncer dans la personne devant soit, ceci avait plus ou moins le don d’énerver quelque peu n’importe qui.
Finalement, Orlando trouva un endroit, à proximité d’une plage, ou le sable se trouvait une petite place, quelques boutiques par ici, et par là, un nombre de personne divisé par cinq, enfin de quoi respirer. Salv’ s’envola pour aller atterrir sur le sable, et y jouer avec, à croire qu’il n’en avait jamais vu avant aujourd’hui. Le petit Roucool se roulait dans le sable, non, il ne fusionnait pas avec le sable pour créer un nouveau pokémon, il se déguisait en Roucool des Sables, tout simplement. Et bien entendu, il s’en fichait complètement des rares passant, n’hésitant absolument pas à leur envoyer du sable lorsqu’il remuait ses ailes chargées de l’élément volatile de couleur beige orangée. « Salv’ fait donc un peu attention ! » La mine dépité de s’être fait couper en plein jeu, le Roucool retourna tranquillement, sans se presser, sur l’épaule d’Orlando, ou il avait élu domicile. Le recouvrant, bien entendu de tout le sable possible. Poussant un léger soupir, Orlando reprit le chemin. « Non, attend... Cynthia ? » Il avait rêvé, ou pas, mais la passante qui passait ressemblait comme deux gouttes d’eau à sa cousine. Oh, cela faisait quelques années qu’il ne l’avait pas vu, si bien qu’il cru s’être tromper pendant un instant. « Dis moi pas que je rêve ! Je m'attendais vraiment à tout sauf à te trouver ici, crois-moi. » Par Arceus, qu’est-ce-que Cynthia pouvait-elle bien faire ici, à Miranoir ?
Mon dieu, s'il y a bien une chose que je déteste dans ce monde, c'est ma soeur, songea Cynthia alors qu'elle marchait avec détermination sur un trottoir jonché de sable. Il fallait avouer que cette garce n'y mettait pas vraiment du sien non plus. Elle envoyait des petits messages assassin, par l'intermédiaire de son fichu Békipan. Qui pouvait avoir un Békipan, pour le plaisir ? Oiseau de malheur, pensa-t-elle alors qu'elle grognait légèrement. Et bim, voilà qu'on l'interpellait dans la rue, ah, elle était à Paoles, elle aurait dû s'y attendre, mais dieu elle en avait vraiment marre ! « NON MAIS ÇA SUFFIT ! » Grommela-t-elle alors qu'elle se retournait vers l'homme qui lui avait parlé. « J'ai d'autres Chaglam à fouetter moi ! » Puis elle se figea, clignant des yeux étrangement, la bouche entrouverte dans une mimique plutôt comique à vrai dire. « Oh. Orlando. » Très lentement, elle haussa un sourcil avant de pencher la tête en le fixant, alors que Majora revenait se poser sur l'épaule de Cynthia, observant l'homme qu'elle ne connaissait pas d'un oeil suspicieux, jaune et brillant. « Ça alors, Orlando. » Répéta Cynthia, un peu sonnée par la rencontre.
Elle toussota légèrement et recula en se frottant doucement la tempe. « Mince alors. Navrée de t'avoir hurlé dessus. » Elle esquissa un léger sourire avant de soupirer en baissant les yeux. Son cousin, certainement un peu le sol de cette génération qu'elle pouvait tolérer et même apprécier. « J'ai eu des nouvelles de ma sœur, ça m'a rendue dingue, tu sais comment elle est. » Ah ça, il savait. Ils avaient passé des repas de famille à casser du sucre sur le dos de la-dite frangine. Mon dieu, qu'est-ce qu'il fiche ici ? Elle le dévisagea un long moment avant que son regard ne se porte sur le pokémon dans le sable. Un Roucool. Il avait l'air d'avoir un grain - sans mauvais jeu de mot - mais c'était toujours largement mieux qu'un foutu Békipan. Elle se pencha légèrement avant de sourire. « Ça fait longtemps que tu es arrivé ? Je veux dire... Carolina ne m'a pas dit que je pouvais te trouver ici. » Carolina, ah, sa grand mère, parlons-en, justement. Elle qui avait discrètement demandé des nouvelles de sa grand-mère à sa soeur et qui, au final, s'était fait incendier comme quoi elle était lâche, couarde, et qu'elle abandonnait sa famille. C'était Carolina qui lui avait dit de partir et en bon soldat, elle avait obéit. Fin de l'histoire. Enfin... Presque ? En fait, elle n'en savait trop rien et elle ignorait dans quel état de santé pouvait se trouver celle qui l'avait quasiment élevée. La pensée lui serra le cœur, mais peut-être qu'Orlando n'était même pas au courant, elle ne voulait pas gâcher ses possibles vacances sur l'île paradisiaque de Miranoir ! Les prospectus exagéraient un peu, d'accord, c'était sauvage et à explorer, mais paradisiaque... Quand même ! Et dire que ça faisait des années qu'elle n'avait aucune nouvelle de son jeune cousin, c'était parce qu'il était là ? « Attends, t'es quand même pas ici depuis le dernier repas de famille où on s'est croisés, quand même ? » Ça lui semblait faire une éternité. Peut-être bien que ça faisait une éternité, justement.
Les petits bruits naturels de la ville, les cafouillis de la foule au loin, les cris plus ou moins marqués de certains passants, le tout mélangé au doux son de la mer ; doux son qu'on ne pouvait entendre bien sûr que lorsqu'on se trouvait dans une endroit dénudé du flot incessant de personnes. Il ne faisait vraiment pas bon de vivre dans un tel centre-ville ; du moins, Orlando aurait beaucoup de mal à s'habituer à un tel lieu, il était certes toujours agréable de croiser du monde, mais cela tapait vite sur le système. Alors qu’il pensait avoir juste reconnu sa cousine, il ne s’attendait nullement à ce qu’elle ait une telle réaction, bon, au moins cela confirmait entièrement qu’il s’agissait la, bien de Cynthia. Mais pour autant, à aucun moment, il n’aurait pensé recevoir un si charmant accueil. Pour dire, il ne s’y attendait absolument pas, qu’il n’arriva même pas à réagir, restant fixé, comme si un Paras venait de la paralyser, ou qu’un Fantominus venait de passer devant lui ; au choix, le résultat reste pareil. Alors si on ajoutait au lot, le fait qu’un volatile nocturne violet avant planté ses deux yeux sur lui… Non, il aurait vraiment eu besoin d’une bassine d’eau glacée pour lui faire reprendre ses moyens. Arceus lui-même savait à quel point cette situation était gênante pour Orlando ; enfin, si seulement ce dernier avait eu un quelconque contrôle sur ces pensées. Puis, après un laps de temps assez restreint - mais qui dura une éternité pour Orlando - il secoua légèrement la tête, et d’un sourire plutôt confus, il appuya les derniers dire de sa cousine « Ça alors, comme tu dis. » Mais, c’était là, plus pour lui-même, histoire de vérifier qu’il n’avait pas perdu l’usage de la parole, parce que, mine de rien ce Pokémon violet volant dont il ne connaissait même pas le nom, le faisait flipper… Un peu - comme la réaction de Cynthia aussi, mais il ne l’avouera pas.
Quoi qu’il en soit, elle s’était excusé de s’être très légèrement emportée, une excuse portant sur une relation fraternelle. Alors, on remet le cerveau en marche deux minutes, et puis, oui, en effet, il nous rappelle quelques petits souvenirs ancrés plus ou moins loin, plus ou moins flous. « Je constate donc que rien n’a évolué entre vous deux. Du coup, je veux bien te pardonner, mais, disons, c’est bien parce que la raison en est valable ! » Combien de temps déjà ? Combien de temps depuis qu’ils s’étaient vus, ou du moins entraperçut ? Si Orlando s’en fiait à sa mémoire, environ une décennie. Il fallait dire, depuis qu’il avait aménagé ici, ni lui, ni ses parents n’avaient réellement reprit contact avec Sinnoh, et avant de revoir Cynthia, cela n’avait jamais interpellé Orlando. « Attends, depuis le dernier repas de famille… Oh, mais c’est que ça fait une éternité ! Enfin, sinon, oui. Je suis plus ou moins arrivé ici juste après. Donc longtemps, disons que oui, un peu. Ah, et Carolina va bien, d’ailleurs ? Ainsi que… Ben tout le monde en fait ? » Carolina aurait très bien pu omettre, ou tout simplement oublier ce genre de détail ; et comme les liens familiaux avaient plus ou moins étaient rompus, Orlando n’était plus au courant de grand chose. Dommage, il en aurait profité pour questionner quelques personnes, et notamment sa grand-mère. « Ah, et d’ailleurs, tu viens ici pour quelque chose en particulier ? Tu es toujours la grande de Sinnoh, alors, comment as-tu pu te retrouver ici ; sur cette petite île perdue au milieu de nulle part ? » Parce qu’il était quand même étonnant de voir Cynthia ici. Enfin, à vrai dire, plus rien n’était étonnant maintenant, il fallait croire que cette île avait le don de rendre banal quelque chose d’original.
Elle entend la question et c'est comme si tout s'assourdissait tout à coup. Il lui demande si Carolina va bien. Mais la vérité, c'est qu'elle n'en sait rien. Elle sait que la dernière fois qu'elle l'a vu, elle souriait, elle lui disait de partir, elle avait presque l'air en forme. Elle sait que la dernière fois qu'elle a entendu sa voix, elle était faible, presque chevrotante, mais qu'elle faisait comme si de rien n'était. Elle sait qu'aujourd'hui, elle n'a que des nouvelles écrites et elle n'est même pas sûre que ce soit bien Carolina qui écrit ces lettres. Alors. Non. Elle ne peut pas vraiment répondre à la question. Mais Orlando semble heureux ici. Il semble avoir trouvé sa place, et elle ne peut pas le priver de ce bonheur. D'un autre côté, elle, elle aimerait qu'on la tienne au courant. Bien sûr, elle n'en veut pas à Orlando et ce côté de sa famille de ne pas avoir donné de nouvelle, Arceus seul savait à quel point elle voulait couper les ponts, parfois. Alors, lorsqu'il lui pose toutes ses questions, elle se sent presque prise d'une poussée d'angoisse, les mains qui tremblent, la gorge serrée, elle ne sait pas répondre. Elle ne sait pas quels mots employer. Elle a bien trop peur de s'effondrer et, devant sa famille, ce n'est jamais arrivé. Même dans les bras de Carolina. Non. Mais d'un côté. D'un côté elle a envie d'être entièrement honnête avec cet homme qui partage une partie de son sang. C'est stupide, au fond, le sang, ça ne veut rien dire. Mille fois elle s'est sentie plus proche de ses pokémons que de sa propre soeur, mais qu'importe ? Majora vient caresser tendrement la tempe de sa dresseuse du bout du bec. Il faut qu'elle réponde, ça devient gênant.
« En vérité... J'enquête sur l'apparition de l'île. Tu sais, la mythologie et moi, c'est une véritable histoire d'amour ! » Lance-t-elle simplement, un vague sourire au visage. Evidemment, elle ne trouve pas le courage de tout lui balancer. A croire qu'elle a trop de respect pour lui. A croire qu'elle tient à lui. D'ailleurs, c'est stupide, généralement, avec Cynthia, si on ne fait pas l'effort d'entretenir une relation, elle se dégrade mais... Ça fait une éternité qu'elle n'a pas vu son cousin et pourtant, c'est comme s'ils se retrouvaient après seulement quelques heures. Comme si les anciens délires des vieilles réunions de famille un peu poussiéreuses revenaient, soudainement, comme un parfum de glace dont on a oublié l'existence mais qu'on adorait enfant. Oui. C'est ça. « Orlando... » Elle relève la main pour caresser le crâne de Majora qui gazouille gaiement en observant le jeune homme fixement, réclamant un peu plus de caresses. « La vérité, c'est que Carolina ne va pas bien. Et que je n'ai quasiment plus de nouvelles, à présent. » Elle essaye de lui faire digérer l'information tout en la digérant de son côté. Mais comment accepter ce genre de nouvelles ? Non, ça n'a pas de sens. Comment peut-on être préparé à autant de malheurs en même temps ? Personne n'avait dit à Cynthia que tout arriverait comme ça ! Elle avait l'impression que c'était encore hier qu'elle préparait le goûter pour les enfants qui venaient chez Carolina. Leurs quasi dix ans de différence ne les avait jamais empêchés de parler, de s'entendre, contrairement aux autres qui étaient infiniment stupides, Orlando avait hérité des bons gênes, fallait croire.
uoi, avait-il encore dit quelque chose de travers ? Non, oui, peut-être ? Ou c’était peut-être bien lui-même qui s’imaginait des choses. Le silence pesant - ou du moins les petits blancs - Orlando ne les aimaient pas, et, bien qu’il ne les apprécient pas, il est bien entendu incapable de les boucher. Ce qui le gêne un peu, limite il paniquerait. Enfin, il panique parfois pour un rien, où plutôt, il ne passe pas une journée sans paniquer au moins une ou deux fois, alors, bon… Se faire des films, c’était sa grande spécialité. Il se remémora néanmoins ce qu’il avait pu dire, savoir ce qui avait pu causer un tel arrêt dans leur discussion. Sauf que Salvateur vient l’enquiquiner dans sa réflexion, Orlando était maudit à vie, il y avait toujours quelque chose qui lui tombait dessus aux moments où il réfléchissait. Mais c’était quotidien ça aussi, alors, bon… Puis, enfin Cynthia parla de la mythologie, ah cette célibrissime mythologie ! Celle qu’il avait plus ou moins connue grâce à sa cousine justement. « Oh ! Oui, oui, la mythologie et toi ! Bah, je suppose que je dois te souhaiter un bon courage pour cette tâche, hein ! Mais si quelqu’un peut y arriver, c’est bien toi. » Et il le pensait vraiment, de toute façon, il ne savait pas mentir ; et puis, et, il avait déjà entendu les exploits qu’elle avait pu faire.
Puis ensuite, Orlando reprit une mine plus joviale, le genre de petite expression qu’il gardait très souvent scotchée sur son visage, et qu’il lui correspondait comme un Posipi à son Négapi. Enfin, jusqu’à ce que Cynthia l’appelle par son nom. Et qu’elle achève une phrase. Abasourdit. Vivre loin de tout, oui, ça coupait de la réalité. On se voilait la face, et comme on n’était plus informé, on se disait que tout allait bien. Sauf que la vérité était toujours poignant quand on l’apprenait. « Je… Attends… » Oui, non, il s’imaginait peut-être encore des films, après tout “ne pas aller bien” avait plusieurs significations, pourquoi penser toujours au pire des scénarios en premier ? Non bien sûr, il fallait parfois voire un côté légèrement plus… Gai ? Enfin, quand c’était possible de le voir. Oh, et puis, il s’embrouillait les engrenages à force. Chercher trop compliqué, trop tordu, tout ceci lui faisait voir encore plus flou. « C’est-à-dire ? Je dois le prendre dans quel sens ? » Et puis enfin, Orlando se rappela que Cynthia avait de très bonne relations avec leur grand-mère, posant un regard de soutient sur sa cousine, il lui demanda « Et… Mais toi, tu vas bien ? Je veux dire… Tu tiens le coup ? » Parce que, si en plus, elle venait de se quereller avec sa soeur… Orlando se dit que tout ne devait pas être très rose dans sa vie.
Il faut être honnête, elle ne voulait pas l'inquiéter, mais lui mentir semblait être largement pire. Elle n'en savait rien. Peut-être bien que oui. Peut-être bien que non. Peut-être qu'elle faisait ça par jalousie. Parce que lui avait son cocon de sécurité, et pas elle. Plus elle. Oh, elle l'avait eut, il y avait déjà une éternité de cela. Et aujourd'hui, tout avait volé en éclat. Son envie d'être en sécurité n'avait jamais été aussi forte et pourtant, elle frôlait le danger plus que jamais. Les falaises. Les alliances avec n'importe qui. Les combats dangereux. Non. Peut-être qu'en fait, elle cherchait même l'essence de son existence. Quelque chose qu'elle avait perdu. A l'instant même où... Orlando la sortit de ses pensées alors qu'il lui demanda si ça allait. Bien sûr que non, ça n'allait pas, en fait, elle n'allait vraiment pas bien du tout. Tout s'accumulait. Carolina, Carchacrok, Peter, ça commençait à faire beaucoup ! Et voilà que sa sœur en rajoutait. Elle haussa doucement les épaules, prenant l'air le plus détaché possible, même si, évidemment, ça ne fit pas l'effet escompté. « Tu ne dois pas le prendre bien. Si elle ne me donne plus de nouvelles, c'est qu'elle n'est plus en état de le faire, je suppose. » Le froid de sa voix se laissa trahir par son léger tremblement et ses yeux humide, pourtant, elle garda son dos droit et ses yeux fixés sur lui. Il ne fallait pas plier. Ni maintenant, ni jamais. Carolina lui avait dit d'être forte, elle était son héritage.
« Non... » Elle hésita quelques instants avant de soupirer faiblement et d'approcher de la plage pour s'asseoir sur un rebord de pierre, les pieds dans le sable, elle se mit à fixer les vagues alors que Majora s'envolait pour profiter des courants marins. Alors, elle se mit à l'observer. Son rayon de soleil, c'était elle. « Je ne suis pas au sommet de la forme, ce n'est pas peu dire. » Elle eut un regard en coin vers le Roucool qui jouait dans le sable avant de sourire à nouveau, plus sincèrement, plus tristement aussi. Un sourire qui venait tout droit du cœur, même si elle avait l'impression que, ces derniers temps, c'était un trou béant qui aspirait tout ce qu'il y avait de beau autour d'elle. C'était terrible comme impression, pour être honnête. Et puis, elle inspira profondément avant de relever les yeux vers les quelques krabby plus loin qui se chamaillaient. « Mon Carchacrok est... » Sa voix se brisa sur ce dernier mot, tant et si bien qu'elle ne pu aller plus loin, tant et si bien que ses yeux emplis de larmes ne lui permettaient plus de voir clair. Les Krabby étaient devenus de vagues tâches oranges entre le doré du sable et l'azur de l'océan.
’était tout ce qu’il y avait de plus perturbant. Non, ce n’était même pas le mot, en réalité, Orlando n’aurait jamais su mettre un véritable mot sur ce qu’il ressentait. Il oscillait entre plusieurs sentiments. En tout cas, à aucun moment il n’aurait pensé un seul instant devoir se retrouver devant Cynthia de cette façon-là. Jamais. Ce n’était absolument pas de cette manière-là que des retrouvailles devaient se passer. On préférait d’abord de voiler la face, parler gaiement, le sourire pendu au coin des lèvres, la mine enthousiaste, heureuse ; une once de jovialité. Non, jamais il n’aurait pensé recevoir de telles choses de but en blanc de la sorte. Au fond de lui-même, il se dit qu’il était trop naïf, toujours penser que le monde était rose, se cacher lorsque les obstacles surgissent, faire comme s’ils n’existaient pas ; oui, Orlando avait toujours - ou souvent - fait ainsi. Alors, tout à fait, il n’était pas habitué à ce genre de situation, et il le laissait très clairement voir. L’air benêt, comme un enfant à qui on apprend une nouvelle qui ne l’enchante pas, et qu’il ne sait pas qu’elle doit être sa position. Au fond, Orlando n’était rien d’autre qu’un gosse, un grand enfant, certes, mais un gosse, aveuglé par une certaine naïveté qu’il dont il n’avait jamais réellement vu de face. Il ne serait même pas réagir en adulte, il ne sait pas, ou du moins, il n’y arrive pas. Que dire, que penser, que faire. Ce ressenti, Orlando le prit comme un jet d’eau froide qui ne cessait de s’écraser sur lui. Le simple et terrifiant silence s’installa. Tant d’imprévu, il ne parvenait à gérer la situation, enfin, ce n’était pas ainsi que les choses devraient se présenter, disons plutôt que lui-même ne savait absolument pas ce qu’il devait faire, et ça, ça le terrifiait. En plus de recevoir les mauvaises nouvelles.
Inspirant une forte bouffée d’air, levant la tête vers les vastes cieux parsemés de nuages, vite, il devait faire quelque chose, et ne pas laisser ce foutu silence s’installer. Ravalant sa salive, il posa son regard vers elle, bien qu’il le détourna persque aussi rapidement, fixant au loin un point au sol. « Ah… Il s’est passé tant et tant de choses depuis le temps. Je crains ne pas pouvoir trouver les mots justes... » Un léger frisson lui parcourut l’échine, qui le rendit muet un court instant. Puis, il se place devant elle, parce qu’il devait bouger, même juste un pas, ça calmait… Parfois. « Simplement, dis toi que tu n’est pas seule. On ne devrait pas traverser les embûches seuls, on ne doit pas. Et… Si tu as un quelconque besoin, tu pourras compter sur moi… Bien que, je ne sois pas forcément une aide efficace… » Oui, tout ce qu’il disait était vrai, quel intérêt aurait-il eu à mentir de toute façon ? Mais, comme il lui avait dit, il n’était pas vraiment d’une grande aide, enfin, lui, il n’avait jamais connu cela ! Mais comme pour renforcer ces propos, il frôla de sa main l’avant-bras de Cynthia. Et il s'aperçut qu’elle pleurait. Des lourdes perles se frôlaient un chemin sur ses joues, et Orlando n’aimait pas cela. Voir des personnes pleurer, encore plus quand il s’agissait de personnes chères, cela le mettait encore plus mal à l’aise. Il toussota très légèrement, rappelant son Roucool d’un signe de tête, puis d’une petite voix enfantine gonflée par une touche de timidité il proposa. « Euh… Ca te dérangerais qu’on aille ailleurs ? Je pense qu’on ne devrait pas s’éterniser trop longtemps dans les parages. » Faisant un petit signe de tête vers un lieu plus lointain, bien qu’il ne sache absolument pas vers quoi menait ces ruelles. Quoi de plus à penser, à dire, à faire ? There are plenty of other fish in the sea.
C'est terrible, la vie. Ça vous prend tout, au fur et à mesure qu'elle avance. Du temps, les gens que vous aimez, les souvenirs, le goût, l'envie de vivre. Tout. Et vous ne savez pas quoi faire, si ce n'est que la regarder passer. La regarder vous quitter, parce qu'il n'y a rien à faire. Parce que la vie est une maladie dont personne ne guérit, en vérité. Cynthia fixe l'océan, elle écoute Orlando, comment pourrait-il y faire quelque chose ? Comment pourrait-il trouver les mots ? Il n'y a aucun mot à trouver. Aucun mot juste. Il n'y a qu'elle et son chagrin. Et c'est tout. Elle n'est pas seule, dit-il. Elle ignore si il le pense, mais ça lui réchauffe le coeur, un peu. Et elle se plait à le croire. Parce que c'est agréable à croire, qu'on n'est pas seul. Que quelqu'un veille sur nous. Que, si nombreux soit-on sur cette planète, nous ressentons tous à peu près les mêmes émotions. Parfois au même moments, et pourtant dans une gamme de couleur totalement différentes. Oui, ça la rend un peu admirative de l'humain. C'est pour ça qu'il faut le protéger, certainement. Elle jette un regard à Majora qui plane, profitant de l'air marin avant de se relever, séchant ses larmes d'un geste vif. Il dit qu'il n'est pas d'une aide efficace mais. Mais il n'en sait rien, non ? « Tu te trompes, Orlando. Tu m'as déjà aidé, à l'instant. » Elle lui jette un regard et un sourire, un peu triste mais vivant, c'est tout ce qui compte, non ? D'être vivant. Elle siffla, brièvement, rappelant Majora qui vint se poser sur son épaule. Elle toisa son cousin, un long moment, avant de secouer lentement la tête. « Tu n'y peux rien, et tu n'as rien à te reprocher Orlando. » Elle ignorait s'il pouvait se reprocher quelque chose, mais en se mettant à sa place elle se serait reproché milles choses. Inutiles. Futiles en fait. Elle sursauta en sentant l'eau qui venait de battre ses pieds, et eut un rire, un rire de surprise, un rire étrangement doux, en réalité. « Oh, on dirait que la marée monte ! » Elle recula jetant un regard au Roucool d'Orlando avant de pencher la tête. « C'est fou, tu as toujours su voir le potentiel chez les pokémons que d'aucun ne regarderait même pas. », inutile de dire que les Roucools n’avaient pas particulièrement bonne réputation. Un bon pokémon pour débuter son aventure, disait Carolina.
Cynthia reposa son regard sur son cousin avant de sourire, un peu plus vivement, bien sûr, il subsistait en elle une pointe de tristesse mais elle y survivait, quoi qu'il arrive. Parce qu'on ne se laisse pas abattre par des sentiments, ni par des événement. On survit. C'est ce qui fait que Cynthia était si solide, si déterminée, même si elle semblait tomber en ruines, elle se relevait, toujours. Peu importe les coups qu'elle pouvait prendre, elle se relèverait, encore et encore. Parce qu'elle était ainsi. Et parce que le monde était parfois ingrat. Mais elle s'en fichait. « Tu veux manger quelque chose ? » Elle lui fit un léger signe de la tête, le bas de son pantalon entièrement trempé mais ça lui était égal visiblement. « Je connais une petite boutique qui fait des beignets, tu m'en diras des nouvelles ! » Et voilà qu'elle enterrait tout au fond de son être. Avec du sucre. Et du gras. Oui, et alors ?
a petite nuée de Goélise dont l’ombre se projetait au sol avait attiré le regard d’Orlando, qui suivait cette petite ombre aux contours indistincts. Futile et fragile, elle s’échappa aussi rapidement qu’elle était arrivée. Il se sentait mieux, ce moment de gêne se perdait peu à peu. Il n’y avait pas vraiment d’explication, un simple sourire avait suffit, il n’en avait jamais demandé moindre. Il était ce genre de personne qui, à l’image d’un Racaillou utilisant une roulade, tant que tout allait à merveille, il roulait, heureux, peut-être pas plein de vie, car soyons tous d’accord, une vie est parsemée de minuscules embûches ; mais tant que rien ne le mettait vraiment dans un mal être, tout roulait. Mais le choc, un simple BANG, et poc ! Tout ce brisait. C’est stupide en soit, très stupide ; mais il n’est pas incorrect de dire que chaque épreuve rend légèrement plus fort. Bon, si ceci est vrai, Orlando n’aura connu que très peu d’épreuves, il est vraiment impossible de le nier. Mais, c’était stupide aussi, comment lui avait-il déjà pu aider Cynthia ? Les paroles avaient-elles une si grande importance qu’il aurait pu sous-estimé leur valeur ? Et puis rien à se reprocher… Tout était très relatif, différent selon les points de vue. Lui, au plus profond de son être, c’était déjà reproché les trois quarts des malheurs du monde. Enfin ! Il n’y pouvait rien, ce qui était fait était fait, il n’y avait rien qui pouvait le changer. On ne pouvait changer qu’une chose: le futur, le présent aussi, mais moindrement. « Tu parles de… lui ? » Il avait très légèrement détourné le regard vers Salvy, qui semblait dormir, bien qu’au fond, Orlando savait qu’il écoutait tout, il n’en perdait pas une miette. Mais, au fond, Cynthia disait vrai. Il avait toujours eu le don pour se trouvait les cas particuliers de chaque espèces. Enfin, surtout d’une. A voir après si c’était du bon ou du mauvais potentiel, bien sûr ! Et, puis, enfin, le phénomène de la marée montante arriva. Et Cynthia parla de nourriture. Elle avait juste trouvée le bon mot pour redonner une petite décharge à l’expression d’Orlando. « Eh bien, je te suis alors ! »
Bon, par contre, qu’elle ne demande absolument aucun aide sur l’orientation à Orlando. Paoles, lui, il connaissait pas. D’une façon très floue. Il avait beau habiter sur l’île depuis une dizaine d’année, il n’habitait pas Paoles. Alors, si à Steukin il aurait pu connaître de long en large toutes les rues, tous les recoins ; Paoles c’était… la forêt de Vestigion à côté. Enfin, même pas, parce que cette forêt, il l’a connaissait un peu. Alors, forcément, il faisait aveuglément confiance à Cynthia. Si elle l’emmenait dans l’endroit le moins recommandé de la ville, il ne s’en rendrait compte qu’une fois qu’il l’aurait sous le nez. Et Arceus seul savait que des dédales, dans cette ville il semblait y en avoir pas mal… Mais parfois ce n’est qu’illusion. Mais ce qui est sûr, c’est qu’Orlando devait avoir très franchement l’air paumé dans ces lieux. De toute façon, tout s’exprimait sur son visage, il ne savait pas cacher ses émotions. « Mais, dis-moi. Tu connais cette ville ? Ah, mais ne crois pas que je doute de ton orientation, loin de là… Simplement, elle est foutrement grande ! » Mais, Orlando est les grandes villes, hein… Il n’a connu que Vestigion et Steukin dans sa vie. Alors, tout ce qui avait quelques centaines d’habitants en plus, pour lui, c’était bien simple, c’était une grande ville qui ne cherchait qu’à perdre toutes personnes désirant s’y aventurer.
Alors qu'ils étaient finalement partis tous les deux en quête de la boutique que la blonde avait évoquée, Orlando l'interrogea sur la connaissance de la ville. Oh, la ville, elle la connaissait. Paoles n'avait plus de secrets pour elle, et cela depuis un petit bout de temps. Cela ne faisait que quelques mois que Cynthia avait débarqué ici, et pourtant, elle aurait pu dessiner un plan quasi-parfait des villes de Miranoir. Non seulement elle avait un sens de l'orientation très développé, mais elle avait l'habitude de se balader à Paoles ou des raisons souvent bien diverses. « Je viens souvent ici, à vrai dire. Et je dois souvent échapper à la foule de fans en délire, si tu vois ce que je veux dire... » Elle lui lança un regard, très vite accompagné d'un sourire complice, elle exagérait juste un peu, parce qu'il arrivait que personne ne lui tombe dessus, que personne ne la remarque, mais si une personne avait le malheur de crier son nom, alors c'en était fini, elle devait fuir dans les plus petites ruelles, entrer dans les hall d'immeubles, se cacher durant de longues minutes. Elle avait parfois l'étrange impression d'être une hors-la-loi, et vu la conjecture actuelle des événements, elle se demandait si elle n'était pas justement en train de le devenir. Oui, elle flirtait un peu trop avec la limite, ça semblait atrocement évident. « J'avais également l'habitude de me repérer à Illumis, et si tu y arrives là-bas, tu peux d'y retrouver n'importe où, crois-moi. » Elle marqua la fin de sa phrase d'un léger rire amusé, alors qu'elle prenait la rue sur leur droite, s'enfonçant dans les petites ruelles piétonnes où s'étalaient, ça et là, les boutiques diverses et variées de Miranoir. Ici du savon à la baie Mepo, ici des bonbons au miel d'Apitrini, et plus loin des poupées à l'effigie des stars qui dirigeaient les arènes de la ville. D'ailleurs, Cynthia ne s'était pas vraiment penchée sur la question des arènes, ici. Collectionner des badges était devenu quelque chose de si loin, pour elle, que ça parfois elle oubliait que ça existait. Et pourtant, elle était un rouage de la machine, après tout. Peut-être qu'elle aurait dû chercher à rencontrer le ou la maîtresse de l'île ? Malgré le fait qu'elle ne connaissait pas du tout son identité. Elle avait entendu vaguement parler de quelques membres du conseil, mais rien de très précis.
L'odeur du sucre accrocha ses narines alors que la rue se terminait sur un plus large boulevard où les touristes flânaient. « Je crois pouvoir te dire qu'on est quasiment arrivés ! Tu habites toujours à Steukin, c'est ça ? Effectivement, ce n'est pas le même gabarit... J'ai entendu parler d'un festival annuel qui se fait là-bas... C'est bientôt, non ? » Demanda-t-elle légèrement alors qu'elle désignait d'un signe du doigt une affiche pour le-dit festival sur la vitrine d'une boutique de douceurs. Ils avancèrent encore, et encore, dans les ruelles avant que, finalement, Cynthia s'arrête devant une boutique dont la vitrine pleine de diverses pâtisseries dévoilait des couleurs chatoyantes et plus appétissantes les unes que les autres. « Voilà notre eldorado, Orlando ! »