Cela faisait quelques mois que j'étais partie de Safrania et quelques semaines que j'étais arrivée à Miranoir. Je souhaitais faire le tour des villes pour en trouver une où je pourrais habiter. Non pas que je ne voulais pas retourner à Safrania, mais cette Île avait quelque chose que j'appréciais. Depuis Paoles, j'avais fais un long chemin. J'avais fait beaucoup de rencontres enrichissantes. Aujourd'hui j'étais à Saprule. Une ville chaude que je commençais réellement à apprécier. Fayago sur l'épaule, comme d'habitude, je me renseignais sur les locations disponibles. Ce n'était pas une chose à prendre à la légère. Je devais être certaine de mon choix. Je regardais une brochure avec les divers prix.

— Ca ne coûte rien de visiter...

Déclarais-je. C'est alors qu'une jeune femme nous faisait visiter diverses maisons. J'avais un coup de coeur pour une maisonnette sympathique. Je demandais comme était le voisinage et la femme me répondis simplement qu'il n'y avait qu'une maison pas loin et qu'un homme vivait là et ne sortait pratiquement jamais de chez lui. Elle m'expliqua également que cette personne était le champion de l'arène de Saprule et qu'il était spécialisé en pokémon feu. Lorsqu'elle me dicta son nom, je fus surprise. Dante Ceneri... Un ancien voisin de Safrania pour qui j'avais travaillé en tant que baby-sitter pour sa fille. Malheureusement, il avait vécu un lourd traumatisme. La mort de la petite que je gardais m'avait également touchée. Je déclare à la jeune femme que cette maison m'intéresse fortement et que je reste une potentielle acheteuse. Par la suite je restais un instant à regarder la maison de Dante. Décidément, le destin me forçait à le rencontrer une fois de plus. Je comprenais mieux pourquoi l'arène de Saprule était inactive. Pour moi, rien n'arrivait jamais au hasard. Peut-être qu'en lui rendant visite je pourrais lui remonter le moral, qui sait ? Je sonnais alors à sa porte. Une fois la porte ouverte, je souris puis déclare :

— Bonjour, je suis Lyra Reyes, de Safrania. J'ai gardé votre fille il y a longtemps, vous vous souvenez ?

J'entends des éclats de voix claquées derrière la porte, je fronce légèrement les sourcils. en croisant le regard de Fayago. Je me demande ce qu'il peut bien se passer dans cette maison. Soudainement la porte s'ouvre et une forte odeur d'alcool me pique le nez. Je ne cille pas, l'homme qui me fait face est brisé. Complètement brisé. La barbe épaisse et les cheveux longs, je me demande combien de temps il n'est pas sortit de chez lui. "Qu'est-ce que vous me voulez ?" Son ton est dur. Je vois la tête d'un Pyroli, ses yeux ambrés sont brillants et son pelage est terne. Si je me contrôle pour ne pas lui hurler dessus pour son manque de soin envers son pokémon, je prends une voix déterminée et confiante.

— Je suis contente de vous revoir moi aussi.

Dis je un peu froidement. Il fallait dire que lorsque je m'occupais de sa fille, il ne me voyait pas. J'étais invisible. Même lorsqu'il me payait, il ne me jetais pas un regard. Nous n'étions pas amis, certes. Mais je devais faire quelque chose pour lui. Je n'étais pas prise de pitié, c'était plus de la compassion.

— J'ai entendu dire que le champion de l'arène de Saprule souhaitait se remettre en forme. Ainsi que ses pokémons.

C'est dur de garder la tête hors de l'eau, surtout quand une énorme vague de boue vous tombe dessus. Je ne suis pas présente pour parler du passé, mais plutôt pour parler de l'avenir. J'étais dresseur et bientôt ranger, Dante était le champion de l'arène qui se montrait fermée depuis longtemps apparemment. Hors, il était de la responsabilité de Dante de travailler et surtout... De s'occuper de ses pokémons. Je lui adresse un sourire sincère.

— Écoutez Mr Dante, je ne vais pas y aller par quatre chemins... J'ai fais un long voyage pour trouver un lieu qui puisse me plaire, mais il semblerait que nous soyons à nouveau voisin. L'arène est inactive, je viens vous proposer de l'aide pour vous sortir la tête de l'eau. Pas parce que vous attirez ma pitié, mais parce que j'ai promis à une petite fille de le faire il y a bien longtemps.

Face à l'homme brisé qui s'énervait devant moi, je ne savais pas comment je faisais pour rester calme. Si Fayago, lui avait élevé ses flammes d'un air menaçant face à l'homme agressif, je n'avais aucune envie de me battre contre lui. S'il ne voulait pas se battre pour vivre et non survivre, c'était son problème. Mais il ne savait pas à quel point il ignorait beaucoup de choses. Le Pyroli s'interpose et semble vouloir que son maître cesse de hurler. Quand je vois l'état d'angoisse dans lequel vit ce pauvre pokémon, je n'ose imaginer les autres... Il me claque la porte au nez. Espèce de vieillard alcoolique ! Mais je n'avais pas à baisser les bras. Je savais à quel point le passé était douloureux. Nous sommes irrationnels, nous recherchons toujours un bouc émissaire pour expliquer les problèmes que nous avons. La moindre petite chose, le moindre petit doute pour un événement peut tout remettre en cause. Un malentendu peut parfois faire des dégâts que l'on ne soupçonne même pas, arrêtons de vouloir rejeter la faute sur les autres pour les problèmes que nous avons créés et essayons de faire confiance aux gens qui nous entourent sans remettre en cause leurs paroles.

— Alors c'est ça le champion de Saprule ? Un alcoolique qui traite ses pokémons comme ses chiens et qui à peur du passé ? Sérieusement !? Pourquoi ne pas distribuer les badges gratuitement ? Mieux encore ! Les échanger contre des bouteilles d'alcool !

Déclarais-je à travers la porte en espérant qu'il entende. J'avais envie de le secouer, qu'il réagisse, merde ! Je pouvais rester là toute la journée. Devant cette porte. Je n'avais rien d'autre à faire de toute façon. Si je me montrais souvent gentille et calme, je savais très bien dévoiler mon tempérament de feu. Je m'étais tue quelques minutes pour m'asseoir dans l'herbe, devant la porte. Que je passe pour une chieuse, je m'en fichais royalement. Je voulais qu'il se bouge, qu'il s'énerve et qu'il se remette en question un bon coup. Je me devais de frapper là ou cela fait mal.

— Vous pensez pas qu'il est temps de tourner une page ? Vous serez toujours triste à l'intérieur mais au moins vous seriez ce que vous êtes censé être ! Un dresseur !

'ai appris que quoi qu'il arrive, le hasard n'existe pas. Qu'on a beau s'indigner à se demander "pourquoi?!", à crier à l'injustice, à détenir toute la colère ou même le désespoir du monde, il y a toujours quelque chose à en conclure. On est maître de notre malheur mais aussi et surtout de nos bonheurs. Accepter les différences, franchir les obstacles, tomber, se relever, avoir peur, foncer, avancer, s'ouvrir, sont les clés d'une vie meilleure. Et qu'importe les situations et le temps qu'il faut. Que ça nous plaise ou non: Nous sommes maîtres de notre propre destin du début jusqu'à la fin.