ft. Nikolaj Coster-Waldau
♫Sweet Memory's♫
Je ferme les yeux... Je ferme les yeux et j'imagine... Je me remémore ces choses qui font tant de mal et de bien à la fois... Une bouteille de vieux Rhum à la main, les volets clos me plongeant dans les ténèbres... Oui... Je retourne dans le passé a travers cet alcool qui me ronge les sangs et pourtant, qui me permets de me sentir mieux. Sans aller jusqu'à dire que je me sens bien... Mais le simple souvenir des deux femmes de ma vie suffit à m'apaiser un peu...
Je me souviens d'abord de ce premier sourire offert par une jolie rouquine dans un parc très fleuri de Céladopole... Je me souviens d'un parfum discret et pourtant si marquant, de sa façon de marcher comme si ses pieds touchait à peine le sol... De cette robe bleue marine dont le vent soulevait la flanelle légère... De ce rire... D'un prénom : Eloïse. J'avais à peine vingt ans, il me semble. Et derrière cette figure désirée, un grand frère un peu possessif. Il m'en a fallu, du temps. Beaucoup de temps pour enfin pouvoir glisser mes doigts dans tes cheveux roux... Pour enfin te sentir contre moi. Te protéger. T'aimer. T'aimer avec un grand A. Car si j'avais eu maintes aventures avant toi, jamais encore une femme n'avait réussi à me mener ainsi par le bout du nez et surtout, pendant si longtemps. J'étais accroc.
Les évènements se sont vites enchaînés.
J'entends encore ta voix tremblante me répondre un
"oui" soufflé par une émotion intense. Je me revois te tendre cet anneau reposant dans un écrin aussi bleu que cette robe que tu portais le premier jour où je t'ai rencontrée. Je te sens m'étreindre, je ressens ta joie par ces larmes qui inondent tes joues... Et ce jour béni où tu deviens mienne, dans cette église si simple mais si jolie... A ton image. Tu étais ravissante dans ta robe blanche. Légère, souriante... heureuse, tout simplement. C'était ce que je voulais : ton bonheur, et uniquement cela. Tu étais ma ligne directrice désormais. La raison pour laquelle j'aurais pu commettre le pire et le meilleur...
Jusqu'à ce jour.
Cet heureux jour qui a fait de moi un autre homme pour la seconde fois. Jamais je n'aurais imaginé plus grand bonheur que tout ce que tu avais pu m'apporter jusque là... Et pourtant, lorsque tu as posé tes deux yeux verts sur moi ce fameux jour, je t'ai tout de suite sentie différente... Et plus épanouie que jamais. Tu portais une de mes chemises, bien trop grande pour toi et tu étais assise sur ce grand fauteuil dans notre chambre. Je venais à peine d'ouvrir les yeux lorsque tu m'as souris. Les mots que nous avons échangés, je m'en rappellerait toute ma vie... Je me rappelle m'être redressé doucement au creux des draps... Je t'ai alors demandé de te rapprocher, ce que tu as fais, toujours armée de ce sourire irrésistible mais pourtant plein de secrets... Ma main est venue s'éprendre de ta nuque :
"Tu es bien joyeuse ce matin..."Tu m'as répondu avec un petit rire. Ce même petit rire que tu faisais toujours lorsque tu avais quelque chose d'important à me dire. J'ai fais silence, sans cesser de me perdre dans le vert de ton regard si intense...
"Chéri... Tu vas être papa."
Il n'y a pas une seule seconde... Une seule minute qui passe sans que je ne me remémore ces mots. Cette sensation extraordinaire qui m'eut envahi tout à coup... Cette impression unique. Ces frissons... Ces battements de coeur. Tu allais me donner le plus beau des cadeaux pour un Homme. Et j'étais conscient de cela. Mon Trésor... Mon Tout.
> First Nightmare <
La suite me terrifie.
C'est comme tomber dans un puit sans fin.
Je rouvre les yeux quelques instants, fixant mon regard dans le vide. Pourquoi a t-il fallu que les choses dégénèrent à ce point ? Nous avions tout pour être heureux... Tout.
"Py..."Les deux pattes de Sunny se posent sur une de mes cuisses et je n'ai même pas la force de tourner la tête vers lui. Par contre, je trouve la force de boire encore goulûment quelques gorgées de ce rhum qui me brule la gorge. Et mes yeux se referment.
Tu es là, allongée sur ce lit d'hôpital, les traits tirés, mais toujours avec ce doux sourire sur tes lèvres. Je pose une main sur ce ventre rond qui te cause tant de soucis depuis des mois... Qui devait simplement être le plus grand bonheur de notre vie, mais qui te rends malade et faible.
"... Dante, peu importe ce qui arrive... Promets moi de l'aimer."Comment pourrait-il en être autrement ? Comment pouvais-tu en douter ? Je n'ai répondu à tes mots que par des larmes. Quand à toi, sage que tu étais, tu m'as simplement attiré contre toi, caressant mes cheveux comme tu l'aurais fais avec un enfant triste.
Et le triste sort s'est produit.
J'ai attendu tellement de temps dans les couloirs blancs de la maternité que je n'avais plus aucune notion de rien. Chaque mouvements de portes, chaque passages des infirmiers m'obligeaient à me lever pour les questionner... Mais personne n'avait de nouvelles. Tu étais là, quelque part, en train de donner la vie à notre enfant... Et je restais sans nouvelles. J'ai fini par m'assoupir pour qu'enfin, une main ne se pose sur mon épaule pour me sortir de mes angoisses... Mais la mine grave du médecin me toucha tout de suite en plein coeur. Il n'a pas eu besoin de prononcer le moindre mot. J'ai tout de suite compris. Et ce fut comme une partie de mon coeur qu'on arrachait à vif. Comme si un fluide glacé se mettait à couler le long de mes entrailles... Tu es morte Eloïse. Morte pour donner la vie...
♫New Life, New Start... With You.♫
Tu es ma nouvelle raison de vivre, Nina. Tu es ce qui me permets de rester fort. Chacun de tes sourires est une bouffée d'oxygène qui me ramène à la vie et m'oblige à avancer. Je te protège et veille sur toi farouchement... Personne ne te feras de mal, mon petit coeur. Et tu grandis si vite... Tellement vite. J'apprends autant de choses que toi. J'ai bien souvent été perdu, au début, lorsque tu pleurais et que je n'arrivais pas à te consoler... Je me suis bien souvent trompé de taille de vêtements ou de lait... J'ai eu des tas de nuits blanches à ne plus savoir quoi faire pour te calmer lorsque tes dents te faisaient mal... Mais tu es tellement précieuse... Tellement adorable. Que je suis fier de ce que j'ai accompli. Et ta Maman doit l'être aussi, de là-haut.
Aujourd'hui, c'est le jour de tes six ans.
Tu es une petite fille espiègle qui passe son temps à me faire des tas de blagues... Et je te le rends bien. Ce matin d'ailleurs, tu sais que tu vas être gâtée, alors tu te lèves plus tôt que d'habitude... Et sans attendre, tu viens bondir sur mon lit pour me réveiller en riant de bon coeur.
Ma douce petite Nina...
J'ouvre les yeux et tu me saute dans les bras tandis que je te couvre de bisous qui te font généralement beaucoup rire.
"Bon anniversaire, ma puce."Tes grands yeux bleus m'observent avec tout pleine de malice et de ta voix fraîche et enfantine, tu me dis :
"Tu sais papa, plus tard je serais Maîtresse de la Ligue. Il me tarde d'être plus vieille, j'voudrais que ce soit mon anniversaire tous les jours !"
Tu me fais rire, ma petite fille...
"Tu sais quoi, j'ai une surprise pour toi. C'est en commençant tôt qu'on devient un grand dresseur. Et peut être que tu pourras viser la Ligue, si tu t'entraînes assez... Viens, je vais te donner quelque chose."Je voulais attendre un peu pour cela, mais j'y travaille depuis un moment... Et je suis certain que ça te fera plaisir. Alors je t'entraîne dans le jardin, une pokéball en main. Je te la donne.
"Demande lui de sortir..."Et comme dans les films, tu t'écries de ta petite voix :
"Pokémon, Go !"
Tes cheveux roux s'agitent lorsque tu lance la petite balle rouge et blanche... Et en sort dans un éclat de lumière vive, un Ponyta. Je crois ne t'avoir jamais vue aussi heureuse... Et le petit poney de feu s'est vite accroché à toi. Tu l'as appelée Fantasia, parce que ça te plais. Et je te laisse faire ce qui te plais... Je suis un papa gâteau un peu trop souple... Mais c'est simplement parce que je t'aime.
> Second Nightmare <
Nina...
Ce jour là, je n'étais pas là. Je n'ai rien pu faire... Rien. Et ça me brise de l'intérieur...
Inconsciemment je rouvre les yeux. Ils me brûlent. Ma gorge me brûle. Mon coeur me brûle... Je serre le poing en repensant que si j'avais été présent, tu serais encore à mes côtés aujourd'hui. Mais le destin en a décidé autrement... Et j'en suis malade... J'ai tant de colère en moi... Tellement d'incompréhension et de tristesse... Tu as laissé un si grand vide... Et cet accident n'aurais jamais du arriver...
Je suis incapable d'en parler.
Vous n'imaginez même pas ma douleur... Ni même mon état d'esprit. J'ai du quitter Kanto, j'ai du fuir le plus loin possible pour essayer de m'en sortir.
"... C'est de ta faute, Dante !"
Je hurle avant de vider d'une traite les dernières gorgées de ma bouteille de rhum et la balance furieusement contre le mur opposé, faisant s'enfuir promptement mon Pyroli qui s'était installé sur mes genoux. Je suis ivre mort, oui. C'est à peine si je peux tenir debout. Mais je me sens tellement coupable de ne pas avoir été là...
Nina... Ma fille...
You must be fight your demons...
Je ne sais comment ni par quel miracle je me suis retrouvé dans mon lit, mais lorsque j'ouvre les yeux, Sunny est roulé en boule à côté de moi, sa respiration lente et apaisante brisant quelque peu le silence de ma chambre vide aux murs tout aussi vides. J'ai un mal de crâne insupportable... Et les relents de rhum viennent torturer mon estomac pour me rappeler les folies de la veille. Je dois me lever... Mais j'ai des vertiges. Alors je reste là, stoïque... Le regard rivé au plafond. J'ai encore mal tourné, hier. Les séances chez la psy ne donnent rien... Tout ce qui me donne l'envie d'avancer, ce sont mes ambitions et l'envie de donner vie au rêve d'une défunte... Je dois trouver un moyen de faire parti du conseil des quatre... Et quoi de mieux que de m'entraîner de façon intensive ? Fantasia s'ennuie... Bélial en est réduit à mordre les clôtures pour s'occuper... Quand à Mercure... Je ne l'ai pas vue depuis des lustres. Elle s'obstine à rester dans sa Pokéball.
Le point faible de la Ligue ? Albion.
Il est sûrement le moins aimé des quatre, et son arrogance le perdra... C'est sur lui qu'il faut que je mise... C'est lui que je dois détruire en premier.
Mais avant ça... il faudrait d'abord que j'arrive à mettre un pied hors de ce foutu plumard...