Ce connard avait brisé l'orbe. Et il avait disparu. Il venait de biser tous leurs espoirs, tous leurs plans, juste pour... Pour de la jalousie, c'est ça ? Quel stupide humain. Deimos était plus fort que lui sur le plan émotionnel, c'est sûr. Jamais il n'aurait trahi la Team pour si peu. Ou tout simplement, jamais il n'aurait trahi la Team. Cela prouve bien ce que ressentait l'autre homme pour leur cause. Rien. Un néant total. Tout ce qui l'intéressait ? Sûrement le pouvoir, l'argent et les filles. Il n'était qu'un déchet parmi les déchets. Le pouvoir ? Il n'avait pas les capacités à diriger un groupe. Aucune autorité. Il ne faisait pas peur. L'argent ? La Team dépensait plus que ce qu'elle gagnait. Surtout quand un certain homme réduit en poussière, en grain de sable tout ce qu'il avait prévu. Les filles ? Mars n'était pas comme les autres femmes. L'autre ne s'en était pas rendu compte, sûrement, et il s'était tellement entiché qu'il était tombé amoureux. Il était fou. Tellement fou qu'il devenait dangereux. Pour tous. Bon débarras.

Deimos était en plein désert. Tant dans sa vie réelle que dans sa bulle... Son monde s'était effondré, effrité comme cette fichue orbe. Pourquoi lui ? Pourquoi elle ? Et pourquoi pas lui ? Le sable l'empêchait d'avancer convenablement. Il entrait dans ses chaussures, le grattait, le blessait avec les frottements... Arz était un grain de sable. La cause de tous ses soucis et de ceux de la Team. Et il avait fuit. Depuis, le Commandant ne dormait plus. Dormait-il déjà avant ? Bonne question. Mauvaise réponse.
Que faisait-il ici ? Avait-il besoin de s'éloigner ? Lui aussi, avait-il envie de fuir, face à l'échec ? Non. Lui, il ne fuyait pas. Il se rapprochait. Plus lentement que ce qu'il ne le fallait. Mais ils allaient atteindre ce but. D'une manière ou d'une autre. Si ce n'était ni avec Dialga, ni avec Palkia, ce serait avec d'autres, peu importe.
Le tout, c'est qu'ils réussissent. Il ne pouvait briser cette promesse.
Il voulait créer, lui aussi.

Des ombres apparaissaient devant ses yeux. Des Pokemon ou des humains, qu'importe. Un jour ou l'autre ils deviendraient le sable de ce désert, de cette tempête. Ce sable qui le giflait le visage, qui le brûlait. Lui aussi, un jour, il mourrait. Mars aussi. Mais quand ? C'était la question que tous avaient en tête. Je vais mourir, oui. Mais à quel âge ? Dans un accident ? Naturellement ? Va-t-on vouloir me tuer ? Deimos n'avait aucune réponse. Tout ce qu'il voulait, c'était laisser une trace de son existence sur cette foutue planète. Montrer à ceux qui l'ont sous estimé qu'il était le meilleur dans bien des domaines. Il voulait que tout le monde le voit comme Mars le voyait. Un peu mégalomane ? Non, il ne voulait pas contrôler le monde. Il voulait qu'on le reconnaisse. Juste.
La tempête de sable était vraiment violente... Ses Pokemon restaient à l'intérieur de leur Pokéball. Ils n'étaient pas inconscients à ce point. Phobos avait voulu rester près de lui, il avait grogné, mais son dresseur avait choisi. Bien sûr, il avait toujours le cas à part.
Nexia.

Une forme s'approcha de lui, dans l'obscurité. Deimos pouvait l'apercevoir grâce à ses lunettes spéciales, faites pour les tempêtes de sable. Ainsi, elles aussi équipées d'une caméra thermique. Comment il se les était payé ? Oh... Il n'avait pas payé. Juste emprunté, plutôt, pour une durée indéterminée, bien sûr. Dans la nuit, elles étaient vraiment pratiques, c'était plutôt avantageux... Le Pokemon apparut donc devant ses yeux, suivi d'une petite boule. Sûrement un autre Pokemon, à tous les coups. Deimos soupira. La tempête s'était un peu calmée... Peut-être pouvait-il essayer de faire un combat. De toutes façons, ça ne pouvait que les endurcir. Si, par contre, ce combat était trop lent, et inintéressant, ils devraient abandonner en cours de route. Le Commandant n'avait pas que ça à faire, bon sang.
Il essaya de déterminer à quels Pokemons il avait affaire. Visiblement, la première correspondait à... Un Rapion, peut-être. La deuxième, il ne savait pas. C'était trop flou.

Un Rapion... Un Pokemon de type Insecte. Il aurait dû garder sa Monorpale pour se combat, mais quand il aperçut dans ses lunettes la forme du Phanpy se dessiner, il grimaça. Un Pokemon Sol contre un Pokemon Acier, on savait tous ce que cela donnait : du métal réduit à l'état de poussière, piétiné, froissé. Et puis son Prismillon et Phobos avaient besoin d'un peu d'entraînement. Ce n'est pas un peu de sable dans leurs yeux qui allaient les déranger. Surtout Satanas, avec son talent Œil Composé... Elle toucherait toujours ses victimes. Il sortit donc ses deux Pokéballs, ou plutôt une Pokéball et une Creepyball et les libéra. Nexia disparut petit à petit dans le rideau de sable volant. Heureusement pour eux, le vent se calmait peu à peu. Deimos n'en pouvait plus de cette tempête. Surtout, qu'à cause d'elle, il ne pouvait pas observer les étoiles... Ni l'immensité du ciel de cette nuit infinie. Il n'avait plus sa carte céleste au-dessus de sa tête.

Bon... Phobos était un peu dans le pétrin. Les Pokemon sauvages, vicieux, s'acharnaient sur lui. Sûrement car c'était plus simple de s'attaquer au plus faible. C'est sûr qu'à côté de Satanas, il ne faisait pas le poids. Il avait beau être fort, en Attaque, sa Défense laissait à désirer. Et les ennemis jouaient sur cela... Avec des attaques Gros'Yeux, puis une attaque Bélier imprévisible avec la tempête, le Phanpy avait joué avec la faiblesse du Pokemon Dragon. Un petit Phanpy. Un Pokemon ri-di-cule. C'est vrai quoi, d'où il infligeait autant de dégâts, celui-là ? Il ramena Phobos dans sa Pokéball. Cela ne servait à rien de s'acharner ainsi. En plus, le sable le dérangeait plus qu'autre chose... Il était vraiment inefficace ici. Le pauvre Pokemon, il ne voulait pas décevoir son dresseur. Mais par moment, il était si faiblard... Cela l'énervait tous les autres le surpassaient. Même Lykán. Oui, le Medhyena avait quelque chose sous sa bouille adorable de sauvage et d'acharné. Le Solochi, lui, n'aimait pas se battre... Il obéissait à son maître, c'est tout.

Il envoya donc sa Monorpale sur le terrain. Ou plutôt, il l'appela à travers le sable volant. Elle devait se trouver quelque part, dans ce désert infini. C'était l'un des rares Pokemons de son équipe qui pouvait résister au sable volant, grâce à son double-type Acier et Spectre. L'épée de sang vint, après quelques instants, voire secondes d'attente. Le rouge fendit la tempête d'un coup. Et en même temps que Nexia, des rochers apparurent autour des deux Pokemon sauvages, les emprisonnant pour mieux... Les réduire en bouillie. Les énormes rochers vinrent les compresser peu à peu... Le Phanpy les repoussa ensuite à coup de Roulade bien placer. Deimos retint une insulte. Mais ils ne pouvaient pas se laisser mourir, merde ? Puis il songea que la victoire aurait un meilleur goût, si elle était difficile à obtenir... Il lança une Pokéball sur le Rapion. Celui-là, il le voulait pour sa collection.

- Sxor. Ce sera ton nom.

Lorsque le Phanpy atterrit au loin, brutalement, Deimos entendit les os de la petite bête craqués. Elle n'avait pas qu'à être sur son chemin. Oui, il était énervé, énervé de toutes les merdes qui arrivaient ces temps-ci. Leur plan avait été détruit, mais il n'en démordrait pas moins pour le reconstituer, pièce par pièce. Et le temps que Mars... S'allège de son poids, il devait plus ou moins diriger la team. Tout le monde était un peu perdu, avec tout ce qui se passait, il fallait répondre aux questions, aux inquiétudes, sans laisser paraître la moindre faiblesse. Mentir, pour rassurer. Pff, quel concept. Les humains étaient vraiment compliqués.
À l'extérieur de son esprit, la tempête de sable se calmait. Il put enlever ses lunettes protectrices et observer la voûte étoilée. Il aurait aimé, véritablement, appartenir à ce ciel obscur et pas à cette fichue terre, mais on ne choisissait pas, n'est-ce pas ?

Est-ce que le temps s'était écoulé normalement dans ce désert ? Ou était-il dans un paradoxe temporel, créé par Dialga ? Le dragon du Temps devait lui en vouloir. Lui, qui appartenait à cette Team qui l'avait emprisonné, contrôlé, pour créer ce monde parfait. Un monde où le temps, cette énergie qui nous fait vieillir, cette énergie qui nous fait naître et mourrir n'existerait pas. Non pas pour être immortel. Mais être quelque chose de surhumain. Une nouvelle évolution pour l'humanité. C'est ça le problème de l'esprit humain. Il est enfermé dans des cloisons, impossible qu'il imagine des choses au-dessus de ces capacités. Le monde parfait lui permettrait de dépasser toutes ces limites. Un infini estimable.
Le soleil brisa sa vision tel un verre se fendillant en mille morceaux. Il brisait son monde obscur en poussière. Ou plutôt en sable, vu l'endroit où il se trouvait... Le temple se dressait non loin.

Objectif trouvé. Deimos devait passer à la vitesse supérieure.