Tu fixes le Pokémon du regard, un moment, tout petit moment. Tes yeux brillent d'émerveillement, devant le spectacle qu'il t'offre. Il sautille, gaiement. S'arrête de temps à autre, comme pour s'assurer que tu le regardes encore avant de reprendre, c'est comme s'il cherchait à t'amuser, à te faire rire et par Arceus ce que ça marche bien. Toi, tu vis loin de tout ça. Ou presque. A la maison, il n'y a que peu de Pokémon, en réalité. Il y a ce Leveinard, mais ton père t'as formellement interdit de t'en approcher. Ce Pokémon pourtant si doux, qui s'occupe chaque matin d'aider sa dresseuse à ranger ta chambre. Et puis, il y a cet Insécateur aussi, bien plus impressionnant encore que tu n'as eu le loisir d'observer que par ta fenêtre pendant son travail dans les jardins, avec le jardinier de tes parents. Tu as une vie dorée. Né avec une cuillère d'argent dans la bouche, tu as l'argent durement gagné par ton père, les meilleurs professeurs qui soient pour devenir quelqu'un, un tas d'hommes et de femmes à ton service pour t'élever à la place de ceux qui devraient réellement le faire. « Hélio, éloignes toi » C'est la voix de ta mère. Perçante, elle ne t'a étrangement jamais paru douce, ou apaisante. Seulement stridente et si tu avais le droit de l'avouer ; particulièrement agaçante. Sa main vient saisir ton épaule, elle t’entraîne loin … loin de toute distraction, effaçant ton sourire et faisant taire ton rire d'enfant.

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« C'est parfaitement inacceptable, jeune homme. » Encore une fois, tu baisses les yeux, n'osant les relever légèrement que pour lorgner sur le succulent dessert qui vient d'être servi à table. Pourquoi est-ce que c'est toujours ce moment là, qu'il choisit, pour te passer un savon ? Le moment du dessert. Comme si t'en priver, voir tes larmes couler était amusant, distrayant pour lui. Ton père. Ta mère. Tes deux parents te fixent sévèrement, et encore une fois, comme à chaque fois, tu en viens à te dire que jamais tu ne sera s à la hauteur. Non. Tu ne seras toujours que toi, et vraisemblablement, c'est loin d'être suffisant. Tes notes sont bonnes, pourtant. Tu t'en assures. Mais elles ne sont parfaites, parce que tu ne l'es pas non plus. Et puis la musique … c'est tellement loin d'être ce que tu préfères. C'est ennuyant. Et même si tu apprends, si tu y mets du tiens pour y arriver, tu n'en retires aucun plaisir. « Pourquoi ne peux tu pas être plus doué que cela ? » Tu ne sais pas. Tu ne peux pas, c'est comme ça. Tel que tu es là, tu es à ton maximum … pourquoi est-ce que ce n'est pas suffisant, tout simplement ? Pourquoi est-ce qu'il en revient toujours là … à cette conversation qui n'en est d'ailleurs pas réellement une ? Il ne t'aime pas. Ne t'as jamais aimé. S'il t'aimais, il comprendrait. Ou il essaierait. Et mère. Pourquoi est-ce qu'elle ne t'aide pas ? Pourquoi est-ce qu'elle ne vient jamais essuyer tes larmes, te prendre dans ses bras et te dire que tu vas bien, que tout iras … pourquoi ? « Monte dans ta chambre. Va étudier. Tu n'auras pas de dessert ce soir. » Oh, Hélio. Tu pleurs, regarde. Pauvre petit être. Ne le voit-il pas, dans ton regard, tes expressions parfois, ne le comprends t-il pas, ce père, qu'il est tout bonnement en train de détruire chaque parcelle de sentiment en toi, peu à peu ? Qui pourrait comprendre … ? Toi qui pleurs tant. N'as-tu pas droit à un peu de répit, n'as tu pas ce droit, de simplement arrêter de verser tes larmes pour avancer, prendre un chemin moins risqué, sans forme de sentiment aucune, sans amour, sans souffrance, sans douleur et sans peine ? Non, bien sur que non. Il ne voit rien. Il te regarde à peine, tu es si loin d'être sa fierté, si loin d'atteindre le niveau qu'il t'a fixé. Tu l'as aimer. Au fond, tu l'aimes encore. C'est ton père, après tout. Mais tes sentiments s'estompent, et tu essuies calmement tes larmes avant de quitter ta chaise. « Bonne nuit, père. Bonne nuit, mère. »

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Le temps a passer. Dieu que tu as grandis, regarde toi. Tu n'es plus un enfant tout à fait innocent, tu as passer le cap de l'adolescence, tu es dans cette période un peu idiote, sur le chemin d'une vie d'adulte qui tarde à venir. Tu as changer. Tellement changer. Toi qui t'étais toujours senti en dessous de tout, toi qui n'avait jamais été considéré à sa juste valeur tu étais devenu plus fort, à ta manière. Ta solution à toi avait été de t'enfermer. De fuir. Tu t'étais dénicher une étrange passion pour les machines, délaissant peu à peu l'être humain. Tu avais ton univers, le tien, rien qu'à toi. Un univers fait de métal et de circuits. Ces machines, elles avaient besoin de toi pour exister, c'était bien la première fois que tu pouvais te sentir utile, indispensable pour quelque chose. Elles n'avaient pas de cœur, pas d'émotions, pas de sentiments, elles étaient si froides et pourtant, elles au moins n'étaient pas là pour te juger, te rabaisser. Auprès d'elles, tu avais cette sensation plaisante de pouvoir, de toute puissance qui te montais joyeusement à la tête pour t'enfermer dans un cercle de démence dont personne ne semblait se soucier. Tu n'avais plus besoin de rien, et surtout plus besoin de personne. Cet univers te plaisait, ces machines que tu mêlais avec aisances aux histoires, aux mythologies dont tu passais une grande partie de temps à t'abreuver.  C'est sans doute ici, à ce moment précis qu'est véritablement née l'ambition qui allait régir le reste de ta vie. De cette univers bien à toi, tu allais vouloir bâtir un monde. Un monde où l'être humain si faible, si sensible et parfois si cruel et destructeur ne serait plus le maître. Un monde où l'on te respecterait, où l'on te regarderait avec envie et où chacune de tes actions serait acclamée de louanges. Un monde où tu ne serais ni plus ni moins qu'un Dieu. Le Dieu. L'Unique. Destructeur, purificateur, bâtisseur, créateur. Cruel salvateur...

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Tu étais devenu un grand orateur. Il ne t'avait pas fallu bien longtemps pour comprendre, saisir que seul tu n'étais qu'un point dans l'Univers et que ce point, aussi déterminé soit-il n'était sans doute pas de taille à affronter le Monde. Tu avais repris contact avec tes semblables, mais tu agissais avec eux comme tu avais toujours agis avec tes machines. Tu n'avais aucune considération pour personne. Tu ne t'intéressais pas à ces gens que tu tentais de convaincre, de rallier à ta cause. Tu te fichais éperdument de leurs raisons, ou de leurs sentiments, sans doute parce que voulait te mettre en tête qu'autour de toi, tout cela n'existait pas. Tes discours semblaient passionnés, mais n'étaient animés que par tes désirs ardents de changement. Tu observais ce monde de ton piédestal montant, si lointain, tu le regardais de tes yeux basculer dans le néant, peu à peu, sombrer dans la crainte, dans la perversité, et le conflit perpétuel. Tout cela ne t'attristait pas pourtant, non. En réalité, tu trouvais ça déplorable, passablement lamentable, un monde médiocre, désastreux … ridiculement imparfait. Comme tu l'avais été jadis, et cette simple constatation était le moteur de ta haine envers ce qui t'entourais. Le temps passait, on s'accrochait à toi. On t'accordait confiance, parfois affection sans doute et tu dirigeais ce qui était devenue la Team Galaxie d'une main de maître plaçant tes pions sur l'échiquier géant que représentait Sinnoh à tes yeux. Tu avais un plan, un plan mûrement réfléchi, monté avec soin, coupé en deux parties bien distinctes. La première, consistait à obtenir un artefact puissant et unique, pour cela, tu as fais le mal. Tu as semer douleur et tristesse, remuer ciel et terre pour trouver les légendaires esprits qu'il te fallait. Puis, tu pris le contrôle, tu as forcer Dialga, ainsi que Palkia à déchaîner leurs puissances dans un seul et unique but : détruire ce monde en lambeaux... Mais tu as échoué. Oh, tu ne t'y attendais pas, non. Tout semblait si parfait. Et pourtant, tout avait fini par basculer. Ta soif de perfection, brisée, à jamais détruite par les rêves et un cœur vaillant, bourré de ces sentiments, de ces émotions que tu détestes tant ...

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Quand on ne voit qu'un étrange phénomène naturel, toi tu vois l’œuvre de forces bien plus grandes encore. Cette île, ce rocher gigantesque qui avait surgit des océans pour toi n'était pas un hasard. En Miranoir, tu voyais une occasion. Un renouveau tant attendu, une occasion de tout recommencer. Tout n'était pas perdu, non. Tu voyais là l’œuvre de Palkia, et ainsi sa présence, son essence, sa puissance. Ici, tu ressens un début de satisfaction lorsque tu te dis que tu finiras par mettre la main sur le Pokémon responsable de l'apparition de cet endroit. Est-ce un début, la pièce d'un puzzle plus grand, bien plus grand ? Tu y crois. Tu n'as pas abandonner, non. Tu n'abandonneras jamais. Hélio est ton nom, et un jour le monde t'appartiendra.