Je suis fille unique. Je pense que c'est cela qui a déterminé toute ma vie, jusqu'à aujourd'hui. J'ai bien vécu le fait de ne pas avoir de frères et sœurs, je jouais seule ou avec les pokémons de mes parents, et puis, à Vergazon, j'avais des amis qui, pour moi, étaient comme ma famille. J'ai grandi avec les histoires de mes parents sur leurs voyages, leurs aventures, les combats épiques auxquels ils ont participé. J'adorais entendre leurs récits avant de m'endormir et je rêvais ensuite des paysages dont ils m'avaient fait la description, les montagnes, les océans, les plaines où les pokémons vivaient heureux et en harmonie. J'ai vite décidé que je voulais partir, moi aussi, très vite, pour grandir, pour capturer mes propres pokémons, pour faire comme mes parents. Ils ont dû s'apercevoir de l'étincelle qui brillait dans mes yeux à la mention de leurs aventures car, petit à petit, ils ont arrêté de me raconter ce qui les a construits. Ils ont commencé à me couver, à essayer de me donner d'autres visions du futur, un futur où Vergazon serait le seul endroit que je verrais jamais. J'ai longtemps crié à l'injustice mais je comprenais : j'étais leur seule enfant, ils ne voulaient pas me voir disparaître. J'ai donc grandi normalement dans cette petite ville de la région de Hoenn, entourée de gentils pokémons, rêvant d'autre chose mais gardant au fond de moi tout espoir de fuite vers l'horizon. J'ai tellement été jalouse quand Timmy, l'un de mes chers amis originaire de Clémenti-Ville, est parti sur les routes avec son pokémon. J'en ai pleuré ; tristesse de ne pas pouvoir l'accompagner, colère de devoir attendre, encore, toujours, que mes parents se rendent compte que je ne pourrais pas m'épanouir à Vergazon. Je travaillais à Lavandia dans un restaurant et, le soir, sur les routes, je me souviens que j'observais les pokémons avec envie. Je me disais souvent qu'un jour j'en prendrais un avec moi et je partirais pour de bon. Je ne l'ai jamais fait. J'aimais trop mes parents pour me rebeller ainsi contre eux, pour les laisser sans nouvelles. Je crois pourtant qu'ils ont vu combien je désirais partir et à quel point j'appréciais les pokémons. Ils ont recommencé à me parler de combats, de longs voyages et, un jour, ils ont décidé de partir en vacances sur l'île Miranoir. Je les ai accompagnés, le coeur gonflé d'espoir à l'idée que je n'aurais pas à repartir. Je les ai suppliés. Ils ont souri, ma mère a pleuré, un peu. Mon père m'a tendu une pokéball. Un Mime Jr en est sorti et a sautillé tout autour de moi, ravi de me rencontrer. J'ai ri, j'ai pleuré en même temps, et je les ai remerciés. Je les ai regardés partir, mon petit pokémon sur mon épaule, et me voilà, prête à affronter cette destinée que j'attends depuis des années. L'île est magnifique, les pokémons sont géniaux (à part peut-être les Krabby) et je songe à m'installer ici, au moins pour quelques temps. Je suis encore à l'hôtel pour le moment : mes parents avaient tout prévu et, même si c'était ma décision et ma demande, ils s'étaient doutés que je ne repartirai pas avec eux. Je ne rentrerai que lorsque j'aurais capturé des pokémons et gagné des badges. Je veux leur montrer qu'ils ont fait le bon choix en me laissant ici, que je peux les rendre fiers. Foi d'Ellie, je serai la meilleure ! ... je dois juste m'entraîner, m'intégrer et trouver un petit boulot pour pouvoir subvenir à mes besoins et à celui de Junior : il mange pour quatre !