ft. jang da hye (heize)
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cake) Elle l'observait, de loin, toujours. Il pouvait pleuvoir, venter; le soleil pouvait briller de mille feux ou s'éteindre qu'elle n'aurait pas détourné les yeux, pour rien au monde.
Rhéa plongea sa main dans sa trousse, griffonna quelques choses dans un coin de sa feuille de cours – elle n'écoutait plus le prof, ignorait royalement ses camarades. Elle sentait sa meilleure amie lui tapoter le bras, probablement pour lui raconter la raison de son retard du matin, mais ça n'avait pas d'importance. Rhéa la laissait se lasser, jusqu'à être tranquille, elle ne prenait même plus la peine de chasser cette présence trop bruyante.
Le rouge lui monta aux joues quand il tourna la tête, et elle tenta de se concentrer, en vitesse, sur la cour qu'elle apercevait par la fenêtre. C'était déjà arrivé elle ne savait plus combien de fois, et si la gêne lui faisait tourner la tête, elle savait bien qu'il ne voyait rien. Elle savait bien qu'il ne la voyait pas.
D'un coup de stylo, elle raya ce qu'elle avait gribouillé quelques instants plus tôt, puis elle s'assoupit jusqu'à la fin du cours le plus long de l'histoire.
Quand la cloche sonna et que leur professeur les libéra, Rhéa ne bondit pas pour sortir de classe, elle ne lança rien sur personne, elle ne prétendit même pas avoir mérité une pause à laquelle elle n'avait pas droit avant le prochain cours. Rhéa resta silencieuse, se leva silencieusement, et sortit silencieusement, une minute ou deux tout au plus.
❖ ❖ ❖Tu sens ? Il ne devait même pas comprendre ce qu'il faisait là, pourquoi Rhéa l'avait fait venir alors que les cours étaient finis, pourquoi elle n'était pas aussi bruyante que d'habitude. Elle faisait des efforts, pour être un peu plus posée, un peu plus douce, plus adorable, juste
aujourd'hui. Un parfum de framboise flottait jusque dans la cour, à l'entrée du lycée, où elle lui avait demandé de s'asseoir – et Rhéa aimait la framboise plus que tout autre parfum.
Son regard déviait parfois vers lui, mais elle ne parvenait même pas à soutenir le sien – elle n'avait pas peur, ni honte, mais Rhéa était submergée par ses émotions. Elle avait déjà détesté, méprisé, haï même; elle avait adoré, chéri, affectionné et si dans la théorie ça n'aurait pas du être bien différent,
aimer la surpassait bien plus que tout ça. C'était magique, bien sûr – il n'y avait rien en Nausicaa qui lui évoquait autre chose que de la joie, sinon la distance qui les séparait – mais elle ne savait pas comment s'y prendre. Rhéa n'était pas plus maladroite qu'une autre, mais elle manquait quelque peu de tact. Elle pouvait sophistiquer ses coiffures et rosir ses joues, elle ne savait pas encore comment se rendre plus
appréciable. La lycéenne se racla la gorge doucement, réfléchissant à quoi dire – et comment le dire – au point d'en ignorer la simple présence de Nausicaa. Il avait peut-être parlé, peut-être pas; il aurait même pu s'être levé et être parti qu'elle n'aurait rien remarqué. Rhéa prit une grande inspiration, comme elle avait vu d'autres le faire dans certains films, et elle avait explosé en quelques mots.
Je t'aime, Nausicaa.Il était toujours là, et elle le regardait cette fois, mais elle aurait mieux fait de s'enfuir sans rien attendre de cette déclaration. Elle restait là, la bouche légèrement entrouverte, et sa tête s'était entièrement vidé quand il l'avait rejetée. Sa vision de Nausicaa se floutait à mesure que ses yeux s'emplissaient de larmes, et la magie semblait bien loin. Il n'avait même pas été irrespectueux comme elle avait vu d'autres l'être, il n'avait même pas eu d'autres réactions que son habituel sourire. Aussi angélique, et il lui semblait pourtant bien plus cruel. Elle ne pouvait rien lui reprocher. Elle ne pouvait rien lui reprocher, sinon de s'être planté un jour dans son champ de vision, jusqu'à ce qu'elle le remarque
un peu trop – et c'était bien le problème.
Elle ne pouvait rien lui reprocher. Même si elle avait le cœur brisé, Nausicaa restait le plus parfait des hommes, et Rhéa ne le supportait pas.
Il n'était pas juste qu'il s'en tire aussi simplement.
Il n'avait pas le droit de simplement continuer à vivre, sans que sa justice soit faite. Elle ne laisserait pas passer ça, pas alors qu'elle se traînait un cœur brisé.
❖ ❖ ❖(
sucker for pain) Elle gueulait fort, plus encore que d'habitude. Rhéa débordait d'énergie comme si on lui en avait injecté dans la nuit, comme si on l'avait droguée avec trop de vitamines. Elle courait partout, ne tenait pas en classe – en un sens, Rhéa trompait sa déprime avec sa joie.
Du coin de l’œil, elle captait toujours le visage angélique de Nausicaa. C'était plus fort qu'elle, comme s'il rayonnait trop fort pour qu'elle puisse l'ignorer; son cœur en battait encore anormalement fort et vite, mais elle préférait faire comme si de rien n'était. Depuis qu'elle avait été rejetée, Rhéa masquait son amour derrière une haine exacerbée.
On la trouvait injuste, parfois un peu horrible dans son comportement, mais il ne lui restait plus rien d'autre.
En cours de mathématiques, elle faisait circuler des mots à ses amis, jetait quelques regards et tous gloussaient en un chœur cruel. À la pause de midi, une fois tous les élèves rués dans le hall de la cantine, le contenu du sac de Nausicaa avait fini dans les toilettes. On n'avait vu personne, mais ils savaient tous plus ou moins, et Rhéa se précipitait pourtant comme si elle découvrait les méfaits, l'air surpris devant les cahiers ruinés, l'encre qui bavait, les vêtements de sport salis.
Elle jouait bien la comédie quand elle le voulait, mais il y avait toujours une étincelle dans le fond de son regard qui la trahissait face à lui, toujours un geste de trop qui l'annonçait coupable – heureusement pour elle, elle ne risquait rien sans preuves. Elle choisissait les bons jours, les bonnes horaires, si elle avait des témoins Rhéa savait s'en occuper. À moitié dans l'ombre, à moitié dans la lumière, elle s'efforçait de faire taire cette voix qui lui hurlait d'arrêter, et amplifiait celle qui lui donnait raison. Celle qui lui trouvait une légitimité à agir de la sorte, lui susurrait d'une voix mielleuse qu'elle avait sa revanche, tant attendue, tant méritée.
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control) Il ne lui fallut pas bien longtemps pour réaliser que si elle regardait Nausicaa du coin de l’œil, elle était observée à son tour. Elle sentait le regard froid d'une rose lui glisser dans le dos, s'attarder sur ses airs satisfaits, triomphants. Sa gloire silencieuse n'avait que trop duré, et elle était déjà sur la pente glissante.
Elle n'avait pas même eu le temps de réfléchir à quel jour on était, ni où même elle s'était retrouvée, avant qu'on ne la coince. C'était toujours la même présence imposante, le même regard de glace, impitoyable et rancunier. Quelque part dans le fond du regard de Rose se cachait un Nausicaa las, fatigué, et une envie de sa part à elle d'en finir avec ces conneries. De tourner la page pour Nausicaa, et de laisser un souvenir amère à Rhéa de leur première rencontre.
Elle aurait pu y aller de mille manières – Rhéa avait beau être une pile électrique, elle était certaine de ne pas faire le poids physiquement contre Rose – mais elle avait fait appel à la force de persuasion de l'un de ses pokémon plutôt qu'à la sienne. Rhéa avait déglutit, suffisamment fort pour que même Rose l'entende, et elle avait pris peur.
Elle avait reculé, jusqu'à en tomber parterre, incapable de dévier son regard du Chaglam qui aiguisait ses griffes déjà tranchantes; et quand elle n'avait plus pu reculer, Rhéa avait pleuré. Elle avait pleuré au point où elle aurait pu en vomir, où elle aurait pu en mourir. Elle avait manqué s'évanouir en pensant à ce qui l'attendait, et puis, quand Rose la toisa de toute sa hauteur, elle avait même supplié. Elle avait supplié comme une enfant, à balbutier quelques mots entre les sanglots, jusqu'à ce que sa punition s'abatte sur elle. Jusqu'à ce qu'elle sente le tissu de ses vêtements céder sous les coups répétés, jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus entendre que les pas de la rose qui s'éloignaient, et l'écho de son propre cri, assourdissant.
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interstellar)
Dieux que le sol était froid. Ça n'avait été rien pour elle, mais trop pour Rhéa – et le sol était froid. Elle avait mal, d'une douleur qui résonnait en elle et l'aurait faite vibrer si elle en avait eu la force – mais elle ne l'avait plus, et le sol était froid.
Ses vêtements collaient, de sueur par endroits, de sang à d'autres; le vent lui griffait le dos, là où le tissu s'était déchiré avec violence. Elle avait des dizaines de marques sur la peau, là où allaient se coller ses cheveux, là où son épiderme disparaissait sous une nouvelle couche, d'un pourpre intense, presque sale.
Et maintenant ?Et maintenant, elle regrettait. Elle regrettait les moqueries et les mots durs, les regards de travers, moqueurs. Elle regrettait ses propres sentiments, un peu, quand bien même elle ne pouvait s'empêcher de le détester, le haïr de toute son âme.
Le vent la frappa à nouveau, et Rhéa grimaça. Elle déglutit difficilement, mais rien d'autre ne sortait. Elle avait déjà les joues trempées de larmes, et plus aucune ne voulait s'échapper à nouveau. Elle avait déjà trop hurlé, et plus aucun mot ne voulait se former. Elle ne voulait pas spécialement s'effondrer une nouvelle fois, elle ne voulait pas vraiment parler à quiconque. Rhéa avait tout juste la volonté de se relever – elle mit un moment à le faire, par étapes, s'asseyant et restant à contempler le vide un moment avant de se relever et de partir.
Elle n'avait pas pris de veste. Elle songea à quel point sa décision avait été idiote; elle aurait bien pu l'utiliser, pour cacher son dos ou son visage. Alors elle se traînait, quelques lambeaux de tissus s'agitant à sa suite, et les bras resserrés sur Iaso qui ne détachait plus son regard d'elle. Elle était peut-être cachée dans ses bras d'oisillon depuis une heure ou deux, et Rhéa ne desserrait pas son emprise sur elle. Elle s'y accrochait tant qu'elle pouvait, comme à une bouée de sauvetage – elle aurait aimé en avoir d'autres, pouvoir se tenir à quelqu'un d'autre, mais il n'y avait personne nulle part.
Devant chez elle, Rhéa s'arrêta face à la porte. Elle regarda le mur peint il y a longtemps par son père, les volets écaillés, le paillasson dégueulasse. L'herbe maladroitement tondue, mais les fleurs qu'elle avait toujours admiré – elle ne les avait jamais vues aussi laides. Elles étaient ternes, mais plus elle y pensait, plus elle doutait et ne savait pas si ça venait en réalité des fleurs ou d'elle.
Elle avait voulu sonner, mais elle ne l'avait pas fait; puis elle avait frappé, mais elle ne l'avait pas fait non plus. Elle avait ramené sa main contre Iaso, presque résignée à entrer, mais elle ne pouvait même pas faire ça – du coin de l’œil, elle avait aperçu une ombre à travers les rideaux. Elle avait reconnu la silhouette délicate de sa mère, qui allait se fondre dans le décor qu'elle ne distinguait plus – et à la simple vue de cette silhouette, à la simple pensée de celle de son frère non loin de là, Rhéa avait explosé.
Elle avait pleuré, plus encore qu'elle ne l'avait fait sous les coups du Chaglam, plus encore que quand elle avait croisé le regard de glace de Rose. Elle entendait ses propres pleurs résonner dans la rue, attirant la curiosité de quelques passants, de plus en plus bruyants à mesure que le temps passait. Elle ne voulait plus supporter cette douleur brûlante dans son dos, elle ne voulait plus supporter cette journée de malheur. La porte s'ouvrit, et elle manqua d'en lâcher son pokémon quand son frère apparut devant ses yeux; elle s'effondra aussitôt dans ses bras, plus faible qu'elle ne l'avait jamais été.
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nightmare) La nuit tombée ne la changeait pas de ses cauchemars. Rhéa se réveillait encore une fois en sueur, haletante. Ses parents ne se déplaçaient plus – quelle horreur de se dire que l'on pouvait s'habituer aux cris d'horreurs de sa fille, aux supplications incessantes de son enfant.
Certains pensaient qu'elle exagérait, mais Rhéa faisait de son mieux pour garder ses problèmes pour elle-même. Elle ne parlait plus, de peur de trop en dire, de peur de ne plus être capable que de hurler, effrayée. Iaso sortait de sous les draps, se blottissant tout contre Rhéa pour la calmer, l'apaiser un peu. Elle refusait tant l'aide de ses proches que son pokémon était tout ce qu'il lui restait, et elle la serrait aussi fort qu'elle le pouvait contre son cœur, jusqu'à en calmer les battements de son cœur, jusqu'à se rendormir – seulement pour s'éveiller en sursaut une nouvelle fois, le dos brûlant d'une douleur fantôme.
❖ ❖ ❖Elle n'avait pas prit la peine de laisser de mot, ni de prévenir quiconque. Par simple attache sentimentale, et pour qu'il ne leur arrive rien, elle avait gardé ses clés, refermé la porte derrière elle. C'était dur, en un sens – de ne pas se retourner, de ne pas courir pour retourner chez elle, de ne pas prétexter un énième cauchemar pour que chacun lui apporte toute son attention, pour qu'elle ne soit pas seule.
Elle aurait voulu serrer Sirius dans ses bras une dernière fois, et embrasser ses parents; dire au revoir aux pokémon de chacun, peut-être. À ses amis. Elle se demandait, si elle revenait, si tout le monde serait encore là, si le monde continuerait d'avancer sans sa présence. Rhéa serrait Iaso contre son cœur, la gardant bien cachée sous sa veste pour lui éviter de prendre froid. Elle voyait des lumières s'allumer et créer des ombres chinoises dans les maisons des uns et des autres; elle croisait quelques silhouettes, dont elle ne distinguait qu'une forme grossière dans la nuit noire, le visage à moitié caché par son bonnet noir.
Elle n'aurait pas du rester seule. Parce qu'elle se rendait compte que le monde ne s'arrêtait pas à sa personne, et que tout le monde continuerait de vivre. Elle comprenait, quand ses pas la menaient à Unionpolis, que Sirius continuerait de grandir. Il connaîtrait ses premiers amours, peut-être ses premières peines, et elle ne le consolerait pas. Elle comprenait, quand elle prenait un hôtel pour la nuit, qu'elle était vouée à oublier. À oublier le parfum rassurant de sa mère, et le rire peu discret de son père. Il étaient bien loin d'être des parents parfaits, mais elle devrait apprendre à oublier le manque qu'ils creuseraient en elle.
Un pincement la prit au cœur.
Elle oublierait aussi son cadet, fatalement.
Elle oublierait petit à petit la démarche étrange qu'il avait quand il courait, elle oublierait son sourire idiot. Avec le temps, Rhéa pensa qu'elle finirait par oublier, peut-être, les détails de son visage – bien loin de la maison dont elle s'était enfuie, assise sur son lit d'hôtel le visage dans ses mains, Rhéa pleurait à chaudes larmes.
Elle griffonnait quelques mots sur un carnet, parfois; des débuts maladroits de lettres qu'elle n'enverrait jamais. Elle ne prenait pas la peine d'acheter d'enveloppe, ni de papier à lettres. Tout ce qu'elle écrivait n'était au fond destiné qu'à elle-même.
❖ ❖ ❖De Sinnoh à Kanto, Rhéa traversait les régions sans s'arrêter nulle part. Elle pensait parfois à rentrer à Voilaroc, mais ne franchissait jamais le cap. Elle cherchait autre chose, sans trop savoir quoi.
Elle travaillait là où elle pouvait, seulement pour de courtes durées – sa vie n'en était plus vraiment une. Elle n'était plus sûre d'avoir encore une famille, elle avait perdu ses amis. Rhéa n'avait pas de port d'attaches, son seul repère restant Iaso, fidèlement postée à ses côtés.
Quand elle se perdait dans les rues d'une ville ou d'une autre, elle piquait une montre à laquelle on ne tenait pas vraiment, un bon de réduction qu'on utiliserait jamais, une clé à laquelle on ne faisait pas attention. Elle n'en faisait rien, abandonnant la plupart de ces objets là où elle avait trouvé refuge pour la nuit, en emportant quelques uns. À défaut d'avoir sa vie bien rangée, Rhéa collectionnait un peu de celle des autres.
Parfois, elle trouvait le journal du matin sur un rebord de fenêtre qu'on ne surveillait pas. Elle se fichait bien des nouvelles du jour, et plus encore de celles de la veille – c'était une photo qui l'avait attirée. Un visage inconnu, mais aux traits familiers. Presque une décennie depuis son départ, et elle ne pouvait affirmer si elle connaissait l'homme sur cette photo-là.
Sirius avait du grandir. Il avait presque la vingtaine, maintenant – se laissant emporter dans ses pensées, Rhéa se demanda quelle genre de vie il avait maintenant, si tout se passait bien avec leurs parents. Elle avait presque eu le temps de sourire d'un air nostalgique avant d'embarquer Iaso et de repartir. C'en était finir de courir, fini de fuir. Elle devait revoir Sirius. S'expliquer. S'excuser.
❖ ❖ ❖Rhéa avait piqué un vélo par là, ignorant les cris outrés qui s'éloignaient derrière elle. Elle avait traversé les routes et ne s'était arrêté qu'un minimum de temps dans chaque ville, avec Sinnoh en tête, Voilaroc en tête. Il n'avait même pas plu sur la route – comme si le temps, les éléments et le monde entier étaient de son côté.
Elle avait laissé tomber le vélo, même son sac dans l'allée de la maison familiale. La dernière fois qu'elle avait fait une telle entrée, Rhéa laissait couler des larmes d'un autre genre. Elle avait sorti ses clés, toujours restées dans le fond de sa poche, et avait entamé de déverrouiller la porte. Le soir tombait déjà, et ses parents avaient toujours eu l'habitude de fermer la porte tôt – mais elle s'arrêta en plein mouvement. Rhéa rangea son trousseau, frappa faiblement à la porte. Elle était prête à exploser, à sauter partout comme elle le faisait, petite. Comme si rien n'était arrivé., comme si elle n'était jamais partie, comme si elle n'avait jamais subi les coups de ce maudit Chaglam, comme si elle n'avait jamais été écrasée par le regard blessant de Rose.
Rhéa avait pleuré – encore. Dans les bras de sa mère, puis de son père, mais ce qui aurait du être réconfortant ne faisait qu'amplifier l'absence de Sirius.
Il était parti.Elle n'arrivait pas y croire – elle ne voulait pas y croire – tant ça semblait étrange. Elle avait été là, toujours. Elle avait vu Sirius quelques jours à peine après sa naissance, ne l'avait jamais quitté des yeux depuis; elle avait changé ses couches, tenté de calmer ses pleurs, de camoufler certaines de ses bêtises – quoi qu'il ait pu faire dans sa vie, Rhéa avait
toujours été là. Et quand bien même le contraire n'était pas vrai, elle savait que sa vie n'était pas complète sans son frère. Il manquait quelque chose à chacune de ses journées.
La seule pensée qu'il ne puisse pas en être de même pour Sirius lui était inconcevable. Est-ce qu'il avait vraiment avancé sans elle ? Rhéa déglutit. Elle ne voulait pas n'être qu'un élément de passage dans la vie de Sirius, elle voulait être un repère constant, celle qui resterait là toujours, du début à la fin.
Elle ne s'était pas attardé chez ses parents – et c'étaient eux qui avaient pleuré. Elle avait repris la bicyclette volée à on ne sait qui, s'était remis en route, avec un objectif cette fois. Elle avait déjà découvert les régions du monde, elle n'avait plus rien à y trouver, pas même Sirius. Elle n'avait plus qu'un endroit vers lequel se diriger, aller attendre patiemment que sa route croise celle de Sirius – Miranoir.
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