Arthur avait disparu. D'un coup, d'un seul. Comme ça, sans même laisser un mot, sans dire quoi que ce soit à personne, pas même à Lycaon, pas même à Sarah ou à Matthieu. Du jour au lendemain, il avait tout laisser derrière lui … sa Team au complet, ses amis, même ses Pokémon, et puis le bateau. Tout ça, ce n'était pas perdu, certes. Tu avais récupérer certains de ses compagnons, que tu t'efforçais d’entraînement, de garder en condition. Ce n'était pas facile, en fait, le départ du boss n'avait été facile pour personne. Tu avais vu quelques sbires déserter, pour certains, il avait simplement tout plaquer pour une raison ou une autre, il avait abandonner tout le monde et ne reviendrait pas … pour d'autres, ce n'était que temporaire, et ces derniers ne faisaient qu'attendre son retour. En attendant, ne restait que les admins pour gérer la Team. Des admins qui au final, peinait un peu à prendre le rôle du leader. Une place pour trois, ce n'était pas forcément simple à gérer même si Lycaon, tu le savais, n'en avait tout simplement que faire de diriger le plus grand nombre et que Matthieu n'était pas fait pour ça... En fait. Il ne restait que Sarah pour ça, mais cette dernière semblait simplement refuser d'occuper le poste à la place de son ami. Pour faire court ; l'ambiance était loin d'être au beau fixe sur le bateau et tu avais tendance à fuir l'endroit plus qu'autre chose ces derniers temps. Tu étais de nouveau une vagabonde. Tu ne faisais que errer, par ci, par là. Tu passais de ville en ville, t'arrêtais parfois pour offrir à ton équipe un peu d’exercice avant de repartir.

Au final, c'était dans ce genre de situation que tu avais tendance à regretter Hoenn. Tu ne pouvais pas fuir et te réfugier ailleurs, non. Ici, tu n'avais personne. Du moins … c'était le cas à ton arrivée. Parce que depuis, Jahan avait fait son apparition. Sans prévenir, comme ça, il s'était pointé un beau matin pour te faire la surprise et il fallait l'avouer, la situation t'avait effrayée. Tu ne voulais rien dire à ton frère. Tu avais beau lui faire entièrement confiance, et l'aimer de tout ton cœur … Jahan était Ranger, et jamais tu n'aurais songer à le placer entre toi, son job et cette histoire de Team Aqua. Il fallait qu'il reste loin de tout ça, loin de la vérité aussi, même s'il était difficile pour toi de lui mentir. Même si à chaque fois que tu le voyais, à chaque fois que tu le regardais droit dans les yeux, tu avais simplement une folle envie de tout lui avouer en pleurant avant de t'excuser un bon milliard de fois pour cet odieux mensonge. C'est peut-être pour ça que tu le fuyais un peu … que tu évitais d'aller vers lui. Pas simple pour toi, mais nécessaire. Tu avais tenu bon un petit moment, avant de finalement craquer. Tu ne pouvais pas juste laisser ton frère vivre dans une ville à quelques kilomètres de chez toi, sans songer à aller le voir au moins une fois. Tu ne pouvais pas juste, faire comme si Jahan n'était pas là. Il était là. Sur la même île que toi … et comme depuis toujours, tu avais simplement besoin de lui dans ta vie. Tu l'avais appeler des centaines de fois, lorsqu'il était loin de toi. Rien que pour garder le contact alors … alors maintenant qu'il était de nouveau là, tu ne pouvais pas faire autrement que d'aller le voir.

Le début de la route avait été calme. Facile. Sans embûches et sans embrouilles. Steukin, ce n'était pas la porte à côté, mais tu avais l'habitude de voyager à travers l'île maintenant. Tu avais pris de l'avance, tu étais partie tôt le matin, lorsque personne ne traîne encore dehors et puis, lorsque midi avait résonné, lorsque la faim était venue tirailler ton ventre, la pluie avait décider de s'en mêler. Et tu n'avais pas pris le temps de t'arrêter pour manger. L'averse continue ne s'était calmée que lorsque tu étais entrée dans Steukin, et tu avais soupirer longuement en t’apercevant qu'au final, tu n'avais même pas pris le temps de demander l'adresse à ton frère avant de venir. Lui faire la surprise à ton tour, c'est que tu voulais, et pourtant … pourtant elle allait être belle la surprise là. Hm.

Jahan était parti tôt, ce matin. Les marécages n'étaient pas l'endroit qu'il préférait, et son équipe pour le moment constituée de type faible à l'eau et au sol, n'aimaient guère non plus. Mais ils n'avaient pas râlés, à part Héra bien sûr, et la ponette avait tiré la tête à la sortie de sa pokéball. Notre ranger pouvait comprendre, réellement, et la jument avait beau être mauvaise, au moins elle restait assez solitaire, sans faire de mal à personne, même s'il essayait de faire en sorte qu'elle n'approche personne. Le plus motivé, comme d'habitude, c'était Huô, et le petit lion entraînait avec lui le lynx et le poussifeu. Ainsi, au retour de sa mission, ces trois là gambadaient joyeusement devant leur dresseur, tous excités. Ça avait été un peu stressant et compliqué, mais ils avaient réussi. Et pour cause, Jahan tenait, enveloppé dans une serviette, un bébé axoloto rose pale. Un nouveau copain dans l’équipe, un bébé sans doute abandonné à cause de sa couleur par sa maman, et qui avait perdu ses forces pour nager, il gisait à demi inconscient dans la boue et les sables mouvants, mais à présent il dormait, en sécurité, et on l’entendait parfois souffler un vague « axo… » puis se rendormir. Ainsi, le Ranger voulait rapidement le mettre au chaud et dans son élément naturel, c’est-à-dire l’eau, sans quoi il allait se dessécher. La cohabitation avec quatre pokémons feu ne sera sans doute pas facile, mais ce n’est qu’un bébé, et il compte bien garder l’œil sur lui.

Sur le chemin du retour, la pluie se met à tomber, et aussitôt, Hiuz réclame à rentrer dans sa pokéball, n’aimant pas la pluie. Le jeune homme proposa bien à Huô, qui refusa. Il passait le plus clair de son temps hors de sa pokéball, c’était rare quand il y restait. Quant à Héra… Inutile d’en parler. Elle le faisait rire, n’empêche. Lui qui avait toujours rêvé d’avoir une jument de feu, celle qu’il se coltinait était mauvaise avec tout le monde, et souvent avec lui ou les autres de l’équipe, elle faisait la gueule. Toujours était-il qu’à l’entrée de Steukin, les deux amis finirent trempés comme des soupes, et activaient le pas pour rentrer. Au moins, la pluie devrait faire du bien au petit axoloto, Ja ne savait pas quelle blessure il pouvait avoir, il n’avait pas pris le temps de regarder, et n’avait rien sur lui pour le soigner. Tout était à la maison, au chaud... Au milieu de la vie, alors que la pluie s'arrêtait. Bon, c'était déjà ça, néanmoins, il voulait rentrer vite. Ce pourquoi il ne reconnut pas sur le coup une silhouette aussi trempée qu'eux, à qui il jeta à peine un sourire, alors que Huô s'approchait d'elle et... Une jeune femme, qui ressemblait fortement à Karel mais... Elle ne pouvait pas être ici, elle habitait Paoles, et la route est longue. A moins qu'elle ne soit venue, mais il aurait pensé que... Il ne sait pas, mais en s'avançant, il ne s'attendait pas à trouver une Karel toute dépitée et trempée, grelottante, mais qui néanmoins lui sourit, et il balbutia, sans doute aussi surpris qu'elle lorsqu'il était arrivé à Paoles.

« Mais qu’est-ce que tu fais ici ? »

Oh, ce n'était pas un reproche, loin de là, au contraire, il était heureux de la revoir, de contempler son sourire, sa peau toutefois trempée à cet instant, du même que ses cheveux, lui donnant un air de Ponchiot battu. Il devait avoir la même tête, mais il sourit, il attrape vite sa main pour rentrer au chaud, chez lui, dans son petit appartement. Il y fait tout de suite meilleur, et Huô s'empresse de s'ébrouer dans le hall, éclaboussant joyeusement le frère et la sœur. Jahan abandonne sa veste trempée sur le porte manteau et file chercher une serviette éponge, histoire de sécher sa frangine, et il fait ça tendrement, comme quand il s'occupait d'elle, enfant, parce qu'il était l’ainé, et que papa et maman étaient partis faire des courses. Il s'occupe également du petit lion, qui se sèche les pattes, et va se rouler en boule contre le radiateur qui diffuse une douce chaleur dans la pièce. Elle fait salon et cuisine, et deux autres pièces constituent la chambre et la salle de bain, c'est suffisant pour lui seul.

La pluie est diluvienne. Continue. Elle n'épargne rien, elle n'épargne personne. Elle n'épargne pas ta veste, si fine, bien trop fine. Toi et ta fâcheuse manie d'oublier de te couvrir. Tu n'aimais pas les vestes trop lourdes, tu avais une sainte horreur des bonnets, des écharpes, tu étais toujours la proie idéale des averses, des vagues de froid. Imprudente que tu es … Tu as pris soin en revanche de faire rentrer tes Pokémon dans leurs Pokéball. Tezca a eu tout le loisir de te lancer un regard de défi, mais pour une fois, tu n'en as tout simplement pas tenu compte, bien consciente que ce temps est des plus mauvais pour sa santé. Résultat ? Tu es seule. Tu es seule, et tu erres dans la petite ville. Tu pourrais appeler ton frère, mais tu n'en as pas le courage. Tu n'y penses même pas, à vrai dire. Tu ne fais que marcher, encore et encore, ta maigre capuche sur les cheveux, dans l'espoir fou de trouver par le plus des hasards l'endroit où vit Jahan. Ou de lui tomber dessus, malgré tes maigres chances par ce temps. Tes maigres chances, oui … et pourtant ; voilà qu'une silhouette se détache là, droit devant toi. Alors tu t'arrêtes. Tu relèves la tête, laissant quelques gouttes d'eau froide perler sur ton visage. Tu ne vois pas de qui il s'agit, son visage est masqué par sa capuche, il t'accorde un regard pourtant … et toi, tu le reconnais. Tu ne saurais dire comment. Sa façon d'être, de marcher, de se déplacer, de se tenir, comme si entre mille tu pouvais reconnaître Jahan. Ou peut-être est-ce le petit Hélionceau qui malgré la pluie, trottine aux pieds de son dresseur avant de venir à ta rencontre, trempé jusqu'aux os. Courageux petit lion, tu le reconnais bien là. Toujours aussi têtu. Tu piétines. La pluie à cesser, mais l’atmosphère reste chargée d'humidité, et le sol boueux. Tu grelottes. Il fait froid …

Et puis. Voilà que l'homme finalement s'approche de toi. Tu ne sais pas s'il te reconnaît, où si c'est son instinct de Ranger qui le pousse à venir vers toi, mais une fois proche de toi, il te reconnaît et tu lui souris. Il n'est pas fou, ce sourire. Il est pâle, sans vie et sans couleurs. Mais pour le moment, c'est tout ce que tu as a offrir. Et c'est sans doute pour ça que tu es là, au fond. Pour être auprès de celui qui depuis toujours, compte plus que tout au monde à tes yeux. Étrange, n'est-ce pas ? De penser cela de son frère. Les frères, les sœurs, on s'y attache tout naturellement. Ils sont nos meilleurs amis dans l'enfance, et puis … et puis ont grandis, et les chemins de chacun se séparent. On trouve l'amour, on se mari, on a des enfants, on travail, chacun fait sa vie, de son côté. Chacun fonde sa propre famille, et la boucle se répète à l'infini, de génération, en génération. On a beau les aimer, le destin nous fait toujours les remplacer. Mais pas toi. Vingt-six ans, et pour toi, Jahan est toujours unique. C'est comme ça. Il n'y a toujours eu que vous deux, et certes il y a eu des disputes, des chamailleries, mais vous deux vous avez toujours été si proches, si complices. Il est une valeur sûre. Tu le sais que lui, ne te trahira jamais, tu le sais que lui, ne t'abandonnera jamais. C'est ta bouée. Ton point d'ancrage. Il est sûr et sécuritaire. Et aujourd'hui, tu en as besoin. « Mais qu'est-ce que tu fais ici ? » Bizarre. On dirait que vous rejouez la scène de son arrivée, à l'envers. Un partout. Il t'a surprise, et tu le surprends à ton tour aujourd'hui. Toi qui n'étais pas forcément ravie de le savoir ici, si proche de tes secrets au final … tu avais changer d'avis. Il était là, sur cette île et c'était tant mieux. Tant mieux pour toi. « J'avais envie de te voir. » Tout simplement. Rien qu'une envie oui, voir un besoin de lui à tes côtés pour te sentir bien, te sentir mieux, te sentir vivante et pleine d'énergie. Toutefois, tu ouvres de nouveau la bouche pour lui demander si tu déranges, si tu tombes mal … tu arrives à l'improviste, comme ça. Sans savoir s'il a prévu un truc. S'il est avec quelqu'un … mais il attrape ta main et t’entraîne, et tu te ravises, te laisses guider jusqu'à son petit appartement. Tu t'imprègnes vite de la vague de chaleur qui vient te saisir, tu frissonnes, retires ta capuche et puis ta veste avec le petit lion secoue son pelage, envoyant de l'eau un peu partout. Tu observes l'endroit quelques secondes, pendant que ton frère s'éloigne, et puis il revient, une serviette à la main, il éponge lui même ton visage, tes cheveux … et tu as l'impression d'être la petite fille qui sortait sous la pluie voir les Pokémon, celle qui rentrait trempée et que son frère s'occupait de sécher pour ne pas qu'elle tombe malade. Quelques minutes, puis il s'occupe de Hûo, et tu oses quelques pas dans l'appartement. C'est joli, sympa. Pas très grand mais tu le supposes ; suffisant pour Jahan. Tu soupires. Il n'aura pas mis bien longtemps à se poser, s'installer. Se trouver un chez lui, rien qu'a lui. Il est plus doué que toi, plus débrouillard aussi, sans doute. « C'est sympa ici. » Un sourire. Tu retires tes bottes, tes chaussettes son humides. Tu ouvres un peu le gilet que tu portais sous ta veste, lui aussi humide. Et tu avances un peu encore, tu te permets de t'asseoir sur le petit canapé, tu baisses les yeux, tu restes silencieuse un léger moment … « Je suis contente de te voir. »

Lui seul certes, mais avec toute sa tribu. Et seul leur maître pouvait savoir à quel point un Hélionceau, un Lixy, un Poussifeu, une Ponyta et une Saqueudeneu pouvait prendre de la place. Dire qu'un Axoloto allait sûrement y avoir sa place aussi. Une drôle d'équipe que voilà, mais on savait que Jahan l'aimait de tout son coeur, l'élevait et la dressait avec tout l'amour du monde, ce que au fond il n'avait jamais cessé de faire, il y repense en voyant sa soeur trempée comme une soupe, il a l'image de la petite fille polissonne qui s'enfuyait sous la pluie avec son Obalie, juste pour profiter de l'eau, ou alors qui restait des heures à barboter à la plage. Construire des châteaux de sable que Huô détruisait en un rien de temps, s'enterrer dans le sable, creuser des trous à remplir d'eau, bref, autant de souvenirs d'enfance qui s'imposaient au brun alors qu'il frictionnait tendrement sa petite soeur. Elle avait beau avoir mûri, grandi, s'être embellie, elle demeurait pour elle une précieuse amie d'enfance, qu'il ne voulait pas, et ne pouvait pas perdre. Comme si leurs récentes retrouvailles avaient rembobiné leur histoire. Et maintenant, elle entre dans son chez lui, c'est clair et simple, confortable, il n'avait pas mis tant de temps à trouver cet appartement. Là où au contraire il avait mis 7 ans à se décider, 7 ans à la rejoindre. Au moins maintenant, il ne la lâchait plus. Et elle semblait décidée à renouer, même si elle l'avait accueillie d'un sourire à Paolès, ce qu'il avait mis sur le compte de la surprise et le choc de son arrivée, c'était cette crainte qu'il ne découvre tout et... En réalité, il ne se serait même pas mis en colère. Il ressentirait du choc, de la déception, à coup sûr, mais il était tellement incapable de lui en vouloir, déjà qu'il était incapable de lui en vouloir d'avoir fui 7 ans. Mais leurs retrouvailles avaient tout balayé.

Elle reprend un peu des couleurs, elle observe son chez lui, Huô toujours lové contre le radiateur et sa chaleur, le petit axoloto lové dans sa serviette dans un coin du canapé, elle est toute timide, toute sage, alors qu'elle souffle. « C'est sympa ici. » Et son frère répond d'un sourire, alors qu'elle se enlève déjà le strict minimum qui doit être trempé. Il embarque les chaussettes, les vestes humides, les met à sécher sur le radiateur, et il disparaît à nouveau dans sa chambre, la porte laissée ouverte laissant voir à Ka qu'il cherche de quoi habiller sa frangine. Ce sera bien trop grand, elle flottera dedans, la mignonne frangine, mais l'essentiel est que ce soit doux et chaud. Il laisse donc ça sur le lit, il est encore trempé mais elle passe avant lui. Il revient dans le salon, alors qu'elle l'observe. « Je suis contente de te voir. » Il pose sur elle un regard attendri, bien sûr que lui aussi est heureux qu'elle soit là, près de lui. Et il vient embrasser son front, comme si souvent, au final depuis qu'ils sont réunis ils ont si peu pris le temps de se retrouver au final, de redevenir le frère et la soeur complice, de prendre du temps rien que pour eux deux. « Je t’ai laissé des vêtements secs dans la chambre, va te changer avant d’attraper froid… » Elle sourit, elle referme la porte de la chambre pour quelques minutes, et il s'approche de l'axoloto toujours endormi, et il le reprend dans ses bras, va remplir le lavabo, pour y laisser le petit axolotl renouer avec son élément. Karel allait sûrement gagatiser dessus, et il l'attend, jouant à éclabousser doucement le petit poké, tout sourire malgré qu'il ne soit pas très à l'aise dans ses fringues trempées.

Tu frissonnes. Non, tiens. C'est plus que ça … tu trembles. C'est léger, à peine visible sans doute. Tu as froid. Si froid. Et tu es prête à parier que ce n'est pas simplement la pluie, le temps, le climat. Tu as froid de l'intérieur. Tu te sens un peu vide, si tu n'as jamais été fan du changement pour cette fois on peut dire que tu en auras pris pour ton grade. Tout a changé. Absolument tout. Tu as même l'impression d'avoir casser quelque chose en toi … quelque chose qui n'aurait sans doute pas du l'être. Et dire que quelques jours auparavant encore, on te pensait innocente et douce. Oh, tu ne l'étais sans doute pas tout a fait, non, tu faisais partie de cette organisation criminelle depuis si longtemps. Mais là … là c'est différent. Ca avait commencer par son départ, à lui. Si tu avais penser que ta vie s'était embellie auprès de lui, ça n'avait finalement pas durer. Pas le temps de mettre en place une quelconque relation. Rien. La seule discussion sérieuse sur l'avenir avait été celle de son annonce, son départ. Des choses à régler. Il était désolé. Il devait le faire. C'était important. Il ne pouvait pas faire autrement. Il était vraiment désolé, encore. Il ne pensait pas que ça tournerait comme ça. C'était comme ça. Mieux valait faire ta vie sans lui, c'était peut-être mieux ainsi. Est-ce qu'il y croyait vraiment ? Aucune idée. Toi tu n'y avais pas cru. Tout comme tu n'avais pas cru son regard fuyant. Et puis. Tu avais compris. Une dispute lambda avait suffit, Sarah avait finalement balancer, cracher son venin. Elle n'avait pas pu s'en empêcher. C'était elle, l'origine de son départ. Si elle ne pouvait pas l'avoir elle, elle s'était arrangée pour qu'il s'éloigne. Après tout, c'était elle qui avait convaincue Arthur de le nommer admin. Elle aussi d'ailleurs, qui t'avais octroyer ce même titre … une compensation, une marque de bonté au milieu de sa haine, et de sa méchanceté. Et bien sur, tu n'avais pas pu encaisser. Pas ça. Pas après tout ça. Tes nerfs avaient lâchés. Tu t'étais approchée, rapide, tu avais fondu sur elle, passant tes mains autour de sa gorge au beau milieu de la salle de restaurant. Tu avais serrer. Relâcher. Elle s'était débattue, et tu avais frapper, elle aussi d'ailleurs et les bleus sur tes côtes encore visibles en étaient la preuve. Finalement, tes doigts étaient venus retrouver sa gorge … et tu avais serrer, encore, encore et encore. Jusqu'à voir ses yeux s'éteindre, jusqu'à voir la flamme de sa vie vaciller dans ses iris. Tu aurais pu la tuer. Tu le voulais. Mais on t'avait arrêtée, attrapée et tirée dehors. Ephraïm. Il t'avait secouée. Raisonnée. Et puis, il avait trouver les bons mots et ta vengeance tu l'avais obtenue autrement. Tu l'avais détruite. Elle. Mais aussi finalement toute la Team Aqua, et aujourd'hui, ils avaient tous déserté le bateau. L'île. Ils avaient tous disparus, et tu étais seule à nouveau, ou presque. Maintenant, tu faisais partie d'une nouvelle Team, une Team avec un but plus louable. Mais sans doute un peu plus violente. Une Team finalement à ton image maintenant … mais une Team qui n'était pas pour autant en mesure de t'offrir un toit, ou encore un métier. Tu étais seule, oui. Mais aussi sans le sou maintenant, et à la rue pour couronner le tout. Pas glorieux, n'est-ce pas ? Et pourtant, là maintenant face à ton frère, tu souris tant bien que mal pour donner le change. Est-ce que tu vas lui dire ? C'est pas une bonne idée. Tu pourrais au moins lui parler de la Team Aqua, de Lycaon aussi … tout en gardant la Team Shelters de côté pour le moment, mais au final. Un mensonge pour en remplacer un autre. A croire que tu ne sais faire que ça, que tu es bien incapable de vivre simplement. Normalement.

Jahan vient embrasser ton front. Tendrement. Avec plus de douceur que jamais … et tu te rends compte qu'il a toujours été le seul, finalement, à être ainsi avec toi. Il est l'homme de ta vie, étrange mais vrai. Il a toujours été là et lui tu le sais, qu'il ne te lâchera pas. Jamais. Tu sais que ta confiance est bien placée. Tu sais qu'il sera toujours le seul, l'unique à s'occuper de toi, à t'offrir un câlin quand tu en as besoin, à te rappeler ce que tu es, qui tu es, ce que tu représentes. « Je t'ai laissé des vêtements secs dans la chambre, va te changer avant d'attraper froid... » Oh. Ce n'est peut-être pas une mauvaise idée, après tout. Tu as bien des vêtements, qui traînent dans le sac que tu as ramener, mais tout doit être humide, froissé aussi. Alors tu acceptes d'un signe de tête avant de te lever. « Merci. » Et tu files en direction de la chambre, tu fermes la porte pour te retrouver seule, tu ôtes tes vêtements humides pour enfiler rapidement le t-shirt et le bas de jogging laissés là, rien que pour toi. Tu nages dedans, Jahan n'est pas bien épais, mais il est bien plus grand que toi. Peu importe. Ce sont des vêtements propres, des vêtements chauds à l'odeur plus que rassurante et déjà, tu te sens mieux. Tu laisses échapper un soupire, avant de ressortir de la chambre. Tu jettes un œil au salon, pour constater que ton frangin n'est plus là … mais ton attention est attirée pour du bruit dans la salle de bain. Tu avances, pas à pas, un peu timidement d'ailleurs. « Jahan … ? Tu prends un ... » Mais non. La porte est grande ouverte, et ton frère là, debout devant le lavabo. « ...bain. » Termines-tu, en souriant. Puis ton regard se pose sur la petite créature qui patauge joyeusement. Un Axoloto, à première vu. Un Pokémon adorable mais celui-ci est rose. Il est chromatique. « Oooh... » Laisses -tu alors échapper avant d'entrer dans la petite pièce pour venir te placer près de ton frère. « Où tu l'as trouvé ? Il est tellement chou ! » Un Pokémon aquatique oui, un bébé Pokémon Aquatique … un bébé Pokémon Aquatique chromatique en plus. Alors forcément qu'il t'intéresse, forcément que tu ne peux pas résister à la tentation de toi aussi plonger tes mains dans l'eau pour amuser la petite créature. Quelques minutes s'écoulent, avant que tu ne reposes les yeux sur Jahan … les cheveux encore trempés, ses vêtements le sont aussi. « Tu vas tomber malade, vas te sécher enfin. Je vais m'en occuper si tu veux. » Et voyant qu'il hésite … tu continues. « Rha mais oust aller ! » Et voilà que tu le pousses légèrement en dehors de la pièce, avant de retourner t'amuser avec l'Axoloto. « Mho t'es trop mignon toi, tu le sais ça ? »

Il ne montre rien, Ja. Oh, ça lui arrive bien de déprimer, de tirer la gueule, de pleurer même parfois, il était seul, il en profitait. Les seuls à connaître ses états d'âme, étaient bien évidemment ses pokémons, surtout Huô. Il n'est pas du genre à se dire qu'il est fort, du moins pour lui, il doit l'être pour les autres certes, pour les protéger, il n'est pas du genre à s'interdire des émotions, mais il ne voulait pas inquiéter Karel. Oh, évidemment elle ne se serait pas moquée de lui, mais elle... Tiens d'ailleurs, qu'en était-il, d'elle ? Ka était belle, elle pouvait sans mal faire tourner la tête de tous les garçons alentour, même si ça le faisait grogner de la savoir à la merci des bêtes féroces. Bon, il faisait confiance à ses pokémons, notamment le Malosse qui surveillait farouchement sa dresseuse. Il en était un peu jaloux, de ce beau pokémon Feu, il lui aurait été très utile mais bon. Il était heureux avec ses actuels pokémons. Il était bien assez occupé avec eux et ses missions, pour ne rien montrer de sa tristesse, et maintenant que sa soeur était là, encore moins, il allait devoir veiller sur elle. Elle n'était pas prête d'être au courant de sa désillusion avec... Adam. Il s'était rembruni à peine l'avait-elle dépassé, à peine était-elle aller enfiler des fringues chaudes, à peine ne le voyait-elle plus. Il était trop gentil Adam, il se laissait marcher dessus, il s'était laissé avoir par un gosse de 18 ans. Ce n'était même pas sa faute. C'était la sienne, à lui, le Ranger, il n'aurait pas dû le toucher, il n'aurait même pas dû y penser. Il s'efforcait de se dire que c'était la vie, que les amours ratés ça arrivait, mais dès qu'il pensait au jeune brun, à son air de chacripan battu, ses larmes, sa gorge se serrait, son coeur battait trop fort. Oh, il s'était vite repris, il avait embarqué le petit axoloto dans la salle de bain, et heureusement qu'il était encore trempé, le bébé pokémon s'amusait à tout éclabousser en poussant des cris de joie. Au moins, sa soeur était là, il pourrait lui faire des câlins sans que ce soit interdit, sans que cela se transforme en une relation beaucoup trop traumatisante pour le ranger qui n'avait jamais invité personne dans son lit. Ah, il saurait l'oublier, il lui faudra juste un peu de temps, juste... Il sourit en regardant le petit axoloto faire des bulles, il relève la tête vers sa soeur qui gagatise aussitôt devant le bébé pokémon. Il rit un peu, non ce n'était pas lui qui prenait de bain. « Il était abandonné tout seul au milieu des marécages... Sans doute parce qu'il est chromatique. » Karel plonge les mains dans l'eau, jouant avec le bébé qui n'en piaille que de plus belle, tout heureux d'avoir de la compagnie, et dorénavant en pleine forme, oubliée sa mésaventure dans les marécages, il avait trouvé une famille aimante. Jahan savait que s'il y avait besoin, il pourrait confier le bébé à sa frangine, qu'elle s'en occuperait bien. Quelques minutes de silence passent, où ils jouent gentiment, tout est calme, Huô se repose toujours, il goûte à la tranquilité de son chez soi, et d'avoir quelqu'un qu'il adore près de lui, Adam s'efface déjà de son esprit. Karel relève les yeux vers lui, le houspille. « Tu vas tomber malade, vas te sécher enfin. Je vais m'en occuper si tu veux. » Evidemment il hésite, ça peut attendre, même si dorénavant le pokémon est hors de danger, et voilà que sa soeur le pousse hors de la pièce. « Rha mais ouste allez ! » Il rit un peu, il l'entend gazouiller avec le pokémon, comme s'il n'avait pas droit à ce spectacle, et il se dépêche d'enfiler des fringues sèches, d'aller essorer ses cheveux encore dégoulinants sous une serviette éponge, et une fois ça fait, il passe offrir une caresse à son lionceau qui ronronne tout bas, avant de rejoindre sa soeur, qui gagatise toujours autant sur le bébé. Ca lui fait du bien de rire, de voir un tel spectacle, de renouer ainsi avec sa soeur. « Tu as faim ? » demande-t-il, comme si ce n'était pas le cas pour lui alors que son estomac grondait sourdement. De toute manière, il lui sourit, se détourne pour se diriger vers ses fourneaux, il n'a pas grand chose à part des pâtes ce soir, et des croquettes pour ses compagnons à poils, plumes et... branchies. A propos d'eux, la ménagerie est vite ouverte, puisqu'il laisse sortir le poussifeu et le lixy, l'un et l'autre sautillant et trottinants pour aller dire bonjour à la demoiselle, se faufiler dans ses jambes, avant de revenir vers leurs dresseurs et Huô, réclamant leur ration à grands cris et renforts de ronrons. « Tu peux faire sortir tes compagnons. » Inutile de sortir Héra pour qu'elle aille mordre Karel, et la saquedeneu aurait été trop timide et se serait cachée dans un coin, alors il reste deux pokéballs à la ceinture du ranger.  « Je te présente Haro et Hiuz. Ils sont autant des boules d'énergie que Huô... » Ce dernier n'a plus sommeil, le voilà parti dans un combat de titans contre le Lixy, toutes griffes rentrées, à grands renforts de petits rugissements.

Regarde le, ce petit Pokémon. A peine as-tu mis Jah' à la porte de sa propre salle de bain, que déjà tu reviens vers lui, plongeant tes mains dans l'eau pour l'arroser légèrement, l'amuser. Un tout petit Pokémon, un bébé sans doute, abandonné à son sort à cause de sa différence … pauvre petit être, ça, tu l'as en commun avec lui. L'abandon. La blessure. Toi aussi on t'a laissée de côté, comme une pauvre chose sans importance. Oui, c'est ce que tu te dis quand la colère te rattrapes, quand tu cherches une parade pour éviter la souffrance. Tu rejettes tout sur lui. Tu te dis que c'est de sa faute à lui, que c'est lui qui t'as fais mal. Bien sur, au fond, tu n'en penses pas un mot. Au fond, tu ne peux pas haïr Lycaon, tu ne peux que te haïr toi-même pour y avoir cru un peu trop fort. Tu aurais du être plus méfiante, prudente. Penser à la suite. Lycaon c'est Lycaon. Il n'avait jamais été un grand sentimental, pourquoi aurait-il changé pour toi ? « Ils savent pas ce qu'ils ont perdu, va. » murmures-tu à l'intention de la petite créature. Qui sait ? Peut-être qu'un jour, il deviendra puissant. Grand. Fort. Alors, ceux qui l'auront rejeter ne pourrons que regretter. Tout ira bien pour lui, tu le sais de toute façon. Il est entre de bonnes mains, ici. Il n'aurait sans doute pas pu trouver mieux que Jahan pour prendre soin de lui. Parce que Jahan, c'est le meilleur. Il s'est occupé de toi, après tout. Et même si tu n'es pas le meilleur exemple au monde, tu ne t'en tires pas trop mal alors oui, il a bien fait son travail. Il le fera tout aussi bien avec cet Axoloto, tout comme il le fait à la perfection avec Hûo, par exemple. « Pauvre petit cœur. » termines-tu en déposant un baiser sur tes doigts, avant d'apposer ces derniers sur le sommet du crâne de l'Axoloto.

L'absence de Jahan ne dure pas si longtemps. Il fait vite pour se changer et se sécher, si bien que lorsque sa voix résonne de nouveau près de toi, tu sursautes, comme prise sur le fait … même si tu ne faisais rien de spécial en vérité. Il te demande si tu as faim, et avant même que tu répondes, le voilà déjà qui file, qui disparaît de nouveau. Tu .. Tu as faim, oui. Un peu. En vérité, tu ne sais même plus quand tu as mangé pour la dernière fois, c'est le genre de chose que tu as tendance à oublier en ce moment. Ton estomac grogne, à la seule idée de la nourriture, quelle qu'elle soit. Malgré tout, butée, tu hausses les épaules avant de reposer le regard sur l'Axoloto qui t’envoie un peu d'eau. Tu soupires un peu, avant de sourire et t'attraper une serviette dans laquelle tu installes le petit Pokémon. Visiblement, il a reprit un peu de force et en sortant de la salle de bain, tu en profites pour le déposer sur le sol pour lui permettre de marcher un peu. « Aller, n'ait pas peur, t'es en sécurité ici. » dis-tu tout doucement, en le poussant légèrement en avant, pour finalement passer près de lui pour rejoindre Jahan dans sa petite cuisine. Toi, tu n'as jamais été très bonne en cuisine. Il faut dire ici, que tu n'as jamais réellement fait d'effort pour l'être … tu n'en as jamais eu besoin, en vérité. Ton frère est occupé avec ses Pokémon, il en libère quelques uns de leurs Pokéball, avant de t'inviter à en faire de même et là … tu affiches une moue étrange. Oh, pas que tes Pokémon puissent poser des problèmes. Quoi que … Non, mais là n'est pas tellement la question, mais … mais tu te rends compte qu'il y a eu des changements de ton côté, depuis la dernière fois. Si Jahan s'attend peut-être à voir un Malosse … Tezca a en réalité dépasser ce stade, de même pour Saphir qui a l'époque – pas si lointaine – n'était qu'un petit Feunnec. Mh. « Oui mais … enfin tu vas voir. » Tu commences par envoyer Tezca. S'il est désormais le plus impressionnant du lot, il est aussi celui qui est le plus proche de toi. Le Démolosse apparaît alors fièrement devant toi et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il en impose au milieu du petit appartement. « Il y a eu un peu de changement ... » Un peu oui. Et d'ailleurs, tu continues. Tu envoies maintenant Saphir, et lui. Ton Roussil. Lorsqu'il apparaît et qu'il pose les yeux sur toi, tu ne peux empêcher ton cœur de faire un bond désagréable dans ta poitrine. Tout te rappelle Lycaon en lui. « C'est plus trop des bébés. » Bien sur que tu caches ton trouble. Tu souris en fait, et tu en profites pour appeler le Dedenne, qui a sans doute besoin de sortir un peu, puis ton Aquali que d'ailleurs tu songes à laisser à ton frangin, simplement parce que tu n'as plus réellement de temps de t'occuper de son entraînement et de lui offrir autant d'attention qu'avant avec la nouvelle équipe que tu t'es composée. Tu laisses aussi sortir Obalie, qui s'intéresse de suite à l'Axoloto et .. tu t'arrêtes là. Les autres ne sont pas encore réellement bien sociables. « J'ai...changer mon équipe, je te les montrerais à l'occasion. » Et puis surtout, tu ne vas tout de même pas remplir l'appartement de ton frère avec tes Pokémon. Surtout que le Dedenne sautille déjà un peu partout, faisant même chuter une louche sur le sol au passage. Tu passes alors une main sur ton front. « Désolée celui là c'est … un enfer. » Mh. Voir pire. Tu lances un regard noir à ton Pokémon, qui en réalité, s'en fiche royalement et se lance dans la mini bagarre entre Hûo et le Lixy … ta souris va se faire démonter, mais tu te dis que ça lui fera les pattes alors tu le laisses faire pour finalement venir t'asseoir sur un tabouret. « Aloooors ? Tu cuisines quoi ? »

Elle est belle Karel, à sourire si simplement comme ça. Ce ne sont pas des fringues ou du maquillage qui la mettent en valeur ici, mais juste sa joie, son bonheur d'être tout simplement là, à jouer avec un petit Axoloto. Et ce bonheur se transmet à Ja, qui sourit devant le tableau, oh, il serait presque allé l'enlacer en lui susurrant qu'elle était belle, qu'elle était une princesse, la plus belle de toutes, des compliments pour la faire rougir, baisser les yeux, gênée, pour la rendre encore plus adorable. Il ne sait pas trop ce qu'il en est des amours de sa soeur, Ja, il a vaguement eu vent d'un patron qui lui aurait filé des pokémons, y'avait eu anchwatt sous roche avec cette histoire, mais Ka ne lui en avait plus reparlé. En réalité, ils n'avaient guère parlés tout court. Alors Jahan n'était pas au courant, au même titre que Ka ne savait pas qu'Adam avait en quelques sortes brisé le coeur et l'espoir du Ranger quant à trouver l'amour. Son seul amour serait sa soeur, et ses pokémons. Après tout c'était sa seule faute, il ne savait pas gérer, avec les autres. Alors il se contente de sourire, de proposer à Ka si elle a faim, d'aller servir ses petits compagnons. Des gamelles disposées ça et là, limite y'aurait pas les noms de pokés dessus, mais fallait pas pousser. Enfin, en vrai Huô avait eu avoir ce genre de gamelle rouge avec son nom écrit dessus. Ses compère pokémons mangent donc joyeusement, alternant les croquettes avec quelques combats pour rire, pour jouer et s'entraîner, pendant qu'il se mettait aux fourneaux. Il jette un oeil à Karel, qui a sorti de son bain le petit axoloto rose, perdu là au milieu de la pièce qui semble si grande pour lui. Huô va finalement le renifler, miauler pour l'accueillir, vite rejoint par Haro, qui se méfie un peu plus, et Hiuz, pas gêné pour deux sous, ni effrayé par le bébé, bien que son type soit avantagé au sien. Il ne se fait pas de souci pour l'intégration du petit.

Ka rejoint son frère dans le coin cuisine, propre et lumineux, alors qu'il tirait des tiroirs et des placards, une casserole dans lequel il laissa bouillir des spaghettis. Et puis il se tourne vers sa soeur, alors qu'il l'invitait à laisser sortir son équipe. Il s'attendait évidemment à un Malosse, un Feunnec encore, peut-être encore un Obalie aussi, et puis... « Il y a eu un peu de changement... » annonce tout bas la jeune femme, qui dans un éclair rouge, fait sortir Tezca. Il reconnait vite le ténébreux chien de feu, mais il n'est plus un vulgaire Malosse. Tezca est devenu un fier Démolosse, prêt à braver tous les dangers pour protéger sa dresseuse. Oh oui il était jaloux de ce magnifique pokémon, mais tellement fier de sa soeur. Mais ce n'était pas fini, voilà qu'apparait Saphir, et à la place d'un Feunnec gris, c'est un Roussil violet qui se dresse. « C'est plus trop des bébés. » Il les observe en silence un instant avant de rire, sans déceler le trouble de sa soeur, du moins pour le moment. Il s'approche, pose une main sur le crâne du chien, entre ses deux cornes, il est déjà bien plus grand qu'autrefois, il serait capable de lui croquer l'épaule. « Merci de veiller sur elle... » Il sourit aussi au Roussil, pose une main sur son épaule, avant de retourner surveiller ses pâtes un instant. Et puis voilà que du coin de l'oeil, tu vois une petite souris faire tomber la louche sur le sol, alors qu'il tente par réflexe de la rattraper. Le dedenne couine l'air de rigoler, avant de quitter le plan de travail et filer à travers la pièce faire "connaissance avec Huô et Hiuz. Bon... Sûrement la petite terreur dont Karel lui avait parlé. Il aperçoit aussi l'Aquali, plus discret, plus réservé, qui rejoint le petit Axoloto. Il est beau, cet Aquali, même s'il semble assez récent, il ne l'avait pas vu la dernière fois. Il observe son petit appart, transformé en une véritable pension pokémon. « J'ai... changé mon équipe, je te les montrerais à l'occasion. » Il sourit, Karel semblait bien, très bien accompagnée, même si ça doit être épuisant d'être suivie de tant de bestioles. Ils restent là un instant en silence, à observer toute la troupe faire connaissance, il lâche. « J'ai agrandi la mienne... Mais les autres ne sont pas très sociables. » Ou même correctement dressés, il ne voulait pas d'un accident. Et finalement Karel se poste sur un tabouret, ce qui la rend encore plus petite et fluette, alors qu'il sortait de ses placards de quoi faire une sauce bolognaise. Elle a du vite comprendre, en voyant les tomates et la viande rejoindre les pâtes essorées et chauffer doucement. Depuis toute petite, elle adorait ça, tout comme elle adorait se barbouiller la face de sauce. Alors quand elle lâche un « Aloooors ? Tu cuisines quoi ? » enfantin, il sourit, il réplique. « A ton avis ? Des épinards. » Il rit devant sa grimace, vient embrasser son front, ah, les marques de tendresse, il avait dû s'en passer 7 ans, alors elle allait devoir supporter ça longtemps. Un court silence s'ensuit, alors qu'il touille sa casserole. « Ça se passe bien au bateau ? » demande-t-il finalement, pour s'intéresser à elle, pour savoir si tout allait bien, pour savoir si elle était juste venue le voir comme ça, à l'improviste, ou si au fond c'était bien plus profond. Et lui qui fait tout banalement allusion à son boulot de serveuse sur le bateau de combat de la team Aqua, dont il ne sait même pas ce qu'elle est devenue, balayée par la team Shelters. Oh, il avait l'air si naïf, comparé à sa soeur...

Un sourire. Une grimace à la simple énonciation du mot « épinard ». Tu fais partie de cette majorité oui, celle qui n'aime pas ça, qui a même ces choses là en horreur sans même un jour avoir eu le loisir pourtant d'y coller ses lèvres. L'aspect, l'odeur, tout te dégoutte chez ce légume et ça Jahan le sait. Ta question ? Simple curiosité, ou plutôt un bon moyen de parler, de discuter peut-être, de lancer un sujet, peu importe lequel en vérité. Tu le vois, ce qu'il fait. Les pâtes. Les tomates. La viande fraîche qui attends d'être cuisinée. Il pense à te faire plaisir, comme toujours, il se tourne vers ton plat préféré sans doute à l'occasion de cette visite loin d'être prévue et surtout, loin d'être habituelle. C'est un tort que tu as là, sans doute. Ton frère est là, proche de toi, et pourtant c'est la première fois que tu prends le temps de venir ici, chez lui, lui rendre une simple visite. C'est la première fois que tu vois son appartement, tu découvres carrément la vie que ton grand frère s'est construite ici, tout seul, comme un grand. Une petite routine sans doute agréable, un nid douillet rien qu'à lui. Que demander de plus ? C'est tout ce que tu n'as pas. Tout ce que tu n'as plus...en vérité. Ou peut-être est-ce tout ce que tu n'as jamais eu. Qui sait ?

Tu baisses les yeux. Légèrement, et puis tu sens les lèvres de Jahan se poser délicatement sur ton front. Il y dépose un baiser, rapidement. Il avait toujours été comme ça, ton frère. Non seulement il avait toujours été ce genre de grand frère qui s'occupe bien- peut-être un peu trop selon les points de vue – de sa petite sœur, mais il avait aussi toujours été un modèle de tendresse, de douceur et de gentillesse. Tu ne savais pas comment ça se passait pour les autres frère et sœur, mais toi, tu étais habituée à ce genre de geste. C'était quotidien, avant, et pendant ces longues années que tu avais passer loin de ta famille, il faut bien l'avouer que ça t'avais manqué. Il t'avait manqué. Cruellement, à la vérité. Tu laisses échapper un léger soupire d'aise, et puis tu poses simplement les yeux sur lui. Il te tourne le dos. Il est là devant toi, une cuillère à la main, il remue le contenu de la casserole, tout doucement et le silence – ou presque – s'étale, s'installe dans le petit appartement. Jusqu'à ce que finalement … « Ça se passe bien au bateau ? » Un léger sursaut. Mélange de surprise et de crainte. Tout à coup, voilà que tu te sens mal. Voilà que tu n'as plus qu'une envie : fuir et te cacher. Le bateau … mais il n'y a plus de bateau, et c'est en grande partie de ta faute. C'est toi qui a tout briser, qui a démoli cette ébauche de nouvelle œuvre de la Team Aqua, tu as tout brisé, par simple esprit de vengeance. Certains diront que tu as bien agis en te débarrassant, et surtout en débarrassant Miranoir de la Team Aqua mais … mais une partie de toi se dit que d'autres te reprocheront toujours d'avoir pris un peu de plaisir à faire du mal à d'autres. Comment est-ce que tu peux annoncer ça, à Jahan ? Pour lui ce n'était qu'un bateau, un restaurant dans lequel tu étais serveuse, rien de plus, rien de moins. Alors … « Le restaurant a fermé. » Lâches-tu simplement, en ponctuant ton affirmation par un haussement d'épaule. Comme si tu n'étais au courant de rien, Karel ! Comme si ce n'était que ça : un restaurant qui met la clé sous la porte enfin … est-ce que tu te rends compte que tu continues de mentir à la seule personne qui te reste ? Tu n'es plus de la Team Aqua, non, et pourtant tu continues d'agir comme une criminelle. Tu continues de mentir et de te jouer des autres. De ton frère. De Jahan. Et tu ne peux rien faire d'autre que baisser les yeux, parce que tu ne peux même plus plonger ton regard dans le sien, à ce moment précis. Tu as honte. Et tu as raison d'avoir honte.

C'est comme s'il sentait ton trouble, Tezca. Tout à coup, voilà que tu sens sa grosse tête venir se poser sur ton genou. Tu poses une main sur son crâne que tu caresses doucement, en silence. Tu ne dis plus rien. Tu ne sais même pas ce que tu pourrais ajouter, après ça. « En fait ... » En fait, quoi ? Est-ce que tu es prête à tout avouer? Probablement pas alors … quoi ? « Ce bateau … c'était pas très net … c'était ... » Des criminels oui. La Team Aqua. Tu sais ? Cette Team de malades, ceux qui ont failli noyer ta région d'origine à une époque ! « Bref. Ils ont tout fermé. Alors … tu penses que tu pourrais m'héberger un petit moment ? » … Quel culot tu as tiens. Tu lui mens, et tu lui demandes une place chez lui. Bwah, tu le sais au fond de toi qu'il te refuseras pas ça mais. Mais c'est pas correct de ta part et ça tu le sais très bien. « J'habitais là bas, je bossais là bas … mon boss est parti … aussi. » Et machinalement tu tournes la tête pour regarder Saphir. « Tu sais … celui qui m'a donner Saphir ... » Et encore une fois, tu ne dis que la moitié de la vérité. Ton boss. Lycaon c'était bien plus que ça mais, mais tu n'es pas forcément prête à tout balancer à ton frère même si en réalité, ton trouble doit maintenant se lire comme la une d'un journal sur ton visage pâle.

La frangine grimace à l'évocation des épinards, ça le fait rire. Parce qu'il sait très bien qu'elle déteste ça, et qu'elle a très bien compris qu'il lui préparait son plat préféré. Elle fait si enfantine, si petite, installée là sur son tabouret, à l'observer s'agiter, tout comme s'agite la petite troupe dans la grande pièce. Globalement, l'équipe de Karel est plus calme, surveillée et protégée maternellement par les deux pokémons feu les plus forts, le Démolosse Tezca, et Saphir, le Roussil, alors qu'autour d'eux, les félins de son frère jouent à la bagarre entre deux croquettes. Le parfait opposé de leurs dresseurs, le grand frère calme et protecteur, et la petite soeur qui courait partout faire ses bêtises. Bien sûr avec l'age elle s'était calmé, bien sûr elle était devenue une belle jeune femme dont au fond, il ne connaissait pas grand chose. Pour ça qu'il lui demande où en est son boulot de serveuse, et un léger silence accompagne sa question. Il était si naïf, il aurait pensé qu'elle lui dise tout simplement oui, qu'elle détaille un peu, histoire de faire la conversation, et il était à l'écouter sagement, mais rien ne vient. Il suspend son touillage de casserole, lui jette un regard. « Le restaurant a fermé. » Elle hausse les épaules, il fronce légèrement les sourcils. Pas que ça lui paraissait suspect, mais l'air de Ka qui se voulait détachée ne le convainquait pas. Parce qu'elle semblait troublée, honteuse. Elle ne pouvait pas avoir de connerie, et... Il n'imaginait pas Ka lui mentir. Il ne pouvait pas imaginer qu'elle ait pu faire quoi que ce soit pour nuire au bateau, à son boulot, ou qu'elle puisse mentir sur sa vie entière, alors même qu'il est en face de lui. Après tout il était allé la voir, tout se passait très bien, il avait même rencontré ce Lycaon... Bref, il avait gobé ce mensonge sans sourciller, et maintenant, voilà qu'elle lui mettait le doute. « Tu as eu des soucis ? » demande-t-il, s'inquiétant naturellement pour elle. Voilà que Tezca vient poser son menton sur le genou de sa maîtresse, comme comprenant sa douleur, son trouble, elle ne regarde même plus son frère, qui ne dit rien. Il lui laisse le temps de parler, d'oser, sans doute. Parce qu'au fond, elle aurait pu faire la pire chose du monde, qu'il aurait toujours été de son côté, qu'il l'aurait toujours soutenue. Parce qu'elle était sa soeur, parce qu'il l'aimait. Alors certes, il serait surpris, un peu vexé, un peu trahi, mais pour rien au monde il ne l'abandonnerait, alors il essaye de lui faire un sourire encourageant, mais elle refuse de le regarder. « En fait ... » Qu'allait-elle lui avouer ? Il n'en avait aucune idée, il ne voulait rien s'imaginer, et il se détourne face à ses fourneaux, continue de préparer son plat.  « Ce bateau … c'était pas très net … c'était ... » C'était pas très net ? Il lui jette un regard, sans oser lui réclamer d'explications, de clarifications pour le moment, ça semble déjà assez difficile de dire tout ça. « Bref. Ils ont tout fermé. Alors … tu penses que tu pourrais m'héberger un petit moment ? » Et tout de suite il sourit, puisque les choses semblaient s'être améliorées d'elles même, certes sa soeur avait l'air d'avoir vécu une épreuve, mais elle était forte Karel, il avait foi en elle, et il lui sourit. « Bien sûr. Tu n'auras qu'à prendre mon lit, je dormirai sur le canapé. » Ah, il en était là, il était prêt à se sacrifier, à tout donner pour elle, l'unique qui lui restait, qui voulait rester près de lui. Dans le même temps, Huô s'approche, se frotte aux jambes de Jahan, avant de sauter sur les genoux de Ka. Il la connaissait bien, il l'adorait, d'autant que la jeune femme était câline, et il ronronna, lové contre son ventre, ignorant le chien de feu. Et Karel continue, comme pour se justifier. « J'habitais là bas, je bossais là bas... mon boss est parti,  aussi. » Son boss ? « Tu sais … celui qui m'a donné Saphir ... » Il jette un coup d'oeil au Roussil, comprenant bien vite qu'elle était sans doute venue, partie à cause de ça. Que tout ça avait été une suite d'événements liés qui avait conduit Karel à chercher la protection du seul qui lui restait. Les spaghettis sont presque prêtes, il vient caresser sa joue d'un geste tendre, si naturel pour lui, et pourtant qui pourrait paraître si ambigu, alors qu'il lui sourit. « Tu m'expliqueras tout ça quand on aura mangé, quand tu seras reposée. » Il attrape des assiettes, des couverts, et va y poser sur la table basse, devant le canapé, repoussant sa pile de papiers concernant sans aucun doute ses rapports de mission, son boulot de ranger, il l'invite à s'installer, attendre qu'il fasse le service, normal, c'est lui l'hôte. « Tu penses te chercher du boulot à Steukin ? » il reprend, alors qu'il la sert généreusement, s'installe près d'elle. Parce qu'il était prêt à l'aider, à tout mettre en oeuvre pour elle, et la garder près de lui autant qu'il le faudrait.

Tout avait été si vite. Au final, Miranoir, c'était un énorme tournant dans ta vie … toi qui n'avait connu que la Team Aqua depuis tes dix-huit ans, depuis que tu avait quitter le nid, depuis que tu volais finalement de tes propres ailes ; voilà que tu devais faire sans maintenant et par Arceus que c'était déconcertant. Tu avais beau te dire que tout finirait par aller, que tout rentrerait dans l'ordre, que tu n'étais pas seul et qu'au final tu t'en sortais toujours plus ou moins bien, ça ne changeait pas grand chose. Non. En réalité, ça ne changeait rien : ta vie, ta nouvelle vie conservait quelque chose d'effrayant, une sombre part d'inconnu que tu n'étais pas spécialement pressée d'éclairer en réalité. Une obscurité qui sans que tu le saches d'ailleurs, t'avais déjà sans doute touchée pour s'infiltrer à l'intérieur de chacune de tes veines et il suffisait d'analyser ta situation actuelle pour t'en rendre compte. Coupable de mensonge envers Jahan. Et dire qu'il avait toujours été comme ta moitié …

Oh bien sur que tu es gênée ! Tellement gênée que tu n'oses même pas relever la tête, tu n'oses plus croiser son regard noisette. Non. Parce que tu as bien trop peur de ce que tu pourrais y lire, tu as bien trop peur qu'il puisse lire dans ton regard à toi. Tu ne peux pas le perdre. Pas Jahan. Pas lui. Tous, sauf lui. « Bien sur. Tu n'auras qu'a prendre mon lit, je dormirais dans le canapé. » Et voilà qui n'arrange rien. Oh non. Voilà même qui viens encore accentuer ton sentiment de honte. Il se sacrifie d'une certaine façon, pour toi. Toi qui ne fait que mentir, qui lui cache tout un pan de ton existence. Toi qui t'efforce de déformer les choses, de les arranger pour qu'elles apparaissent toujours moins dramatiques qu'elles ne le sont en réalité. Tu le ressens, maintenant ? On a toujours dit que tu étais parmi les plus douces. Que tu n'avais rien à faire, rien à voir avec les gens de la Team Aqua et pourtant regarde toi. Tu n'es pas mieux que Sarah. Tu mens. Tu manipules. Tu déformes. Tu te joues des autres, tu te joues de ton frère, tu lui fais avaler des mensonges toujours plus gros. Tu t'enfonces, encore et encore dans un engrenage malsain et tu ne vois même plus comment tu pourrais te sortir de tout ça, au final. Est-ce que tu lui mentiras toute ta vie ? Non. Sans doute pas. Un jour il saura. Un jour mais pas maintenant. Parce que tout est encore trop frais, trop récent, trop douloureux aussi. « Non … je veux dire, je veux pas que tu déranges pour moi, vraiment ... » Tu ne le mérites pas, en plus. Et puis, c'est chez lui et malgré le fait que ce soit ton frère, tu ne veux pas t'imposer. T'héberger, c'est déjà beaucoup pour toi. Tu n'en demanderas jamais davantage. « Juste un petit coin, ça ira tu sais. Vraiment Jahan … j'ai l'habitude tu sais. » Oui, et puis tout ce qu'il pourra te proposer sera toujours mieux que de dormir à la belle étoile comme tu le faisais en arrivant sur cette île, lorsqu'il n'y avait pas de bateau, lorsque tu n'avais pas de toit, pas vraiment d'argent. Les débuts ici n'avaient pas été des plus simples, et pourtant, tu avais surmonter ça sans problème.

« Tu m'expliqueras tout ça quand on aura mangé, et que tu seras reposée. » Hum. Il ne cherche même pas à creuser. Pourtant, tu peux le sentir. Il se pose des questions, tu t'en poserais forcément à sa place. Tu as semer quelques graines … et il ne cherche pas à les arroser pour les faire pousser. Il laisse ça de côté, il se concentre sur toi, sur ta santé, ton bien être, ton confort. Ses doigts viennent effleurer ta joue, il t'offre un sourire alors qu'il porte des assiettes et des couverts jusqu'à la table basse qu'il débarrasse rapidement pour installer un petit coin repas dans lequel il t'invite assez vite à venir t'installer. Un léger sourire passe sur tes lèvres et tu bouges alors de ton tabouret, portant Hûo – qui entre temps était venu se caler sur toi pour recevoir quelques caresser et câlins – et le reposant sur le sol avant de rejoindre le petit salon pour prendre place presque timidement sur un coin de canapé tandis que ton frère fait le service. Une délicieuse odeur se dégage des assiettes fumantes, une odeur qui vient réveiller ton estomac vide depuis sans doute trop longtemps. Jahan vient alors s'installer près de toi et tu ne résistes pas à l'envie de t'approcher un peu pour venir appuyer ta tête contre son épaule tout en agrippant son bras, le gardant ainsi proche de toi. « Tu penses te chercher du boulot à Steukin ? » Ce ne serait pas une mauvaise idée, ça. Tu pourrais rester ici un moment, profiter de ton frère tous les jours tout en bossant un peu … « Mh. » lâches-tu simplement. « Je sais pas, peut-être bien … y'a pas grand chose que je sais faire, ça dépend. Pourquoi pas. » Pas facile quand on a jamais travailler. Quand on jamais rien fait que se battre, défendre une cause étrangement folle. Tout ce que tu sais faire, c'est du service … à la rigueur. Et encore, ton expérience a été courte. « T'as des idées, toi ? »

Elle se fait discrète, presque timide de lui demander ça, de pouvoir squatter chez lui, alors même qu'il ne s'en offusque pas, au contraire il serait heureux de la garder avec lui, de la récupérer après ces 7 ans de distance. 7 ans durant lesquels il avait caché cette envie de la revoir, de la serrer contre lui comme lorsqu'il l'avait retrouvée sur cette plage de Paolès, 7 ans de souffrance au fond, de ne pas être proche d'elle, de son âme soeur. Et maintenant qu'ils étaient là, réunis, elle semblait gênée d'en réclamer plus, ça le fait sourire, alors qu'elle bredouille. « Non … je veux dire, je veux pas que tu déranges pour moi, vraiment ... » Il se tourne vers elle, alors qu'il sortait les assiettes, allait les poser, et il revient vers elle, qui reprend. « Juste un petit coin, ça ira tu sais. Vraiment Jahan … j'ai l'habitude tu sais. » « Tu ne me déranges pas. Il n'est pas question que je te laisse dormir ailleurs que dans un lit, peu importe que tu ais l'habitude. » Et comment pouvait-elle avoir l'habitude ? Avait-elle eu droit à une simple couchette, au bateau ? Non, il était assez grand, elle devait bien avoir sa cabine, son chez elle, tout comme lui s'était trouvé si facilement un chez lui. Oh, pour peu, il deviendrait leur chez eux sans problème. Il l'entraîne jusqu'au canapé où elle se pose sans plus protester, parce qu'il pouvait être un peu têtu Jahan, oh bien sûr si elle voulait à tous prix s'en aller il la laisserait faire, mais ce serait le même déchirement que lorsqu'elle était partie pour soit disant voyager, voir le monde, quand elle avait 18 ans. Et peut-être qu'il réclamerait de venir, de lever le voile sur cette fille si secrète qu'elle était au fond, qui ne lui disait jamais rien, ne voulait jamais se plaindre, jamais être un fardeau pour lui. Elle avait posé Huô au sol, qui était allé se lover contre Hiuz. Ne manquait qu'une cheminée et un bon feu pour parfaite le côté... Romantique ? Calme posé, puisqu'elle l'avait regardé les servir, et elle était venue agripper son bras, se lover contre lui pour poser sa tête contre son épaule. Il sourit, attendri, alors qu'il se laisse envahir par son parfum fruité et doux, toujours le même depuis tout ce temps. Ah, s'il pouvait la garder éternellement comme ça. Ce pourquoi il lui parle de boulot. « Je sais pas, peut-être bien … y'a pas grand chose que je sais faire, ça dépend. Pourquoi pas. T'as des idées, toi ? » Bien sûr, sinon, pas sûr qu'il lui ait posé la question, mais surtout, oh surtout, il veut la garder près de lui. « Tu pourrais m'aider au boulot. » Il sourit, attrape une fourchette et enroule quelques pâtes autour, veillant à ne pas mettre de la sauce partout, il lui tend la fourchette pour la faire manger. Oh, pas qu'il la prend pour une gamine, non, et il n'y a aucune arrière pensée dans ce geste, ça l'amuse juste, et il sourit alors qu'il la laisse avaler la bouchée. « Tu pourrais peut-être même devenir Ranger, comme moi. Ça te plairait ? » A lui, ça oui, même si parfois, il pourrait avoir peur pour elle, pour sa sûreté, mais ça serait enrichissant pour eux deux, et surtout, ils resteraient proches en permanence. Lui qui se cherchait un partenaire de mission.

Et il insiste. Et il s'en fiche, en fait, quoi que tu lui dises il est décidé. C'est comme ça. Il va t'offrir son lit pour que tu puisses dormir, il t'offre sa place, alors même qu'il est chez lui. Il ne sait même pas pour combien de temps. Il l'a décidé, alors tu te contentes de hocher la tête comme une enfant qui abdique … de toute façon, à ce jeu, tu ne gagneras pas. Et tu le sais. Ça a toujours été comme ça, non pas qu'il soit véritablement autoritaire mais depuis ton enfance, tu l'écoutes. Peut-être plus que tu n'as jamais écouter tes parents, alors même qu'ils ont toujours été présents pour toi. Mais c'est c'est comme ça pour toi, c'est toujours vers ton frère que tu avais décider de te tourner pour poser tes questions, prendre tes conseils ou tout simplement te confier. A une époque, Jahan, il pouvait se vanter de tout savoir de toi. Il connaissait tes goûts, tes habitudes, tes rêves et tes envies. Il te connaissait par cœur, et ça avait été comme ça jusqu'à tes dix-huit ans, jusqu'à ce que brutalement, Ezra vienne à ta rencontre, jusqu'à ce qu'il t'emmène loin de ta famille, loin de tes racines … Tout avait changer à ce moment là. Tu avais débuté ta vie de secrets, tu avais appris l'art du mensonge. Pour ta famille, y compris pour Jahan, tu n'étais qu'une jeune fille qui avait souhaiter découvrir les mondes, tu faisais que bon nombres d'adolescents ou de jeunes adultes faisaient : tu voyageais avec tes Pokémon, tu combattais des dresseurs et tu voyais du pays. Tu n'avais jamais menti sur les endroits où tu étais, tu avais en revanche menti sur ce que tu y faisais, avec qui tu y étais. Jamais Jahan ou tes parents n'avaient eu vent de la Team Aqua, jamais personne de ton proche entourage n'avait jamais su pour Hoenn, jamais.

Tu souffles. Autant ne pas insister. De toute façon, tu n'as plus réellement envie de t'étendre davantage sur le bateau, sur ton ancien emploi, ou encore sur Lycaon. Non, en fait, tu as tout simplement envie de profiter sécurisante de ton frère. Parce que l'avoir là, près de toi, être avec lui, rien qu'avec lui pour la première fois depuis plusieurs longues années … ça fait du bien, tout simplement. C'est sans doute pour ça que tu viens t'accrocher à son bras, que tu viens déposer ta tête contre son épaule, que tu te loves presque tout contre lui, cherchant son odeur, sa présence, sa chaleur, son contact. Rester à Steukin ? C'est une idée. Tu ne sais pas trop où il veut en venir, en fait. Rester où ? Ici. Avec lui, ou simplement en ville, assez proche de lui pour le voir régulièrement ? L'un ou l'autre … ça pourrait t'aller au final. A condition de trouver quelque chose, un boulot satisfaisant. Quelque chose qui te corresponde davantage qu'un job de serveuse … « Tu pourrais m'aider au boulot. » Tu te redresses alors légèrement, comme pour voir son visage lorsqu'il te lance ça, sans doute dans l'espoir de voir ses yeux pour tenter d'y déceler quelque chose. Est-ce qu'il dit ça sérieusement ? Tu plisses les yeux, alors qu'il se penche en avant pour attraper une fourchette et y entortiller quelques pâtes qu'il t'offre alors comme si tu étais encore une enfant. Tu l'observes, avant d'ouvrir la bouche pour manger ce qu'il te donne, puis tu attrapes la fourchette. « Tu pourrais peut-être même devenir Ranger, comme moi. Ça te plairait ? » Toi ? Ranger ? Ce serait un gros revirement … bien qu'au final, tu n'ai jamais été réellement mauvaise au fond. Ça pourrait fonctionner maintenant que tu y penses, toi et Jahan vous vous ressemblez sur beaucoup de points et puis … et puis ton enrôlement au sein de la Team Aqua s'est faite sur une base importante : tu voulais aider à protéger des Pokémon et ça. Ça c'est le métier d'un Ranger. Tu le sais. « Je sais pas. J'y ai jamais réellement penser en fait … » Et pour cause ! Le Ranger de la famille, c'était Jahan. Le héros qui sauve des Pokémon innocents et parfois des gens, c'est lui. Toi … toi tu ne t'es jamais vu faire ça. Tu ne sais pas si tu as assez de courage pour ça. Tu ne sais pas si tu es assez forte pour ça. Tu ne sais pas non plus si tu en es capable, en réalité. Peut-être. Peut-être pas. Tu te penches à ton tour en avant pour attraper quelques pâtes que tu enroules autour de la fourchette avant de les porter à ta bouche et de mâchouiller en silence. Et puis, tu te réinstalles, bien calée contre Jahan. « Je pourrais tenter ... » C'est une idée comme une autre après tout. Et puis, tu peux toujours renoncer si tu n'y arrives pas. Si c'est trop pour toi. « Je veux dire, tu penses que je peux ? » Question à double sens. « Tu penses que j'en suis capable ? » Que tu te sens obligée de préciser, parce que sa réponse est importante. Tu as besoin de savoir s'il t'en pense capable, même si la réponse est évidente. Il ne te l'aurait pas proposer autrement. « Tu crois .. que je peux venir toi, quand tu pars en mission, ce genre de chose ? Je peux être utile, enfin je crois ... » Et tu poses les yeux sur Tezca. Lui au moins, pourrait être utile. Tout comme Saphir, ou Ruby. Tous en fait. Ton équipe a bien évoluée, ce sont des Pokémon relativement forts maintenant … du moins, tu le penses. Ils ont du potentiel. « Et puis je serais toujours avec toi, comme ça. » Mouais, ça pas sûre que ce soit si cool, t'avoir dans les pattes c'est pas toujours évident, et tu le sais. Mais si quelqu'un peu le supporter facilement, c'est bien Jahan. Après tout, il a l'habitude, non ?

Elle finit par abandonner. Si Jahan avait décidé que sa soeur aurait le confort d'un matelas, et des couvertures bien chaudes, elle les aura, et de toute manière, Karel n'était pas du genre à insister, avec lui. D'autant qu'elle savait que le ranger pouvait être assez têtu, il aurait été capable de la prendre dans ses bras pour la porter jusqu'au lit. Lit dans lequel Huô n'hésiterait pas à se lover avec elle, il avait beau adorer son dresseur, manifestement, il lui préférait la chaleur et le confort du matelas. Karel risquait de dormir dans un lit de fourrure. Et évidemment, jamais il ne se permettrait l'idée de dormir dans le même lit qu'elle, ils étaient frères et soeurs, même s'ils étaient très câlins, ils avaient un minimum d'intimité. Les douches gamins, ou courir tout nu dans la maison, c'était terminé depuis la primaire. Et sans doute le fait que Jahan ait toujours respecté ça, jamais il n'avait tiré sur les couettes de sa soeur, refusé quelque chose parce qu'elle était une fille, au contraire, elle était sa frangine, elle passait avant tout, et peut-être grâce à ça, elle s'était toujours volontiers confié à lui. L'école, les amoureux, les crises de larmes, il avait tout englobé, épongé, il avait été un grand frère exemplaire, Jahan, jusqu'à ce qu'elle parte à l'aventure... Elle était plus débrouillarde et forte, Karel, plus extravertie, plus joyeuse. Elle s'en sortait toujours, il le savait, il ne s'inquiétait pas pour elle. Et pourtant, il ne pouvait s'empêcher de rester si aimant et protecteur avec elle... Un peu papa poule, quoi. Il ne s'en rend pas compte, Karel ne s'en est jamais plaint. Son idée de l'enrôler comme Ranger, c'est juste pour l'avoir prêt de lui, qu'elle reste ici, qu'elle emménage en somme, ou qu'elle reste dans les parages. Et elle l'observe, toute étonnée, n'avait-elle donc jamais pensé à ça ? Elle finit par avaler la fourchette de pâtes, avant de la lui piquer pour manger, toute pensive. Il sourit, la laissant se caler contre lui, tandis qu'elle enroulait ses spaghettis sur le couvert. Oh, il ne doutait absolument pas d'elle, elle avait une multitude de pokémons, elle savait s'en occuper sans problèmes, et comme dit plus tôt, elle était solide et débrouillarde, et au pire, il était là. Alors il ne s'inquiétait pas du tout, alors que finalement, la jeune femme murmurait « Je pourrais tenter... » Il sourit, attrape fourchette et assiette pour entamer sa portion de spaghettis, il s'apprêtait à ajouter que tenter une mission en duo avec lui ne l'obligeait à rien si elle n'y arrivait pas ou que ça ne lui plaisait pas, mais elle lui jette un regard interrogateur, légèrement indécis. « Je veux dire, tu penses que je peux ? Tu penses que j'en suis capable ? » Il hoche la tête sans hésiter, il avait une tonne d'arguments sans doute à lui déballer, mais il se contente d'un « Bien sûr. » confiant de grand frère. Et puis sinon, il n'aurait pas proposé quelque chose d'aussi physique, parfois éprouvant mentalement aussi, à sa soeur. Après tout, il pense qu'elle a voyagé, rencontré des gens, des problèmes aussi, qu'elle a su surmonter jusque là, en soit tout ça était vrai, la team Aqua a été un périple compliqué pour elle. Ah, comment réagirait-il s'il apprenait ça ? Qu'elle lui avait menti, 7 ans durant, et encore jusqu'à maintenant ? Il n'oublie pas cette histoire suspecte du bateau sur lequel elle travaillait, mais avant tout, travailler en tant que Ranger lui changera les idées.  « Tu crois... que je peux venir avec toi, quand tu pars en mission, ce genre de chose ? Je peux être utile, enfin je crois... » Il rit un peu, vient embrasser sa joue, ayant au préalable essuyé sa bouche de la sauce tomate, comme pour la rassurer. « Bien sûr que tu me seras utile. Tu gères très bien les pokémons eau. » Mais même feu, elle commençait à bien le connaître, avec Roussil et Démolosse. Elle les avait même sans doute très bien compris, puisqu'ils étaient évolués. Sans doute avait-elle trouvé en eux une protection, plus que la simple beauté et mignonneté des pokémons eau dont elle l'avait toujours tanné. « Et puis je serais toujours avec toi, comme ça. » Oui, surtout. Elle sera toujours là. Mais qu'elle prononce ces mots, ça sonne comme une promesse, et à cet instant il avait envie de la serrer dans ses bras pour toujours, ne plus jamais la laisser partir à l'aventure pour garder près de lui la seule femme qu'il ait jamais aimé. Ah, il n'en finissait pas, sans doute pouvait-il être agacant avec toutes ces câlineries, il n'a pas fini, voilà qu'il attrape sa main, y pose un baiser en souriant. « Oui, tu seras toujours là. » Clairement, Karel ne sera jamais un poids ou un problème pour lui, jamais elle ne l'emmerdera, il est trop calme, trop doux, trop gentil, et il est bien trop attaché à elle. Il la lâche finalement, reprenant son repas, oh discutant sans doute encore un peu du boulot, puis de tout et de rien, Hiuz le lixy est venu se poster à leurs pieds, dans l'espoir sans doute d'avoir un peu de viande, non loin de Tezca, le grand Démolosse qui doit l'intriguer, qui pendant ce temps, se fait un peu titiller par le poussifeu, qui se demande si ce truc va finalement s'énerver un jour...

Toi et ton frère, vous aviez toujours eu une relation plus que fusionnelle. Vous n'étiez que deux, il était l’aîné, tu étais la cadette, il était le grand, le héros, le plus fort, et tu étais la plus petite, la princesse, celle qui avait besoin qu'on la couvre, qu'on la protège. Très tôt, c'est lui que tu avais pris comme modèle. Parce qu'il était toujours là, près de toi, parce que malgré ton jeune âge à l'époque, tu avais sans doute du sentir son regard, toujours posé sur toi. Rares avaient été les désaccords entre vous. Jamais Jahan ne t'avait réellement agacée, mise en colère, j'avais il n'avait hausser le ton de manière significative … il t'avait parfois fait la morale, quelques remarques, tu l'avais parfois envoyer voir ailleurs si tu y étais, mais ça avait toujours été pour revenir vers lui de toi-même presque aussi vite. Tu l'avais vanné, il t'avait vannée. Des trucs de gosses. Mais votre relation, elle était unique. Tu avais rapidement mis tes parents de côté, même ta maman qui pourtant tu le sais, bien souvent avait attendu que tu te confie à elle. C'est toujours vers ton frère que tu étais allée, parce qu'il t'avait toujours paru plus proche, plus ouvert, mais aussi plus accessible et sans doute un peu plus compréhensif. En réalité, c'était plutôt unique entre vous, et ça tu ne t'en étais jamais rendu compte, sans doute parce que les choses venaient toujours naturellement. Chaque discussion, chaque geste, chaque câlin aussi … car, oui. Il y avait ça aussi. Non seulement vous aviez toujours été proches, mais en plus, vous aviez toujours eu tous les deux ce réflexe. Ces câlins. Combien de fois étais-tu venue te blottir, sans prévenir dans les bras de ton frère, peu importe l'endroit où tu te trouvais et avec qui vous étiez ? Combien de fois n'était-il pas venu, lui aussi, pour t'enserrer de ses bras et te garder là, près de lui ? C'était comme ça, entre vous et c'est ce qui t'avait le plus manqué quand tu étais partie. Parce que tu t'étais rendu compte qu'il était le seul avec qui tu pouvais faire ça, et depuis, tu n'avais rien partager avec personne, ou presque, tu n'avais été proche physiquement de personne, ou personne. C'est d'ailleurs pour ça que tu en profites, maintenant qu'il est là, tu reprends tes vieilles habitudes, tu viens te coller à lui, chercher sa présence, sa chaleur, la sécurité qu'il t'inspire. Tu ne songes même pas à t'installer correctement pour manger ton assiette, tu ne fais que bouger quand tu juges cela nécessaire pour attraper un peu de pâtes que tu grignotes tout en discutant.

Ranger, oui. Peut-être. Le fait est qu'en fait, plus tu y penses et plus tu trouves l'idée plus que séduisante. Oh, tu ne sais pas encore ce que tu feras réellement de ton avenir, tu ne sais même pas si tu pourras te permettre d'embêter ton frère en restant ici un peu plus longtemps, ou si tu prendras un appartement pour toi, une fois que les choses seront calmées, remises en place. Tout ce que tu sais, c'est que peu importe ton amour pour l'océan, celui que tu portes à ton frère est bien plus fort, et c'est près de lui que tu veux rester. Alors. Si tu décides de t'installer, tu sais déjà que ce sera non loin d'ici, rien que pour avoir le plaisir de le croiser au moins très régulièrement. « Bien sur que tu me seras utile. Tu gères très bien les Pokémon Eau. » C'est un fait, oui. Tu ne sais pas si tu les gères, mais en tout cas tu sais que tu les connais. Et pour cause, c'est ce type de Pokémon et pas un autre qui t'attire et te passionne depuis que tu es toute petite. Tous les Pokémon de type aquatiques sont pour toi magnifiques et intéressants. Tu as pris beaucoup de temps, pour simplement les observer, tu as appris beaucoup de ces derniers, et puis surtout, tu en possèdes quelques uns au sein de ton équipe, alors tu sais aussi comment les prendre, comment t'en occuper et les supporter au quotidien. Pas toujours facile pour certains, mais tu fais avec. Le type Eau n'est pas le type de Pokémon le plus simple à cerner. « Sans doute oui. On verra, on fera un essai, si t'as envie bien sur. Et quand tu auras le temps. » Encore une fois, tu ne veux pas t'imposer. C'est vrai quoi, sept ans que tu n'as passer du temps avec Jahan, peut-être que si de ton côté rien n'a changé, lui a changé. Tu te rends compte que tu ne sais rien de sa vie. Il a plus de trente ans, maintenant, il a du en vivre, des choses … il a du avoir des histoires, aussi. Des histoires amoureuses. Peut-être qu'il y a eu une femme, peut-être qu'actuellement il en a une. Peut-être qu'il ne t'en a juste pas parler, et tu ne peux pas lui en vouloir pour ça. Toi, tu n'as pas parler de Lycaon. Même si ça n'aura pas durer, même si finalement, ça n'aura pas compter autant que tu l'aurais imaginé … tu n'as rien dis, tu ne t'es pas confiée là dessus non plus, alors pourquoi l'aurait-il fait ? Pourtant, voilà que ça te chagrine, ou plutôt voilà que tu en viens à être curieuse. Avant, vous vous disiez tout. Tu n'aimerais pas que ça ait changé. Vraiment pas … alors. Tu hésites. Tu pourrais faire ta curieuse, ça t'étonnerait qu'il le prenne mal. Tu pourrais poser la question. … Mais peut-être qu'être trop directe n'est pas la solution. « Alors, sinon. Comment se passe ta vie de beau et gentil Ranger célibataire à Miranoir ? » Oh, joli Karel. Ça s'appelle le talent. « T'as rencontré des gens, tu t'es fais des amis ? Raconte ! »

L'ambiance était des plus calmes, reposantes, oh ça lui avait manqué, un tel repos et une telle douceur, ta soeur lovée contre toi. Ça lui rappelait les longs dimanches de pluie, où les deux enfants étaient installés devant la télé, et dévoraient les dessins animés qui passaient en boucle, jusqu'à ce que papa maman leur dise d'éteindre, de relire leur leçon et d'aller se coucher après un bisou sur le front et un verre d'eau. Ces journées d'insouciance, où jamais ils n'avaient imaginé être séparé aussi longtemps, aussi loin, avoir des destins aussi diamétralement opposés, elle chez les méchants, lui chez les grands et bons, les héros. Les mauvaises langues auraient pu dire que c'était prévisible, lui il veillait, tel le futur Ranger qu'il est, et elle elle faisait ses bêtises, vite rappelée à l'ordre. Un peu comme maintenant, sauf que désormais, le grand frère protecteur n'en avait aucune connaissance. Et ses doigts se perdent dans les boucles brunes de sa soeur, jouant machinalement avec, sans autre volonté qu'être tendre, c'est à peine s'il s'en rend compte, alors qu'ils mâchonnent leurs spaghettis de concert, vos pokémons plantés à vos pieds dans l'espoir d'avoir des restes, mais ils sont un peu occultés, leurs compagnons, c'est comme s'ils étaient dans une bulle increvable, à remonter le temps. Et le ranger soupire de contentement, sa joue posée contre le crâne de la jeune femme, à discuter de son boulot. Vraiment, il se répétait, mais ça lui plairait. Ils feraient de grandes choses ensembles. Faire un essai, il avait bien l'intention qu'il soit parfait, il peaufinera les moindres détails pour qu'elle prenne confiance en ses capacités et le suive dans cette aventure. Et soudain elle crève ses pensées en beauté, lance joyeusement. « Alors, sinon. Comment se passe ta vie de beau et gentil Ranger célibataire à Miranoir ? T'as rencontré des gens, tu t'es fais des amis ? Raconte ! » Célibataire ? Le nom d'Adam se grave en lettres de feu dans son esprit, son coeur fait un bond douloureux dans sa poitrine, et il perd la belle assurance neutre qu'il avait forgé devant sa soeur, baissant les yeux. Parce qu'il avait honte, si honte d'avoir profité du jeune homme, si honte de l'avoir abandonné. Et il baisse les yeux pour éviter que sa soeur voie son trouble, mais c'est trop tard, sa poitrine lui fait mal. C'était peut-être le moment de se lancer, de se jeter dans le grand bain, de s'avouer un peu plus, se dévoiler comme ils se dévoilaient plus jeune, sans pudeur, juste pour être entendu et compris, sans jugement. Il déglutit, balbutie. Oh, il aurait bien voulu Huô contre lui pour se cacher, finalement c'est Hiuz le Lixy qui s'approche, réclame son attention en raclant son jean de ses griffes, et il distribue des grattouilles au félin. « J'ai... J'ai rencontré quelqu'un à Hoenn. » Voilà, c'était parti, il pouvait le dire, fallait crever l'abcès, plutôt que tout garder en soit, sans doute qu'elle allait retrouver son ranger favori en larmes. « Il était jeune, et abandonné, on... On a passé une nuit à se faire des câlins, et puis il est parti... » Il n'en dira pas plus de ce côté, il n'expliquera pas, il n'a même pas compris ce qu'il s'est passé. Il prend une grande inspiration, lève les yeux vers Karel, refoulant ses dernières larmes. « Je l'ai revu à Saprule, il n'a plus voulu avoir affaire à moi... » Voilà, c'était fait. Il soupira longuement, tenta de se reprendre. « Sinon Miranoir est sympathique, j'ai rencontré beaucoup de monde, surtout grâce aux missions, par exemple j'ai une amie qui adore le type feu aussi, elle est masseuse à Saprule, et... » Sa voix mourut, alors que sa tentative de noyer le magicarpe s'étouffa, il demeura là, vide et chagriné, tel un ado en plein chagrin d'amour face à sa soeur...

C'est une discussion toute en banalités que tu tentes de lancer, en vérité. Bon, d'accord, derrière tout ça tu fouines, tu essaies d'en savoir plus sur la vie de ton frère sans prendre le temps ou la peine de questionner clairement l'intéressé … mais tout de même. Tu ne t'attends à rien. Rien de plus qu'un soupire, quelques mots pour te dire que c'est toujours pareil la vie, peut-être qu'il a rencontrer pas mal de personnes dans le cadre de son boulot, rien de plus, rien de moins. Mais voilà que devant ton sourire à toi, le sien s'efface. Sa mine change, son assurance s'envole et tu as l'impression de voir Jahan s'affaisser dans le canapé, près de toi. Son regard s'efface, il baisse les yeux et ses iris brunes se perdent dans la contemplation du vide … alors tu cherches, tu te demandes. Qu'est-ce que tu as fais ? Qu'est-ce que tu as dis ? Tu l'as vexé, blessé ? … Tu n'as pourtant rien évoqué de fâcheux, ou de grave au contraire, ce sont pile les sujets que tu évites à tout prix. Alors quoi ? Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il fuit ton regard ? Pourquoi est-ce qu'il semble à tout prix chercher de l'aide, un soutien qu'il trouve finalement en son Lixy qui vient réclamer quelques caresses. « J'ai … J'ai rencontré quelqu'un à Hoenn. » … A Hoenn. Ça date pas d'hier, alors. Mais est-ce bien le plus important, Karel ? Voilà que tu fronces les sourcils, que tu plisses les yeux, que tu ouvres grand les oreilles, curieuse d'en apprendre plus. Rencontrer quelqu'un, ça veut dire quoi ? « Il était jeune et abandonné, on … On a passé une nuit à se faire des câlins, et puis il est parti ... » Humpf. Ça a un air de déjà vu, ça dis donc. Ou presque. A croire que vous ne partagez pas que du sang, avec Jahan, mais aussi une certaine malchance voir une malédiction. En gros … tu sais ce que ça fait. Parce qu'il n'y a pas si longtemps, tu étais pareille. Toi aussi, on t'a laissée, abandonnée. Toi aussi, il est parti. Aussi simplement que ça … Alors certes, les circonstances sont bien différentes, et peut-être que tu ne connais pas tous les détails, mais les faits sont là et, ce départ, il a laissé en toi un trou béant, une blessure que tu n'es pas certaine de pouvoir guérir assez pour la voir disparaître totalement. Ça laissera une cicatrice. Alors tu baisses les yeux … Tu avales difficilement ta salive. Tu ne sais même pas comment réagir, parce que normalement, c'est toujours l'inverse. C'est Jahan, le plus fort. C'est lui qui te rassure, c'est lui qui te sers très fort dans ses bras pour te dire que tout ira bien. Toi, tu n'as jamais été douée pour ça. Pour personne. Tu es bien maladroite avec les sentiments. Pas assez douée. Tu es une éternelle aveugle, la preuve en est faite. Tu ne vois rien, parce que tu veux rien voir. « Je l'ai revu à Saprule, il n'a pas voulu avoir à faire avec moi ... » Humpf. Qu'on t'offre ce crétin en pâture, t'en feras un barbecue pour le déjeuner de demain. Ton grand frère soupire, et ose à peine relever les yeux pour l'observer légèrement ; par Arceus, qu'il a l'air perdu, qu'il a l'air d'avoir besoin d'être rassuré, aidé, soutenu, quelque chose … « Sinon Miranoir est sympathique, j'ai rencontré beaucoup de monde, surtout grâce aux missions, par exemple j'ai une amie qui adore le type feu aussi, elle est masseuse à Saprule, et ... » … Et rien. Sa voix se perd et subitement tu fronces les sourcils.  Ce que tu t'en fou, de son amie la masseuse. Il essai de changer de sujet, de dévier la conversation sur autre chose, il a juste voulu tout sortir, et puis voilà qu'il fuit. Dieu, qu'il te ressemble dans ces moments, parce que c'est exactement ce que tu aurais fais. Sauf, que même par respect pour ta super technique, tu ne vas pas en rester là, toi. Tu ne peux pas. Parce qu'il a l'air si triste, si abattu. Si malheureux. Tu aimerais tant tout effacer … tu ne supportes pas de le voir comme ça. N'importe qui. Le monde entier s'il faut. Mais pas lui. Alors doucement, presque tremblante, tu approches ta main de son visage et d'un doigt tu viens effacer cette larme, cette unique larme que ses yeux en souffrance viennent de laisser échapper. Tu relèves les yeux, pour finalement approcher, passer tes bras derrière sa nuque et l'attirer à toi. « C'était rien qu'un crétin. » C'est ta technique à toi. Te montrer violente avec les absents. Il a tort, c'est tout. « Il sait pas ce qu'il a perdu. Parce que toi, toi … toi tu as tout. Tu le sais pas. Moi je le sais. Je le vois. Moi je te vois … tu brilles. C'est lui qui t'as perdu. » Et puis tu laisses le silence retomber. Quelques secondes, peut-être une minute entière. « Je suis là moi, je t'aime. Je te laisserais plus jamais. » Ça c'est certain. Après tout ça, plus jamais. L'expérience n'avait pas été bien enrichissante de toute manière, il t'avait manqué, et vous aviez fini blessé tous les deux, sans moyen de se confier l'un à l'autre avant aujourd'hui … « Ça ira, t'en fais pas. Je sais … ce que ça fait. » Ah tiens. Karel consentirait-elle à s'ouvrir un peu, elle aussi ? Tu t'éloignes légèrement, tu déposes un baiser sur sa tempe. Tu poses les yeux sur Tezca. Puis Saphir dont le nom même est l'écho d'un souvenir douloureux … « Celui qui l'a capturé, tu sais … mon « patron » … Je l'aimais. » C'est un fait. C'était sans doute le cas depuis bien des années, en plus. Peut-être même depuis votre rencontre. « Je lui ai dis, peu après notre arrivée ici. On avait commencé une espèce … de relation. » Tu sais même pas si tu peux appeler ça comme ça. Et tu soupires. Lourdement. Tu reposes le regard sur ton frère, un regard qui se veux assuré, mais qui en réalité brille de larmes prêtes à courir un marathon sur tes joues. « Bref, il est parti. Comme ça. D'un coup. Sans une explication. Mais tu vois … ça va. Tu es là maintenant, alors ça va. »

C'était étrange, de se sentir le coeur aussi malmené, devant sa soeur, lui qui s'était toujours montré fort, brave, le grand frère indestructible, le bouclier et l'épée de sa petite soeur, c'était bizarre de lui dévoiler si subitement ses faiblesses. Sa solitude était quelque chose qu'il avait toujours enfouie là, s'il avait su qu'il ne verrait pas sa soeur pendant 7 ans à son départ, sans doute aurait-il pleuré, sans doute décide-t-il enfin de s'ouvrir à elle comme il ne l'avait jamais fait ? Si elle n'avait pas lancé le sujet, peut-être aurait-il fini par craquer, de peur qu'elle ne le fuie à nouveau. Et il s'était décidé à s'ouvrir, un peu trop vite, un peu trop fort, tout débordait. Une légère larme s'infiltra sur sa joue, qu'il n'ose même pas essuyer, et son Lixy ronronnait doucement contre lui, chaleureux et réconfortant, alors que sa soeur l'observait, d'abord sans comprendre, croyant d'abord qu'elle avait fait quelque chose de mal, mais il ne pouvait pas croiser son regard, il ne pouvait pas être fort comme il se l'était promis, en ce moment, c'est comme s'il brisait sa promesse. Et il déballait tout, parce qu'il était comme une éponge, à trop remplir de sentiments négatifs, ça finissait par couler, et après ça irait mieux, il le savait. Il déballait tout et sa soeur l'écoutait sans rien dire, sans le juger, pour la première fois, et il fallut que sa voix se serre pour qu'il puisse ravaler ses larmes, oser tourner le regard vers elle, et il crut bien un instant qu'elle allait l'engueuler, pour ne rien lui avoir dit, pour avoir été idiot, pour tant de choses au final, il n'était pas parfait. Mais finalement elle approche, vient essuyer sa joue et elle l'attire contre lui, pendant un instant il se sentit comme un enfant malheureux lové contre sa maman, et il soupira longuement, alors qu'elle ouvrait la bouche pour le consoler. « C'était rien qu'un crétin. » Mouais. Il n'était pas du genre à juger, le super ranger, pour lui toute cette histoire était de sa faute, il s'était à moitié attendu à tout ça, au fond. Qu'Adam le rejette parce qu'il était trop con pour être en couple. Jamais il n'avait, jamais il ne pourrait penser que le problème venait d'Adam. Il n'apprécia pas trop qu'elle le traite comme ça, mais s'il ouvrait la bouche ça n'allait pas aller. « Il sait pas ce qu'il a perdu. Parce que toi, toi … toi tu as tout. Tu le sais pas. Moi je le sais. Je le vois. Moi je te vois … tu brilles. C'est lui qui t'as perdu. » Il retint son souffle un instant. Pour s'empêcher de pleurer, de penser, de vivre, ça faisait trop d'un coup, sa propre soeur ne pouvait pas lui dire, elle ne pouvait pas dire ça d'Adam, elle ne l'avait pas connu. Il savait combien c'était compliqué avec le jeune homme. Il devait dire quelque chose, il devait le défendre, non ? Et le silence s'étire, pendant une minute, sans comprendre pourquoi il ne disait rien. Sans comprendre d'abord pourquoi il la laissait dire. Mais Adam lui avait fait du mal. « Je suis là moi, je t'aime. Je te laisserais plus jamais. » Il ferma les yeux, se retenant de l'étouffer contre lui, alors qu'à son tour il l'enlaçait. Karel aussi au fond lui avait fait du mal, mais elle avait su se rattraper, elle avait su être là désormais, et il ne la laisserait plus fuir. Oh, il disait ça, mais il était bien trop gentil pour l'en empêcher si elle le désirait. « Ça ira, t'en fais pas. Je sais … ce que ça fait. » Ces paroles le secouent quelque peu, et il relève les yeux vers elle, reprenant si vite son rôle de grand frère protecteur. Alors... Alors elle aussi ? Il suit son regard en direction du Roussil. Saphir, le petit Feunnec qu'elle lui avait présenté avec fierté, et désormais... « Celui qui l'a capturé, tu sais … mon « patron » … Je l'aimais. » Ah oui, son patron... Il n'avait rien vu venir. Trop d'innocence tue la lucidité. Il aurait été naïf jusqu'à la voir se pendre au cou de son patron, justement. Enfin. Alors elle aussi connaissait la douleur d'une séparation brutale. Il ne voulait même pas en savoir plus, il voulait juste la consoler désormais, parce qu'il savait ce que c'était de traverser une épreuve, seul. « Je lui ai dis, peu après notre arrivée ici. On avait commencé une espèce … de relation. » Et les yeux de sa soeur brillaient de larmes, il sursauta en s'en apercevant, est-ce que elle aussi elle avait tout retenu pour se montrer forte, comme lui, sans lui surtout ? Comme si leurs deux présences faisaient tomber les barrières, ils pouvaient se mettre à nu, tout dévoiler. « Bref, il est parti. Comme ça. D'un coup. Sans une explication. Mais tu vois … ça va. Tu es là maintenant, alors ça va. » Ses mains se logent contre les joues de sa frangine, son front contre le sien. « Tout va bien, je suis là... Pleure si tu veux. Ça fait du bien, ça te soulage. » Il vient déposer un tendre baiser sur son front, caresse sa joue du pouce, comme pour effacer toute trace de potentielle larme. « Il ne te méritait pas. Je suis là, je ne te quitterai pas. Je t'aime, fort. » Comme s'il devait le promettre à son tour, comme s'ils devaient s'échanger leurs vœux, leurs sentiments. Il la laisse se cacher contre lui, Hiuz vient se frotter contre Karel pour la réconforter, comme les autres pokémons, d'ailleurs. La petite ménagerie ne dit plus rien, ne joue plus, l'heure semblait aux câlins. Ses doigts vinrent se perdre dans ses mèches brunes, alors qu'elle s'accrochait à lui comme à une bouée de sauvetage, qu'est-ce qu'elle deviendrait, sa petite soeur, si lui la quittait ? Jamais il n'y songerait, bien sûr, mais alors qu'il l'observait, là, il se dit qu'il ne pouvait envisager de poursuivre sa vie sans elle à ses côtés.

C'est fou comme au final, parler vous rends plus léger. Tu ne l'aurais jamais imaginé, et pourtant tu le ressens au plus profond de toi-même. C'est comme un poids en moins, quelque chose de douloureux qui vient tout bonnement de s'effacer, tout simplement parce que tu l'as partagé. Enfin. Oh, ce n'est pas ce que tu portes de plus lourd, aussi bien sur les épaules que sur le cœur. Si tu voulais faire bien, si tu voulais être parfaitement honnête, il faudrait que tu parles de la Team Aqua à Jahan. Que tu lui dises la vérité sur tes activités depuis toutes ses années, que tu lui parles de l'incident de Kyogre, d'Ezra que tu avais perdu ce jour là, et puis de ton arrivée ici et du bateau, de la décision que tu avais prise ensuite, de ce que tu avais fais pour les chasser de Miranoir, du bateau, puis de ton entrée dans la Team Shelters mais ça … c'était trop, et ce n'était surtout pas le bon moment pour balancer à ton frère ce que tu considérais être ta grosse trahison, ton plus gros mensonge à tout ceux qui te connaissaient … pas le moment non, il suffisait de le regarder. Il avait l'air si faible, si abattu ; tu ne l'avais d'ailleurs jamais vu dans un état pareil. C'était une première, si bien que même si tu pouvais sembler avoir les bons gestes, tu ne savais même pas comment t'y prendre pour faire cesser ça, pour le rassurer ou même l'aider. En fait, maintenant que tu venais toi aussi de lui parler de quelques uns de tes soucis, c'était lui qui avait repris son rôle de grand frère aimant. Il vient prendre ton visage entre ses mains, essuie quelques larmes invisibles du pouce. « Tout va bien je suis là … Pleure si tu veux. Ça fait du bien, ça soulage. » Pleurer. Est-ce que tu l'avais fais, pour Lycaon ? … Non. Même pas. Tu n'y avais pas penser, ou alors tu n'avais pas eu le temps. Tu t'étais laissée aller à ta colère, ta rage, tu avais déclencher les hostilités et manquer de tuer Sarah. C'est comme ça que tu avais gérer ta douleur cette fois, et même si au fond ça ne te ressemblait pas vraiment, il t'avait semblé que c'était tout simplement la meilleure des choses à faire. Ça allait comme ça, même si oui maintenant que tu en parlais, tu avais les yeux brillants et la gorge serrée … aucune larme n'avait visiblement envie de franchir la barrière de tes yeux. Elles restaient toutes là, au bord, sans jamais songer à couler, s'échapper. Tu n'allais pas pleurer, peut-être que déjà tout ça c'était dépassé. On t'avait laissée, on t'avait fait du mal et tu avais choisis la vengeance comme voie pour aller mieux et te soulager. Maintenant c'était fini, il était inutile d'y replonger. « Il ne te méritait pas. » Probablement que non après tout, même si Lycaon restait Lycaon, même si tu le connaissais sur le bout des doigts, même si en toi, tout au fond de toi, tu t'étais dis qu'il avait du avoir ses raisons et que de toute façon, il n'était sans doute pas fait pour ça, et toi non plus … il t'avait laissée, sans un mot. Et ce n'était pas pardonnable. Quand bien même en toi, il subsistait encore quelques sentiments bien dissimulés qui jamais plus ne ressortiraient au grand jour. « Je suis là, je ne te quitterais pas. Je t'aime, fort. » … et ça fait écho d'une drôle de façon. C'est si sincère. Si vrai. Bien loin de tout ce que tu as connu. Ce n'est pas nouveau, pas inédit non plus. C'est ton frère. Bien sûr qu'il t'a déjà dit qu'il t'aimait et ce … à de nombreuses reprises pourtant, il te semble que c'est si lointain. Cela fait finalement si longtemps que vous n'avez pas partager un moment, rien que tous les deux. Tu viens alors te blottir tout contre Jahan. Tu l’agrippes, comme s'il pouvait disparaître. Tu le tires vers toi, quand bien même il est déjà là, juste pour lui faire comprendre que là maintenant, tu ne veux que sa présence. Que tu as cruellement besoin de lui. « Plus jamais si loin de toi... Plus jamais. »