Jahan, bien que sociable, avait toujours été discret. La compagnie des autres ne lui fait pas peur, mais il n'est pas un gros fêtard qui aime se bourrer jusqu'au bout de la nuit, loin de là. C'est pourquoi quand cette collègue Suzanne avait invité à tour de bras tous ses camarades Rangers, il avait voulu poliment décliner. Ce n'était pas la distance depuis Steukin qui lui faisait peur, loin de là, puisqu'il aurait pu au passage aller dire bonjour à sa soeur à son boulot, mais franchement, qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir faire à une fête. Enfin, à force de persuasion pas si insistante de la jeune femme, le brun se laisse convaincre et à l'heure dite, il arrivait chez Suzanne, vêtu tout simplement d'un jeans, d'un t-shirt et d'une veste plus habillée, histoire de dire qu'il a fait un petit effort sans qu'il y ait besoin de plus, son minois fera le reste. Une fois dans le salon, il y retrouve deux trois têtes connues chez les Rangers, mais une bonne partie lui est inconnue, alors il sourit poliment, il tend la main, se présente ou laisse Suzanne faire, s'efforce de retenir les noms, puis il l'abandonne pour se diriger vers le buffet, une petite fringale au ventre. Il attrape un ou deux petits fours, retourne auprès des invités, parle de ci et ça, surtout de son boulot, de comment il s'intègre, comment il trouve l'île surtout, Miranoir est souvent au centre des conversations. Finalement ce n'est pas trop al, il s'était dit qu'il quitterait assez tôt les lieux, mais pour le moment tout le monde est sympa et agréable, il les quitte à nouveau pour se servir un verre. Pas d'alcool, il n'était pas là pour ça, et il risquait de partir en sucette à la première gorgée, alors un jus de fruit ira très bien. Mais voilà que soudainement quelqu'un lui rentre dedans, assez brusquement pour qu'il sente son t-shirt se tremper et il s'écria dans un « Désolé ! » auquel la jeune femme qu'il avait bousculé répliqua aussitôt en s'excusant de plus belle, il la détailla un peu alors qu'elle posait son verre et prenait des serviettes en papier pour éponger son haut. Elle était plutôt belle, blonde aux yeux clairs, et il finit par lui sourire pour la rassurer.

« C’est pas grave, moi non plus je n’ai pas fait attention. Vous n’êtes pas mouillée vous non plus ? »

Il récupéra une serviette abandonnée au sol alors que la jeune femme frottait un peu la grande tache un peu collante qui s'était formée, il l'imite un peu, et elle relève finalement les yeux vers lui.

« Au moins de l’Ice Tea ça sent meilleur que du punch… »

Il ne put s'empêcher de rire un peu, elle a l'air tellement désolée et l'air de vouloir bien faire que ça dédramatise la situation, et puis de toute manière il n'était pas fâché, ce n'est pas son genre. C'est juste un t-shirt, ça partira au prochain lavage sans souci, et une fois sec ça se verra même pas, elle n'a pas besoin de s'inquiéter. Et au moins, ça identifiera l'odeur fruité qui s'échappe de son haut, maintenant, parfum gratuit.

« Oui, en effet. Vous en faites pas, d'ici dix minutes ça va s'évaporer... »

Il passe un dernier coup de serviette humide sur son haut, et il va la jeter dans la poubelle pas loin, avant de revenir vers la jeune femme qui avait repris son verre, plus prudemment cette fois, et il fait comme elle, il se sert de l'ice tea, y trempe les lèvres avant de lui sourire. On va essayer d'éviter un autre accident dans la soirée. Finalement il lui tend la main, chaleureusement.

« Jahan Ashcroft, enchanté. »

Elle abandonna finalement la serviette qu'elle frottait contre le tissu pour réparer sa bêtise, le laisse s'éloigner et quand il revient face à elle, elle buvait son verre, qu'elle reposa ensuite prudemment pour lui serrer la main. Elle s'appelait Autumn, c'était un joli nom, plutôt doux et coloré, il lui allait bien. Il rit un peu lorsqu'elle rappelle les conséquences un peu catastrophiques de leur rencontre, il aurait pu tout aussi bien s'en aller, en colère ou quelque chose comme ça, il lui assure qu'il n'y a pas de souci, il est comme ça, Jahan.

« Si vous êtes à la fête de Suzanne je suppose que vous êtes ranger ? Ou que vous l’avez été. »

Il hocha la tête, elle devine juste, après tout il y a beaucoup de collègues présents, même si cette jeune femme ne lui semblait pas l'être, elle devait être proche de Suzanne. Et voilà qu'elle lui demande s'il habite dans

« Effectivement, je suis Ranger. J'ai emménagé à Steukin y'a pas longtemps. Vous êtes de Paoles ? »

Paoles avait tout de même été la première ville sur laquelle il avait mis le pied à son arrivée, il y avait attendu sa soeur sur la plage, et il avait trouvé la ville charmante, mais au détour de ses missions, il n'avait eu guère l'occasion de passer par le port de Miranoir. Il jette un regard aux convives, l'agitation qui va et vient du buffet au centre du salon.

« Et... Vous êtes Ranger vous aussi ? Je ne vous ai jamais croisée... »

Ça elle pouvait s'en douter, si elle ne le connaissait pas non plus. Ça fera une connaissance de plus dans son pokédex, mais il entendait par là qu'il n'avait même jamais vu son visage ou entendu son nom. Ou alors c'était une ancienne Ranger reconvertie, possible, comme elle le lui avait demandé.

« Je suis bien de Paoles ! J’ai toujours vécu là je connais la ville comme ma poche. Et ça a été à Steukin dernièrement ? Avec le festival il devait y avoir pas mal de bruit ! »

Il avait raison, et ça expliquait pourquoi il n'avait jamais croisé la jeune blonde. Et il n'avait jamais vu ni entendu ce nom, au boulot, dans le moindre dossier. Et puis il laisse tomber, il sourit à l'évocation du festival. Ah c'est sûr que oui, ça avait été compliqué la première nuit. Mais il sort souvent, alors les murmures bruyants de la ville ne l'atteignaient pas trop. Et puis ça n'avait duré qu'une petite semaine, il avait survécu, la preuve il était là. Paoles était une jolie ville portuaire, quelque part ça lui faisait penser à Poivresel, son petit village d'enfance, les heures de jeux dans la forêt ou l'eau avec Karel. Où il y avait trouvé Huô, capturé l'Obalie de sa soeur... De bons souvenirs, d'autant plus joyeux maintenant qu'il avait rejoint sa frangine. Voilà que son esprit dérivait. Il se renconcentre sur Autumn, à qui il a demandé si elle était ranger.

« Je ne le suis plus. J’ai été ranger pendant quatre ans dont deux avec ma sœur. Si les autres rangers parlent d’anecdotes sur les sœurs des saisons c’est nous. Ma sœur s’appelle Summer. »

Il hoche la tête, il peut comprendre que le métier ne "plaise pas" à tout le monde, qu'un accident ou une envie de voir ailleurs prenne les gens. Quant à lui, il a toujours su ce qu'il ferait, et ce depuis qu'il a Huô, c'est dans son caractère d'aider les gens et les animaux. Il sourit, amusé à l'évocation de Summer. C'est original, les deux noms s'accordent, il aime bien.

« Mais finalement disons que les gênes de mon père m’ont rattrapé et je suis passée du côté des scientifiques. Mais je suis aussi collectionneuse comme ma sœur maintenant. »

Il prend tout de suite un air intéressé, scientifique est un métier aussi intéressant que Ranger, si ce n'est que les études sont bien plus longues, et puis... Jahan est un homme d'action. Il se plait à bouger, tout comme Huô, par pluie neige ou vent. Mais scientifique, cela veut aussi dire analyser, chercher, expérimenter, annoter, rédiger... Ce n'est pas trop son truc. Par contre, collectionner... Il a beau adorer les pokémons, il ne se voit pas les accumuler dans son petit appartement à Steukin, quoique... Non vraiment, s'il avait un grand jardin, Karel avec lui, à la limite. Il sourit en imaginant sa soeur en nounou pokémon, avant d'entendre Autumn :

« Pourquoi vous avez choisi de devenir ranger ? »

« Oh, c'est depuis mon enfance... Quand j'étais petit, on a recueilli un Hélionceau blessé... On ne sait pas ce qui lui est arrivé, mais... Je me suis senti révolté, j'avais besoin de l'aider. Au fil du temps il est devenu mon meilleur compagnon, et il m'aide dan toutes mes missions. »

Il sourit en évoquant Huô, son cher petit lionceau avec qui il a partagé les trois quarts de sa vie pour le moment. Tiens, il se demande quel genre de pokémon a Autumn.